Chapitre 9
Le lendemain matin, je suis réveillée par mon infirmière préférée, Magda, venant prendre mes paramètres.
Magdalena vient du Rwanda, elle est venue pour faire ses études. Depuis, elle n'a plus remit le pied sur sa terre natale car elle s'est éprit de cette splendide ville qu'est New-York. Emmuré dans mon désespoir, Magda m'aide à m'apaiser et à tenir bon durant cette épreuve difficile.
- Vous avez une meilleure mine, me dit-elle en souriant.
- Vous trouvez ? Dis-je en essayant de tiré la peau sombre sous mes yeux.
- Vous attendez quelqu'un ? Dit-elle en me faisant un clin d'œil.
- Non, pourquoi ? Dis-je sur la défensive.
- Oh, non pour rien...Il n'y a que les filles qui veulent plaire qui font attention à être « coquette ».
Pas faux, pensais-je. Je passe nerveusement une main dans mes cheveux, les remettants plus ou moins correctement au passage.
- Ça aussi, dit-elle presque hilare.
Je lui fais les gros yeux.
- Vous me faites penser à ma fille, dit-elle tendrement.
Je vois un air rêveur s'afficher sur son visage, elle est sûrement dans l'un de ses souvenirs. Puis son visage se ternit, elle parait soudain plus vieille et si triste.
- Qu'elle âge a-t-elle ? Dis-je curieuse.
- Elle aurait eu vingt-six ans cette année.
Je déglutis péniblement.
- Je suis désolée, dis-je soudain prise de remords.
- Vous savez, il n'y a pas un jour, une seconde où je ne pense pas à elle. C'est elle qui m'a poussée à devenir infirmière.
- Ça devait être une personne fantastique.
- Oh, oui ! Vous lui ressemblez tellement... Dit-elle mélancolique.
Je baisse instinctivement les yeux, soutenir ce regard douloureux m'est insoutenable.
- Vous allez vous rafraichir et ensuite je ferai vos pansements.
Je vois ses efforts pour essayer d'alléger cette lourde atmosphère, malgré tout, je sens un malaise en moi. Chaque fois qu'elle pose les yeux sur moi, ça doit être pénible d'entrevoir sa défunte fille.
Cette fois-ci, j'ai plus mal que d'habitude. Malgré son doigté exceptionnel, la douleur est de 5 sur une échelle de 10. Je ne lui confie pas mon mal, je n'ai pas envie de l'embêter avec ça. Au moment de passé dans la pièce d'à côté, elle me soutient pour m'installer sur la chaise dans la salle de douche.
- Ça ira, merci.
- Je vais vous donner un coup de main, dit-elle pleine de bonté.
- J'aimerais le faire seule, si j'ai le moindre problème je vous appelle...
- Bien, dit-elle le regard triste. Je vais m'occupez de vos draps.
Pour réponse, je lui souris. J'ai besoin d'être un peu seule et de découvrir les dégâts que je me suis infligée dans le miroir.
Péniblement, je me relève en prenant appui sur le lavabo.Lorsque je vois mon reflet, j'ai un choc. J'ai l'impression d'être une pâle copie de moi-même. Ma jolie chevelure a ternis, mes yeux si pénétrant se sont éteins, ma peau si pâle me donne un air d'anémique voir de cancéreuse. Ne parlons même pas de mon corps meurtri, je détourne le regard.
Ce spectacle immonde me soulève un haut le cœur. Qu'ai-je fais ? Où étais-je caché sous ses bleus et ses écorchures, ses cicatrices ? Je ne me reconnais pas. Ce bandeau à l'entour de ma tête accentue ce mal-être.
La colère me submerge. D'abord contre Gavin, puis Connor et pour finir contre moi-même.
Je me déteste d'être aussi faible, de me laisser submerger par mes émotions. Mais surtout d'avoir trahis la confiance de mes amis, d'avoir brisé mon être, d'émietté en mille morceaux mon avenir, d'oser rêver d'un autre qu'Elyas, d'avoir balayé mes défenses comme un vulgaire château de carte.
En cet instant, je me fais horreur. Je ne peux me regarder dans un miroir tant je suis écœurée de voir cette personne que je suis devenue. Ce monstre égoïste et aveuglé par un amour perdu.
Je ferme les yeux. Je les serre si fort ; je veux oublier. Peut-être même refaire machine-arrière. Si seulement c'était possible... Mon destin serait différent... Je n'aurais peut-être pas croisé la route de Caleb... Je ne le détruirais pas ...
J'explose.
Mon poing s'écrase contre le miroir, une fissure fraye son chemin coupant ainsi mon reflet en deux. J'examine curieusement cette forme hideuse et brisée de mon corps. Amer, je comprends que tout comme lui, je suis brisée...pour toujours...
Magda entre soudainement, son regard passe du miroir à ma main ensanglantée.
- Mais qu'as-tu fais ? Me dit-elle en gardant son sang-froid.
- Je...Je...Balbutiais-je.
- Je vais te désinfecté ça, dit-elle en m'aidant à m'asseoir sur la chaise.
- Je suis désolé... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...Dis-je confuse.
- Nahèle, dit-elle en me soulevant le menton.
Nos yeux se rencontrent.
- Même si c'est dur, rien ne changera le passé. Tu dois accepter...
- Comme vous, vous avez acceptez la mort de votre fille, dis-je interdite.
Elle soupire.
- Un beau jour, tu te rendras compte que pour avancer, tu dois accepter. Le déni ne peut que t'entrainer encore plus loin dans ses tréfonds.
- Mais je ne veux pas accepter ! Je ne veux pas l'oublier... Dis-je la voix cassée.
- Accepter ne veut pas dire oublier... Je pense chaque jour à ma petite fille mais je me suis fait une raison, elle ne me reviendra pas.
- Je ne veux pas refaire ma vie...
Elle met sa main à l'endroit où se trouve mon cœur.
- Nous sommes faits de chair et d'os, nous ne sommes pas dépourvus de sentiment, c'est le moteur de la vie. Se refuser d'aimer n'y changera rien, on ne peut pas lutter contre notre nature. Que tu les veuilles ou non, ton cœur choisira son successeur, l'inondant de cet amour dont tu te prive...
- Je peux faire en sorte de me tenir à l'écart en m'exilant de toute civilisation.
- Ça n'a jamais rien apporté de bon de se coupé du monde. On finit par ne plus être « humain ». On devient un monstre puisque plus rien n'alimente la vie à part être dévoré par la noirceur.
- Je suis déjà un monstre.
Une larme s'échappe de mon œil. Encore un signe de faiblesse.
- Ne dis pas de sottises, dit-elle en me caressant le dessus de la main.
- Tu ne sais pas ce que j'ai faits, ce que je me suis infligé, ni ce que j'ai dis.
- Dieu te pardonnera.
- Je n'y crois plus...
- Pourquoi ?
- Parce qu'il m'a volé ce que j'avais de plus précieux...
- Moi aussi, il m'a repris ma Suzy. Ma foi a été mise à l'épreuve mais j'y crois toujours et j'y croirai jusqu'à mon dernier souffle.
- Depuis ce jour où il m'a abandonné, je ne peux que m'en remettre au destin...Tout est écrit et rien ne pourra être changé.
- Si jeune et déjà brisé par la vie... dit-elle en me caressant la joue.
Elle m'aide à me débarbouiller, refait mes pansements puis me remet dans mon lit. Nos échanges me permettent d'aller mieux même si c'est parfois un peu dur pour moi de lui concéder quelque chose - sans qu'elle ne le sache bien sûr- .
Je soupire. Magda est vraiment gentille. Elle veille au bien-être de ses patients. Pourquoi ce « Dieu »prend-il la vie des gens qu'on aime ? Ma question reste sans réponse, silencieuse, dans ce monologue de sourd.
Ce « Dieu » ne mérite pas cette appellation vu qu'il est au plus bas dans mon estime. Pourquoi vénèrerais-je cet être supérieur puisqu'il n'est qu'égoïste, absent quand on a besoin de lui ?
Voué un culte à une quelconque divinité est ridicule, ce n'est pas lui qui fait la pluie et le beau temps, ce n'est pas lui qui va sauver notre planète de sa destruction et c'est encore moins lui qui va nous rendre nos morts.
J'ai envie de me rouler en boule dans mes draps. Premièrement, c'est impossible puisqu'avec mon plâtre à la jambe gauche j'ai perdu toute flexibilité. Deuxièmement, mes blessures à l'abdomen et au flanc me font atrocement souffrir. Conclusion, je dois rester assise comme une âme perdue avec le regard hagard cherchant le moyen de m'évader de ces murs blancs.
Peine perdue puisque la douleur ne veut pas me laisser quitter terre.
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