Chapitre 56
Après la soirée qu'ils avaient passé à la fête foraine, Sicheng et Yuta étaient restés assez distants et n'avaient plus reparlé de ce qu'il s'était passé. Pour autant, le japonais se montrait toujours aussi attentionné envers son colocataire. C'est pourquoi il lui avait préparé un petit panier de pique-nique quand il lui avait annoncé qu'il tenait le rôle d'accompagnateur lors d'une sortie scolaire de l'école élémentaire.
Ce fameux jour, Sicheng vit au loin monsieur Andō, qui lui fit un signe de la main pour qu'il le rejoigne :
« - Je vous présente Sicheng, dit-il à l'intention des autres professeurs. C'est le jeune chinois dont je vous ai parlé, qui ne cesse de me surprendre jours après jours !
- C'est donc lui le fameux stagiaire dont tu fais constamment l'éloge ! s'exclama une femme d'une trentaine d'années. »
Les différents professeurs ou parents accompagnateurs discutèrent quelques minutes avec Sicheng, jusqu'à ce qu'une toute petite main tapote celle du garçon. Étonné, il se retourna rapidement et baissa la tête, posant ses yeux sur la petite Yumi. Il s'accroupit en souriant :
« - Hey, comment vas-tu ?
- Très bien, monsieur. Et vous ?
- As-tu oublié que tu pouvais m'appeler Sicheng sans problème ?
- Excusez-moi, dit la petite fille en s'inclinant. Est-ce que vous vous sentez mieux ? Monsieur Andō m'a dit que vous étiez malade.
- Oui, beaucoup mieux, merci.
- Vous m'avez beaucoup manqué... finit-elle par avouer à voix basse.
- Je suis très heureux de te revoir aussi, sourit Sicheng. »
Au même moment, l'un des professeurs tapa dans ses mains pour demander aux élèves de se mettre en rang pour monter dans le bus. Le petit groupe exécuta l'ordre sans discuter, et ils se mirent en route.
~
Leur première destination fut le musée d'histoire d'Osaka. La visite débuta au dixième étage. Sicheng put voir de nombreux mannequins portant les tenues d'époque ou des piliers emblématiques. Ils descendirent d'un étage et assistèrent à un bunraku*, dans un décors de l'époque médiévale. Le guide leur proposa ensuite un atelier d'archéologie où l'objectif était de rassembler des vestiges. Sicheng avait pu y participer et s'était vraiment amusé. Lui qui aimait apprendre de nouvelles choses était comblé. En descendant au huitième étage, ils furent plongés dans l'Osaka industrielle, et les salles suivantes contenaient des expositions éphémères. Les enfants eurent le temps de faire un petit tour dans la boutique pour acheter un petit souvenir pour leurs parents, et la visite se termina dans un entrepôt du Vème siècle.
Le chinois ressortit de cet endroit des histoires plein la tête et le cœur en joie. Monsieur Andō proposa au groupe de s'asseoir dans un parc pour pique-niquer avant de reprendre leur petite sortie.
Sicheng décida de s'installer dans un coin, près d'un arbre, pour prendre quelques notes de ce qu'il avait vu quelques heures plus tôt, tout en mangeant le petit repas préparé avec soin par son colocataire.
Mais quelques minutes plus tard, Yumi s'approcha encore une fois du chinois. « Excusez-moi de vous déranger... » Sicheng releva la tête vers elle. « Un élève est en train de se faire frapper là-bas. » Le professeur se redressa vivement et suivit la jeune fille jusqu'à l'endroit indiqué où, en effet trois enfants donnaient des coups de pieds à un quatrième, allongé sur le sol. « Qu'est-ce que vous faites ! » dit Sicheng de sa voix la plus autoritaire possible. Les élèves s'arrêtèrent immédiatement et relevèrent des yeux curieux vers le chinois.
« - Je répète : qu'est-ce que vous faites ?
- Bah, on le frappe... répondit l'un d'eux sur le ton de l'évidence.
- Pourquoi ? »
Les garçons haussèrent les épaules en faisant des petites moues et se mirent à regarder leurs pieds. Leur victime n'avait toujours pas bougé, en position fœtale, les mains protégeant son visage. « Ça vous fait rire de martyriser ce garçon ? » Au même moment, monsieur Andō rejoignit le groupe.
« - Que se passe-t-il ici ?
- Ces trois garçons s'amusent à frapper l'un de leur camarade, expliqua Sicheng en désignant les personnes concernées.
- Je vois que ma punition n'a pas suffit à vous calmer, déclara l'homme. Venez avec moi, nous allons parler de votre sort. Sicheng, occupe-toi de lui, s'il te plaît.
- Oui, monsieur. »
Le chinois se pencha vers le jeune garçon, à terre, sous le regard curieux de Yumi. « Ils sont partis, dit-il d'une voix douce. Est-ce que ça va ? » L'élève se releva doucement et Sicheng se rendit alors compte qu'il s'agissait de Yuya. Voyant que le garçon ne répondait toujours pas, le jeune adulte lui demanda : « Pourquoi est-ce que ces garçons te frappaient ? » Yuya ne répondit rien, fixant toujours le chinois d'un regard mauvais. « Est-ce que tu as fais quelque chose qui les a énervé ? » Une lueur de tristesse traversa les yeux du petit garçon qui secoua la tête. « C'est la première fois qu'ils font ça ? » Yuya répéta son geste et dit doucement : « Ils font ça car ils savent que je ne sais pas me battre et je ne suis pas comme eux. Ça les fait rire. » Sicheng s'accroupit face à lui et répondit : « Ne laisse jamais personne te faire croire qu'il est plus fort que toi. Ils se croient malins parce qu'ils sont plusieurs, mais ce sont sûrement des poules mouillées. » Cette expression fit sourire le jeune japonais.
« - Le plus important Yuya, c'est d'être fort ici, ajouta Sicheng en lui posant un doigt sur le front.
- Ah bon ?
- Bien sûr. Ne doute jamais de tes capacités. Si jamais ils s'en prennent à nouveau à toi, viens m'en parler d'accord ? »
Yuya hocha la tête et Sicheng l'invita à venir manger vers lui, mais le jeune garçon retrouva son expression fermée :
« - Je n'ai rien à manger...
- Ils t'ont volé ton déjeuner ?
- Non... Mon père n'avait pas assez d'argent pour me faire deux repas aujourd'hui...
- Oh...
- Je peux te prêter un peu à manger si tu veux, les coupa Yumi en s'approchant de son camarade de classe. J'en ai sûrement assez pour nourrir toute la classe.
- Pour de vrai... ? demanda Yuya, méfiant.
- Bien sûr !
- Dans ce cas, tout est réglé ! sourit Sicheng, satisfait. Allez, retournons vers les autres. »
Les deux enfants se sourirent et acquiescèrent.
Le reste du repas se passa dans la bonne entente, et Sicheng observa la discussion entre ses deux élèves, qui s'échangeaient des anecdotes sur leur vie, qui étaient bien différentes. Et plus il écoutait les paroles de Yuya, plus il avait l'impression de revoir Taeil.
En effet, le petit garçon vivait seul avec son père, qui se débrouillait autant que possible pour faire vivre sa famille, allant parfois jusqu'à fouiller les décharges pour récupérer de vieilles bricoles à offrir à son fils. Tandis que de son côté, Yumi vivait avec ses deux parents, souvent absents pour des raisons professionnelles et six domestiques.
Sicheng leur avait ensuite fait une petite leçon de morale, leur expliquant qu'il fallait être heureux de ce que l'on possédait et de ne pas jalouser les autres ; et les deux enfants s'étaient promis de s'inviter mutuellement si leurs parents étaient d'accord.
Les trois nouveaux amis ne se quittèrent pas lors de leur deuxième sortie, dans le musée du célèbre Osamu Tezuka, regroupant une grande partie de ses dessins originaux, que ce soit de Dororo ou Astro, le petit robot. Et pendant que les enfants avaient participé à un atelier, Sicheng était allé lire dans la bibliothèque. Puis les professeurs avaient à nouveau interpellé tout le monde pour qu'il remonte dans le bus.
Sicheng allait pour monter les marches quand, à nouveau, une petite main s'accrocha à sa veste. Le chinois se tourna vers Yumi, l'interrogeant du regard. « Vous savez, dit la petite fille à l'intention de l'aîné. J'ai réfléchis à ce que vous m'aviez demandé lors de votre premier cours : si je prenais plaisir à apprendre. Je n'avais pas compris le sens de la question au départ ; mais maintenant que j'ai passé beaucoup de temps avec vous, je me suis rendu compte qu'apprendre était vraiment génial. Quand vous n'étiez pas là, j'ai essayé de travailler mon chinois avec l'une des domestiques de la maison, mais ce n'était pas aussi bien qu'avec vous. Vous m'avez donné envie d'apprendre des choses simplement pour le plaisir et non parce que je dois viser la perfection, et bizarrement, c'est beaucoup plus simple et agréable. »
Sicheng avait été réellement touché par les paroles de son élève et son cœur s'emplit de joie. Il resta silencieux quelques secondes, incapable de répondre, puis finit par dire :
« - Tu m'en vois ravi, vraiment. C'est quelque chose que j'ai toujours voulu transmettre alors je suis très heureux d'avoir réussis.
- Vous êtes un très bon professeur, et une très bonne personne en général.
- Merci infiniment. »
Yumi sourit et attrapa la main de Yuya avant de rejoindre les autres élèves dans le bus, sous le regard comblé de Sicheng.
~
Yuta fut extrêmement surpris de voir Sicheng rentrer, le sourire jusqu'aux oreilles.
« - Et bien, tu devrais faire des sorties scolaires plus souvent, commenta-t-il.
- C'était tellement génial, Yuta ! Je te jure ! J'ai passé une excellente journée ! »
Les deux colocataires s'installèrent sur le canapé, le japonais ne voulant pas interrompre Sicheng, qui n'avait jamais été aussi bavard.
« - C'était incroyable ! On est allé dans le musée de Osamu Tezaku où j'ai dévoré des mangas dans la bibliothèque. Et on est allé dans un musée relatant l'histoire d'Osaka. On a traversé des tas d'époques. C'était tellement intéressant ! J'ai même participé à un atelier d'archéologie ! Et toutes ces photos, ces décors... Tu aurais dû voir ça, Yuta !
- Je te rappelle que c'est ma ville d'origine, rit le garçon concerné. Et les profs organisent cette sortie chaque année depuis déjà bien longtemps. Donc ne t'en fais pas pour moi, je n'ai rien raté.
- Tu m'emmèneras dans d'autres endroits comme ça, s'il te plaît ? le supplia Sicheng.
- Bien sûr ! Dès qu'il fera meilleur, on ira se promener dans la montagne et je te raconterai des histoires du pays. On pourra partir la journée et se faire un pique-nique sur l'herbe en regardant l'horizon. Ça te plaît comme idée ? »
Sicheng fixait son colocataire, des étoiles plein les yeux, tel un enfant à qui on annonce un séjour à Disneyland.
« - Je prends ça pour un oui, commenta l'aîné en souriant.
- Au fait, ton repas était très bon, merci beaucoup !
- Mais de rien !
- Et je t'ai pris quelque chose pour te remercier.
- Mais tu n'aurais pas dû, Sicheng, se plaignit Yuta, sans pour autant s'arrêter de sourire. »
Le chinois sortit un petit porte-clé Dororo de sa poche.
« - Ce n'est pas grand chose mais je voulais quand même te faire plaisir.
- C'est parfait, trésor.
- J'ai eu tellement de compliments aussi aujourd'hui et je crois avoir fais une bonne action. Tu sais, Yuta, j'ai vraiment envie de travailler avec des enfants.
- Et je suis sûr que tu pourras faire ça de ta vie, Sicheng. Ça te plaît, ça se voit et tu es totalement investi. »
Alors que les garçons allaient continuer leur discussion, quelqu'un toqua à la porte d'entrée. Yuta se leva et ouvrit la porte, curieux, n'attendant personne en particulier. Il découvrit un homme d'une vingtaine d'années, nerveux, regardant autour de lui et se frottant sans arrêt les bras. Sicheng porta son attention sur l'inconnu et écouta la conversation.
« - Yuta Nakamoto ?
- C'est bien moi.
- On m'a dit que tu pouvais m'aider... »
Le japonais se pinça les lèvres et répondit tout bas :
« - Oui, mais ce n'est pas le moment, là.
- J'ai vraiment besoin de ton aide, s'il te plaît ! Et le plus rapidement possible ; je n'en peux plus...
- Très bien. On peut se voir vendredi soir ?
- Ça me va...
- Donne-moiton portable que je te file mon numéro professionnel. »
L'inconnu suivit ses instructions, remercia Yuta et repartit aussi rapidement qu'il était venu. Le japonais ferma la porte et rejoignit son colocataire.
« - Qu'est-ce qu'il voulait exactement ? demanda ce dernier.
- Rien d'important, ne t'inquiète pas, répondit l'aîné en lui souriant. Alors, où en étions-nous ? »
☆☆☆
Yangyang et Yuta marchaient depuis deux bonnes heures. Lorsqu'ils arrivèrent vers un petit ruisseau, le japonais fit un signe à son petit ami. « On va se poser ici pour manger, ça te va ? Le paysage est sympa et il vaut mieux qu'on reprenne des forces. » Yangyang acquiesça, et les deux garçons s'assirent sur des rochers. Le chinois s'étira et sourit :
« - Ce chemin est vraiment génial, Yuta ! Je n'avais jamais eu l'occasion de me promener aussi longtemps. Ça fait un bien fou.
- Je t'avais dis que ça te permettrait de te vider la tête. J'adore me balader ici, alors je suis très content que ça te plaise aussi ! »
Yuta avait le sourire jusqu'aux oreilles. Il sortit de son sac à dos une gourde qu'il tendit au plus jeune. « Tiens, pense bien à t'hydrater. » Yangyang le remercia et but avant de la poser à côté de lui. Il tendit ensuite les mains et attrapa le sandwich que Yuta lui lança. Les deux garçons mangèrent tranquillement, en écoutant les oiseaux chanter et en regardant le ruisseau, perdus dans leurs pensées.
« - Yuta ? l'interpella soudainement Yangyang, le ramenant à la réalité. Tu as déjà couché avec beaucoup de personnes ?
- Beaucoup non, mais plusieurs fois oui. Pourquoi ?
- Tu es comment dans ces moments-là ?
- C'est-à-dire ?
- Tu es toujours gentil, comme tu l'es avec moi, ou tu deviens un peu plus « sauvage » ?
- Yang', je reste moi, peu importe la situation. Je suis bienveillant, toujours à l'écoute de mes partenaires. Tu n'as pas à t'inquiéter. Même si j'avais des fantasmes un peu farfelus, je ne me permettrait jamais de faire quelque chose sans consentement. Pourquoi est-ce que tu te poses ce genre de questions ?
- Parce que je sais qu'un jour, ça arrivera et je voulais me préparer mentalement.
- Arrête de te faire stresser inutilement. On le fera quand tu en auras envie et à ta manière.
- Est-ce que ça t'arrive d'avoir envie de moi ? demanda Yangyang en baissant les yeux.
- Bien sûr, répondit Yuta, honnêtement. Mais je te respecte, mon cœur. Et il y a tellement d'autres choses plus importantes. Tout ce que je veux, c'est passer du temps avec toi. Peu importe ce que l'on fait ensemble. Alors, s'il te plaît, arrête de te prendre la tête là-dessus. Et surtout maintenant ; je n'ai aucune envie de faire ça là, dans un buisson. »
Yuta fit un grand sourire à son petit ami, qui rit à sa remarque, et chacun reprit la dégustation de son sandwich, avant que Yangyang ne se remette à parler.
« - Tu nous vois comment dans l'avenir ?
- Heureux, tous les deux, dans une jolie petite maison dans la campagne, là où on pourrait aller se balader régulièrement. Une fois qu'on se sera marié et qu'on se sentira prêt, on adoptera un enfant ou deux. L'un sera un grand peintre et l'autre un parfait basketteur.
- Ah oui ? Pourquoi ?
- On est une famille de talent et c'est les deux premières idées qui me sont venues à l'esprit, sourit Yuta. Et malgré le fait que l'on soit occupé à cause de la musique pour moi et la course pour toi, on sera les meilleurs parents du monde, et le couple le plus amoureux qui soit. Qu'en penses-tu ?
- C'est formidable, vraiment, répondit Yangyang en prenant des couleurs. Au fait, mon prince, j'ai quelque chose pour toi.
- Ah bon ?
- Est-ce que tu peux me passer le sac, s'il te plaît ? »
Yuta obéit et Yangyang ouvrit la petite pochette avant, pour en sortir une enveloppe.
« - Oh, tu m'as écris une lettre ? se réjouit le japonais.
- Oui. »
Yangyang la tendit à son petit ami, tout en disant.
« - Mais ne l'ouvre pas tout de suite.
- Pourquoi ? demanda l'aîné.
- Je veux que tu la lises seulement si je venais à être éloigné de toi.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu penses ça ?
- On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Si je venais à mourir ou que je devais partir loin de toi, j'aimerais que tu lises ça. »
Yuta fronça les sourcils et la remit dans le sac.
« - Tu racontes n'importe quoi, conclut-il. Je ne la lirai jamais, car il n'y a aucune raison que je le fasse.
- S'il te plaît...
- Non. On est ensemble, tous les deux et tu ne seras jamais loin de moi. Tu n'aurais même pas dû l'écrire. Et ça n'a aucun sens que tu me parles de mort maintenant. »
Yuta se posta devant le plus jeune. Il lui attrapa les mains et l'obligea à se lever aussi. Il prit son visage en coupe et le fixa en disant :
« - Yang'. Je t'aime du fond du cœur. Arrête, s'il te plaît, de penser de manière pessimiste. Tu ne voulais pas être avec moi ?
- Si...
- Alors, je ne vois pas où est le problème ?
- Oui, je suis désolé. Je te promets de faire un effort, Yuta...
- Tu es le meilleur, sourit le japonais.
- Je t'aime aussi énormément. »
Le plus jeune sourit à son tour et les deux amoureux rapprochèrent leurs visages jusqu'à ce que leurs lèvres se scellent dans un tendre baiser...
* Le bunraku est un type de théâtre japonais, originaire d'Osaka, datant du XVIIème siècle, dont les personnages sont des marionnettes de grandes tailles, manipulées chacune par trois marionnettistes.
~
Avez-vous une idée de ce que peux bien faire Yuta avec toutes les personnes qui viennent le voir ? Et ce que voulait le gars qui a toqué à sa porte ?
On continue à avoir des petits rapprochements entre Yuta et Sicheng... Et ça va sûrement durer ;) ♡♡♡
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