Chapitre 3

Ce matin, Connor s'est excusé des millions de fois. Il m'a même préparé le petit-déjeuner, une mouche l'aurait-il piqué? C'est une première. Je vois ses efforts mais ma décision est prise. Et rien n'y personne ne se mettra en travers de mon chemin.

- Je t'aime Nahèle, ne l'oublie pas.

Que dois-je lui répondre puisque mes sentiments ne sont pas aussi réciproque? Je lui souris puis l'embrasse sur la joue avant de prendre la fuite. Il est plus facile de fuir plutôt que d'affronter son regard attendrissant.

Ça peut paraître cruel de ma part de «l'utiliser» pour me soigner mais ce n'est pas ce qu'on dit de faire pour oublier un autre? On me l'a répété tellement de fois que j'ai fini par craquer.Avais-je vraiment le choix?

Je resserre l'étreinte de mon manteau, le vent me fouette le visage. Mes joues rosirent rapidement et la fumée qui sort de ma bouche à chaque expiration m'indique que la vie est toujours en moi. Plus pour très longtemps.

Je prends la vieille Impala pour aller prester ma dernière journée de travail. Ma collègue, Aponi, me complimente mon beau bolide qui est garé devant la boutique.

- Elle est à moi. Enfin, elle était à Elyas.

Je vois son regard fixer ses chaussures. Elle savait ce qu'il s'était passé puisqu'un jour, j'avais craqué quand un jeune homme s'était présenté pour un énorme bouquet de rose pour sa demande en mariage.

Je préfère qu'elle observe ses godasses plutôt que d'essayer de dire quelque chose d'apaisant car rien n'apaisera cette douleur croissante. Elle me jette un coup d'œil, je lui souris.

À la fin de mon service, je la prends dans mes bras. Aponi sent toujours bon la rose et l'odeur de jacinthe.  

- Merci pour tout! Lui dis-je en la serrant contre moi.

- C'est avec plaisir Nahèle, tu es une personne formidable!

- Prends bien soin de toi...

- Tu vas bien? me dit-elle inquiète.

- Plus que bien. A vrai dire, je ne me suis jamais sentie aussi bien depuis qu'il n'est plus là.

Si elle savait ce que je m'apprête à faire, elle me séquestrerait. 

On n'enferme pas un papillon dans un bocal, on le laisse vivre même si dans mon cas, mourir.

Je lui souris avant de fermer la porte derrière-moi. Elle se précipite vers la fenêtre et me regarde d'un air inquiet. Au fond d'elle,je sais qu'elle le sait. Il est plus dur d'admettre mais si facile de se voiler la face.

Je mets le contact, le moteur vrombit. Je lui jette un dernier regard avant de démarrer. Des larmes coulent le long de ses joues, je ressens de la culpabilité. Aponi a toujours été différente, elle a compris mon chagrin et la peine qui me ronge.

Les routes sont déblayées, la neige est entassée sur les rebords. J'ai toujours détesté tout ce qui se rapporte au froid. Quand Elyas était encore parmi nous, il me répétait que la magie de Noël peut exhausser nos rêves les plus fous.

À chaque fête de Noël, je prie pour qu'il me revienne. Même sous forme de zombie, ça m'est égal. À la place, j'ai le droit aux PV pour stationnement interdit, pousser la voiture embourbée ou tomber en panne en plein milieu des bois sans chauffage en attendant que le grassouillet dépanneur me remorque.

Les routes ne sont pas éclairées dans les bois du coup la communication n'est pas toujours possible: l'endroit parfait. J'enfonce un peu plus mon pied sur l'accélérateur.

La flèche du compteur s'affole. Rien qu'un petit coup de volant et d'un coup je me retrouve engloutie dans le ravin. Pour je ne sais quelle raison, j'ai l'impression de ressentir un avertissement silencieux.

Inconsciemment,j'enlève mon pied de l'accélérateur. Soudain, une biche sort de nulle part puis s'arrête au milieu de la route. Ses yeux ambre me fixent avec une telle intensité que j'en ai le souffle coupé.

Je plisse les yeux, dans son regard pénétrant j'ai un flash, celui du visage d'Elyas me soufflant un «Non» suppliant. Ni une ni deux, je tourne le volant à droite pour éviter l'animal.

La voiture glisse sur une plaque de verglas, je perds tout contrôle. Je ferme les yeux. Je revois ceux de l'animal puis petit à petit, un visage prend forme. Elyas me regarde curieusement, penchant la tête d'un côté puis de l'autre. Il lève les yeux au ciel.

Au moment de l'impact, son visage se volatilise pour disparaître dans une nuée de plume s'envolant vers le ciel. J ai sûrement du perdre conscience car c'est une voix chaude, vibrante, qui me réveille.

- Mademoiselle, vous m'entendez?

Je sens des doigts s'enfoncer dans mon cou. Une décharge électrique réveille mon corps.

- Clay, elle respire encore! Appelle une ambulance!

Lentement,je soulève mes paupières. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de distinguer correctement le jeune homme à côté de moi. Ses deux mains prient mon visage me forçant à le regarder.

Ce sont ses yeux d'un bleu incroyable qui me perturbent en premier,ensuite ce sont les traits doux de son visage et ses cheveux châtains en bataille dégoulinant sur son visage. Il lui ressemble...

- Vous m'entendez? Me dit-il tendrement.

- Ne me laissez pas finis-je par articuler tant bien que mal.

Sa voix est comme une douce mélodie à mes oreilles. Son souffle tiède sur mes lèvres comme une caresse remplie de promesse. Je ne devrais pas penser de telles choses. Ca doit être le coup que j'ai reçu qui me fait dérailler.

- Je ne vous laisserez pas...

- Promettez-le-moi...

Il jette un regard en direction de son collègue qui regarde la scène, impuissant.

- Je vous le promets, dit-il en serrant ma main.

- Je ne veux pas mourir seule...

- Écoutez-moi bien, vous n'allez pas mourir d'accord?

L'intensité du ton de sa voix est tellement persuadant qu'instinctivement je me fie à ses dires. Voyant une larme s'accumuler dans le coin de mon œil , il passe son pouce afin qu'elle s'échappe pour la faire disparaître.

- Où suis-je? Dis-je désorientée.

- Vous êtes dans un ravin. Vous avez eu un terrible accident.

- Et la biche, comment va-t-elle?

- La biche? me répète-t-il en plissant les yeux.

- Oui, est-ce qu'elle est encore en vie?

- Il n'y avait aucune biche quand nous sommes arrivés.

- J'ai dû l'éviter... Dis-je dans un souffle court. Comment m'avez-vous trouvé?

- On patrouillait et on a vu des traces de frein puis la barrière de sécurité défoncée. L'ambulance n'en a plus pour très longtemps, accrochez-vous.

- Comment vous appelez-vous? Dis-je la gorge soudaine sèche.

- Caleb. Et vous? 

- Nahèle. 

- C'est très joli, c'est de quelle origine?

- Amérindienne. 

Son collègue l'appelle. Lorsque sa main quitte la mienne, je ressens un vide inexplicable. J'ai désespérément besoin de lui.

- Ne m'abandonnez pas. Dis-je avant qu'il ne disparaisse de mon champ de vision.

- Jamais, me dit-il avec une telle conviction que j'en suis troublée.

Son regard sonde le mien. Ce simple contact me rassure, il reviendra. Il part rejoindre son collègue. Malgré la distance, je peux entendre distinctement leur conversation.

- Caleb, l'ambulance est bloqué par la neige un peu plus loin... Ils en ont pour au moins une bonne demi-heure avant d'arriver.

- Dis leur de se dépêcher, elle ne tiendra pas jusque-là.

- Cal, ils font de leur mieux! 

- Ce n'est pas suffisant! S'il faut je la porterai moi-même jusque-là mais je te le garantis, je ne la laisserai pas mourir ici! Tu m'as bien compris?

- Essaie de voir si on peut la déplacer. Dès que tu l'auras extraite de là, on la met dans la voiture et on fonce jusqu'à eux. Je vais les prévenir.

- On fait comme ça! 

Je l'entends courir jusqu'à moi. Il se donne tellement de mal pour une personne qu'il ne connait pas.

- Laissez-moi ici... Vous ne pourrez jamais arriver à temps...Dis-je les larmes aux yeux.

- Il est hors de question que je vous abandonne. Je vous ai fais une promesse et je ferai ce qu'il faut pour que vous viviez...

C'est le choc... Aurait-on entendu mes prières? Est-il possible qu'Elyas soit revenu en lui? Seigneur... Faites que oui...


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Bonjour à toutes/tous,

Alors qu'en pensez-vous de ce troisième chapitre et de l'arrivée de Caleb?

N'hésitez pas à me donner vos avis, vos idées, etc. 

Un très grand merci! A très bientôt pour la suite :D 

PS: N'hésitez pas à parler de ce livre pour le faire connaitre un peu plus.
Un très grand merci à mes lectrices fidèles et à celles à venir.

Maïté 

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