Chapitre 15 - Malentendu
Gracie
Je rentre à petit pas dans la maison. Lorsque j'arrive dans le salon seul mon frère est installé dans le canapé, la tête rivé sur son téléphone.
— Tu comprends quelque chose à ce que tu regardes Matt ? Dis-je en brisant le silence.
Il sursaute au son de ma voix et je pouffe rire.
— Euh... Ouais, c'est un documentaire sur les crocodiles... Bredouille-t-il un sourcil relevé.
— Mouais. Tu sais où est papa ? Je lui demande en partant ranger mes affaires dans ma chambre.
— Non ! Crie-t-il du salon.
Super... Encore un cache-cache de sa part.
— Il doit sûrement être chez Julie. Dis-je en revenant vers lui. Tu as mangé d'ailleurs ?
— Non pas encore, il est même pas dix-neuf heure Gracie, rie-t-il. Tu perds la tête. Puis... Je suis invitée chez Tom.
Tom ? Ah oui !
— Celui avec qui tu étais au café l'autre fois ?
— Oui... Mon petit copain quoi.
Je souris.
— Tu as prévenu Papa que tu sortais ce soir ?
— Non. Il ne nous prévient jamais et on se fait du soucis, alors à son tour. Quand il aura compris qu'il avait des enfants je le ferais. Puis tu sais, je suis sûre qu'il revoit secrètement Julie.
— Tu penses ? Elle avait tout de même l'air décidé.
— Les adultes, dit-il en levant les yeux, se font du mal alors que lorsqu'on aime on devrait juste profiter de l'instant, des moments. Ressentir des tas de choses et vouloir que ça dure pour toujours. Et puis si un jour on ne s'aime plus, on se laisse. Au lieu de se disputer pour des choses futiles. Vouloir piquer l'autre, à quoi ça sert Gracie. Est-ce qu'à dix-sept ans aussi, on souffre d'aimer ?
Je reste muette face à son propos. La vie à quinze ans est-elle plus belle qu'à presque l'âge adulte ? Il a sûrement raison, c'est en grandissant qu'on devient trop compliqué ? Qu'on ne profite plus restant sur nos gardes ? Mais à trop être prudent on se déchire finalement. On se pollue avec des gens qui n'en valent pas la peine. Et si cette invitation, ce soir, était l'heure pour moi de m'avouer qui est Dan pour moi ? Est-ce que cela me ferait peur ? Ou mal ?
Je lève les yeux vers mon frère et inspire tout en réfléchissant.
— Je crois que chaque personne à sa propre expérience de l'amour Matt. Mais, dis toi que lorsque tu commences à aimer, tu finiras un jour ou l'autre brisé.
— Comment tu peux dire ça, souffle-t-il.
— Je peux te le dire, en connaissance de cause je suppose.
— J'en suis tellement amoureux de ce Tom, Gracie, que je me vois toute ma vie à ses côtés.
Il regarde par la fenêtre au rideau légèrement déchiré. Puis il reprend :
— Il suffit peut-être de rencontrer la personne, la bonne personne, qui fera prendre une tout autre définition de ce mot.
Et sur ces mots, il se lève et agrippe son sac et sa veste.
— Je dors là-bas. Bonne soirée sœurette.
— Il vient te chercher ?
— Sa mère est en bas.
Puis il ferme la porte derrière lui. Je m'assure d'observer qu'il monte bien dans la voiture pour me morfondre sur le canapé. Ses mots frappent encore et encore mon esprit «la bonne personne». J'espère au plus profond de mon cœur, la rencontrer si tu savais...
*
C'est vers vingt-heures que je reçois un message de mon père, prévenant qu'il ne rentrerait pas et qu'il y avait des pâtes dans le placard. Heureusement que je ne l'ai pas attendu, autant crever.
Je scrute mon téléphone – plus précisément le contact de Dan. Aucun message de sa part. Il doit sûrement être avec Anna et Luc. Si j'avais su qu'il n'y avait personne chez moi, j'y serais aller sans hésiter. Et si je lui envoyer un message ?
« Finalement...» Puis j'efface. Je lui ai dis que je faisais ce que je voulais. Si je lui envoie il va me prendre pour une folle. C'est alors qu'Anna m'envoie à son tour un message :
— Vous ne venez pas avec Dan ?
J'hésite à lui répondre que Dan devait se rendre au point de rendez-vous, mais il a sûrement dû se désister. Je décide de l'appeler pour de bon avant de répondre à mon amie.
— Dan ?
— Oui, il répond dans un soupire.
— Tu n'es pas avec eux ?
— J'ai fait demi-tour.
— Si je peux me permettre : pourquoi ?
— Parce que... Nous avons été invité à deux. Et si je viens seul, ils vont se demander pourquoi.
— Comment ça pourquoi Dan, on est pas ensembles, il n'y a pas de question à se poser !
— Mais ce n'est pas ça le problème. C'est la situation dans laquelle je suis impliquée.
— Oh, ça.
— Tu n'as pas changé d'avis du coup ?
— J'ai besoin de repos.
— Tu veux aller au cinéma ? Ou autre ?
— Rien fera l'affaire.
Je l'entends sourire au bout du fil.
— Comme tu veux. A plus.
Puis il raccroche. Je scrute le plafond, puis je réponds à Anna de profiter de cette soirée. Ce Dan me rend perplexe, que même en imposant des barrières je veux en savoir davantage sur lui.
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