Chapitre 1


J'ai toujours cru que ça n'arrivait qu'aux autres, qu'il n'y avait jamais de hasard. Que si une chose nous arrivait, c'était pour une bonne raison et que quand son heure est là, on ne peut pas y échapper...

Avant je voyais d'une autre façon, comme si j'avais les yeux voilés par un rideau occultant qui me permettait de voir ce que je voulais voir. Le monde qui m'entourait me semblait bon, que le cœur de l'homme pouvait être éclairé par l'amour. Mais depuis ce terrible jour, le voile est tombé et je vois clair à présent. Nous sommes maudits, nous nous détruirons par notre cupidité, par notre soif de vengeance parce que nous sommes des hommes, de simples Hommes.

On nous dit qu'il faut vivre l'instant présent, que la vie est trop courte mais qui nous protège de nous-même? À force d'être inconscient, on attire irrévocablement le danger. Et quand il frappe à votre porte, ne pas ouvrir n'y changera rien.

L'Homme se croit tout puissant, que rien ne peut l'arrêter pas même la mort! Mais tout le monde sait qu'on ne peut pas tricher ou demander une échéance car la grande Faucheuse ne pactise pas avec les misérables mortels que sommes puisque nous ne sommes que des locataires sur cette terre.

Cette terrible vérité, je l'ai bien comprise mais à mes dépends. Je vois encore ses petites bouclettes virevolter dans le vent, ses joues rosies par la morsure du froid et ses magnifiques yeux bleus gris qui étaient une porte ouverte sur son âme.

Chaque jour, je pense à ce qu'il aurait été aujourd'hui si la vie ne s'en était pas aller de lui. Cette maudite nuit me restera toujours en travers de la gorge... J'ai perdu mon double, mon amour, mon confident... Il était ce rayon de soleil dans mon piteux cœur.

Je n'aurais jamais cru qu'on me l'arracherait aussi jeune. Après 7 ans d'amour incroyable, cette maudite faux avait coupé le fil de sa brève vie. Incontestablement, il avait laissé des traces de son court passage sur cette Terre puisque moi, j'avais eu la chance d'être aimé par lui.

Aucun parent ne devrait enterrer son enfant d'à peine 25 ans. Dans la logique de la vie, c'est nous qui enterrons nos parents pas l'inverse. Mais y a-t-il une logique quand on vous arrache subitement la personne que vous aimez le plus au monde?

J'avais élaboré des théories abracadabrantes justifiant son départ soudain. Aucune thèse mathématique ne pouvait justifier pourquoi il était mort ce jour-là à cet endroit ni expliquer pourquoi lui et pas un autre?

Ironie du sort? Peut-être puisqu'il ne croyait pas que notre destin était tracé d'avance, il croyait que nous étions maître de choisir notre vie, notre mort. Mais il avait tort et je l'avais perdu pour toujours.

À la suite de sa disparition, le monde si beau qui m'entourait s'est obscurci. J'ai perdu l'amour de ma vie, puis mon travail. Je suis tombée en dépression, j'ai écarté tous ceux qui m'entouraient. Je voulais le pleurer, seule. Ni leur encouragement, ni leur soutien ne pouvait m'aider puisque je ne voulais pas le laisser partir.

On me conseillait de faire mon deuil mais comment le faire quand il vit toujours en nous? Je ressentais encore son amour m'inonder. Il s'amplifiait à chaque fois que mon regard se posait sur les objets et choses anodines de la vie quotidienne.

Pour mon bien, ils m'ont suggéré de déménager que de vivre à travers son spectre ne m'aiderait pas à tourner la page. Comment pouvaient-ils comprendre puisqu'ils n'avaient pas vécu ce que j'ai vécu? Je ne voulais pas l'oublier même un peu puisque de là-haut lui ne l'avait sûrement pas fais.

Je me souvins clairement ce que je lui avais dit avant qu'il ne parte s'amuser avec ses amis, « soit prudent et reviens-moi en un seul morceau! » et il m'avait dit avec son sourire ravageur « Je reviendrai toujours mon amour. Ce n'est pas la mort qui m'arrêtera puisque mon amour pour toi n'a aucune limite... ».

Il avait tenu sa promesse, il était revenu en entier mais dans un sac mortuaire. Ses amis n'avaient rien pu faire. Je pense plutôt qu'ils avaient été lâche et l'avait abandonné à son sort. Mon Elyas avait donné sa vie pour que d'autres continuent de vivre. 

Cette nuit-là des cambrioleurs ont fait irruption dans le casino où ils célébraient l'enterrement de vie de garçon de son ami Gavin. Ces tireurs fous n'avaient pas hésité à ouvrir le feu pour obtenir leur soit disant dû.

Quand ils comprirent qu'ils n'obtiendraient pas ce qu'ils désiraient et qu'ils avaient tous perdu pour un maigre butin, ils décidèrent d'ouvrir le feu. L'un deux avait dit que quitte à croupir en prison autant y aller pour quelque chose qui fera parler d'eux.

Cet ignorant a voulu tiré sur Gavin mais mon Elyas s'était interposé et a pris la balle à sa place. Ça n'a pourtant pas découragé ce fou furieux puisqu'il a quand même tiré sur sa cible. Après leur massacre, la police est intervenue bien trop tard et ils en ont descendu quatre sur les cinq.


Pendant que les urgences s'affairaient auprès des blessés, Elyas a su trouver le courage de me sonner. Je me rappellerai toujours ses paroles.

- Alors mon amour comment se passe ta soirée? Dis-je enthousiaste.


Je sentis que quelque chose n'allait pas en entendant son souffle saccadé.

- Mon amour, ne panique pas d'accord? Mais il est arrivé quelque chose de terrible...

- Que s'est-il passé? Tu n'as rien j'espère?

- Pardonne-moi, je t'en prie.

- Elyas qu'est-ce que tu as?

- Gavin est grièvement blessé et moi...

- Mon amour... Dis-je en sanglotant.

- Fais-moi la promesse que tu feras ce qu'il faut pour qu'il vive.

- Je veux que toi tu vives!

- Il est trop tard pour moi mon amour.

- Ne dis pas ça! Tu vas t'en sortir!

- Tu sais j'avais raison... J'ai choisis ma mort... Je vais le sauver... Ne trouves-tu pas que c'est une belle façon de mourir?

- Espèce d'idiot! Je ne veux pas que tu meurs, je t'aime moi! Ne me laisse pas, rappelle-toi ce que tu m'as dit! Je veux me marier, je veux des enfants avec toi!

- Je ne serai jamais loin de toi, mon amour. Je reviendrai toujours. Ce n'est pas la mort qui m'arrêtera puisque mon amour pour toi n'a aucune limite... Je t'aime...

- Je t'aime aussi Elyas! Dis-je en pleurant à chaude larme.


Ce fut la dernière conversation qu'on eut. À l'hôpital, les médecins nous indiquèrent qu'il était mort mais qu'ils le maintenaient en vie. Je les avais interrogés du regard pour qu'ils s'expliquent.

- Votre ami nous a fait part qu'il vous avait dit qu'il avait une dernière requête que seule vous le saviez.


Ses paroles me revinrent tant bien que mal en mémoire, j'étais anéantie après ce qu'il venait de se produire. « Je vais le sauver... Ne trouves-tu pas que c'est une belle façon de mourir? ».

- Dans quel état est Gavin?

- Il a besoin d'une greffe d'organe au plus vite sinon il mourra...


Je me retournai vers ses parents. Il avait toujours été de nature à aider les autres et ça lui en avait coûté la vie.

- Il m'a dit qu'il fallait sauver Gavin en lui offrant les organes dont il a besoin.


Ses parents s'effondrèrent mais me sourirent. Ils savaient comme moi que c'était ce que voulait leur fils, qu'il vivrait toujours à travers les autres. On accepta.

- Le cœur peut-il aller à une autre victime?

- Bien sûr, Elyas aurait voulu que cette personne vive. Répondit sa mère.


C'est comme ça que l'homme que j'aime a donné sa vie héroïquement pour en sauver d'autres. Son égoïsme les avait sauvés mais qui allait me sauver moi?

Je me terrais comme un rat entre mes quatre murs. Il m'était impossible de continuer à vivre sans lui puisque mon chagrin ne s'estompait pas. Les étapes du deuil, j'en étais incapable.

Je ne pouvais pas me résoudre à l'oublier puisqu'un autre avait son cœur. Ce même cœur qui m'a aimé passionnément, qui fait toujours battre le mien.


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Bonjour à toutes/tous,

J'espère que ce premier chapitre vous aura plus, n'hésitez pas à commenter, liker et de le partager :D 

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Merci et bonne lecture!

Maïté

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