Chapitre 7


C'est la plus longue et douloureuse journée depuis qu'il n'est plus là. Je pense que si on me laisserai seule quelques instants, je me pendrai avec mes draps. Je ne supporte plus mon pitre de frère. Et mes parents qui ne font que jacasser sans arrêt, j'ai besoin de repos et surtout de CALME! Mais comment leur faire comprendre que j'aimerais qu'ils partent et me laisser tranquille puisque la parole m'est enlevée.

J'ai tout essayé: faire semblant de dormir, mettre un coussin sur ma tête, me cacher sous mes draps, m'enfermer dans les toilettes. Et même là, ils arrivent encore à me parler à travers la porte. Je suis vraiment désespérée.

Je fulmine un peu plus à chaque heure que je vois défiler. Je bois une gorgée d'eau puis essaie d'exprimer mon envie qu'ils dégagent de ma chambre.

­ - De... Dis-­je tant bien que mal.

Ils s'arrêtent tous d'un coup pour m'écouter. Ma mère m'encourage à poursuivre.

­ - Allez ma chérie, encore un petit effort.

­ - Hors...

­ - Hein? fit mon frère au­-dessus de l'épaule de ma mère. Elle baragouine quoi la face d'Alien?

­ - De...Hors... Finis-­je enfin par dire.

­ - Tu veux savoir le temps qu'il fait dehors? Bah, il y a du soleil ma puce. Me dit mon père.

"Ils se foutent de moi? Ce n'est pas possible d'être aussi con!" Pensais-­je. 

Je fis «non» d'un signe de tête.

­ - On ne comprend pas ce que tu veux dire, ma chérie. Me dit ma mère en me pressant la main.

­ - De...Hors, répétais-­je.

­ - Tu veux faire un tour dehors? Insiste mon père?

Seigneur, aidez-­moi sinon je crois que je vais les chasser à coup de bouteille d'eau Spa Reine pour les purifier de leur connerie! Ça tombe sous le sens non? Dehors, ça veut bien dire ce que ça veut dire non?

Je suis vraiment entourée d'abrutis! Je suis née sous une mauvaise étoile, ce n'est pas possible! À croire que le jour de ma naissance, les astres se sont ligués contre moi pour bien me pourrir la vie.

­ - Dehors! Dis-­je d'une voix claire à présent.

Ça y est! Mes cordes vocales chaudes, je peux enfin parler plus ou moins normalement.

­-  Sortez!

­ - Mais ma chérie, me dit ma mère en faisant le Calimero.

­ - Je...suis...fa­-fati­guée.

­ - Tu aurais dû nous le dire plus tôt ma chérie! Me gronde mon père.

Je lui fais les gros yeux.

­ - Allez la troupe, on y va! On va aller se manger un bon petit Quick!

Au même moment, mon ventre gargouille. Je tuerais pour manger un Giant! Bande de traître, ils vont aller s'empiffrer sans moi!

­ - On pensera à toi, me fait mon frère avec un air sadique.

­ - Si on y pense, on te rapportera quelque chose, ma chérie! Mais tu nous connais, on est tête en l'air. Dit-­elle en riant.

Achevez-­moi par pitié, pensais-­je.

­ - À ce soir, peut-­être! On verra si ton Baloo de père voudra encore bouger son cul du canapé car ce soir il y a foot. Et tu sais comment il est... Dit­-elle en soupirant.

Je fis «oui» de la tête.

Mon père est un véritable fan de football. D'ailleurs, il squatte le divan H24 quand c'est le championnat. Une année pour l'emmerder parce qu'il avait manqué mon spectacle de piano, j'avais débranché le décodeur. Il avait littéralement pété les plombs!

Et comme c'est un gros bourrin, il n'a même pas pris la peine de regarder si tout était bien branché. Il a appelé la société qui nous fournit la Tv et les a insulté de tous les noms. Quand le pauvre technicien, lui a suggéré de peut­être vérifier que tout était correctement branché, il s'est retrouvé l'air bête au combiné quand il a vu que la prise était débranchée.

Lui, fière comme un paon, n'a pas prétendu s'excuser et avouer que c'était un câble mal branché qui était à l'origine du problème. Je vous passe la suite puis qu'après cet épisode j'ai été punie pendant deux semaines d'Internet.

À l'époque, il a cru que ce serait une punition pour moi mais il s'était gouré. Puisque moi ce que j'adore c'est lire. Tant que j'ai un livre, tout va bien on peut tout me prendre. Alors sa pseudo punition est tombé à l'eau.

Une fois partis, je pu enfin souffler. Mon répit a été de courte durée car le médecin est arrivé quelques minutes après leur départ.

­ - Alors comment vous sentez­vous? me questionne le médecin.

­ - Mieux, dis-­je faiblement.

­ - Vous avez récupéré la parole, c'est bon signe.

­ - Oui...

­ - Je vais vérifier vos paramètres.

Il bidouille la machine qui enregistre mon rythme cardiaque. Il fronce les sourcils, y a-t­-il un problème ?

­ - Est-­ce que vous avez eu peur ?

­ - Non, pourquoi ?

­-  Votre rythme s'est affolé vers 11 :00.

Je réfléchis quelques instants pour me rendre compte que c'était quand Caleb s'est rapproché de moi.

­ - Ah, oui. J'ai vu une araignée, dis-­je pour essayer de me justifier.

La ligne du moniteur grimpe, il tourne la tête pour l'examiner. Faites qu'il me croie, faites qu'il me croie....

­ - Vous êtes arachnophobe ? Dit-­il en arc boutant un sourcil.

­ - Oui...Dis-­je pourpre.

­ - Bon, je vais vous laisser vous reposer. Je repasserai tout à l'heure ou demain matin, d'accord ?

­ - Ok !

Il sort. Je relâche enfin la pression. Cette foutu machine a bien failli me décrédibiliser.

Bon, je vais faire le bilan de cette journée. Premier constat, il est 17 :30 et je crève de faim.

Bon, à midi lorsqu'on m'a apporté mon plateau repas, tout le monde louchait dessus. De bon cœur, je leur ai proposé de le manger prétextant que je n'avais pas faim. Maintenant, je suis affamée !

Au même moment, une infirmière entre avec un plateau. Une bonne étoile viendrait enfin à mon secours ?

J'apprends qu'elle s'appelle Magda. On parle de tout et de rien. Elle évoque la présence d'un beau jeune homme dans ma chambre. Je lui explique ma mésaventure et son sauvetage héroïque en ne mentionnant pas certains détails.

Lorsqu'elle sort, je louche sur mon plateau. Il faut bien avouer que le repas à l'air tout bonnement dégoûtant! J'ai l'impression que mon pain de viande a déjà été mastiqué. Par dépit, je me rabats sur la soupe au potiron qui elle était excellente.

Pour faire genre, je picore tout de même un peu de cette bouillasse. J'ai si faim...

J'examine plus attentivement les quatre murs qui m'entourent. Pourquoi ne suis­-je pas dans une chambre commune? Ce n'est sûrement pas mes parents qui vont me prendre une chambre privée.

Est-­il possible que ce soit Caleb? Non, ne rêve pas trop ma belle. Mais qui alors? Je ne vois que lui...

Je dois en avoir le cœur net, je ne veux pas lui être redevable de quoi que ce soit. Il en a déjà assez fait en bouleversant ma vie.

J'allume la télévision, il n'y a rien de bien intéressant comme d'habitude. Je n'ai pas d'autre choix que de regarder la Petite Maison dans la Prairie. Il faut dire que ça à mal vieillit.

Le téléphone fixe de la chambre sonne, je décroche. Ma mère me prévient qu'ils ne repasseront pas car mon père s'est tordu la cheville et qu'il se repose dans le divan devant un vieux film.

Vers 19 :15, Magda me fait ma toilette et change mes pansements. On se laisse aller à certaines confidences. J'apprécie énormément cette infirmière. Une amitié est en train de naître entre nous.

Je tourne ma tête en direction de mes blessures, lorsque je vois la cicatrice immense sur mon flan, je crois défaillir. Qu'avais-­je fais ?

Certes, j'ai la vie sauve mais les conséquences qui suivront vont se répercuter d'une façon ou d'une autre sur mon avenir. Ne me suis-­je pas enfoncée un peu plus dans mon tourment ? Mon cauchemar ?

Avant de partir, elle me remet dans mon lit, froid, dur sentant la mort...

Abattue, j'observe l'extérieur à travers ma fenêtre. Il fait déjà noir puisque nous sommes en hiver. Les lumières des maisons et des lampadaires m'hypnotise.

Je soupire d'agacement, je ne sais plus ce que je dois faire ou même qui suis-­je ? J'ai l'impression d'être une étrangère dans mon corps puisqu'une partie de moi veut le rejoindre et que l'autre s'accroche tant bien que mal à cette vie sur Terre.

Je m'étonne que mes parents ne m'aient pas demandé les circonstances de mon accident. Au fond, le savent-­ils déjà ? Une partie de moi espère tandis qu'une autre veut que je reste à leurs yeux leur petite fille adorable. Malheureusement, c'est l'un ou l'autre. Les deux étant incompatibles.

En y pensant pourquoi Connor n'est-­il pas à mon chevet ? Il a sûrement du avoir vent de mon accident. Espérait-­il que j'y sois restée? Sûrement un peu... Il est sûrement trop occupé à se taper sa pouffiasse de coordinatrice.

Une chose est sûr c'est que dès que je rentre, je prends mes cliques et mes claques et je prends le large. Je ne veux plus rester avec ce sac d'hormone ambulant.

"Qu'ai-­je fais de mon GSM ?" Pensais-­je d'un coup.

 Je cherche dans le petit tiroir de la commode. Bingo ! Je vois plusieurs messages de Gavin.

« Nana ! Ton abruti de frère nous a appris ce qu'il t'est arrivé, tu vas bien ? Appelle-­moi »

« Nous sommes inquiets, peux­-tu nous donner des nouvelles ? »

« Si tu ne nous sonnes pas dans la demi-­heure, on va fouiller dans tous les hôpitaux pour te retrouver. APPELLE­-MOI ! »

Je soupire. Je ne vais pas les ignorer, Gavin n'est pas fautif de ce qu'il lui est arrivé...Même si inconsciemment, je le prends pour responsable...S'il ne s'était pas marié, Elyas serait toujours en vie... Et puis qui sait ? Il aurait peut-­être trouvé la mort autrement...

Tout me ramène à ce foutu destin...



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