Chapitre 44

Quand Yuta rentra, il fut surpris d'entendre que Sicheng se trouvait dans la cuisine. Il le rejoignit et s'excusa :

« - Je suis sincèrement désolé pour le retard, j'ai été retenu plus longtemps que prévu !

- Ce n'est rien, répondit Sicheng sans lâcher des yeux la casserole. »

Yuta s'assit à la table en souriant et ajouta :

« - Alors, comme ça, tu t'es dis que tu allais me cuisiner un petit quelque chose ~ ?

- C'est une manière de te remercier pour ton accueil et ta gentillesse. Ce sera bientôt prêt. »

Le japonais posa son menton sur ses mains et prit un air suspicieux :

« - Est-ce que, par hasard, tu aurais quelque chose à m'annoncer... ?

- P-Pourquoi est-ce que tu dis ça ? répondit Sicheng, essayant de rester neutre.

- Parce que c'est une technique que j'ai déjà utilisé.

- Et bien tu te trompes. Je t'ai dis que c'était pour te remercier. »

Yuta sourit et mit la table tandis que Sicheng attrapait la casserole pour les servir. Une fois les assiettes remplies, les deux colocataires s'assirent et commencèrent à manger en silence. L'aîné parla à nouveau de sa journée, mais son interlocuteur semblait préoccupé par quelque chose. Bien que Yuta avait prit l'habitude de ne pas recevoir énormément de réponses de la part du chinois, il ne put s'empêcher de le trouver suspect et de le questionner à nouveau : « Que se passe-t-il, Sicheng ? Tu n'es pas comme d'habitude... » Le plus jeune leva les yeux vers lui et se mordit la lèvre, intimidé par le regard insistant de son colocataire.

« - Je... J'ai fais une bêtise aujourd'hui...

- Je savais bien que tu n'avais pas cuisiné sans raison ! s'exclama Yuta, souriant encore. Bon, j'ai l'impression que l'appartement n'a pas brûlé, tu as l'air d'aller bien aussi, tu n'as pas pu abîmer ma voiture... Je ne vois pas ce que tu as pu faire de mal... »

Sicheng prit quelques couleurs et baissa les yeux, avant de bafouiller :

« Et bien... Hanbin m'a dit que tu lui devais une bouteille d'alcool et comme je ne la trouvais pas dans la cuisine, il m'a proposé d'aller voir dans ta chambre... » Yuta ne l'avait pas lâché des yeux, attendant de savoir ce qui était censé le vexer. Sicheng s'arrêta dans son récit, anxieux. Les deux colocataires se regardèrent quelques secondes, attendant chacun une réaction de l'autre.

« - Et... ? finit par demander Yuta.

- J'ai fouillé ta chambre... Je suis désolé, c'était mal...

- Attends, tu pensais que j'allais m'énerver pour si peu ? »

Sicheng acquiesça. « Ce n'est pas comme si j'avais d'abominables secrets à cacher. Bon, mon intimité en prend un coup, mais il y a bien pire dans la vie. » Même si Sicheng était rassuré, il ne put empêcher son visage de devenir rouge. Yuta lui jeta un regard surpris avant de souffler.

« - Bon, qu'est-ce que tu y as vu... ?

- R-Rien.

- Arrête de me mentir, Sicheng. Vu la tête que tu fais, il y a forcément quelque chose que tu veux me dire. Qu'est-ce que tu as trouvé dans ma chambre ? »

Sicheng s'était mit à jouer nerveusement avec ses doigts, ne sachant pas comment lui dire.

« - Je ne savais pas que j'avais des trucs aussi bizarre dans ma chambre... commenta Yuta en fronçant les sourcils.

- Et bien... J'ai ouvert un tiroir et il y avait... des préservatifs, un string et des hentais... »

Le chinois avait maintenant les joues rouges pivoine et Yuta se mit à rire :

« - Il en faut peu pour te choquer, jeune homme. Je te rassure, le sous-vêtement, c'était un délire avec un ami. Je ne vais pas t'apprendre à quoi servent les préservatifs, et un peu de lecture coquine de temps en temps ne fait pas de mal, répondit le japonais, un grand sourire sur le visage. Ne va pas te mettre dans un état pareil pour ça.

- Je pensais que tu serais plus gêné que ça... expliqua Sicheng.

- C'est humain après tout ! se défendit Yuta en haussant les épaules. Je suis sûrement pas le seul à posséder ça dans ma chambre. Bon, j'avoue que je ne m'attendais pas à ce que tu tombes dessus, mais je ne vais pas en faire toute une histoire ! D'ailleurs, si jamais tu veux lire autre chose que tes classiques, n'hésite pas !

- Oh n-non ! C'est pas trop... Enfin... »

Sicheng ne savait plus quoi dire, ce qui accentua les rires du japonais. Il se tut, décidant de ne pas s'enfoncer encore plus en bafouillant quelque chose de maladroit ; et les deux amis se remirent à manger, Yuta ne pouvant s'empêcher de se dire que son colocataire était adorable. Le chinois profita alors de ce bon moment pour ramener le sujet qui l'intriguait depuis la veille. « Ton ancien colocataire t'en empruntait, lui ? » L'aîné devint soudainement sérieux et lança un regard sombre à Sicheng. « Je t'ai déjà dis que je ne voulais pas aborder ce sujet, s'il te plaît. Respecte mon choix. » Le chinois acquiesça et s'excusa.

« - Je peux te poser une autre question... ? demanda timidement le garçon.

- Ça dépend.

- Pourquoi est-ce que tu as autant de bouteilles d'alcool dans ta chambre ? C'est pour toi... ? »

Yuta passa une main dans ses cheveux et répondit simplement : « C'est de la famille qui m'en avait donné, alors je les distribue à des potes. » Sicheng acquiesça une nouvelle fois, en guise de compréhension et se remit à manger. Cette fois-ci, le silence était devenu vraiment pesant, et Sicheng regretta de s'être montré curieux une nouvelle fois et de ne pas avoir suivit le conseil de Hanbin. Il préférait clairement quand son colocataire affichait son gigantesque sourire. Ne voulant pas que la situation se prolonge trop longtemps, il s'exclama :

« - Au fait, j'ai quelque chose pour toi.

- Pour moi... ? demanda Yuta, étonné. »

Sicheng se leva, se dirigea jusqu'à sa chambre et revint avec le paquet qu'il y avait déposé quelques heures plus tôt. Il le tendit au japonais qui le prit :

« - Qu'est-ce que c'est ?

- Aucune idée. C'est une certaine Yeeun qui me l'a donné, pour toi.

- Je me disais bien que ça ne pouvait pas être de ta part, commenta Yuta. »

Le japonais déballa son cadeau et en sortit trois DVD. En les voyant, il se mit à rire. Sicheng demanda doucement :

« - Ce sont des films... ?

- Oui, répondit le japonais, regardant son colocataire à nouveau avec le sourire. Il a suffit que je dise une fois sur scène que j'aimais les films de science-fiction pour que mes fans m'en offrent plein. Je vais sûrement les avoir tous vu d'ici la fin de l'année !

- C'est plutôt pratique d'être connu pour faire tes courses... »

L'aîné se mit à rire à sa remarque et répondit : « C'est pas faux, mais ça peut être frustrant quand tu te retrouves avec cinq cadeaux identiques. » Yuta reposa les DVD plus loin sur la table et reporta son attention sur Sicheng.

« - En vrai, je rigole, mais je me sens très mal à l'aise de recevoir des cadeaux alors que je ne fais rien de spécial. Je ne veux pas devenir célèbre pour recevoir des paquets à longueur de journée.

- Pourquoi as-tu voulu te lancer dans la musique ?

- J'ai toujours voulu apporter du positif et du bonheur aux gens. Mes parents m'ont élevé comme ça. Et en parallèle, j'ai toujours aimé chanter et danser. Au lycée, j'ai rencontré mes potes, ceux que tu as vu la dernière fois, et on est partit dans l'idée de monter un groupe. C'est là que je me suis rendu compte qu'à travers la musique, je pouvais justement partager cette positivité et cette joie de vivre aux autres ; et parfois les aider à remonter la pente lorsqu'ils avaient des problèmes. C'est pour cela que je chante : pour transmettre de l'espoir aux gens. »

Sicheng était émerveillé par la sincérité des paroles du japonais, qui semblait vraiment passionné par ce qu'il disait.

« - Je dois avouer que tu dégages une aura très positive.

- Ah oui ? s'exclama Yuta, ravi.

- Oui, enfin... Quand tu souris, comme ça... Ça donne envie de sourire aussi et de profiter de la vie...

- Waouh, souffla le japonais. Merci beaucoup, Sicheng. C'est un honneur d'avoir un aussi beau compliment de ta part.

- De rien. »

L'ambiance était redevenue accueillante et les deux colocataires discutèrent encore quelques minutes, jusqu'à terminer leur repas.

« - Ça te dirait qu'on regarde tout les deux, l'un de ces films ce soir ? proposa Yuta.

- Oui, pourquoi pas. »

Les deux amis débarrassèrent la table, firent la vaisselle, se brossèrent les dents et se changèrent avant de se retrouver sur le canapé.

« - Oh ~ Quel pyjama tout mignon ! commenta le japonais en voyant son colocataire.

- Taeil en a un similaire. Comme je l'aimais bien, il a décidé de m'en acheter un aussi.

- C'est chou... Bon, tu veux regarder lequel ? demanda l'aîné en lui montrant les pochettes.

- Le moins long ? Je suis un peu fatigué... répondit Sicheng.

- C'est une très bonne idée ! s'exclama Yuta en tournant le DVD pour y chercher la durée. »

Il inséra le disque dans le lecteur et lança le film, avant de venir s'asseoir à côté de son colocataire.

Quand le générique de fin apparut, Yuta lança « Alors, tu as aimé ? » mais n'eut aucune réponse. Il tourna la tête vers le chinois et vit que celui-ci dormait paisiblement. L'aîné ne le lâcha pas du regard pendant quelques secondes, le trouvant à croquer dans son pyjama bleu à motifs poussins. Il hésita à le porter jusqu'à sa chambre mais refoula cette idée, ayant peur de sa réaction.

Il se leva, prit un oreiller qu'il posa sur le bord du canapé, et avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve, il fit glisser Sicheng pour que sa tête repose sur l'objet moelleux. Celui-ci gémit légèrement tout en repliant ses jambes, mais ne se réveilla pas pour autant. Yuta rejoignit sa chambre, ouvrit un placard duquel il sortit une couverture et la ramena dans le salon pour la déposer doucement sur son colocataire.

Il l'observa encore un peu tout en ayant la sensation que quelqu'un enfonçait une épine dans son cœur. Il secoua la tête, comme si cela lui permettrait d'oublier ses souvenirs et eut une idée. Il se dirigea jusqu'à la chambre du chinois et prit son doudou et la photo de Taeil qu'il amena à leur tour dans le salon et posa sur le canapé. Il sourit, fier de lui, éteignit les lumières et partit se coucher.

☆☆☆

Quand le générique de fin apparut, Yuta lança « Alors, ça t'as tout de même plu ? » mais n'eut aucune réponse. Il tourna la tête vers Yangyang et vit que celui-ci dormait paisiblement, sa respiration soulevant le plaid dans un mouvement lent. L'aîné ne le lâcha pas du regard et son cœur se mit à battre la chamade, à tel point qu'il aurait pu sortir de sa poitrine.

Il se leva et s'approcha en faisant le moins de bruit possible de son colocataire et le débarrassa de la couverture. Il tenta, aussi lentement qu'il le pouvait pour ne pas le réveiller, de passer son premier bras sous sa nuque et le deuxième sous ses cuisses afin de le porter jusqu'à sa chambre.

Mais à peine l'eut-il touché que Yangyang se mit à bouger dans tous les sens en hurlant. Yuta le relâcha sur le canapé, surpris et se recula en mettant ses mains devant lui. Le chinois resserra la couverture contre lui, recroquevillé sur le canapé et se mit à pleurer, la tête dans ses bras. « C'est moi, Yang'... Ce n'est que moi... dit Yuta d'une voix extrêmement calme en s'approchant doucement de son colocataire. Ne t'inquiète pas, Yang'. » Le plus jeune releva la tête et son visage baigné de larmes brisa le cœur du japonais.

« - J'ai eu peur... pleura Yangyang, en tremblant.

- Je suis désolé, j'ai été stupide... s'excusa Yuta. Tu permets ? »

Yangyang hocha la tête, toujours recroquevillé dans la couverture, et le japonais s'assit à côté de lui.

« - Je ne voulais pas t'effrayer... Est-ce que ça va ?

- Tu dois me trouver ridicule...

- Pas du tout, Yang'. Tu sais bien que je ne te jugerai jamais. J'ai été bête. J'aurais dû te laisser dormir ici.

- Non, non, le rassura le chinois. C'était vraiment très gentil de ta part. Tu es tellement attentionné avec moi. Je m'excuse d'être une sorte de poids pour toi... Je n'aurais peut-être pas dû venir vivre ici...

- Arrête de dire n'importe quoi, lui sourit Yuta. Tu es un vrai cadeau, Yang'. Et je me suis habitué à ta présence, je me sentirai bien triste sans toi. »

Yangyang essuya ses larmes et lui sourit. Il baissa les yeux, prit une partie de la couverture et la mit doucement sur les jambes de Yuta. Celui-ci le regarda faire, et ses joues prirent quelques couleurs. Les deux colocataires se regardèrent sans rien dire plusieurs secondes et Yangyang posa ses yeux sur la main de Yuta, comme s'il mourrait d'envie de la prendre dans la sienne, mais il ne bougea pas. Le japonais remarqua cela et demanda à voix basse à son interlocuteur : « Ça t'embête si je te prends dans mes bras... ? » Yangyang ne répondit pas tout de suite, sur la défensive, puis finit par acquiescer. Sans faire de gestes brusques, Yuta se décala vers lui et le serra doucement. « Tu es un cadeau pour moi aussi, Yuta... »

~

Bon, vous aviez deviné qu'il y avait des objets intimes dans le tiroir de Yuta ;)
Croyez-vous tout ce qu'il raconte à Sicheng ?
Vous en savez maintenant un peu plus aussi sur sa relation avec Yangyang :) ♡♡♡

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