Chapitre 66

Yuta et Sicheng avaient passé le reste de la journée tous les deux. Ils s'étaient un peu promenés ensemble, avaient fait quelques achats et s'étaient rendus au cinéma avant d'aller manger un bout. Le japonais s'était réellement sentit plus léger, comme si le fait d'avoir révélé toute la vérité à son colocataire l'avait libéré d'un poids énorme. Et de son côté, Sicheng avait l'impression de pouvoir faire complètement confiance à son ami.

Le soir-même, lorsque Sicheng eut terminé sa douche, il se rendit dans la chambre de son colocataire afin de lui souhaiter une agréable nuit. Il arriva devant la pièce, dont la porte était entrouverte et toqua doucement avant d'entrer. Yuta releva la tête vers lui et essuya rapidement ses larmes. Le chinois s'approcha du lit et s'assit à côté de l'aîné. Il observa la photo que ce dernier tenait dans la main et finit par dire :

« - Vous étiez vraiment adorables.

- Merci, répondit Yuta en souriant. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ouvert cela. »

Sicheng porta son attention sur l'objet que le japonais avait désigné du menton, et reconnut la boite à souvenirs qu'il avait aperçu en cherchant la bouteille d'alcool pour Hanbin, quelques mois plus tôt. « Je voulais ranger les figurines à l'intérieur, et puis j'ai eu envie de regarder à nouveau tout ça, même si ça fait un peu mal... » Les deux garçons observèrent plusieurs photos, et Yuta finit par récupérer quelque chose sur sa table de nuit.

« - Je lui avais offert cette bague pour la Saint-Valentin... Ça l'avait d'abord rendu nerveux mais il ne l'a jamais quitté. Je sais que Yangyang m'aimait vraiment, même s'il avait du mal à l'exprimer.

- C'est un beau cadeau.

- Tu te souviens au cinéma quand tu m'avais parlé de la Saint-Valentin et que tu m'avais demandé si j'avais déjà été amoureux ?

- Oui, tu avais évité le sujet...

- Yangyang a été mon plus bel amour et j'ai passé le plus magique des quatorze février à ses côtés. Il était incroyable... »

Sicheng baissa les yeux et continua :

« - Je suis désolé d'avoir passé mon temps à me plaindre de ma relation avec Taeil...

- Tu ne pouvais pas savoir. Et je ne peux pas te blâmer pour ça. Tu avais tes raisons. Il te manquait, tu l'aimais, c'est tout à fait normal. Et à côté de ça, il y a aussi eut l'événement avec Taemin. C'est normal que tu ai ressentis le besoin de t'exprimer... »

Les deux amis restèrent silencieux et après plusieurs minutes ainsi, le jeune chinois finit par interpeller son colocataire, les larmes aux yeux :

« - Yuta... ?

- Oui ?

- Je sais que ce que je vais te demander va te paraître totalement bizarre mais... est-ce que je peux te prendre dans mes bras en imaginant que tu es Taeil... ? Tu peux te dire que je suis Yangyang si ça peut te faire du bien... Ce serait légitime... »

Le japonais hésita d'abord, trouvant effectivement cette demande plutôt étrange, mais voyant le regard suppliant du plus jeune, finit par acquiescer. Les deux garçons s'enlacèrent en fermant les yeux. Et plus les secondes passaient, plus ils se serraient, et plus les larmes roulaient sur leurs joues. Sicheng repensait à tous les moments qu'il avait passé dans les bras de Taeil, à apprécier la douceur de ses gestes, son odeur, son amour. Yuta repensait à tous les moments qu'il avait passé à réconforter Yangyang, à lui rappeler qu'il était extraordinaire, à l'aimer.

Ils finirent tous les deux par légèrement se séparer, les yeux toujours clos. Et, comme s'ils étaient dans un autre monde, leurs deux visages se rapprochèrent et leurs lèvres vinrent se rencontrer. Sicheng fut le premier à approfondir le baiser, goûtant pour la première fois aux lèvres du japonais. Yuta se laissa d'abord faire, pleurant toujours, mais finit par se reculer, brisant ainsi le baiser, alors que le chinois s'apprêtait à glisser ses doigts dans ses cheveux. « On ne devrait pas faire ça... » Le chinois lui lança un regard plein de désespoir.

« - C'est mal ce qu'on fait, Sicheng...

- Mais si on en a envie tous les deux... ?

- Ce n'est pas bien... Ce n'est pas sincère... Je ne peux pas me servir de toi et toi non plus. Nous sommes des individus à part entière.

- Ce ne serait pas la première fois que j'embrasse quelqu'un en pensant que c'est Taeil...

- Arrête, Sicheng... C'est pour nous deux que je dis ça. On ne devrait pas faire ça. Je ne suis pas Taeil, justement, et je ne le serais jamais ; comme tu ne seras jamais Yangyang. Je t'aime beaucoup, Sicheng, honnêtement. Mais ce qu'on vient de faire là, ce n'était pas réel. Si on venait à envisager quelque chose entre nous, il faudrait déjà que l'on tire un trait sur le passé, tu comprends ? »

Le chinois hocha la tête et se leva, avant de traverser lentement la pièce.

« - Sicheng ? Sicheng ! Je ne veux simplement pas que l'on se fasse souffrir.

- Bonne nuit, Yuta.

- S'il te plaît, ne m'en veux pas... »

Mais le plus jeune quitta la pièce, sans un mot, afin de rejoindre sa propre chambre. Yuta posa sa tête dans ses mains, le cœur battant la chamade. Une part de lui avait vraiment apprécié ce baiser, une autre lui disait que c'était irrespectueux vis-à-vis de Yangyang, et une autre encore lui disait que ce baiser n'avait rien eu de sincère puisqu'il était destiné à Taeil. Le japonais posa à nouveau ses yeux sur la photo de Yangyang et lui, et se remit à inspecter la boîte.

C'est alors qu'il tomba sur une enveloppe. Il l'a reconnu immédiatement : c'était celle qui contenait la lettre de son petit ami, celle qu'il devait lire seulement dans le cas où ils seraient séparés. Le garçon glissa ses doigts dessus en tremblant. Il s'était persuadé qu'il n'aurait jamais à l'ouvrir, qu'ils seraient tous les deux ensemble à jamais. Le cœur lourd, il finit par sortir et déplia lentement le papier glissé à l'intérieur, avant de le lire, les larmes coulant de plus en plus abondamment sur ses joues au fur et à mesure de la lecture :

« Yuta, si tu lis ceci, cela signifie que je ne suis plus à tes côtés (à moins que tu es triché, et dans ce cas-là, tu ne t'en sortiras pas aussi facilement, crois-moi). Peu importe la raison pour laquelle je ne suis plus avec toi à ce jour, je t'ai aimé de tout mon cœur, bien plus que ce que j'ai pu te montrer. J'ai passé des moments incroyables avec toi et même si ça a parfois été difficile, tu m'as beaucoup aidé à me reconstruire. Tu as toujours été compréhensif et patient avec moi, et pour cela, je t'en remercie infiniment. Mais à l'heure où j'écris cela, je continue de garder cette profonde angoisse au fond de moi et nous n'avons toujours pas pu franchir le pas. Tu as beau me regarder avec amour, me susurrer les phrases les plus belles, me rassurer dans tes paroles ou dans tes gestes, j'ai peur. J'ai peur et ne peux rien y faire. Mais je t'assure que cela n'a rien à voir avec toi. Tu es merveilleux, le garçon le plus incroyable que j'ai pu rencontrer. Je ne sais pas, si au moment où tu lis cela, nous l'avons fait. Alors, je tiens à m'excuser de ne pas avoir été le petit ami parfait. Si tu savais tout ce que j'ai essayé, dans mon coin, pour essayer de me détendre, de te préparer des surprises... Mais je ne suis jamais allé jusqu'au bout. Je suis sincèrement désolé que tu ais dû subir tout cela. Je sais que si j'avais vu un professionnel ça aurait peut-être pu m'aider, mais j'ai trop peu d'espoir.

Si je t'écris ceci, c'est parce que je commence à te connaître. Je sais à quel point tu m'aimes, et toutes tes petites attentions me l'ont bien fait comprendre. Je n'en doute pas une seule seconde. Mais ce qui me fait peur, c'est que si je venais à ne plus être là, j'ai le pressentiment que tu auras du mal à avancer. Je sais que Xiaojun sera là pour te réconforter, mais je ne veux pas que tu te prives de certaines choses à cause de moi. Yuta, si jamais je venais à ne plus être à tes côtés, je voudrais que tu restes ouvert aux autres. J'espère de tout cœur que tu pourras rencontrer quelqu'un, que tu sauras l'aimer aussi fort que moi et qui pourra t'apporter ce que je n'ai pas pu faire. S'il te plaît, ne reste pas seul. Je te souhaite tout le succès, le bonheur et l'amour du monde, alors pour moi, amuse toi et continue de profiter de la vie. Et j'espère que tu pourras vivre la vie de tes rêves auprès de quelqu'un qui saura te rendre la pareille. Je promets que tu garderas à jamais une place dans mon cœur. Je t'aime Yuta, et ne cesserai jamais de t'aimer. »

Le japonais replia la lettre et la serra contre lui avant de glisser l'anneau à son doigt et de s'allonger dans son lit, essayant de pleurer le plus silencieusement possible.

~

Les jours suivants, une drôle de tension régna entre les deux garçons. Yuta essayait de rester le moins possible dans l'appartement pour ne plus avoir à subir le ton glacial de son colocataire. Et lorsqu'ils étaient ensemble, les deux amis restaient dans le silence total, jusqu'à ce qu'un soir, alors qu'ils regardaient la télévision, Sicheng ne finisse pas dire :

« - Tu penses que je ne pourrais plus jamais vivre avec quelqu'un... ?

- Qu'est-ce que tu racontes ? le questionna Yuta.

- Est-ce que je réussirai à me détacher de Taeil... ? Et si je ne faisais que le comparer avec d'autres ?

- Tu as simplement besoin de temps. C'est normal pour toi de penser à lui constamment pour l'instant, mais tu finiras par te détacher de lui.

- Il n'y aura jamais rien entre nous, Yuta, à cause de notre passé ?

- Je n'ai pas dis ça, lui expliqua le japonais. Mais je pense que c'est trop tôt. Il vaut mieux attendre de savoir si tu ressens vraiment quelque chose pour moi ou si tu cherches simplement du réconfort, pareil pour moi.

- En tout cas, je te promets que je tiens réellement à toi, Yuta, répondit Sicheng en faisant un sourire à l'aîné.

- Moi aussi, trésor, sincèrement. D'ailleurs, je t'ai préparé une petite surprise pour te redonner le sourire. Je sais que ces dernières semaines n'ont pas été faciles pour toi et je voulais essayer de te mettre de bonne humeur.

- Et quelle est cette surprise ?

- Tu sais, on a visité pas mal de coins à Osaka ces derniers temps, et je t'ai raconté beaucoup d'histoires concernant mon pays. »

Le plus jeune hocha la tête, attendant de voir ce que préparait à nouveau son colocataire.

« - Et bien, j'ai pensé qu'on pourrait échanger les rôles. Que dirais-tu d'un voyage en Chine d'une semaine ? Je sais que c'est une durée assez courte mais je n'ai pas le choix à cause du concert pour la fête de la musique.

- Tu veux vraiment aller en Chine ? s'étonna le chinois.

- Bien sûr ! Je veux en savoir encore plus sur toi et tes origines. J'ai déjà été en Corée du Sud, ait rencontré tes amis. Il est temps que tu me montres ta ville natale, maintenant.

- Ça me ferait tellement plaisir d'y retourner...

- Et bien, j'irais chercher des billets demain et on va se planifier ces petites vacances, sourit Yuta.

- Merci, tu es génial ! »

Sicheng allait pour prendre son colocataire dans ses bras mais eut un mouvement d'hésitation. Le japonais le fixa de courtes secondes et écarta ses bras pour accepter le câlin du plus jeune, qui n'hésita pas plus longtemps pour le serrer contre lui...

~

Et voilà encore un peu de Yuwin ;)
Et je pense que le prochain chapitre va vous plaire ~
Je m'excuse si ce chapitre n'était pas très long, les prochains le seront ! ♡♡♡

(PS : Mon grand - père a été convoqué jeudi matin à la gendarmerie et a été mit en garde à vue pendant 24H.
Et pour ma part, j'ai commencé les séances chez le psy, et rien qu'en une semaine, j'ai déjà remarqué une nette évolution au niveau de mes rêves, ce qui n'annonce que du positif ! ^^)

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