Chapitre 59

Plusieurs jours passèrent sans que rien d'exceptionnel ne se passe. Yuta n'avait pas reparlé à Xiaojun, excepté professionnellement ; et il restait assez distant avec Sicheng, ne voulant pas reproduire ce que son meilleur ami lui avait dit. Sicheng n'était pas Yangyang et il ne le serait jamais, c'était évident.

Puis, arriva le fameux jour de la Saint Valentin. Les deux colocataires avaient passé leur journée chacun de leur côté, Yuta à l'université et Sicheng avec monsieur Andō. Et tous les deux avaient le cœur lourd et aucun n'avait acquiescé le moindre sourire ; même le japonais, qui était pourtant l'une des personnes les plus positives d'Osaka.

Et lorsque l'heure du dîner était arrivée, les deux garçons étaient restés silencieux, se contentant de manger, perdus dans leurs pensées. Mais malgré son humeur morose, cette situation finit par rendre Yuta complètement fou, qui brisa le silence de la pièce. « Ça te dirait qu'on sorte ce soir ? En simple ami bien sûr, mais c'est plutôt triste de passer la Saint-Valentin enfermé ici, tu ne crois pas ? » Sicheng releva des yeux vides vers lui et haussa simplement les épaules. « Allez, je suis sûr que ça nous ferait du bien à tous les deux. Ça me brise le cœur de te savoir triste... J'ai envie de te voir sourire, comme le jour de la fête foraine. » Ce souvenir fit rougir le chinois, qui esquissa un léger rictus et acquiesça.

Les deux amis finirent de manger puis se préparèrent à sortir. Ils marchèrent quelques minutes dans les rues d'Osaka, discutant de tout et de rien. Mais malgré les anecdotes intéressantes de Yuta, Sicheng fut rapidement distrait par les couples qui se donnaient la main, se partageaient leurs boissons ou s'échangeaient un baiser discret. Le japonais finit par le remarquer et proposa :

« - Ça fait longtemps que je ne suis pas allé au cinéma. Ça te dirait de voir un film ?

- Si tu veux, répondit le chinois en haussant les épaules. »

Les garçons se dirigèrent donc jusqu'au bâtiment et Yuta dit : « Reste ici, je vais aller voir le programme. » L'aîné ne disparut que quelques secondes, mais assez longtemps pour que Sicheng ressasse de sombres pensées. Il repensa à la manière dont il avait imaginé la Saint-Valentin au côté de Taeil. Il se demandait ce qu'il pouvait bien être en train de faire en ce moment-même, s'il avait rencontré quelqu'un d'autre, s'il était seul dans sa chambre ou pire, s'il était retombé dans les griffes de Yeongho... Yuta refit son apparition et lui annonça, en faisant la moue :

« - Bon, ils ne diffusent que des films d'amour ; j'aurais dû m'en douter... J'en ai vu un seul qui ait l'air de sortir du lot. Tu veux le tenter où tu préfères qu'on fasse autre chose ?

- Maintenant qu'on est là, on peut toujours aller voir. »

Yuta sourit et invita son colocataire à le suivre.

Les deux garçons entrèrent dans la grande salle de cinéma, après avoir acheté quelques pop-corn. Ils s'assirent et Yuta tourna sa tête vers Sicheng pour lui sourire, mais le chinois regardait le siège devant lui, les yeux dans le vague. Le japonais pencha la tête et dit :

« - Je me doute que ce n'était pas comme ça que tu voyais cette soirée mais je veux quand même faire en sorte qu'elle soit sympa pour toi.

- Tu as déjà fêté la Saint-Valentin ? demanda Sicheng, n'ayant pas envie de parler de lui.

- Oui, répondit l'aîné, son sourire disparaissant légèrement.

- Tu as déjà été amoureux ? s'étonna le chinois.

- On dirait que ça te choque...

- Oh non, non, c'est juste que je ne savais pas et j'avoue ne m'être jamais vraiment posé la question. Pourquoi est-ce que vous n'êtes plus ensemble ? »

Alors que Yuta s'affairait à chercher une excuse, la lumière de la salle s'éteignit et le grand écran commença à projeter des bandes-annonces. « On en parlera plus tard » répondit rapidement le japonais, priant pour que Sicheng oublie cette discussion.

Une fois les publicités finies, le film se lança. Et tandis que Yuta semblait passionné par l'histoire, le chinois s'était à nouveau perdu dans ses pensées. Il regardait le film sans vraiment le voir, préoccupé par les questions habituelles qui se répétaient dans sa tête : Taeil pensait-il à lui ? Espérait-il que Sicheng et lui se retrouvent ? Était-il seulement encore amoureux de lui ? Ou le détestait-il encore de tout son être ? Sicheng se lança ensuite dans une succession de scénarios romantiques dans lesquels il faisait une sortie avec Taeil, lui offrait un incroyable cadeau. Le coréen le remerciait, les larmes aux yeux. Ce n'était pas des larmes de tristesse, mais des larmes de joie. Taeil lui chantait ensuite une chanson écrite spécialement pour lui. Ils s'embrassaient et finissaient leur soirée dans le lit de Taeil, avant de se réveiller dans les bras l'un de l'autre.

Soudainement, pendant que Sicheng repensait à la chaleur du contact avec son petit ami, il eut l'impression que Taeil était en train de chanter pour lui. Il fronça les sourcils et porta son attention sur l'écran. C'est alors qu'il reconnut l'acteur principal du film : Kim Taehyung. Sicheng prit conscience que la voix de son petit ami ne venait pas de son imagination, mais du film pour lequel Taeil avait enregistré ses chansons. Le chinois sentit son cœur se briser et il se leva avant de sortir en courant de la salle, ne supportant pas le poids de ce souvenir. Yuta, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer, se leva à son tour et partit à la recherche de son colocataire.

Il ne mit pas longtemps à l'apercevoir, dehors, assit en boule devant le cinéma. Le japonais s'accroupit en face de lui et murmura : « Sicheng... ? Que se passe-t-il... ? » Le jeune garçon s'étrangla dans un sanglot et répondit : « Je veux voir Taeil... Je veux qu'il me rassure, qu'il me chante des chansons, qu'il me prenne dans ses bras... Je n'en peux plus d'être loin de lui. Je ne veux plus qu'on soit séparé... » Yuta regardait son colocataire avec tristesse, se mit à réfléchir et finit par lui dire en souriant :

« - J'ai une idée. Je vais bientôt avoir quelques jours de vacances. Si tu veux, on pourra aller tous les deux en Corée. Tu iras parler à Taeil et si ça peut te rassurer, je viendrais avec toi. Qu'en penses-tu ?

- Tu crois que tu pourrais faire ça ? Me forcer à lui parler ?

- Je préfère le terme d'encouragement ou de soutien mais oui, ça ne me pose vraiment aucun problème.

- Merci beaucoup... répondit le plus jeune en pleurant.

- Ce n'est rien. »

Et alors que Yuta allait se rapprocher de Sicheng, celui-ci se jeta dans ses bras et en signe de compassion, le japonais passa sa main dans son dos, lui répétant que tout allait s'arranger.

☆☆☆

« Je vais bientôt pouvoir entrer ? » Yuta faisait les cents pas devant la porte de l'appartement, attendant l'autorisation de son petit ami pour pénétrer à l'intérieur. « Encore une petite seconde ! » lui cria Yangyang, depuis le couloir. Yuta posa ses yeux sur le cadeau qu'il tenait dans les mains et sourit, impatient de voir la réaction du plus jeune, avant de le cacher à nouveau dans sa poche. La voix du garçon lui parvint juste derrière la porte : « Je vais ouvrir. Ferme les yeux, s'il te plaît. » Yuta exécuta l'ordre et entendit la porte s'ouvrir lentement. Il sentit les douces mains de Yangyang attraper les siennes et le tirer jusqu'à l'intérieur de l'appartement. Ce dernier referma derrière eux et reprit les mains de Yuta, le guidant dans le couloir.

Quand le chinois fut arrivé à sa destination, il lâcha son amoureux, et dit doucement : « Tu peux ouvrir les yeux, maintenant... » L'aîné obéit et découvrit qu'ils se trouvaient dans la salle de bain. La pièce avait été plongée dans l'obscurité, mais des bougies avaient été posées un peu partout, baignant l'endroit dans une atmosphère des plus intime. Des pétales de roses étaient éparpillées sur le sol et dans la baignoire, se mélangeant à la mousse. Yuta reposa ses yeux sur Yangyang, qui jouait avec ses doigts :

« - Joyeuse Saint-Valentin, mon prince ! Ça fait un peu cliché, je sais...

- Tu m'as préparé un bain moussant ? s'étonna l'aîné.

- Pas tout à fait... Je nous ai préparé un bain moussant... »

En disant cela, Yangyang prit des couleurs qui, fort heureusement pour lui, étaient dissimulés par la lumière tamisée des lieux.

« - Tu es sûr... ? demanda Yuta en lui lançant un regard insistant.

- Au départ, je voulais t'offrir mon corps mais-

- Je sais mon cœur, ne t'inquiète pas, ce n'est rien.

- Mais je veux avancer et je voudrais sentir ta peau contre la mienne, te faire du bien... »

Yuta s'approcha de lui et attrapa ses mains.

« - Je ferais tout ce que tu voudras, Yang', mais surtout ne te force pas.

- Je te propose que l'on entre tous les deux dans cette baignoire et que je te fasse un petit massage en te lavant. Je ne veux pas que tu sois le seul à me faire des bisous, des caresses. Je veux aussi pouvoir faire tout cela.

- Si tu veux. Mais avant toute chose, j'ai moi aussi quelque chose pour toi. »

Yuta sortit le cadeau de sa poche, son grand sourire sur le visage, et le tendit à Yangyang. « Bonne Saint-Valentin ! » Le chinois déchira doucement l'emballage et ouvrit la petite boîte, découvrant un magnifique anneau. Le plus jeune releva les yeux vers son petit ami, surpris. « Ne panique pas, ce n'est pas une bague de fiançailles. Je sais que c'est trop tôt pour ça. » Yuta prit le bijoux et attrapa la main du plus jeune de l'autre. « Vois ce cadeau comme un symbole de mon amour et de ma fidélité envers toi car, oui, Yangyang, c'est toi que je choisis pour partager ma vie. » Le plus jeune le regarda, les yeux brillants avant de murmurer : « Tu es un miracle... » Yangyang sourit et posa ses yeux sur le bijoux qu'il contempla. Les deux amoureux se regardèrent, attendant sûrement de savoir ce qui allait se passer par la suite. Finalement, Yuta se décida à briser le silence :

« - Je suppose que je commence ?

- Onpeut le faire ensemble... »

Le japonais commença à enlever son haut, suivi de Yangyang. Ils firent de même pour leur pantalon et leurs chaussettes. Puis, Yuta se débarrassa de son caleçon. Le plus jeune ne put empêcher ses yeux de descendre sur son intimité et il frissonna, se recroquevillant un peu sur lui-même. Yuta lui fit un sourire rassurant et dit : « Il ne va pas t'attaquer, détends-toi, Yang'. » Le garçon en question porta ses mains au niveau de l'élastique de son caleçon mais ne bougea pas, tremblant. « Tu peux le garder si ça te rassure. » Yangyang secoua la tête, prit une profonde inspiration et ôta le dernier tissu, avant de mettre ses mains sur son sexe pour le cacher. Yuta ne fit aucun commentaire et se dirigea vers la baignoire dans laquelle il se glissa, ne voulant pas mettre son petit ami encore plus mal à l'aise. Yangyang le rejoignit lentement et vint s'asseoir juste derrière lui, faisant face à son dos.

Il passa ses jambes de chaque côté du japonais, qui se rapprocha de lui. Le plus jeune sursauta lorsque la peau de Yuta vint toucher son sexe, et il se mit à respirer un peu plus vite. « Yang', fais les exercices de respiration que l'on a travaillé, et concentre-toi uniquement sur ça. Mes mains restent devant moi et je ne bougerai pas. » Yangyang ferma les yeux et suivit les conseils de son petit ami avant de se décider à passer ses mains sur son dos. Yuta ferma ses paupières à son tour, appréciant les caresses bien que très incertaines du chinois. Il savait que Yangyang était en train de faire beaucoup d'efforts et il lui en était vraiment reconnaissant.

Il sourit en sentant les lèvres du garçon se poser sur sa peau, reproduisant les petites marques d'affection que Yuta avait pour habitude de lui faire. Yangyang s'écarta et prit un flacon de gel douche, déposant du produit dans ses mains. Délicatement, il savonna son petit ami, qui se détendait complètement. « Tu m'autorises à caresser tes jambes, Yang' ? » Le jeune homme répondit un petit « oui » et Yuta passa ses mains sur les mollets du chinois, qui continuait ses massages, glissant de temps en temps ses mains sur son torse ou son ventre. Il prit ensuite le pommeau de douche, l'alluma et passa l'eau sur le dos de son petit ami.

« - Ce n'est pas trop chaud ?

- C'est parfait, murmura le japonais, en plein rêve. »

Quand il passa l'objet vers son ventre, Yuta se pencha en arrière, posant sa tête sur l'épaule de Yangyang. Le plus jeune passa une main dans ses cheveux puis lui déposa un baiser sur la joue. Yuta sourit et dit doucement : « C'est à moi de te faire un peu de bien. » Il se tourna maladroitement dans la baignoire, faisant face à son amoureux. Voyant ses yeux se remplir d'angoisse, il le rassura : « Je ne vais te forcer à rien, ne t'inquiète pas. » Le japonais tendit sa main et attrapa le pommeau de douche à son tour pour le passer sur le corps du plus jeune. Il prit un peu de mousse dans la baignoire et frotta les épaules et le torse du garçon, prenant soin de ne pas faire de mouvements brusques. « Détends-toi, mon cœur. »

L'aîné massa les épaules de Yangyang, qui s'était raidit comme une statue, pour le calmer et le rassurer. Puis, il arrêta l'eau et glissa ses doigts sur la joue de son petit ami. Lentement, il attrapa les mains du chinois et le tira dans sa direction, l'obligeant à s'asseoir entre ses cuisses. Leurs deux intimités se touchèrent et Yangyang sursauta, se pinça les lèvres. « Tout va bien. Je ne ferais rien » lui dit calmement Yuta avant de l'embrasser amoureusement.

Quand ils se séparèrent, Yangyang avait arrêté de trembler et Yuta posa son front contre le sien. Les deux amoureux restèrent ainsi, les yeux fermés, leurs corps collés.

« - Yuta... ?

- Hmm ?

- J'ai une autre surprise pour toi.

- Encore une ? s'étonna le japonais en reculant légèrement.

- Je ne peux pas vraiment considérer ce moment comme un cadeau et je te suis vraiment reconnaissant d'être aussi patient et gentil avec moi. Je voulais te remercier, pour de vrai, s'expliqua le plus jeune.

- Yang', tu me combles de bonheur. Tu fais des efforts pour essayer de me rendre heureux et tu ne considères pas cela comme un cadeau ? Voyons, cette Saint-Valentin est la plus belle de ma vie. Je n'ai pas besoin de quelque chose de matériel, c'est symbolique ce que nous vivons-là. Et c'est normal que je me comporte comme ça avec toi, tu es mon petit ami, la personne que j'aime et chéri le plus au monde.

- Ce n'est pas suffisant pour moi, je veux te rendre la pareille. »

Yangyang sourit, excité à l'idée d'annoncer sa surprise et dit :

« - Je t'ai inscris dans un club de foot.

- Pardon ?

- Je sais à quel point tu aimes ça et tu pourrais t'entraîner avec de vrais joueurs et un vrai entraîneur, et non pas les voisins qui ne respectent jamais les règles. »

Yuta afficha un grand sourire et se jeta sur les lèvres de son amoureux. « Je n'ai vraiment pas tort de dire à tout le monde que tu es un petit ami extraordinaire. » Yangyang rit et les deux hommes se regardèrent, des étoiles dans les yeux et des papillons dans le ventre.

« - Comment tu te sens... ? lui demanda Yuta.

- Extrêmement bien, pourquoi ?

- Tu te rends compte du progrès que tu viens de faire ? Nous sommes nus, l'un contre l'autre. Tu ne trembles pas, n'hyperventile pas, ne pleure pas.

- Je me sens bien, Yuta. Vraiment bien. »

Les deux garçons se sourirent, s'embrassèrent à nouveau, avant de se décider à sortir de la salle de bain et à aller se coucher...

~

Alors, pensez-vous que nous allons enfin revoir Taeil et que sa situation avec Sicheng va bientôt s'arranger ?

D'ailleurs, ne vous en faites pas, je n'ai pas oublié Renjun ;)

Je vous informe aussi que je suis dans l'écriture des derniers chapitres (et oui, il fallait bien que j'y mette fin avant que ça ne tourne trop trop en rond et que ça devienne ennuyant) et qu'il y en aura donc environ 72, ainsi que 3 chapitres bonus encore (deux témoignages et un concernant la mythologie) !

Voilà, j'espère en tout cas, que pour le moment, ça vous plaît toujours ♡♡♡

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