Chapitre 13

- C'est très gentil de ta part mais je pense que ce ne sera pas nécessaire...

- Ah, bon ? Dit-elle surprise. Tu comptes retourner chez tes vieux ?

- Non...Dis-je laissant un silence gênant.

- Ne me dis pas que tu envisages de retourner chez ce connard ?! Dit-elle avec deux octaves de plus !

- Bah...Dis-je mal à l'aise

- C'est hors de question ! Tu viens à la maison et ce n'est pas négociable !

- Kira, soupirais-je.

- Ne cherche pas d'excuse ! Tu viendras chez nous, point final ! Dit-elle sur un ton autoritaire, clôturant toute discussion possible.

- Bien chef ! Dis-je vaincue.

- Tu sors quand ?

- Demain sûrement, marmonnais-je.

- Parfait ! La chambre d'ami sera prête, on viendra te prendre dans les alentours de midi.

- Génial ! A demain alors, dis-je faussement contente.

- Cache ta joie, tu risquerais de t'étouffer avec.

Je pouffe. Elle a toujours le mot pour rire, détendant l'atmosphère.

- A demain !

- A demain, chérie !


Je n'ai pas envie de lui parler de Magda, elle a déjà tellement de soucis que je ne veux pas lui en ajouter. Ça aurait été agréable d'avoir une personne à qui parler mais bon je me contenterai de ce silence pesant, destructeur.

Mon comportement est affligeant, j'ai presque envie de me mettre des baffes pour me ressaisir.

J'aimerais juste une fois savourer la plénitude que l'on ressent quand enfin tout s'arrange pour vous. Cette sensation d'avoir une épine du pied enlevé, d'être un peu sereine.

Le trouverais-je un jour ?

Mon amie, pourquoi ai-je été aussi néfaste pour toi ? J'ai cru que tes épaules auraient été plus fortes que ça, mais je me suis complètement vautré ! Et maintenant, je t'ai perdue...toi aussi...

J'aimerais tout effacer, remonter le temps pour ne pas te dire toute ces choses. Mais comme tu peux le constater, je suis en sursis et je n'ai pas droit à une seconde chance.


Soudain, je réalise que Caleb lui aussi courre un grand danger, puisque tous ceux qui me fréquentent finissent par ...mourir. A part Kira, qui fait exception. En serait-il de même pour lui ?

Je n'y crois pas trop.

J'aimerais ouvrir mon cœur mais je ne peux pas... Je n'y arriverai plus...Cette tempête qui fait rage en moi abolit toutes mes belles paroles, tout ce dont je lui avais promis.

Je dois disparaitre, sortir de sa vie. Même si son entrée fracassante à tout chamboulé en moi, je ne veux pas l'entraîner dans mes frasques, ma descente. Il mérite tellement mieux que l'épave que je suis.

Je sais que je ne pourrai jamais oublier ce regard enflammé, ses lèvres charnues, son corps d'Apollon ni sa voix légèrement rauque... N'y pense pas, Nahèle, tu te tortures inutilement, pensais-je.

À te voilà foutu conscience ! Et quoi, tu as décidé de faire grève ? Je soupire. Je suis complètement atteinte pour parler avec moi-même.

Encore une fois, je vais garder tout en moi. Que ce soit mes doutes, ma peine, ma colère, ma douleur. A force, j'ai l'habitude de vivre avec, même si au fil des ans ma carapace se brise un peu plus...

Peut-être un retour aux sources me ferait le plus grand bien ?


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A l'époque, nous vivions à Glasgow, j'adorais cette ville. Je m'y sentais bien. Non loin de là, il y a le Loch Lomond, un magnifique lac dans une très belle réserve naturelle. C'est là que j'ai rencontré la première fois Elyas...

C'était un jour ensoleillé, des faisceaux lumineux traversaient les feuilles s'attardant sur son visage angélique. Immédiatement, ce fut le coup de foudre. Je fus bouleversé par tant de beauté ; ces traits fins soulignaient à merveille son corps d'athlète.

Derrière un arbre, je le regardais à son insu. Je ne pouvais décrocher mon regard, j'avais l'impression d'être hypnotisée. Se sentant sûrement épié, il se retourna brusquement, me débusquant.

Par réflexe, je me cachai derrière le tronc imposant. Lentement, je passai ma tête. Il me souriait tendrement attendant que je le rejoigne. Mais je n'en fis rien, j'avais tellement honte.

- Je ne vais pas te manger, me lançât 'il.

- Ca je n'en sais rien ! Lui répondis-je au tac au tac.

Il ria à pleine gorge.

Je l'imitai.

- Je préfère les petites filles, me dit-il en faisant un clin d'œil.

- N'importe quoi, répondis-je en m'avançant vers lui.

Plus je m'avançai, plus ses yeux s'agrandirent.


Lorsque je fus à sa hauteur, il lâcha un « waouw » presque inaudible. Je m'empourprai. Il s'approcha, plongeant son regard aux couleurs de la lune dans le mien.

- Tu es si belle...Dit-il en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- Toi...tu es...euh...potable...


Il fronça les sourcils puis rit. Déjà à cette époque, j'étais maladroite mais avec le temps ça ne s'est pas arranger.

- Est-ce que tu veux voir quelque chose de plus merveilleux que toi ?

- Ça existe ? Le taquinais-je.

- Je n'en suis plus si sûr, dit-il en reprenant son sérieux.


De nouveau, son regard lunaire sonda le mien.

Il y avait cette alchimie entre nous, au-delà de ce que nous pouvions imaginer.

Il me présenta sa main, je la fixais me demandant ce qu'il voulait. Reprenant mes esprits, je déposai délicatement la mienne. Il ferma ses doigts tièdes sur les miens.

Une décharge électronique me fit hérisser les poils des bras. A l'époque, je ne savais pas encore ce qu'étais l'amour puisque je ne l'avais pas encore connu. Lentement, ce sentiment s'insinua en moi, faisant son petit bonhomme de chemin.


On prit de l'altitude, il me montra d'en haut d'une colline la vue imprenable sur le Loch Lomond. Il avait déjà l'œil aguerrit pour dénicher des endroits époustouflants.

- Au faite, moi c'est Elyas et toi ?

- Nahèle...


Lorsque la fin de journée montra ses premiers signes, on se promit de se retrouver le lendemain...

C'était une promesse d'adolescent ...

Le lendemain quand les premières lueurs du soleil éclairèrent ma chambre, je ne pensais plus qu'à une chose : le retrouver.

Je ne savais pas s'il allait tenir parole. Néanmoins, j'espérais qu'il ait ressentit ce trouble lui aussi. Je vibrais d'un désir inconnu. Je pris mon vélo et pédalais pendant plus d'une heure pour le retrouver.

Je me répétais inlassablement qu'il serait là, qu'il me l'avait promis, que l'on se l'était promis...

Quand je fus sur le lieu du rendez-vous et que je ne le vis pas, je cru défaillir sur place. J'avais tellement espéré qu'il soit là... Mon regard s'attarda sur le sol, une flèche dans la direction du Sud-Est. Sur un tronc d'arbre, je vis une seconde m'indiquant le chemin à prendre.

Cette attention particulière me surprit. Il avait sûrement du se donner du mal pour faire ce petit jeu que j'appréciais énormément. Après une bonne dizaine de minute, je me retrouvai sur une plaine.

En arrière-plan je vis le lac, puis au second plan, Elyas, resplendissant. Il portait un jean délavé et une chemise bleu marine. Je m'approchai fébrilement. Son sourire m'encouragea.


Il me tendit sa main que je pris volontiers. Face à face, il me souriait de nouveau. Je le lui rendis.

- J'espère que tu as aimé cette petite balade...

- J'ai adoré, merci...

- Depuis hier j'ai envie de faire quelque chose mais je n'ose pas...

- Quoi donc ? Dis-je paumée.

Il s'approcha de mon visage, ses lèvres à quelques centimètres. Il s'arrêta, son souffle chaud me caressait les lèvres.

- Ca...


Sa bouche s'écrasa sur la mienne. Ce fut une explosion, un feu d'artifice au fond de moi. C'était enivrant, grisant.

Ce fut notre premier baiser....

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Je secoue vivement la tête essayant tant bien que mal de chasser ces si beaux souvenirs... Si beaux mais si destructeur...

C'est décidé, je ne reverrai plus jamais Caleb Reed... Sauf si le destin en décide autrement....

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