Chapitre 34
« Rappelez-vous que je veux vos dossiers dans deux semaines, avant mercredi minuit. Vous n'aurez pas droit à une minute de retard, c'est bien clair ? » Plusieurs étudiants acquiescèrent et l'enseignant ajouta : « Vous pouvez y aller. » Sicheng mit ses affaires de cours dans son sac et se dirigea jusqu'au couloir. Le garçon passa sa main dans sa poche et en sortit ses écouteurs, qu'il essaya de démêler tout en continuant à avancer jusqu'à la sortie.
Il se sentait heureux. Ces derniers jours s'étaient passés à merveille. Taeil et lui avaient fait quelques sorties et avaient commencé à parler de leur installation ensemble. Étant trop concentré sur ce qu'il faisait, Sicheng ne vit pas le garçon qui arrivait dans le sens inverse, les yeux rivés sur son téléphone.
Lorsqu'ils se percutèrent, Sicheng s'inclina en s'excusant, sans pour autant relever la tête vers la personne touchée, et reprit sa marche. Ce fut seulement quand il l'entendit répondre « Ce n'est rien » en tremblant qu'il s'arrêta et se retourna.
Sicheng se dirigea vers le jeune homme et l'interpella, mais celui-ci accéléra le pas, se frayant un chemin dans le couloir. « Taemin, attends ! » essaya une nouvelle fois le chinois. Il s'excusa auprès des étudiants qu'il poussait sur son passage et attrapa finalement le bras du danseur.
« - Qu'est-ce qu'il se passe, Sicheng... ? demanda Taemin d'une toute petite voix.
- Où étais-tu passé ? »
Taemin fronça les sourcils et déglutit, ne sachant pas vraiment de quoi le plus jeune était en train de lui parler. « On devrait aller discuter ailleurs... » finit par dire le danseur en regardant autour d'eux. Sicheng acquiesça et suivit le coréen dans les différents bâtiments de l'université, jusqu'à arriver dans un coin de la cafétéria où ils s'assirent.
« - De quoi veux-tu me parler, Sicheng ?
- Où étais-tu ? répéta le garçon en question.
- Depuis quand tu t'inquiètes de ne pas me voir ? »
Malgré la légère frustration que Taemin aurait voulu exprimer dans sa phrase, il ne put s'empêcher d'avoir l'air ravi.
« - Ton petit ami a essayé de me tuer car tu avais, soi-disant disparu, et qu'il pensait que je te cachais quelque part ! expliqua Sicheng, légèrement en colère.
- Jongin est venu te voir ? s'étonna Taemin.
- Oui, et il m'a étranglé !
- Je... Je suis désolé, Sicheng. J'avais besoin d'être seul quelques jours-
- Et bien, la prochaine fois que tu prends une décision de ce genre, préviens au moins ton copain pour qu'il ne se fasse pas des films ! le coupa le chinois.
- Je suis désolé, répéta Taemin. Tu veux que j'aille lui parler de ça ?
- N'allons pas aggraver les choses. Je veux simplement que ça ne se reproduise pas. Mais pourquoi Jongin s'est mit dans la tête que nous avions une relation secrète ?
- Tu sais très bien que j'ai des sentiments pour toi, Sicheng... Et Jongin le ressent parfaitement, c'est normal...
- Je suis sûr qu'il tient vraiment à toi. L'agression en est une preuve. Pourquoi ne profites-tu pas simplement d'être avec lui ? Tu sais parfaitement qu'il n'y aura rien entre toi et moi, alors pourquoi insister ? dit le chinois, gentiment.
- Malgré tout mes efforts, je ne peux pas te sortir de ma tête et Jongin n'y changera rien, ajouta Taemin, ses lèvres tremblants légèrement. Et ça ne veut rien dire. J'aurais beau me battre pour toi, je ne pense que ça changerait quelque chose. Mais c'est avec toi que je veux être, c'est toi que je veux protéger. Et je ne veux pas que ton petit ami te fasse souffrir.
- Je ne suis pas sous ta responsabilité. Si Taeil me fait du mal, ça ne regarde que lui et moi.
- Je veux m'assurer que tout se passe merveilleusement bien pour toi et que tu as tout ce que tu mérites. Je suis sûr que je pourrais être un excellent petit ami pour toi. J'en ai eu la preuve... »
En disant cette phrase, Taemin attrapa la main de Sicheng et lentement, la caressa de son pouce. Suite à ce contact bizarrement familier, Sicheng retira vivement sa main, se mit à trembler et écarquilla les yeux :
« - De quoi est-ce que tu parles ? Qu'est-ce que tu as fais ? dit-il d'une voix blanche.
- Ce que j'ai toujours voulu faire, Sicheng... répondit le danseur, les larmes aux yeux. Je suis désolé...
- Sois plus clair, s'il te plaît... ajouta le chinois, en sentant à son tour qu'il allait bientôt pleurer. »
Taemin baissa les yeux puis les releva vers le garçon dont il était éperdument amoureux.
« - Lorsque tu m'as rejeté près du fleuve, j'étais totalement dévasté et je suis retourné avec Jongin car je savais qu'il m'aimait-
- Arrête de tourner autour du pot, Taemin, le coupa froidement Sicheng.
- Essayer de t'oublier me rendait malade. Je voulais tellement être avec toi... Alors, dès que j'en avais l'occasion, je vous suivais, toi et ton petit ami. Je... Je voulais être à sa place... »
Sicheng ne put contenir un frisson en l'écoutant parler. Au fur et à mesure de son récit, Taemin semblait devenir complètement fou. « J'ai observé toutes les mimiques de Taeil, écouté les moindres mots qu'il utilisait dans ses phrases. Je l'ai suivis jusque chez lui pour savoir quels genres de vêtements il mettait, avec quel produit il se parfumait. Je voulais que tu t'intéresses à moi, comme tu le faisais avec lui. Je ne comprends pas ce qu'il a de plus que moi... »
Des larmes continuaient de couler sur les joues du danseur et le chinois sentait son cœur accélérer de plus en plus. « Un jour, l'un de mes amis m'a surprit en train d'imiter Taeil, que j'avais filmé sans qu'il ne s'en rende compte. Je me suis fait engueuler par tout mon groupe de potes qui m'ont dit que je faisais du grand n'importe-quoi et que j'étais probablement un malade mental. Je me suis bien rendu compte de ce que j'étais en train de faire. Je savais que c'était mal... C'est là que j'ai décidé de rester seul un moment. Un soir, alors que je déprimais en buvant un peu dans un bar, je me suis mis en tête de venir te voir. »
La respiration de Sicheng se fit plus irrégulière et il posa instinctivement sa main sur le bracelet de Taeil, qu'il serra autour de ses doigts. « La porte d'entrée était ouverte alors je suis directement monté dans ta chambre... Au départ, je voulais simplement te parler, Sicheng, je te le jure... Quand tu m'as appelé Taeil, j'ai paniqué... Et je me suis rendu compte que ce serait sûrement ma seule occasion de passer du temps avec toi... » Le chinois se mit à pleurer et dit :
« - Dis-moi que ce n'est pas vrai, Taemin ! S'il te plaît ! Tu me mens, hein ? S'il te plaît, dis-moi que tu me mens et que c'est une horrible blague !
- Quand tu as dis que tu te sentais prêt à faire ta première fois avec moi, je savais que je serais le seul à vraiment prendre soin de toi...
- Je n'ai jamais dis que je voulais faire ma première fois avec toi ! Je parlais à Taeil ! s'énerva Sicheng, entre colère et tristesse.
- Je voulais simplement que tu sois mien quelques minutes et goûter à ta peau-
- Tais-toi ! hurla le chinois en s'effondrant. »
Taemin baissa la tête en sanglotant. « Ce soir-là, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer... Je savais que je faisais quelque chose de mal mais tu me faisais tellement d'effets... A plusieurs reprises, j'ai hésité à m'enfuir mais je n'en ai pas trouvé le courage, excepté après que tu te sois endormi. Je t'ai envoyé des fleurs le lendemain pour m'excuser. Je me suis mal conduis... » Sicheng ne savait pas quoi répondre. Il était totalement déboussolé et répugné.
« - Tu as abusé de moi, dit-il entre deux sanglots.
- Je voulais que tu passes un moment inoubliable... tenta Taemin.
- Arrête de dire que tu veux faire mon bonheur alors que tu fais tout foirer ! »
En entendant cela, le visage du danseur s'assombrit et il fronça les sourcils. « Tout ce que je fais, c'est pour toi. Taeil n'aurait sûrement pas été tendre alors que je t'ai considéré comme une pierre précieuse. Taeil t'aurait fait mal et à cause de lui, tu aurais été traumatisé. Moi, j'ai su te consoler et te réconforter quand tu avais peur. J'ai été doux et tu as apprécié ce moment. Ne me dis pas le contraire. Tes gémissements me l'ont prouvé. Tu as aimé chacune de mes caresses, de mes baisers- »
Taemin n'eut pas le temps d'en rajouter plus que Sicheng se leva en se bouchant les oreilles et en hurlant avant de se mettre à courir jusqu'à l'extérieur. Les quelques étudiants présents dans la cafétéria se tournèrent vers eux pour savoir ce qui se passait.
Lorsque Sicheng se retrouva dehors, il s'accroupit et vomit tout son déjeuner sur l'herbe. « Qu'est-ce que vous avez à le regarder comme ça ? Vous n'avez jamais eu de gastro ? » s'énerva Taemin contre d'autres étudiants tandis qu'il s'approchait de Sicheng pour lui poser une main sur l'épaule. « Est-ce que ça va ? » Sicheng le repoussa violemment et lui lança : « Ne me touche pas et ne t'approche plus jamais de moi ! »
Il partit ensuite en courant maladroitement et se laissa tomber dans un petit coin isolé d'un bâtiment pour pleurer toutes les larmes de son corps. En plus de se sentir complètement sale, il avait l'impression d'avoir trahi la confiance de Taeil. Le chinois savait qu'il fallait qu'il lui dise la vérité ; que ce serait bien pire s'il la lui cachait, mais sa réaction l'effrayait totalement.
~
Sicheng n'avait pas eu le courage de retrouver Taeil dans la journée pour lui parler de la révélation de Taemin. Il était directement allé s'enfermer dans sa chambre après s'être frotté trois bonnes heures dans la douche, comme pour essuyer les empreintes de Taemin sur sa peau ; et avait pleuré, espérant de tout son cœur que les choses ne s'envenimeraient pas entre Taeil et lui.
Yunoh n'avait pas osé lui poser de questions, pensant qu'il avait simplement le blues à cause de tous les problèmes qu'il rencontrait en ce moment. De plus, il avait voulu montrer à Dongyoung qu'il était là pour lui, et avait passer la soirée à ses côtés, l'écoutant parler de divers sujets. Mais cela avait été un avantage pour Sicheng, qui ne se sentait pas prêt à raconter ce qu'il venait d'apprendre.
Le lendemain, Sicheng se rendit chez son amoureux. Il avait l'impression qu'il allait s'effondrer à tout moment. En arrivant dans sa rue, il ralentit. Il voulait trouver la force de raconter la vérité à Taeil mais la peur prenait le dessus. Il s'arrêta complètement en essayant de retrouver une respiration régulière. Il avait promit à Taeil qu'il ne lui cacherait plus rien. Il se répéta un petit discours dans la tête et quand il se sentit prêt, avança jusqu'à sa maison.
Avant de toquer, il repensa à tous les bons moments qu'il avait passé à côté du coréen, à tout ce qu'il lui avait apporté et se dit qu'il était extrêmement chanceux d'avoir connu un garçon comme Taeil. Ils avaient déjà franchis beaucoup d'obstacles tous les deux, et Sicheng savait qu'ils seraient capable d'en surmonter d'autres.
Le jeune garçon toqua à la porte, extrêmement nerveux. Il eut un pincement au cœur quand il découvrit Taeil à l'entrée, l'accueillant avec un grand sourire.
« - Sicheng ! Je suis content de te voir ? Ça te dirait qu'on se fasse une petite promenade ?
- Euh... On pourrait aussi rester là, non... ? »
En voyant l'expression totalement terrorisée du chinois, Taeil s'empressa de demander : « Est-ce que tout va bien, mon amour ? » Le garçon en question ferma les yeux pour retenir ses larmes mais les coins de sa bouche s'étirèrent vers le bas, trahissant sa profonde tristesse. « Entre » lui commanda Taeil en l'attrapant par la main. Quand ils furent à l'intérieur, le plus jeune se jeta dans les bras du coréen et le serra du plus fort qu'il le pouvait.
« - Que se passe-t-il, Sicheng ? Tu me fais peur... lui dit Taeil en le serrant à son tour.
- Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas ? pleura le chinois.
- Bien sûr. Je n'en ai jamais douté. Viens t'asseoir... »
Les deux amoureux se dirigèrent jusqu'au canapé où ils s'assirent l'un à côté de l'autre. Sicheng jouait nerveusement avec ses doigts et cherchait à éviter le regard de Taeil. Ce dernier commençait à se sentir vraiment mal à l'aise en voyant son petit ami dans cet état, et ne savait pas quoi faire pour arranger les choses. « Tu veux boire un truc... ? » tenta-t-il. Mais Sicheng secoua la tête, ayant perdu l'usage de la parole. Au bout d'un moment, le chinois trouva finalement le courage de parler : « Tu sais, le rêve érotique dont on a parlé la dernière fois... » Taeil se remit à respirer calmement, rassuré :
« - Sicheng, je t'ai déjà dis que ce n'était rien. J'ai déjà fais des rêves comme cela aussi, et ça ne fait pas de moi un pervers ou je ne sais quoi...
- Ce n'était pas un rêve, le coupa le plus jeune. »
Cette fois-ci, Taeil fronça les sourcils et plongea ses yeux dans ceux de Sicheng, qui releva lentement la tête.
« - Comment ça ?
- Ce soir-là, j'étais dans le noir dans ma chambre, dos à la porte. Quand j'ai entendu du bruit, je me suis tourné et j'ai simplement eu le temps de voir ta silhouette avant que la porte ne se ferme. A aucun moment tu n'as ouvert la bouche. J'aurais dû me douter que quelque chose n'allait pas, mais j'ai été bien trop égoïste... »
Le cœur de Taeil avait accéléré, et pour une raison qu'il ignorait, il commençait à se sentir vraiment mal, comme si Yongguk s'amusait une nouvelle fois à couper sa chair avec la lame de son couteau. « Je n'ai pas fais attention à ce qui se passait autour de moi, reprit Sicheng. Je ne pensais qu'à ma petite personne, au fait que j'avais peur... Peut-être que cette silhouette était similaire à la tienne mais ce n'était pas toi... »
De nouvelles larmes roulèrent sur le visage du chinois. « Taemin s'est fait passé pour toi afin de pouvoir coucher avec moi. Il est allé jusqu'à mettre le même parfum que toi pour que je ne me doute de rien... Et je me suis fais totalement avoir... Taeil, je te jure de tout mon cœur que je ne voulais pas te tromper. Jamais je n'aurais voulu faire ce genre de choses avec quelqu'un d'autre. Je n'aime que toi et que je n'ai d'yeux que pour toi. Personne d'autre ne peut me faire ressentir et vivre ce que tu arrives à faire. Si j'avais su, cette nuit-là, que c'était Taemin qui se trouvait dans ma chambre, je n'aurais jamais couché avec lui... Ce que j'ai fais est impardonnable et je comprendrais totalement que tu m'en veuilles. Mais j'espère de tout mon cœur que tu pourras passer au-dessus de ça, en repensant à tout ce qu'on a vécu et tout ce que je t'ai dis... Je l'ai appris hier... Je préférais être honnête avec toi et ne pas te le cacher, comme nous nous l'étions promis... »
Pendant le discours du chinois, le visage de Taeil s'était durci, comprenant qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie de mauvais goût. Et une phrase se répétait incessamment dans sa tête : Sicheng avait couché avec un autre homme.
« - Tu as fini ? dit-il froidement.
- Euh... Oui...
- Tu peux sortir, maintenant. »
Taeil lui indiqua la porte d'entrée de son index. Sicheng suivit la direction de son doigt mais ne bougea pas, comme s'il ne comprenait pas ses paroles. Le coréen se leva et son amoureux posa ses yeux sur lui.
« - La sortie est là-bas, insista l'aîné.
- Taeil...
- J'aimerais que tu t'en ailles, Sicheng. »
Taeil se dirigea vers la porte d'entrée et le chinois le suivit en faisant des petits pas.
« - Je suis désolé...
- Tu peux comprendre que j'ai besoin de rester seul, maintenant. Alors va-t-en, dit l'aîné en ouvrant la porte.
- Je t'aime infiniment, Taeil... répondit Sicheng en pleurant, tout en se dirigeant vers la sortie, la tête basse. »
Le chinois resta quelques secondes sur le perron, dos à Taeil qui tenait toujours la poignée. Les deux amoureux ne bougèrent plus, comme si le monde autour d'eux venait de s'arrêter.
« - Parfait... murmura Taeil dans un souffle.
- Pardon ? demanda Sicheng en se tournant pour lui faire face.
- Parfait. C'est l'adjectif que tu as utilisé quand je t'ai demandé comment j'avais été dans ton rêve. Je suis content de voir que tu as passé une superbe soirée avec lui. »
Et sur cette dernière phrase, il claqua la porte. « Je pensais à toi ! Taeil ! S'il te plaît ! Taeil ! Ouvre-moi, je t'en supplie ! Taeil ! Je t'aime ! Pitié, ouvre cette porte ! » Le chinois hurlait en tambourinant sur la porte, implorant son petit ami de bien vouloir ouvrir et de lui pardonner cette immonde bêtise. Quand à Taeil, il s'était laissé tomber derrière la porte, la tête dans les bras et pleurait en agrippant ses cheveux de toutes ses forces...
« On s'est connu voici fort peu de temps
Tes yeux semblaient si implorants
De nos deux tristesses, un bonheur est né
Car j'ai compris que j'allais t'aimer... »
~
Bon, vous aviez tous en partie compris que quelque chose clochait avec cette première fois !
Comprenez-vous la réaction de Taeil ?
Si vous le voulez, vous pouvez d'ailleurs revenir au chapitre 28 pour faire une relecture maintenant que vous savez vraiment ce qu'il s'est passé !
J'espère que vous avez tout de même hâte de lire la suite ♡♡♡
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top