Chapitre 24
Avant de lui poser d'autres questions, j'essaie tant bien que mal de la consoler. Le bruit de la bouilloire nous indique que l'eau est chaude. Mon amie se détache de mon étreinte et remplit la théière.
- Kira, dis-moi...ça me déchire de te savoir si mal...
- On s'est engueulé ...
- À cause de quoi ?
- De toi, dit-elle en plongeant son regard bleu profond dans le mien.
- De moi ? Dis-je à la fois surprise et confuse.
- Il était contre à ce que tu viennes à la maison. Comprends-le, c'est tendu entre vous et il ne préférait pas que ça dégénère un peu plus. Mais, je ne l'ai pas écouté puis tu m'as dit que tu allais chez ce policier et après c'est parti en vrille. Il m'a dit qu'il ne fallait pas faire confiance à Caleb, que j'étais une amie indigne de te laisser faire...Puis, il a pris ses affaires et est partit...
Je l'écoute sans vraiment l'écouter, je suis restée bloqué sur le fait qu'il ne faut pas faire confiance à Caleb. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il dit ça ?
- Je ne comprends pas...
- Moi non plus, dit-elle lasse.
Elle me tend ma tasse puis prend les deux autres. On se dirige dans le salon, Caleb est en grande discussion téléphonique. Je tends l'oreille.
- Blue, ne parle pas si vite ! Oui ça j'ai compris. Ecoute, je ramène Nahèle et j'arrive d'accord ? Ne bouge pas...
Il raccroche puis se tourne vers moi.
- Je suis désolé mais je vais devoir partir.
- Hein ? Dis-je e fronçant les sourcils.
- J'ai une affaire urgente à régler. Je te ramène à la maison avant.
- Et ton affaire urgente c'est Blue ? Dis-je froidement
Le regard de mon ami passe de lui à moi.
Je le vois froncer les sourcils.
- Je n'ai pas de compte à te rendre Nahèle.
Et Bam !
Je le fusille du regard. Je me tourne vers mon amie et lui demande si je peux reprendre quelques vêtements à moi. Elle me montre la caisse qui déborde de fringue près de la fenêtre.
Je me dirige vers celle-ci, déterminée.
Caleb se précipite pour la prendre. Je l'arrête d'un geste de la main.
- Ce sont mes affaires, pas les tiennent !
- Tu vas faire sauter tes points de suture !
- Qu'est-ce que tu en as à foutre ? Lui répondis-je rageusement.
Il me regarde bouche bée, j'embrasse ma meilleure amie sur la joue puis me dirige vers la porte, Caleb sur les talons. Kira déverrouille la porte et je sors. Manque de chance, ses escaliers glissent...
Avec mon empressement, j'ai totalement oublié que chaque hiver ses foutus escaliers sont une vraie patinoire. Je tombe sur mes fesses, faisant valser la caisse en l'air.
On avait l'impression qu'il y avait une pluie de vêtement.
Caleb se précipite pour m'aider mais manque de chance pour lui aussi, il glisse et se retrouve le cul par terre. On se regarde.
Nos regards furieux se transforment en regards amusé. On éclate de rire comme deux adolescents. Mon amie nous regarde interloquée. Il y a bien longtemps qu'elle ne m'a plus vu rire ainsi.
Elle doit sûrement se dire qu'il est le remède à tous mes maux...
On reprend notre sérieux puis nous ramassons mes vêtements. Je vous passe la gêne ressentie lorsqu'il a ramassé ma lingerie fine.
- Très belle tenue, me dit-il en me montrant ma nuisette rouge transparente.
Si j'avais pu me terrer comme un rat, je l'aurais fait.
- Garde tes commentaires pour toi ! Dis-je pince-sans-rire.
De nouveau la caisse remplie, cette fois Caleb la met dans le coffre. J'ai bien trop mal à mon fessier et à mes cicatrices pour protester. Je n'attends pas qu'il m'ouvre la portière et entre dans la voiture. Je le vois soupirer puis rentrer à son tour.
J'ouvre le carreau et crie « au revoir » à ma meilleure amie.
Celle-ci me regarde avec un regard amusé et à la fois plein d'espoir. Ne se rappelle-t-elle pas qu'il ne faut jamais porter tous ses espoirs sur un seul cheval ?
Le moteur vrombit puis on démarre.
Un silence pesant règle dans l'habitacle. Je jette des œillades dans sa direction mais il ne dédaigne pas me regarder. Par dépit, je focalise mon attention sur la route.
- C'était quoi tout à l'heure ? Me dit-il soudainement.
Je tourne à nouveau mon regard vers lui.
Que répondre à ça ?
Je sens la frustration s'insinuer dans tout mon être. Moi-même je ne suis pas en mesure de répondre à cette question.
- Rien, répondis-je simplement.
- C'est faux, Nahèle. Ne me mens pas ! Dit-il froidement.
- Je n'en sais rien ! Répondis-je deux tonalités plus hautes que lui.
Brusquement son visage se tourne vers le mien. Son regard pénétrant me sonde, cherchant quelque chose qu'il ne trouve visiblement pas. Il soupire puis son attention retourne sur la route.
La tension entre nous est palpable.
Il y a le mélange à la fois de frustration, d'incompréhension, de désir et peut-être même d'amour... ? Il ne faut pas rêver !
Je ferme les yeux.
Les traits doux d'Elyas se dessinent. Malgré moi, je souris. Bon sang, qu'il me manque terriblement...
Il ne faut pas que je m'attache à Caleb...Je dois remplir ma mission avant d'entreprendre quoi que ce soit avec quelqu'un... Je dois savoir ce qu'il lui est arrivé...
- Caleb ?
- Hum ?
- J'ai besoin de ton aide...Dis-je fébrile.
Directement, il pose son regard sur moi, fronçant imperceptiblement ses sourcils.
- Je t'écoute.
- J'ai besoin de savoir quelque chose...
- Ne tourne pas autour de pot, s'il te plait.
- D'accord... Peux-tu m'aider à découvrir ce qu'il s'est réellement passé sur la mort d...d'Elyas, finis-je par articuler la voix brisée.
Je vois de l'étonnement dans son regard, peu à peu, il se referme comme une huître.
- C'est un braquage qui a mal tourné, rien de plus !
- Et si c'était un complot ? Si on avait voulu le tuer pour une raison qui m'est encore inconnue ?
- Ton imagination est trop fertile. J'ai relu le dossier et il n'y a rien qui prouve qu'il ait eu complot.
- Tu es peut-être passé à côté de quelque chose, dis-je désespérée.
- Je connais mon boulot, Nahèle... Dit-il doucement tentant de me faire entendre raison.
Je tourne complètement mon corps vers lui, les yeux luisants.
- Ca ne peut pas être un hasard... Ca ne l'est jamais !
Son regard se fait tendre lorsqu'il voit une larme jaillir de mon œil. Délicatement avec son pouce, il l'essuie.
- Est-ce que ça t'apaisera si on y jette un œil tous les deux ?
Un espoir renait en moi.
- Oui ! J'aurais la conscience apaisée... Je pourrai enfin tourner la page et ouvrir à nouveau mon cœur. Dis-je en soutenant son regard.
Ma révélation le surprend.
- Alors nous réexaminerons le dossier pour qu'enfin tu te laisses apprivoiser.
Pendant quelques instants, je crois déceler quelque chose de profond mais il détourne le regard.
Arrivé devant la maison, il me tend les clés. Je sors de la voiture et me dirige vers la maison. Avant d'entrée, je capture son regard d'une pureté rare...
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