Chapitre 46
Yuta se réveilla avec une immense migraine. Il se releva dans son lit en grognant et tourna la tête vers la table de nuit, sur laquelle il vit le verre d'eau et le médicament. Il sourit un peu et tendit le bras vers les objets pour les prendre. Il avala l'aspirine et se releva en grimaçant. Il avança, au ralentit, jusqu'au salon, aveuglé par la lumière du jour. Sicheng arriva à ce moment-là, un plateau-repas dans les mains.
« - Oh Yuta, tu es levé. Comment est-ce que tu te sens ?
- J'ai connu des jours meilleurs, répondit le garçon en se massant le front.
- Je voulais t'apporter cela au lit mais maintenant que tu es levé, tu préfères aller sur le canapé ou dans la cuisine ? demanda Sicheng en levant son plateau.
- Dans la cuisine. »
Les deux colocataires se dirigèrent jusqu'à la table et Yuta s'assit, se frottant sauvagement les yeux.
« - A la base, je voulais te préparer le petit-déjeuner mais comme tu ne te levais toujours pas, j'ai pensé que ce serait plus logique de te faire le déjeuner.
- Il est quelle heure ? demanda Yuta.
- Quatorze heures...
- Oh merde... C'est gentil, Sicheng, vraiment. »
Le chinois déposa à manger devant l'aîné en précisant :
« - J'espère que c'est assez chaud.
- Ne t'en fais pas. Tu ne manges pas ? s'étonna Yuta en levant les yeux vers lui.
- J'ai déjà mangé, mais je vais quand même rester avec toi.
- C'est adorable. Merci. »
Yuta mangea en silence, sous le regard bienveillant du chinois. Finalement, il dit doucement :
« - Je m'excuse pour hier soir. Je te promets que ça ne se reproduira pas.
- Ça t'arrive souvent d'être dans cet état... ? le questionna Sicheng.
- Non, ne t'inquiète pas.
- Et ton rendez-vous s'est bien passé ?
- Très bien, merci.
- Est-ce que tu as pris la voiture hier soir... ?
- Non, j'ai pris les transports en commun pour y aller et pour revenir. Tu as été envoyé par la police ou quoi ?
- Désolé... répondit le chinois à voix basse. C'est juste que c'est dangereux et que ça m'aurait inquiété...
- C'est mignon, mais j'avais anticipé. Tu n'as pas à te faire de soucis pour moi. »
Le silence régna à nouveau dans la pièce et Sicheng se sentit mal à l'aise.
« - Il neige dehors. Ça te dirait qu'on aille faire une petite promenade cette après-midi... ? Tu pourrais prendre un peu l'air, et ça me permettrait de passer du temps avec toi. Je ne te vois pas trop la semaine...
- Oh bien sûr ! s'exclama Yuta, enchanté. Par contre, ne m'agresse pas si je ne marche pas très vite.
- Non, non, ne t'en fais pas. »
Une fois le repas terminé, les garçons prirent leurs manteaux et se rendirent à l'extérieur.
~
Les deux amis marchaient dans un parc, leurs pas faisant craquer la neige.
« - J'espère que je n'ai pas été trop gênant hier... commenta Yuta.
- Tu as dis quelques trucs bizarres mais ça allait. Yuta, pourquoi tu m'as choisis pour être ton colocataire ?
- Je te l'ai déjà expliqué. Tu avais l'air sympa et j'avais envie de t'aider.
- Mais Jisoo m'a dit qu'elle t'avait proposé de venir vivre avec toi et que tu avais refusé son offre. Pourtant, elle a l'air gentille aussi et tu es sûrement plus proche d'elle que de moi, répondit Sicheng.
- Jisoo ? Tu l'as connais ? s'étonna le japonais.
- Hanbin m'a invité hier soir, quand tu étais à ton rendez-vous. J'ai rencontré ses amis, dont Jisoo. Et d'ailleurs, tu as le bonjour de Seulgi, lui expliqua Sicheng.
- Ah d'accord. Et bien Jisoo et Donghyuk se tournent autour depuis plusieurs semaines. Je ne veux pas leur faire perdre une chance de finir ensemble en demandant à Jisoo de cohabiter avec moi, répondit Yuta en haussant les épaules.
- Hier soir, tu m'as laissé entendre que je te faisais penser à quelqu'un...
- J'ai dis quoi ? demanda Yuta en perdant ses couleurs.
- Tu as dis que tu voulais me faire un câlin, comme tu en faisais avec lui. Tu parlais de qui ?
- Aucune idée. Il ne faut pas écouter ce que je dis quand je suis bourré. Ça n'a aucun sens, précisa Yuta.
- Je n'en doute pas. Tu m'as sortis une histoire bizarre de bain avec des bougies et un caleçon. Je t'avoue que je n'ai pas tout compris. »
Yuta eut un rire nerveux et répondit : « Mon cerveau peut vraiment partir loin des fois. » Le japonais porta sa main à sa poche et ferma le poing fortement, s'empêchant de repenser au passé. Sicheng, de son côté, se remémorait les paroles de Hanbin et il se demanda si son colocataire avait lui aussi perdu des membres de sa famille.
« - Yuta ?
- Hmm ?
- Tu ne m'as jamais parlé de ta famille...
- Et bien, je suis fils unique. J'ai vécu chez mes parents jusqu'à mon entrée à l'université où je suis venu vivre dans l'appartement que tu connais. Mes parents travaillent beaucoup mais ils m'appellent assez souvent et passent me voir de temps en temps. D'ailleurs, je vais fêter Noël avec eux, tu voudrais venir avec moi ? Tu pourrais faire leur connaissance, proposa l'aîné.
- Non, c'est très gentil mais je pense que je vais rentrer en Corée pour les fêtes de fin d'année. J'ai envie de revoir mon meilleur ami et j'aimerais passer chez Taeil pour lui offrir un cadeau. »
Yuta posa son regard sur le plus jeune et dit :
« - Tu as l'air vraiment amoureux de lui.
- Taeil est un garçon extraordinaire. Il m'a beaucoup aidé à faire le deuil de mes frères. Il a été capable de faire beaucoup de choses pour me montrer qu'il m'aimait ; jusqu'à se faire torturer pour moi. Cet homme est tout simplement magnifique et le plus triste dans tout ça, c'est qu'il ne s'en rend pas compte. Taeil est le genre de personne que tu ne rencontre qu'une seule fois dans ta vie et que tu ne peux pas oublier... Et j'ai tout fait foirer... »
En disant cela, Sicheng se mit à sangloter et Yuta lui dit « Allons nous asseoir, là-bas. » Ils se dirigèrent tous les deux jusqu'à un banc où ils s'assirent.
« - Tu dois arrêter de te répéter que tu es le coupable, puisque c'est Taemin qui l'est. Ce n'est pas ta faute, Sicheng.
- Ne dis pas ça ! Taeil me faisait confiance et je l'ai trompé pendant qu'il se sacrifiait pour moi ! J'ai osé éprouver du plaisir avec quelqu'un d'autre que lui alors ne viens pas me dire que je ne suis pas coupable ! pleura le chinois. »
Yuta souffla et continua :
« - Le seul qui doit s'en vouloir, c'est Taemin, je te l'assure.
- Arrête de faire comme si tu comprenais ce que je ressentais ! Tu n'as pas couché avec quelqu'un en croyant que c'était ton copain ! Personne ne peut me comprendre alors arrête de me faire la morale ! s'énerva Sicheng.
- C'est vrai, je n'ai pas connu ça. Mais j'essaye d'éclaircir la situation pour t'aider. Et si ton Taeil est aussi merveilleux que tu le dis, vous serez très rapidement réunis. »
Le chinois se calma un peu en entendant cette dernière phrase. Ils restèrent silencieux, l'un à côté de l'autre, et Sicheng finit par demander : « Je ne comprends toujours pas si tu aimes les femmes ou les hommes. » Yuta se mit à rire, avant de répondre : « J'aime les personnes pour ce qu'elles sont, non pas pour leur sexe. » Sicheng hocha la tête. Yuta jeta un coup d'œil au garçon dont les larmes commençaient progressivement à sécher et dit :
« - Bon, il faut absolument qu'on bouge ce week-end pour te changer les idées. Je vais appeler Xiaojun, même si je suis persuadé qu'il sera d'accord. Ça te dirait qu'on aille chez lui pour que je te montre l'endroit où on s'entraîne ? On pourrait ensuite tous se baigner dans sa piscine, ce serait sympa.
- En hiver ? le questionna Sicheng en fronçant les sourcils.
- Xiaojun a une piscine intérieure. C'est un petit gosse de millionnaire. Alors, ça te tente ?
- D'accord... »
Yuta lui fit un grand sourire, ravi et les deux amis se remirent en marche, jusqu'à retrouver leur appartement.
☆☆☆
Yuta ouvrit la porte-fenêtre donnant sur la terrasse. Il avança doucement vers Yangyang et s'assit sur le sol, à côté de lui, ses jambes se balançant dans le vide. « Est-ce que tout va bien... ? » Yangyang essuya rapidement ses larmes et répondit par l'affirmative.
« - Yang', il faudra bien qu'on finisse par en parler réellement pour que je puisse t'aider ou qu'on trouve une solution alternative. Mais si tu évites le sujet à chaque fois, tu n'avanceras pas, dit calmement le japonais.
- Ça va, Yuta. Ce ne sont pas tes problèmes. Je dois juste passer à autre chose.
- Tes problèmes sont les miens. Tu sais très bien que je t'apprécie, Yang'. Je ne veux pas te laisser comme ça. Et si tu es convaincu que c'est aussi facile que ça, pourquoi est-ce que tu es ici, en train de pleurer ?
- Yuta... Tu crois que c'est possible de rester seul toute sa vie... ? demanda le plus jeune, en essayant de retenir ses larmes.
- D'abord, oui c'est possible mais pas pour quelqu'un comme toi. Et ensuite, tu n'es pas tout seul puisque je suis là, répondit Yuta en lui faisant un sourire.
- Tu as très bien compris ce que je voulais dire. »
Yangyang se recroquevilla et vint poser ses bras et sa tête sur ses genoux, tremblant.
« - C'est bien pour ça que je te propose qu'on en parle tous les deux. Et si tu as honte ou que je ne te mets pas à l'aise, on peut toujours prendre rendez-vous chez un psychologue. Ça te ferait sûrement du bien.
- Et imagine que ça ne m'aide pas ? Là, au moins, j'ai une excuse, répondit Yangyang. Je sais que ma vie est ratée parce que personne ne peut m'aider et que je ne demande pas à l'être. Mais si je n'arrive pas à me sortir de cette situation alors que j'en discute avec je-ne-sais-qui, je vais me sentir encore plus détruit.
- Il n'y a pas de raison que ta vie soit ratée ; et d'ailleurs elle ne l'est pas. Yang', tu es encore jeune ! Je ne dis pas que tu te reconstruiras en deux jours, mais tu as encore des années et des années devant toi, s'écria Yuta. Tu en es capable car tu es courageux, et surtout, tu n'es pas seul. Tu oublies que tu as l'un des colocataires les plus collants et persévérants de la planète à tes côtés. »
Yangyang rit et tourna la tête vers le japonais. « Ça c'est bien vrai ! Comment fais-tu pour me faire rire dans toutes les situations ? » L'aîné rit à son tour et fixa le chinois de ses yeux brillants. « Il y a toujours des raisons de sourire, Yang'. Tu verras, ta vie va s'améliorer et tu iras mieux. En tout cas, je te fais la promesse de faire le maximum pour que ce soit le cas. » Ils se regardèrent ainsi quelques secondes, avant que Yangyang ne baisse les yeux, gêné.
« - Tu ne m'abandonneras jamais... ?
- Jamais, répéta Yuta. Je te soutiendrai toujours, quoi qu'il arrive.
- Merci, Yuta.
- De rien, Yang'. »
Voyant que son colocataire avait retrouvé un peu le sourire, mais que ses yeux étaient toujours remplis de tristesse, Yuta lança : « Bon, attends moi ici. Je reviens dans quelques secondes. » Le japonais quitta la terrasse et revint quelques minutes plus tard, sous le regard curieux du plus jeune.
« - Allez, prépare-toi, on sort.
- Où ça ? le questionna Yangyang.
- Où tu veux, du moment que ça peut te rendre le sourire. Je viens d'appeler Xiaojun, il va nous rejoindre devant le parking.
- À cette heure-ci ? Pourquoi tu l'as dérangé ?
- Parce que nous devons te montrer, tous les deux, que tu n'es pas tout seul. Tu as des amis qui t'aiment énormément et qui sont là pour toi, peu importe le problème, répondit Yuta en lui faisant un grand sourire et en lui tendant sa main. »
Le chinois le fixa quelques secondes, et finit par lentement l'attraper en se relevant.
« - Tu as une idée de ce que tu voudrais faire ?
- Pas vraiment...
- Hmm... Un Escape Game, ça te tente ?
- Du moment que je suis avec vous, ça me va. »
Le cœur de Yuta s'emballa et il ne put empêcher son visage de prendre quelques couleurs. « Très bien. Par contre, essuie-moi ces larmes. Xiaojun a dit qu'il voulait te voir avec un beau sourire. Sinon, il va insister sur le fait que je ne prenne pas bien soin de toi et il sera obligé de faire l'imbécile toute la soirée. » Yangyang rit en passant une main sur son visage et suivit l'aîné jusqu'au hall pour mettre ses chaussures et son manteau, le coeur plus léger. « Je ne peux pas rêver meilleur colocataire que toi, Yuta... »
~
Je m'excuse pour ce chapitre moins long et dans lequel il ne se passe pas grand chose. Je promets de me rattraper dans le prochain, qui sera bien plus consistant : en même temps, Xiaojun sera là et il n'a pas sa langue dans sa poche !
Vous en saurez aussi bientôt plus sur ce qui tourmente notre petit Yangyang !
Merci de continuer à lire cette fiction ! ♡♡♡
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