Sicheng marchait en direction de la cafétéria, affamé. Sa matinée avait été plutôt remplie et il avait vraiment besoin de faire une pause. Ses parents étaient partis le matin-même, avant que les enfants ne se rendent en cours, ou au travail pour Kun. Le chinois avait été obligé de négocier avec Renjun, qui ne voulait pas lâcher ses parents et ne cessait de tirer sur leurs vêtements pour qu'ils retournent à l'intérieur. Sicheng avait ensuite rejoint l'université où il avait enchaîné ses cours de sciences de l'éducation, ainsi que son examen, jusqu'à l'heure du déjeuner.

En entrant dans la cafétéria, il repéra Yunoh, assit à une table, les yeux rivés sur son téléphone. Sicheng s'approcha de son ami et tira la chaise en face de lui avant de s'installer. Yunoh leva la tête et lui sourit.

« - Alors, cet examen ?

- Tout s'est très bien passé, lui confia Sicheng.

- Tu vois ! J'en étais sûr ! Tu te mets la pression pour rien.

- Et toi, tu le passes cet après-midi ?

- C'est exact, répondit Yunoh. Mais je suis beaucoup moins confiant que toi.

- Tu avais l'air de connaître ton cours, hier soir. Je pense que ça ira, le rassura Sicheng. »

Yunoh jeta un coup d'œil à son téléphone, pour se rendre compte du temps qu'il leur restait avant de retourner travailler. « Bon, c'est pas tout, mais il faut qu'on se bouge si on ne veut pas arriver en retard. C'est à mon tour de payer ? » Sicheng acquiesça.

« - Vu le temps qu'il nous reste, je te prends un sandwich et la même boisson que d'habitude ?

- Oui, ce sera parfait, merci. »

Yunoh se leva, et partit en direction du comptoir pour passer sa commande. Pendant ce temps, Sicheng jeta un coup d'œil aux personnes présentes dans la cafétéria. Il y avait un groupe de filles qui riaient, deux amis qui révisaient ensemble, une jeune femme qui travaillait toute seule sur son ordinateur. 

Le regard du chinois s'arrêta sur un groupe de six garçons, qui semblaient en pleine discussion professionnelle. L'un d'eux, sûrement le leader, traçait différents traits sur un bout de papier, en parlant à voix basse tandis que le reste du groupe l'écoutait attentivement, hochant la tête de temps en temps. 

Sicheng se détourna d'eux et ses yeux se posèrent sur un couple de deux jeunes hommes, Chanyeol et Baekhyun, dont il avait déjà entendu parler. Le premier porta sa boisson à sa bouche avant d'être secoué par son petit ami, qui lui tendit son gobelet. Chanyeol reposa le sien et prit la boisson qui lui était tendu. Il sourit à Baekhyun, lui rendit son verre et lui dit quelque chose. Ce dernier rougit soudainement en se mordant la lèvre inférieure. Chanyeol s'approcha de son petit ami et scella leurs lèvres dans un tendre baisé. Sicheng les regardait s'embrasser, se demandant quel effet cela pouvait faire, lorsqu'il fut coupé dans sa rêverie.

« - Prends des notes, tu en auras peut-être besoin, le taquina Yunoh en s'asseyant à nouveau, lui tendant son repas.

- N'importe quoi, ça ne risque pas de m'arriver... répondit Sicheng, en reportant son attention sur son ami.

- Qu'est-ce que tu peux être pessimiste ! râla son meilleur ami. D'ailleurs, je me suis dis que je pourrais te présenter à deux de mes potes. Ils sont super sympas et peut-être qu'ils connaissent quelqu'un qui pourrait t'intéresser.

- Non merci, Yunoh, je n'ai pas besoin de ton aide. »

Le jeune homme en question fronça les sourcils et souffla.

« - Qu'est-ce que tu peux être chiant, Sicheng !

- J'ai simplement peur de m'attacher à quelqu'un... murmura le chinois. »

Yunoh pencha la tête sur le côté, en faisant la moue.

« - Sicheng, tout le monde n'est pas mauvais, tu sais... Tu es simplement tombé sur la mauvaise personne. Mais tu dois laisser une chance aux autres... Je ne te demande pas de faire confiance à n'importe qui, seulement de t'intéresser un peu à d'autres personnes. Je ne voudrais pas que tu finisses seul parce que tu t'es mis des barrières... C'est un simple conseil d'ami.

- Je ne suis pas seul, j'ai ma famille, bougonna le chinois.

- Sicheng... S'il te plaît, lui dit gentiment Yunoh en lui attrapant la main. Certes, ta famille est là, mais elle ne t'apportera jamais la même chose qu'une petite amie, ou petit ami, en l'occurrence.

- Je ne veux pas être perturbé dans mes études, ajouta Sicheng, cherchant une excuse.

- Tu es fais pour réussir dans la vie, je le sais. Et avec tout l'argent qu'ont tes parents, ils pourraient t'aider si tu avais des ennuis et ils te trouveraient sûrement du boulot. »

Pendant un instant, le silence s'installa entre les deux garçons. Puis Sicheng inspira et souffla : « Je vais y réfléchir... » Un sourire se dessina sur le visage de Yunoh.

Les deux garçons terminèrent leurs sandwichs en vitesse, de peur de rater l'heure.

« - Bon, allons-y. Un examen m'attend ! s'exclama Yunoh. Tu me tiendras au courant si jamais tu te décides à rencontrer mes potes.

- D'accord, répondit Sicheng avec un léger sourire. »

Le coréen, en se levant un peu trop brusquement, bouscula quelqu'un. Il se tourna et s'inclina, en s'excusant. L'homme en question était le chef du groupe de six que Sicheng avait remarqué quelques minutes plus tôt.

« - Tu ne peux pas faire attention, espèce de con ? s'énerva le leader.

- Tu es sourd ou quoi ? Je viens de m'excuser, là ! s'indigna Yunoh.

- Est-ce que tu es en train de hausser le ton avec moi ? continua l'homme en s'avançant vers le coréen, le regard menaçant.

- Je te parle comme je veux !

- Je te jure que tu ne devrais pas chercher la merde avec moi, gamin... »

Les cinq autres membres du groupe étaient debout, derrière leur leader, jetant des regards noirs aux deux amis. Sicheng posa sa main sur le bras de Yunoh et dit à voix basse :

« - Allons-nous en... Ne cherche pas les problèmes...

- Écoute ta chienne et barrez-vous de mon chemin, le provoqua le leader en levant un sourcil.

- De quoi est-ce que tu viens de traiter mon ami ? gronda Yunoh, en serrant les poings. Il ne t'a rien demandé, salaud ! »

Le coréen n'eut pas le temps de faire un pas en avant que l'homme l'asséna d'un violent coup de poing, l'envoyant valser sur une table. L'ensemble des personnes présentes dans la cafétéria se turent, affolées. Yunoh se tenait le nez à deux mains, et tentait de retrouver son équilibre. L'homme s'approcha de Sicheng, qui frissonna en croisant son regard froid. Le chinois était incapable du moindre mouvement et dû se retenir de toute ses forces pour ne pas s'uriner dessus, tant il avait peur. L'homme s'approcha tout près de Sicheng, frôlant son oreille de ses lèvres et lui murmura : « Ceci n'est qu'un avertissement... Je vous conseille de rester en-dehors de notre chemin. » 

Un homme de la sécurité fit irruption dans la cafétéria en criant : « Que se passe-t-il ici ? » Le leader recula et l'un des membres de son petit groupe lui dit : « Allons-y, Yongguk. » Ledit Yongguk fit un dernier sourire menaçant en direction de Sicheng avant de se diriger vers la sortie, suivit de ses amis. Le personnel se précipita vers Yunoh afin de lui venir en aide, tandis que le chinois restait immobile, au milieu de la cafétéria. C'était la première fois qu'il avait affaire à des types de ce genre, et il espérait bien que ce soit la dernière.

~

Sicheng était rentré chez lui, trempé à cause de la pluie et encore un peu déboussolé. Il avait directement prit un bon bain chaud et avait essayé, tant bien que mal, d'oublier les malheureux événements arrivés un peu plus tôt. Il était ensuite descendu manger avec ses frères, qui racontèrent leur journée, provoquant parfois un fou rire général autour de la table. Puis, Renjun et Chenle étaient allé se coucher, pendant que Kun et Sicheng faisaient la vaisselle. « Kun ? Je peux te demander quelque chose de personnel ? » Le garçon en question sourit à son frère et acquiesça.

« - Tout ce que tu veux.

- Je me demandais... N'as-tu pas peur que Yerim te quitte ou te trompe ? »

L'aîné sembla réfléchir puis répondit : « Tu sais, Sicheng. L'amour est vraiment quelque chose de complexe. Je t'avoue que ce genre de questions ne m'a jamais traversé l'esprit, pour la simple et bonne raison que je suis heureux avec elle et que je veux profiter du présent. Si jamais cela devait arrivé, j'en souffrirais sûrement beaucoup. Mais avec un peu de chance, je rencontrerai quelqu'un d'autre qui m'aidera à l'oublier. Je préfère penser à toute les bonnes choses qu'elle m'apporte plutôt qu'imaginer qu'elle pourrait me faire du mal un jour au l'autre. La vie est remplie de surprises. » Kun rangea la dernière assiette et s'approcha de Sicheng, lui posant une main réconfortante sur l'épaule. « Je peux comprendre que tu ais peur, Sicheng. Tout le monde passe par là. Mais tu découvriras que certaines personnes sont étonnantes et capables de beaucoup de choses par amour. Ne t'arrête pas à une simple expérience d'enfant. » Le jeune homme allait commencer à tourner les talons lorsque Sicheng le prit dans ses bras. « Merci, Kun. Tu es un grand frère exemplaire... » Ledit Kun serra à son tour son frère et sourit. « J'essaye, en tout cas. » Il commença à quitter la cuisine puis se tourna une dernière fois.

« - Au fait, Yerim vient à la maison demain soir, ça ne te pose pas de problème ?

- Non, du moment que vous ne faites rien de gênant devant nous, le charria Sicheng en lui faisant un clin d'œil.

- Je ne suis pas fou non plus, rit Kun avant de quitter définitivement la pièce. »

Sicheng gagna sa chambre après s'être brossé les dents et être passé au toilette. Il s'approcha de son bureau et prit le livre « Cyrano de Bergerac » qui y était posé. En le prenant, il aperçut le papier sur lequel Renjun avait écrit le prénom de ses deux amoureux. Il le prit en main et le contempla quelques instants, comme s'il s'agissait de la réponse à toutes ses interrogations. La vie est tellement plus simple lorsque l'on est petit. Sicheng s'installa dans son lit et commença sa lecture. Un éclair illumina soudainement sa chambre et le tonnerre gronda. Sicheng tendit l'oreille. Il n'allait sûrement pas tarder à entendre Renjun se lever.

Et en effet, quelques minutes plus tard, le petit brun ouvrit doucement la porte de la chambre de Sicheng, son doudou dans les bras, suçant son pouce. Le plus âgé posa son livre sur sa table de chevet et tendit les bras vers son petit frère, l'invitant à le rejoindre. Renjun ne s'attarda pas plus longtemps et courut pour se réfugier contre son grand frère. « Mets-toi dans la couverture pour ne pas attraper froid » dit Sicheng en l'aidant à se glisser dans le lit. Alors que le chinois allait éteindre la lumière, Renjun lui fit signe, lui demandant quand est-ce que les parents allaient rentrer. « Dans deux dodos, bà et māmā rentreront. Si tu t'endors maintenant, il ne restera plus qu'un dodo. » Le petit garçon sembla réfléchir puis répondit à son frère qu'ils lui manquaient beaucoup. « Je sais, à moi aussi. » 

Une nouvelle fois, le tonnerre assourdissant retentit, faisant sursauter l'enfant. « Tu sais quoi, Renjun. J'ai une superbe idée. Ça te dirait que l'on prépare une surprise pour bà et māmā, quand ils rentreront ? » Le garçon en question hocha la tête, en souriant. « Tu n'auras qu'à leur faire un beau dessin à chacun, Chenle leur chantera une petite chanson et Kun leur préparera un gâteau. On pourra décorer la maison avec des ballons et on dansera toute la nuit. Ça te va ? » Le sourire de Renjun s'était agrandit. Il semblait surexcité à l'idée de préparer quelque chose pour ses parents. « Mais nous ferons ça plus tard. Pour l'instant, il faut dormir. » 

Sicheng prit le garçon contre lui, qui lui fit une dernière demande. « Je veux bien, mais tu sais que je ne chante pas aussi bien que māmā... » Renjun ne fit pas attention à la dernière remarque de son frère, s'allongea et ferma les yeux. Sicheng éteignit la lumière, serra son petit frère contre lui et se mit à chantonner, doucement :

« Nae soneul jaba woneul geuryo
Imankeum nanwo gajin geojanha
Nae on maeumi nae gyeote
Ne kkumi ne gyeote... »

~

De nouveaux personnages ont été introduits, et un petit bonus avec la présence du Chanbaek ;) !

Ce n'était pas évident d'imaginer Yongguk sans son petit côté nounours mais il fallait bien le rendre crédible ! ^^'

Je vous remercie pour votre soutien et espère que ce chapitre vous aura plu ! ♡♡♡