Chapitre 3 - Intérêt ?
Gracie
Je me réveille assez tôt alors que c'est Dimanche. Mon petit frère qui est à peine plus jeune est déjà debout. Il a deux ans de moins que moi mais ce prend pour bien plus grand. Je le rejoins dans le salon, un bol de céréales à la main. Je m'installe en face de lui à table et l'observe.
— Pourquoi tu me fixes comme ça Grac' ?
— Enfin !
Son regard devient confus.
— T'as un grain petite sœur.
— Euh, rappelle-moi qui a quinze dans cette maison ? Dis-je en le pointant du nez.
Il se met à tirer la langue.
— OK. Tu veux jouer, rit-il.
— Enfin tu arrêtes d'être sur ton téléphone pour la première fois depuis que l'on déjeune ensembles, magique !
Il rit doucement.
— J'ai mes raisons d'y être tout le temps.
Je lui lance un regard désespéré.
— Ouais un peu pas joué aux Zombies et en même temps parler, je comprends.
Il éclate de rire.
— Épuisante. Il lâche.
— Donnes-moi tes raisons du coup, dis-je en avalant une cuillère de céréales.
— J'ai pas envie de le dire en fin de compte.
Puis il se lève et retourne dans sa chambre.
Lui aussi il se met à jouer au mystérieux. C'est vrai que ces temps-ci il est bien plus en retrait et toujours sur son téléphone, mais l'adolescence ne se discute pas. J'aimerai quand même bien savoir ce qu'il cache dessous.
Je finis seule mon petit-déjeuner et débarrasse tout. Mon père et ma belle-mère se lèvent ensuite une heure plus tard. Le déjeuner est déjà prêt lorsqu'ils se lèvent.
— Oh, ma chérie, il ne fallait pas. Me rabâche une énième fois mon père.
— C'est vrai Gracie, on peut le faire. C'est bien trop gentil. Me remercie ma belle-mère.
Je les embrasse et pars dans ma chambre. Je finis d'abord mes devoirs et ensuite j'irai me préparer pour prendre l'air un peu. J'en ai largement besoin ! Je rentre dans la salle de bain, me fais une légère retouche beauté et ressors lorsque j'entends mon père hausser le ton.
Je rejoins le salon et prends place sur l'accoudoir du canapé. Ma belle-mère se tient en retrait également. Mon frère et mon père : encore.
— Je ne sais pas ce que tu as Matt, mais tu vas me le dire très vite maintenant ! Crie mon père.
Mon frère ne quitte pas le sol du regard.
— Je...
Puis il lâche une larme qu'il essuie rapidement du revers de son pull. Mon frère ne trouve peut-être pas son bonheur ici, et préférerait sûrement vivre en Amérique avec ma mère là où elle a trouvé un homme blindé qu'il ne sait plus quoi faire de ses sous mais qui n'aime pas ma mère. Peut-être veut-il vivre une vie de franco-américain ? Ou alors il c'est autre chose que j'ignore bien.
— Arrêtes, coupe ma belle-mère, ce n'est pas comme ça que tu vas régler le problème !
Il s'arrête. Vu l'état dans lequel est mon frère il vaut mieux qu'il s'arrête là. Matt repart d'une marche rapide dans sa chambre et claque la porte.
J'attends quelques minutes et tape. Pas de réponse.
— Matt, Insiste-je.
— Fou moi la paix Gracie !
Très bien... Je prends mon sac, fais signe à mes parents que je sors un peu et pars. Parfois être loin de chez soi fait plus de bien que lorsque nous y sommes à l'intérieur.
*
Le week-end a été très dur. Parents qui se disputent, frère qui ne veut pas parlé, moi qui ne sait pas quoi faire et voilà que ma mère ne veut plus payer la pension à mon père : nous sommes dans de sales draps.
Je dépasse la grille du lycée et enlève mes écouteurs. Je croise le regard d'un groupe de quatre filles. Leurs regard méprisant sur moi, je me demande bien pourquoi. Je comprends très vite pourquoi lorsque je le vois prendre par la taille l'une d'elle. J'espère du moins – qu'il ne lui fera pas subir le même sort qu'à moi même après un mois de séparation.
Je les entends pouffer derrière mon dos et crier un «pute». A quoi bon relever ce détail. Je monte à toute vitesse les escaliers pour rejoindre ma salle. Si elles savaient qui est le plus horribles dans l'histoire elle cracherait tout de suite ce qu'elle venait de dire. A croire que c'est plus facile de s'en prendre à celui qui par intelligence, n'envoie pas une réputation. J'ai pourtant tellement d'arguments pour ma défense. Mais pourquoi salir quelqu'un qu'on a aimé ? Quel intérêt pour lui ? Sûrement celui de s'apprivoiser, jetant la faute sur moi. Que les autres le croient et qu'en final personne ne sache la vérité et ses fautes. Beau jeu.
Je m'appuie contre le mur et remets mes écouteurs. J'essaie de calmer ces paroles qui fusent dans ma tête. Je suis incapable de trouver une réponse à leur balancer en pleine face, moi qui – d'habitude a du répondant... Tout cela me déstabilise car lorsque je le vois j'en tremble encore. Pas de peur mais peut-être de sentiments qui sont encore légèrement présent.
— Salut.
Une petite voix timide me réveille.
— Oh Anna !
— Désolée pour hier. Je crois qu'on avait besoin d'espace pour mieux réfléchir.
— Pas faux. Dis-je en souriant.
— Je... Les ai entendu. J'étais derrière.
— Oh, j'essaie de plus y porter cas.
— Tu ne peux pas. C'est bien trop violent !
— Il s'en lassera, relax. Faut aussi que j'arrive à l'effacer complètement de ma mémoire !
— Il te faut peut-être rencontrer un autre garçon ? Que tu te forces un peu à voir qu'il y a des perles parmi le tas d'ordures. Et parmi ce tas d'ordure.
Elle n'a pas complètement faux.
— Il me faut encore un mois ou peut-être deux. Je ne veux pas me précipiter, ni être encore brisé ni même vite vouloir être de nouveau avec quelqu'un comme si une présence me manquait !
— Je t'ai pas dit aujourd'hui ni demain, mais dans le temps sinon tu ne guériras jamais Gracie.
— Tu as raison, j'en suis consciente.
— Je peux t'aider à rencontrer quelqu'un si tu veux. C'est bientôt les vacances de Noël, on pourrait sortir boire un chocolat chaud près de chez-moi ? J'inviterai des amis, et ça te permettrait d'en rencontrer des nouveaux !
— Je suis partante. Mais que parler hein ! Dis-je en riant.
— Mais oui !
— C'est gentil de te préoccuper autant de moi Anna. Et toi Michael ?
— Plus de nouvelles, c'était sérieux.
— Vraiment désolée... Et comment tu le vis ?
— Pas très bien mais bon, il a réussi à se mettre avec quelqu'un d'autre alors bon, moi aussi je vais essayer de rencontrer quelqu'un d'autre, dit-elle en faisant sautiller ses sourcils bruns.
— Ouais je comprends.
— Bon, si je fais ça pour toi, tu peux essayer de parler avec l'autre là et tu connais la suite.
Je soupire, elle n'oubliera jamais !
— Tu tiens encore à ça ? Ça fait une semaine que tu me le demandes et tu vois bien que rien n'a avancer ! On ne se parle jamais et il ne vient pratiquement jamais en cours. C'est compliqué pour moi et ton plan.
— Hum... Je sais pas quoi te dire, trouves un truc.
— C'est pas ce que j'aime : aller parler aux gars par intérêt que ma copine trouve beau un de ses potes. C'est pas ce que j'aime tout court parler par force à un garçon !
— T'ai pas forcé, il s'est avéré que vous soyez à côté jusqu'à la fin de l'année en cours de Science.
Elle a réponse à tout.
— Tu vas pas me dire que vous n'aller jamais parlé alors que vous êtes ensembles plus de cinq heures par semaines ? Continue-t-elle.
— Tu sais quoi ? Le temps nous le dira.
Puis la professeur de Maths ouvre sa salle et nous fait signe d'entrer. Je me décolle du mur et entre. De toute manière ce Dan est un fantôme. Soit il est présent et reste dans son coin, soit il ne vient pas, chose qu'il fait tout le temps. Alors à part parler à son hologramme, ou bien dans mes rêves comment je peux faire ? Puis ça ne m'emballe pas trop courir après un garçon pour une copine. Même si elle peut m'en faire rencontrer d'autres, en ai-je vraiment envie ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top