Chapitre 24

Les deux garçons descendirent les escaliers et rejoignirent les parents du plus jeune dans la salle à manger. Madame Qian déposa les différents petits plats, encore fumants, sur la table et Taeil la complimenta :

« - Ça a vraiment l'air succulent !

- Merci beaucoup, Taeil, le remercia la jeune femme en lui faisant un grand sourire. »

Tout les quatre commencèrent à manger tranquillement.

« - Et toi, tu cuisines un peu, Taeil ? demanda la mère de Sicheng.

- Je sais simplement faire des petits plats assez simples... Mais dès que j'aurais du temps devant moi, je m'exercerai, répondit le jeune homme. Pour l'instant, je dépends encore beaucoup de mon père, mais il faudra bien que je me débrouille un jour.

- Sicheng pourra t'aider, proposa madame Qian. Il cuisinait beaucoup avec son frère.

- Ce serait un réel plaisir, ajouta Taeil.

- Et sinon, que fais-tu comme études ? le questionna à son tour monsieur Qian. »

Et le repas se poursuivit ainsi. Les parents de Sicheng posaient des tas de questions à Taeil afin d'en apprendre un peu plus sur lui. Le coréen les questionnait un peu sur leur vie aussi, en faisant attention à ne pas aborder de sujets qui pourrait rendre la situation gênante. Il voyait bien que les parents du chinois étaient encore sensibles concernant la nuit tragique où ils avaient perdu trois de leurs fils. Il leur demanda donc de nombreuses choses sur la Chine ou sur leur boulot.

Sicheng, de son côté, ne parlait pratiquement pas. Il bougeait sa jambe nerveusement, attendant le moment propice pour avouer son amour pour Taeil à ses parents. Il jeta un regard à ceux-ci. Sa mère semblait sous le charme du coréen, qui racontait comment il avait commencé à jouer de la guitare ; et son père le fixait, intéressé par ce qu'il disait. Il tourna ensuite légèrement la tête vers Taeil. Celui-ci avait l'air vraiment confiant. Le chinois tenta donc de se calmer, la situation étant plutôt favorable pour lui.

« - Tu n'as pas beaucoup mangé, mon chéri... Tu n'as plus faim ? dit soudainement madame Qian, sortant Sicheng de ses pensées.

- Oh euh... Non, je n'en veux plus... répondit le jeune homme en posant une main sur son ventre, comme s'il était rassasié.

- D'accord, ce n'est pas grave. Tu veux bien aller chercher les desserts qu'a apporter Taeil, s'il te plaît ? »

Le plus jeune répondit par l'affirmative et disparut dans la cuisine, avant de revenir avec la petite boîte dans les mains.

« - Je te remercie encore une fois, Taeil, pour avoir apporté quelque chose. Il ne fallait pas que tu te sentes obligé de le faire, répéta la femme.

- Ça me faisait vraiment plaisir.

- Tu sais... avoua madame Qian. Ça faisait longtemps que notre maison n'avait pas été aussi accueillante... Et j'ai l'impression que ta rencontre a beaucoup aidé Sicheng alors... Merci infiniment.

- Dans ce cas, j'en suis vraiment très heureux, répondit le coréen en souriant et en s'inclinant légèrement.

- Sicheng n'a pas non plus l'habitude d'inviter du monde à la maison ; c'est un garçon plutôt solitaire, commenta à son tour le père de famille. »

Le jeune homme en question respira profondément et lança : « En parlant de personnes qui m'ont aidé, j'aimerais vous parler de quelque chose. » Les deux adultes posèrent leurs yeux sur leur fils et écoutèrent attentivement ce qu'il avait à leur dire. « Je suis tombé amoureux de quelqu'un, et cette personne m'aime aussi. J'aimerais qu'elle fasse complètement partie de ma vie, et c'est pour cette raison que je voulais vous en parler. Cette personne m'a beaucoup aidé dans mes moments difficiles et sans elle, je serais sûrement enfermé dans ma chambre en ce moment... » Les lèvres de madame Qian s'étirèrent dans un grand sourire tandis que le visage de monsieur Qian s'assombrit.

« - Et pourquoi ne nous présentes-tu pas cette charmante jeune fille ? s'empressa de demander sa mère.

- Euh... Et bien... Justement... bafouilla Sicheng, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet. Il s'avère que... cette personne... c'est Taeil. »

Un grand silence s'installa dans la pièce tandis que le coréen fit un sourire gêné. Sicheng se sentit étrangement soulagé, comme s'il venait de se libérer d'un poids. Voyant que personne ne réagissait, il reprit, plus serein :

« - J'aime Taeil et j'en avais marre de vous le cacher. Cela fait un moment que nous sommes ensemble et je me suis dis que c'était idiot de ne pas vous en parler. Nous n'avons jamais eu de secrets entre nous. Taeil est une personne extraordinaire avec qui je veux pouvoir tout pa...

- Ferme-là, le coupa brusquement monsieur Qian. »

L'ensemble des personnes présentes à la table sursautèrent suite à ses mots. Sicheng lui jeta un regard plein d'interrogations.

« - J'espère que c'est une putain de blague, Sicheng ! continua-t-il froidement.

- Chéri... tenta de le calmer madame Qian.

- Dis-moi que tu es juste en train de te foutre de notre gueule !

- Non, bà... Écoute-moi, s'il te plaît... ajouta Sicheng d'une petite voix.

- Que tu oses t'amuser avec tes amis alors que nous nous faisons un sang d'encre pour Renjun est déjà limite ! Mais savoir que tu batifoles avec ce... ce gars me mets hors de moi ! Tu veux que je te rappelle ce qui s'est passé ici la dernière fois que tu es partis t'éclater ?! Tes frères sont morts !

- Ce n'est pas parce que vous n'arrivez pas à faire votre deuil, māmā et toi, que tu dois m'empêcher de vivre ma vie ! Personne ne t'a demander de passer tes journées à chercher Renjun ! s'énerva le chinois.

- Sicheng, ne commence pas à hausser le ton avec moi ! »

Des larmes s'étaient mises à rouler sur le visage de madame Qian, qui essayait tant bien que mal de calmer son mari. Sicheng prit la main de Taeil dans la sienne et se leva pour faire face à son père. « Taeil est le garçon le plus merveilleux que j'ai pu rencontrer sur cette planète... » Monsieur Qian se leva à son tour, grimaçant en regardant les doigts entrelacés des deux garçons. Taeil déglutit et dit tout doucement :

« - Monsieur...

- Alors toi, ne l'ouvre pas où tu vas t'en prendre une ! »

Taeil se tut soudainement et serra un peu plus fort la main de Sicheng pour lui montrer son soutien.

« - Je t'interdis de lui faire du mal ! grogna le chinois en lui lançant un regard noir. Je croyais que tu étais heureux de nous revoir tous unis ce soir, de voir māmā cuisiner et sourire...

- Parce que tu crois que c'est de jouer le pédé qui va unir notre famille ?! Je savais que Yunoh n'était pas un ami fréquentable ! Tu me dégoûtes et me fais complètement honte ! Quand je pense que tu oses encore sourire et passer du bon temps alors que tes frères sont morts ! Tu es monstrueux ! Qu'est-ce qu'ils penseraient de toi, hein ?!

- Ils m'auraient accepté tel que je suis et Yunoh n'a rien à voir dans cette histoire ! J'ai toujours eu une légère attirance pour les garçons ! Je l'ai simplement gardé pour moi pour éviter ce genre de réaction de ta part ! En fait, je n'arrive même pas à comprendre si ce qui t'énerve le plus est le fait que je sois heureux ou que je sois homosexuel !

- Arrête de me parler comme ça, Sicheng, tu m'insupporte ! Ce n'est pas en baisant avec le premier gars venu que l'on retrouvera Renjun !

- Mais arrête de ramener Renjun dans chacun de tes arguments ! Passe à autre chose ! Profite de la famille qu'il te reste et qui va mourir à petit feu si tu ne t'ouvres pas un peu au changement ! Et Taeil est loin d'être le premier gars venu ! Tu n'avais pas l'air de le détester à ce point tout à l'heure !

- Tu me répugnes ! J'aurais préféré que ce soit toi qui te fasses tirer dessus ! hurla monsieur Qian. »

L'homme savait qu'il regretterait ses paroles plus tard car il ne le pensait pas du tout. Il aimait Sicheng autant que ses autres fils. Mais le voir sourire, comme si rien ne s'était jamais passé, et avec un homme en plus de cela, était insupportable pour lui, et il ressentait le besoin de cracher sa haine. Ses mots atteignirent le chinois, qui commença à pleurer. « Je pensais que tu étais un père génial... » Madame Qian s'était elle aussi effondrée et se sentait incapable de dire quoi que ce soit. « Je cherche simplement à ce que mon fils marche dans le droit chemin et arrête de faire des conneries. » Sicheng se réfugia dans les bras de Taeil qui le serra contre lui. Le coréen savait que son petit ami aurait besoin de lui et il voulait lui montrer qu'il serait toujours présent à ses côtés.

Pour monsieur Qian, cette scène fut de trop. Il contourna la table et se rapprocha dangereusement du couple. Il attrapa le bras de Taeil, le tira afin de lui faire face et lui mit une violente gifle. Le coréen chancela et tomba sur le sol. Madame Qian et Sicheng avaient hurlé, effrayés par le comportement violent du père de famille. « Tu n'es même pas capable de te défendre ! Et tu prétends être le petit ami de mon fils ? » cracha monsieur Qian au jeune homme par terre. Sicheng commençait à se baisser vers son amoureux quand son père l'en arrêta, attrapant son poignet.

« - Tu vas me faire le plaisir de monter dans ta chambre et de réfléchir à tout ce que tu m'as dis ! Je ne t'ai pas éduqué comme ça ! Tu ne pouvais pas faire comme Kun et me ramener une fille à la maison plutôt que ça ?

- Ne parle pas de Taeil ainsi ! Il mérite que tu le respectes ! Il était là quand j'avais besoin de lui contrairement à toi ! »

Taeil se releva difficilement, en tremblant. « Ça suffit ! » s'énerva monsieur Qian. Il attrapa l'aîné par le col de son t-shirt et commença à le tirer jusqu'à la porte d'entrée. Le coréen essaya tant bien que mal de se libérer de son emprise, en vain. Monsieur Qian était beaucoup plus fort que lui. Quant à Sicheng, il essayait de tirer son père en arrière. « Laisse-le ! Ne le touche pas ! » L'homme ouvrit la porte d'entrée et poussa Taeil dehors, qui trébucha dans les escaliers menant au perron. « Taeil ! » hurla Sicheng. L'homme le retint pour qu'il ne sorte pas à son tour et d'une voix pleine de dégoût, dit au coréen, toujours sur le sol : « Tu me fais pitié, espèce de tapette ! Tu n'es pas fais pour mon fils alors cherche toi quelqu'un d'autre, si jamais quelqu'un veut bien d'une victime comme toi ! Et que je ne te revois pas par ici ! » Et sur ces mots, il claqua violemment la porte.

Taeil put entendre les cris de Sicheng à l'intérieur de la maison. Il se releva en chancelant, son genou le faisant souffrir. Quand la porte se rouvrit, le jeune homme eut l'espoir de voir son petit ami pour le prendre dans ses bras, mais c'est monsieur Qian qui fit son apparition, et lui lança ses pâtisseries avant de disparaître dans la grande demeure. Taeil récupéra les gâteaux sur le sol et les remit dans leur boîte avant de se diriger vers la voiture, le cœur lourd.

« Je te hais ! lança Sicheng à son père. Et ne crois pas que j'arrêterai de le voir simplement parce que tu ne l'aimes pas !

- Dans ce cas, ne vient même pas me parler, répondit froidement l'homme. Je vais dormir. Je ne veux plus te voir. »

Et sur ce, monsieur Qian monta les escaliers.

« - Je suis désolée... implora la mère du garçon en se levant de table. Tu sais à quel point ton père a du mal à remonter la pente...

- Ce n'était pas une raison pour me lancer des horreurs au visage... Et encore moins pour s'en prendre à Taeil... Pourquoi tu n'as rien dis, māmā... ? Tu es la seule que bà écoute... répondit Sicheng en essuyant ses larmes.

- Je ne sais pas, Sicheng... J'ai été un peu surprise par ton annonce aussi, je dois l'avouer...

- Taeil ne mérite pas d'être un secret... Il a un cœur et des sentiments, comme vous... Il faut d'ailleurs que je lui parle, il ne doit pas être bien après les événements qu'il vient de vivre. »

Le chinois n'attendit pas que sa mère réponde, sachant pertinemment qu'elle ne ferait que répéter des excuses, sans lui venir réellement en aide. Il jeta un rapide coup d'œil par la fenêtre de la salle à manger, mais comme il l'avait imaginé, son petit ami était déjà parti. Il prit son téléphone, monta dans sa chambre et composa le numéro de Taeil, qui décrocha au bout de plusieurs sonneries.

« - Sicheng ?

- Oui, Taeil. On peut parler... ?

- Attends deux secondes que je me gare. Je suis sur la route. »

Sicheng attendit, les lèvres tremblantes, quand la voix de Taeil se fit à nouveau entendre à l'autre bout du fil.

« - Est-ce que tout va bien ? lui demanda le chinois.

- C'est plutôt à moi de te demander ça... Ton père s'est calmé ?

- Il est monté dans sa chambre. Il refuse de m'adresser la parole... Ça tombe bien, je n'ai aucune envie de lui parler non plus...

- Je suis désolé que la soirée se soit passé ainsi, Sicheng... souffla le coréen.

- Ce n'est rien... Ça me permet d'ouvrir les yeux sur ma famille... Moi qui pensait qu'ils étaient ouverts d'esprit... Mais toi alors, comment vas-tu ?

- Je suis légèrement blessé au genou, mais rien de grave et ma joue me lance un peu. Mais ne t'en fais pas pour moi, Sicheng. Je suis peut-être un peu plus âgé mais pas mourant non plus. »

Cette plaisanterie fit légèrement rigoler le plus jeune, alors que des larmes se remettaient à couler le long de ses joues.

« - Taeil ?

- Oui ?

- Je t'aime... »

Le chinois s'étrangla à cause d'un sanglot un peu trop violent.

« - Je t'aime aussi, Sicheng. Et n'oublie pas que je suis là pour toi et que je serais toujours à tes côtés. Rien n'y personne ne peut nous séparer.

- Tu as raison...

- Tu sais bien que tu occupes une très grande place dans mon cœur. Rien ne changera entre nous. S'il faut seulement qu'on se voit en-dehors de chez toi, ça ne nous changera pas vraiment de d'habitude. Ne pleure plus maintenant ; ça me brise le cœur de t'entendre ainsi.

- Merci d'être là pour moi, même dans les moments les plus durs.

- C'est normal, Sicheng. Tu es mon petit ami.

- Bon, je vais te laisser, tu dois être fatigué. Fais attention sur la route, mon ange.

- C'est promis.

- Taeil ? Est-ce que, avant, tu peux me chanter une chanson, s'il te plaît... ? Je n'arriverai jamais à m'endormir sinon...

- Tout ce que tu veux, mon amour... »

Sicheng se mit sous sa couverture, le téléphone collé contre son oreille. Taeil attendit quelques secondes puis, de sa voix douce, se mit à chanter :

« Nae soneul jaba woneul geuryeo
Imankeum nanwo gajin geojanha
Nae on maeumi nae gyeote
Ne kkumi ne gyeote... »

Lorsqu'il se tut, Sicheng murmura un « merci » avant de s'endormir, fatigué de la soirée qu'il venait de vivre. Taeil lui répondit en susurrant : « Bonne nuit, mon amour » avant de raccrocher et de se remettre en route.

~
Et voici le nouveau chapitre !
Sicheng a finalement fait son annonce ; vous attendiez - vous à ce genre de réaction de la part des parents ?

J'espère qu'il vous aura plu, et que vous avez hâte de connaître la suite ! ♡♡♡

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