Chapitre 20

Je me réveille en hurlant.

Je sens les mains tièdes de Caleb sur mes avants bras. Je réalise soudain qu'il est à califourchon sur moi. Mais que faisait-il ?

- Lâche-moi, criais-je.

- D'accord mais tu te calmes avant !

Je secoue la tête.

Je me sens encore toute tremblante. Ce cauchemar a été très éprouvant moralement et émotionnellement. Il se relève et me libère. Je m'assis en indien sur mes oreillers et lui au bout du lit.

- Je te promets que je ne t'ai rien fais. Je t'ai entendu hurler, tu te débattais et j'ai essayé de te retenir pour ne pas que tu te blesses. Je ne sais pas ce qui t'effrayait mais ça devait être terrible...

- Ca l'était, dis-je encore émue. Merci en tout cas.

Il me sourit.

- Voudrais-tu en parler ?

Dans un premier temps j'ai envie de refuser mais ce poids m'oppresse, j'ai besoin de me confier.

- Il y a quelques années, j'ai perdu brutalement mon fiancé.

Je peux lire de l'étonnement sur ses traits.

- Comment ?

- Lors de l'enterrement de vie de garçon de son meilleur ami, Gavin. Des braqueurs ont fait irruption et ont tiré sur tout ce qui bouge.

- Je suis désolé...

- Je n'ai jamais vraiment fait mon deuil...

- Ça se comprend.

- Oui mais après un certain temps, on te dit de passer à autre chose, que la vie continue.

- Chacun réagit différemment lorsqu'on perd un être cher. Nous ne sommes pas tous égaux face à une tragédie pareille.

- C'est vrai, dis-je pensive.

Se pourrait-il qu'il me comprenne ? Qu'il me concède de garder en moi cette partie réservé à Elyas ?

- Tu sais, peu de gens veulent une fille avec un passé comme le mien. Alors je me suis mis avec un vrai connard qui m'a sûrement trompé des dizaines de fois. Je suis un peu blazer des hommes qui promettent monts et merveilles, qui te font croire qu'il te comprenne puis qui te déçoive...

- Tous les hommes ne sont pas comme ça. Avant de trouver ta perle, tu vas essuyer des déceptions, ruiner ton mascara à cause de sanglots, avoir ton nez irrité à cause du contacte de papier mouchoir. Mais au final, ça en vaut la peine car il t'aura fallu affronter des bas pour en tirer le meilleur.

Je reste stoïque face à ses paroles. Bon Dieu divine, que cet homme est bon et sage.

- Crois-moi quand on a la tête dans l'eau, en ressortir est plus difficile.

- Il n'y pas que du noir ou du blanc, la vie est faite de gris et de ses dérivés. Si tu positives, de bonnes choses t'arriveront.

- Tu as l'air sûr de toi !

- Question d'expérience...Dit-il évasif.

- C'est-à-dire ?

- On en parlera plus tard, d'accord ? Je vais te laisser te reposer.

Je ne comprends pas pourquoi il fuit dès que j'essaie d'en savoir plus sur son passé. Aurait-il fait quelque chose de mal ? Non, bien sûr que non sinon il ne serait pas flic.

Malgré tout, j'ai une intuition qui me pousse à croire qu'il a lui aussi vécut quelque chose de terrible, maintenant à savoir quoi, c'est autre chose ?

Je me glisse à nouveau dans mes draps. La douceur du tissu me procure une sensation de bien-être, on dirait presque de la soie tant c'est doux, délicat et fin. Un peu comme lui...

Je chasse cette idée de ma tête, il faut vraiment que j'arrête de me faire des scénarios. Dès demain matin, je prends un rendez-vous pour voir le médecin. Ensuite, je recherche un appartement puis je récupère mes affaires chez Kira. Et demain soir, je me plongerai dans mes recherches concernant la mort de mon Elyas...

Un programme bien chargé et déplaisant !

Je dois finir par m'endormir car c'est le chant des oiseaux qui me réveille. Je m'étire, ouvre les tentures, refais le lit, me lave les dents façon barbare sans brosse à dent puis je descends.

Il fait calme, pas une mouche ne vole ; un mot traine sur le plan de travail.

« Nahèle, je termine mon service à 17h15. N'oublie pas que ce soir c'est toi qui va nous régaler avec tes exploits culinaires. Ensuite, nous irons récupérer tes vêtements chez ton amie.

J'oubliais, fais comme chez toi ! Quand tu pars, mets la clé sous le paillasson. A tout à l'heure !

Tendre baiser sur ta joue.

Cal »

Ça fait deux fois que je relis ces quelques phrases. Encore une fois, je percute sur « fais comme chez toi » et surtout sur « tendre baiser ». Je sens déjà mes joues chauffées et mes mains devenir moites !

Misère, il faut que j'appelle Doc !

Je m'empresse de composer le numéro de l'hôpital demandant de parler au médecin qui m'a pris en charge.

- Je vous passe Docteur Doussy.

- Bien, merci.

Après quelques bips, j'entends sa voix rauque et très viril me répondre.

- Docteur Doussy à l'appareil, je vous écoute.

- Bonjour Docteur, c'est Mademoiselle Nenko, la fille de l'accident de voiture.

- Oui, Mademoiselle Nenko, que puis-je faire pour vous ?

- Ecoutez, j'ai remarqué quelques changements chez moi.

- Comme quoi ?

- Mon cœur a des palpitations, j'ai souvent les joues pourpres, j'agis à l'encontre de mes habitudes, je-je fais des cauchemars...

- Et à part ça, rien au niveau des douleurs abdominales ?

- Non.

- Et à la tête ?

- Aucune.

- Je pense que vous devriez consulter un psychologue, j'en connais un vraiment...

- Je ne suis pas folle Docteur !

- Je n'ai pas dit ça, Mademoiselle Nenko, mais je pense que vous devriez peut-être discuter avec une thérapeute pour régler ses problèmes disons plus personnels.

- C'est peut-être neurologique ? Dis-je désespérée.

- Pour vous rassurer, nous allons faire un scanner. Si il n'y a rien, vous irez voir la personne que je vous conseillerez d'accord ?

- Entendu. Merci Docteur.

- Je me charge du rendez-vous, la secrétaire vous recontactera pour vous fixer l'heure et le jour.

- Merci. Au revoir !

- Au revoir.

Je raccroche.

En le disant à voix haute, je me rends compte de l'absurdité de mes symptômes ! Il a raison ; uu niveau médical, tout va bien mais niveau psychologique, c'est la catastrophe !

Je décide d'appeler Kira. Je la préviens que nous viendrons en début de soirée. Nous n'avons pas le plaisir de discuté longtemps car elle devait partir travailler. A mon grand regret, j'avais envie de lui expliquer mes soucis de ces derniers jours.

Par dépit, je décide de rechercher sur le net après des appartements. Après plus de deux heures de recherches intensives, d'appels désespéré, d'e-mails d'information, mon taux de réussite pour trouver un logement ne dépasse pas 0.

Entre temps, j'ai eu un rendez-vous pour fin de semaine prochaine avec le docteur Doussy. Noté dans l'agenda de mon téléphone, un rappel me préviendra qu'il faut que je sois la vendredi à 15h.

Voyant l'heure, je me prépare un sandwich avec de la salade d'œufs. Puis, je me dirige vers le salon. Au fond de la pièce, je vois ce drap poussiéreux. J'ai tellement envie d'aller voir ce qu'il y a dessous.

Ne m'a t-il pas dit de faire comme chez moi ?

Ni une ni deux, je me rue sur l'imposant objet caché sous ce drapé noir. D'un geste, je l'enlève, le laissant tombé sur le sol dans un nuage de poussière. Mon regard n'arrive pas à se détacher de l'impressionnante boiserie noire devant moi.

Je laisse courir mes doigts sur les touches blanches et noirs. Une larme jaillit de mon œil.

Il y a si longtemps que je n'ai plus touché un piano...En fait, depuis qu'il n'est plus là....

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