Chapitre 43

Le lendemain s'était très bien passé. Yuta s'était rendu en cours, laissant à Sicheng un plan pour se rendre seul au lycée. Le chinois avait passé une bonne partie de la journée dans sa chambre à écouter de la musique, écrire quelques phrases qui lui passaient par la tête, bouquiner. Il s'était ensuite rendu au lycée pour son cours de japonais avec monsieur Andō. Et encore une fois, en rentrant, Yuta prépara le repas et parla de sa journée avec enthousiasme à Sicheng, qui se contentait de répondre ou commenter par politesse.

Le chinois devait avouer que cette situation n'était pas désagréable. Yuta était un jeune homme gentil et attentionné, et il n'avait aucune raison de se plaindre de lui. Monsieur Andō était un enseignant passionné, il avait eu la chance de retrouver Sana ; mais son arrivée au Japon était encore bien trop récente et le chinois avait l'impression qu'il ne pourrait jamais réellement s'y faire. Ses amis lui manquaient énormément, en particulier Yunoh, et il ne cessait de s'imaginer ce que pouvait faire Taeil. Était-il toujours enfermé dans sa chambre ? Allait-il en cours ? Pensait-il à Sicheng ? Était-il bien entouré ? Avait-il ressortit cette arme... ? Le chinois avait envoyé des messages à son petit ami, ou avait essayé de l'appeler, mais celui-ci ne répondait pas, et cela le torturait.

Le jour suivant avait été similaire. Mais il s'était cette fois-ci préparé à donner son premier cours de soutien. Il avait fabriqué quelques fiches de révisions avec les bases en chinois en attendant de savoir ce qui pénalisait la petite Yumi et de lui venir en aide. Sicheng eut à peine le temps d'entrer dans le hall de l'établissement qu'une lycéenne se rapprocha de lui, un paquet cadeau dans les mains. Lorsqu'elle lui sourit, il se retourna, persuadé que ça ne lui était pas destiné, mais la fille se posta devant lui et d'une voix assurée, lui dit :

« - Tu es bien le colocataire de Yuta ?

- Oui, c'est moi... répondit Sicheng, surprit d'être déjà connu.

- Est-ce que tu pourrais lui donner cela, s'il te plaît ? »

Elle lui tendit le paquet sans vraiment lui laisser le choix et lança :

« - Dis-lui que c'est de la part de Yeeun !

- Attends ! la retint le chinois, avant qu'elle ne reparte. Est-ce que tu sais s'il y a des salles de soutien ?

- Deuxième porte à droite, dans le couloir là-bas. »

Sicheng la remercia, mit le cadeau dans son sac à dos et partit dans la direction qui lui avait été indiqué.

Arrivé devant la porte en question, Sicheng jeta un coup d'œil à travers la vitre et aperçut monsieur Andō en pleine discussion avec une petite fille. L'étudiant toqua et l'homme lui fit signe d'entrer. « J'allais justement venir te chercher à l'accueil. Yumi, je te présente monsieur Qian, ton nouveau professeur de chinois. » Yumi se leva de sa chaise et s'inclina avant de poser ses yeux brillants sur le chinois :

« - Bonjour, monsieur.

- Sur ce, je vais vous laisser tout les deux. Sicheng, tu n'auras qu'à l'emmener à l'accueil une fois l'heure finit. Ses parents viendront la chercher. Bon cours !

- Très bien, monsieur. Bonne fin de journée à vous. »

Monsieur Andō leur fit un dernier signe et quitta la pièce. Sicheng vint s'asseoir en face de la petite fille et lui sourit, tout en sortant les quelques papiers qu'il avait avec lui.

« - Je suis enchanté de te rencontrer, Yumi.

- Moi aussi, monsieur, lui répondit l'élève en chinois.

- Oh ! On pouvait faire les présentations en japonais, tu sais. Et appelle-moi Sicheng.

- Je suis en cours de chinois alors je dois parler chinois, répondit Yumi comme si elle récitait un texte par cœur, monsieur... Sicheng.

- Seulement Sicheng, c'est suffisant, la reprit le chinois d'une voix douce. Alors, est-ce que je peux voir ce que tu travailles en classe pour pouvoir connaître ton niveau ? »

Yumi acquiesça et sortit un cahier de son cartable, qu'elle tendit à Sicheng. Le jeune homme le feuilleta et reposa ses yeux sur la petite fille.

« - Tu te débrouilles très bien pour une personne, soit disant, en difficultés !

- Mais ce n'est pas parfait, mo... Sicheng.

- Certes, mais c'est déjà pas mal. Je pense que tu atteindras rapidement un bon niveau.

- Je dois viser l'excellence, et non seulement un « bon niveau », le corrigea la petite fille.

- D'accord... »

Sicheng reprit donc avec Yumi les points qui la mettait en difficulté, essayant de se montrer le plus pédagogue possible. Tout en guidant la jeune enfant, le chinois eut l'impression de revoir Renjun faire ses devoirs. Il se rappela de cette fameuse journée où il avait aidé son petit frère sur un exercice de mathématiques et que Yunoh avait enchaîné sur une petite leçon concernant l'amour. A cette époque, Sicheng était bien loin d'imaginer tout ce qui allait lui arriver par la suite.

Au bout d'une heure de travail, l'étudiant annonça finalement la fin du cours particulier. « Tu as très bien travaillé, Yumi. Je suis fier de toi. » La petite fille lui sourit et remit sa veste. « Je peux te poser une question avant que l'on ne se quitte ? » Yumi releva ses yeux noirs sur Sicheng.

« - Est-ce que tu prends plaisir à apprendre ?

- Je suis désolée, je ne comprend pas votre question... répondit-elle en fronçant les sourcils.

- Tu as passé un bon moment, là ? Ça te plaît de parler en chinois ?

- Je ne sais pas... »

L'élève le regardait avec des yeux ronds, comme s'il parlait une langue inconnue alors qu'il venait de reprendre le japonais. Voyant l'état dans lequel il venait de mettre Yumi, Sicheng n'insista pas. « Excuse-moi, je t'embête sûrement avec mes questions. Allons-y. »

Ils se rendirent tout les deux dans le hall, dans lequel se trouvait monsieur Andō, occupé à accrocher des fiches informatives sur un panneau d'affichage.

« - Oh vous voilà ! dit-il en se retournant vers les deux jeunes. Votre cours s'est bien passé ?

- Très bien, expliqua Sicheng. Yumi était sage comme une image et elle a déjà fait quelques progrès.

- Parfait ! s'exclama l'enseignant avant de porter son attention sur la jeune fille concernée. Yumi, ton chauffeur est arrivé, tu peux y aller. »

La petite japonaise acquiesça et s'inclina devant ses deux professeurs avant de quitter l'établissement. Sicheng leva des sourcils interrogateurs :

« - Son chauffeur ? Où sont ses parents ?

- Ils travaillent.

- Ooh... »

Le chinois regarda Yumi entrer dans le véhicule à travers la porte vitrée. « Tout le monde n'a pas la chance de vivre dans une famille présente et aimante. » Monsieur Andō posa sa main sur l'épaule de Sicheng, lui sourit et lui souhaita une bonne soirée en s'éloignant. L'étudiant ne put s'empêcher de penser à tous les moments qu'il avait passé auprès de ses parents et que cette petite fille ne connaissaient peut-être pas.

~

En arrivant devant l'appartement, Sicheng vit Hanbin dans le couloir, les yeux rivés sur son téléphone. En entendant les pas du chinois, il releva la tête et lui sourit :

« - Salut, Sicheng ! Comment vas-tu ?

- Bien, merci, et toi ?

- Ça va aussi. Alors, la vie avec Yuta ? Ça se passe bien ?

- Oui, il est très gentil.

- Ah ça ! Tu as bien raison, c'est un garçon adorable ! s'exclama Hanbin avant de reporter son attention sur son téléphone. »

Sicheng allait pour ouvrir la porte quand son voisin le retint.

« - Excuse-moi, je peux te demander un petit service ?

- Oui, répondit le chinois, incertain.

- Yuta me devait quelque chose et il n'est toujours pas rentré, ce serait possible que tu le récupères pour moi ?

- D'accord, qu'est-ce que c'est ?

- Une bouteille d'alcool. »

Sicheng prit un air légèrement étonné et acquiesça. Il entra dans l'appartement, se dirigea jusqu'à la cuisine et ouvrit chacun des placards à la recherche de la fameuse bouteille, en vain. Il revint dans le couloir, où Hanbin l'attendait toujours.

« - Je ne la trouve pas... Il n'y a pas du tout d'alcool ici...

- Tu as regardé dans sa chambre ? reprit Hanbin.

- Bien sûr que non ! rétorqua le chinois.

- Tu permets ? »

Le voisin ne le laissa pas répondre et pénétra à son tour dans l'appartement, suivit par un Sicheng, affolé.

« - Mais on ne va pas fouiller sa chambre ! s'indigna le plus jeune.

- On devrait trouver assez facilement, ne t'en fais pas. »

Hanbin poussa la porte de la chambre de Yuta et pénétra à l'intérieur. Sicheng, quant à lui, restait sur le seuil, n'osant pas entrer. « Allez, viens, insista l'aîné. J'ai besoin de ton aide si on veut être efficace. » Le chinois fit un pas, puis un deuxième, comme s'il marchait sur un fil tendu dans les airs. C'était la première fois qu'il venait ici, et il avait l'impression d'être la jeune mariée pénétrant dans le cabinet de la Barbe Bleue. La chambre était parfaitement rangée et quelques traces sur les murs laissaient deviner qu'on y avait enlevé des photos. « Regarde là-bas ; je vais regarder de ce côté. » Hanbin ouvrit le tiroir du bureau en précisant : « Elle doit sûrement être rangée en évidence. »

Sicheng atteignit le coin opposé de la pièce et ouvrit un placard. De nombreux vêtements étaient suspendus sur des cintres. Sicheng se baissa légèrement, cherchant si elle était posée sur le sol mais il ne vit que des paires de chaussures. Il ouvrit la porte d'à côté et y découvrit une boîte sur laquelle il était écrit au feutre « Souvenirs ». Malgré la curiosité, Sicheng passa son chemin et tira sur un nouveau tiroir. Il écarquilla les yeux et le referma rapidement, se sentant soudainement très mal à l'aise. Au même moment, Hanbin s'écria : « Ah ! La voilà ! » Sicheng le rejoignit et vit un autre des placards ouvert, dans lequel se trouvait une dizaine de bouteilles d'alcool. Hanbin le referma et posa ses yeux sur Sicheng :

« - Bah, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu es tout rouge.

- R-rien du tout, se reprit le chinois. Tu as trouvé ce que tu voulais, on ferait mieux de s'en aller maintenant. »

Hanbin acquiesça et Sicheng le raccompagna jusqu'au couloir de la résidence.

« - Merci, Sicheng. Et tu sais, tu n'es pas obligé de raconter notre petite escapade à Yuta.

- D'accord. »

Le voisin allait pour entrer chez lui mais Sicheng l'interpella :

« - Hanbin ! Est-ce que tu connaissais l'ancien colocataire de Yuta ?

- Oui, pourquoi ?

- Il était comment ?

- Il avait bien trop de qualités pour que je te les énumère ! répondit Hanbin en riant. Non, honnêtement, tu me fais un peu penser à lui. Il était très respectueux, gentil, assez timide et pas très bavard.

- Et tu sais pourquoi il n'est plus là... ? demanda Sicheng, de plus en plus curieux. »

Le visage de Hanbin perdit soudainement ses couleurs.

« - Ce n'est pas à moi de te parler de ça. Demande plutôt à Yuta.

- Il ne veut pas me répondre, tenta le chinois.

- Dans ce cas, n'en parle plus, tout simplement. Ça vaut mieux pour toi. Surtout si tu veux garder une bonne entente avec Yuta. »

Sicheng ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose mais se retint.

« - Allez, passe une bonne fin de journée, Sicheng. A bientôt !

- Merci, toi aussi, à bientôt ! »

Et le voisin disparut dans son appartement. Sicheng referma la porte et se passa une main dans les cheveux avant de se rendre dans le salon, en attendant Yuta.

~

Et voilà pour ce chapitre !
Alors, avez-vous une idée de ce que peut contenir le tiroir secret de Yuta ?
Pourquoi possède-t-il autant d'alcool ?
Sicheng va-t-il lui en parler ? ;)

Je viens seulement de réaliser que nous sommes à plus de 4K de vues sur cette fiction, alors merci merci merci à vous ! Je vous adore ! ♡♡♡

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