Chapitre 12 - Néant
Gracie
Un mois. Un mois que le plan pour Anna a échoué. Un mois que j'ignore Dan. Un mois qu'il ne vient presque jamais. Un mois que je commence à entendre des réputations sur mon dos. Un mois que tout ça reste à supporter. Un mois que ça reste le néant. Un mois que je n'aperçois plus le vrai groupes de Dan... Un mois que tout est si confus.
Je m'avance dans le réfectoire à la recherche d'une place. Je m'assieds à une table pour six personnes alors que je suis seule à manger. Anna a séché la journée pour rejoindre une bande de gens pour je ne sais trop quoi faire.
Alors que je commence à rêvasser, des grandes et fines mains de Dan, je ne sais même pas pourquoi j'y pense d'ailleurs – une main se pose sur mon épaule.
— Salut, dit alors une petite voix. Une petite blonde se tient devant moi. Je peux ?
Je souris.
— Bien sûr !
C'est Enola, une des amies du groupe de Dan.
— Tu as eu des nouvelles de Dan ? Je lui demande.
— Et non... Depuis qu'il a rencontré les deux gars louche, il reste beaucoup avec eux...
— Il en vient même à rater des cours. Finis-je.
— Il n'appelle même plus Luc. La dernière fois qu'on l'a vu, c'était à la soirée chez Émilie...
Elle a l'air attristé. La dernière fois que je l'ai vu c'était il y a un mois. Après notre querelle devant chez moi. Je lui avais dit de ne plus m'approcher et depuis le néant.
Toute la troupe arrive ensuite et nous discutons. Luc qui se tient en face de moi lance le sujet de Dan.
— Ce gars commence à me faire peur. Faut que j'aille le voir après les cours. Il traîne avec deux mecs pas bien du tout.
Et je le sais mais je n'ai rien fait pour l'éloigner d'eux. Ni rien fait pour l'écouter parler...
— Il faut que je passe aussi... Je bredouille.
Les sept yeux de cette table se tourne vers moi.
— Les cours qu'il a manqué. En un mois où il n'est quasiment pas venu. Il a beaucoup de choses à rattraper...
— Tu nous diras dans ce cas là ! Renchérit Enola.
J'acquiesce.
— Je crois bien que Dan t'appréciais vraiment. Depuis sa séparation avec Pauline il ne parlait plus de filles. Aucune n'était assez bien pour lui. C'était juste Pauline. Puis lorsqu'il t'a rencontré cette année, lui qui généralement ne s'intéresse à personne d'autres que nous, il n'arrêtait pas de nous dire qu'une fille plutôt sympa lui parlait. Et... ça le rendait heureux. Lâche Luc.
— Et tu sais. Il ne souriait plus depuis sa séparation. Finit Enola.
— T'es un peu la bouée de sauvetage de ce gamin. Continue Luc. Et merci, parce qu'on savait plus trop comment le faire rire. Du moins comment le faire avancer.
*
Dix-sept heures trente sonne et je range illico mes affaires en oubliant de dire un au revoir au professeur et de repousser ma chaise sous mon bureau. Je n'ai qu'une seule idée en tête, voir Dan et lui parler.
Je marche précipitamment jusqu'à l'arrêt de bus. Je monte le volume de ma musique. Une fois arrivé à la destination que m'a indiqué ce midi Luc je cherche le nom de Dan à la sonnette et appuie.
— C'est qui ?
Sa voix semble toute exténuée.
— Hum... Moi.
Il ouvre sans savoir réellement qui se tient en bas. Je monte les escaliers et m'arrête à la porte entre-ouverte.
Je tape et son visage apparaît. Il ouvre en grand les yeux.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Il se cache derrière la porte puis me laisse entrer ensuite.
Il est torse-nu et j'aperçois les traits dessiné sur son abdomen. Il a un corps de rêve. Il enfile rapidement un haut blanc et m'indique le chemin du salon.
— Je t'apporte tes cours... Je n'ai pas osé prendre de tes nouvelles parce que j'avais peur que tu me remballes.
Il se gratte la nuque.
— Sûrement que je n'aurais pas agit de la sorte. Mais bon, je suis si méchant, alors ouais je t'aurais insulté c'est vrai.
Je soupire et m'assieds sur une chaise.
— J'aurais pas dû agir comme ça.
— C'est rien. Ces gars sont cons c'est tout.
— Tu ne devrais plus rester avec eux Dan. Je te le demande.
Il s'assied sur son canapé.
— Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire.
— C'est pour ton bien.
— Qui t'envoie ici ? Luc ? Enola ?
— Moi. Juste moi.
Il rit sarcastiquement.
— Je suis assez grand Gracie.
— Mais même grand on a besoin d'être protégé.
— Je n'ai pas besoin de protection et encore moins de ta part.
Je reste muette. Voilà le remerciement.
— C'est bien ce que je pensais. Tu es comme eux Dan. Et tu ne changeras pas.
Je jette les feuilles sur la table et pars vers la porte.
— C'est définitif. Restes dans ta merde, ne vient plus au lycée et tu sais quoi ? Restes avec ces cons et tu perdras tout le monde.
Puis je referme la porte. Dan n'est qu'un garçon ingrat.
*
Dan
Lorsqu'elle quitte ma maison, je pars m'allonger dans mon lit. Elle n'a pas froid aux yeux. Elle a quand même fait l'effort de s'excuser auprès de moi. Elle a voulu m'éloigner de personnes qui lui ont été nocives mais au lieu de la remercier je l'ai envoyé chier. Je ne suis qu'un bon à rien. Je prends en main les feuilles qu'elle a jeté sur la table et les range sur mon bureau. Mon téléphone se met à vibrer sur mon lit. Je regarde qui ça peut bien être. Au fond de moi j'aimerai que ce soit Gracie, qu'elle me dise qu'elle a oublié un truc pour que je puisse voir son visage encore une fois. Mais à la place c'est Carl qui me dit de le rejoindre devant le lycée demain après-midi.
**
J'arrive devant le lycée vers quinze heures vingt, et me place contre un poteau. Il ne reste que cinq minutes avant la sonnerie. Une foule d'élèves sort enfin et j'aperçois alors Enola, Luc et le reste de la bande en rond en train de discuter devant le portail. Il me manque mais on s'est éloigné à cause de mes nouvelles fréquentations. Je vois le regard de Luc sur moi. Il me fixe puis tourne la tête quand Carl et Kyle apparaissent devant moi me cachant de mes amis. De mes vrais amis. Je ne sais même plus ce que je fais encore avec eux...
— Kyle a vu hier Gracie sortir de chez toi. C'est normal ?
Il commence à me pousser légèrement puis plus rapidement.
— Pourquoi vous espionnez ma vie ?
— On t'a dit de ne plus l'approcher. Siffle Kyle entre ses dents.
— Sinon, on te dénonce à notre place.
Dénoncer ? Alors c'est de ça qu'ils veulent se venger envers Gracie. Je vois alors son visage à travers la foule. Je la vois, elle me regarde. Elle est avec mes potes. Kyle me tourne brusquement le visage vers lui.
— Regarde nous quand on te parle !
— Mais de quoi est-ce que vous parlez au juste ? Je comprends rien à vos histoires ! Pourquoi vous êtes venu me parler au juste ?
— On regarde les nouveaux concurrents que nous dresse Gracie et on les défonce jusqu'à ce qu'elle n'ait plus personne près d'elle. Simple.
Je serre les poings. Personne n'a le droit de faire de mal à d'autres personnes. Je tire mon poing dans la gueule de Carl puis dans celle de Kyle.
— Rendez-vous au commissariat Dan.
Kyle se met à sourire puis part.
C'est quoi ce bordel ?
*
Gracie
En sortant du lycée je rejoins le groupe d'amis de Dan devant le portail. Nous parlons de Dan, de ma visite chez lui jusqu'à ce que Luc me donne un petit coup de coude et me pointe du regard au loin. Je vois Dan caché par deux dos masculins. Carl et Kyle. Il n'a donc rien comprit... En plus de ne pas venir en cours, il se pointe juste pour eux. Je vois alors le visage de Dan partir en arrière puis ceux des deux reculés. Dan est en train de les fracasser. Je me précipite vers le portillon et sort comme une fusée. Ils ont disparu seul Dan est resté.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande.
— Un règlement de compte, il souffle. J'ai besoin d'explications Gracie.
Je m'approche plus près de lui.
— Je t'en dois dans tous les cas.
Je baisse le regard à mes pieds puis de ses doigts il me relève le visage.
— Partons d'ici.
Puis je le suis jusqu'à un parc qui se trouve à dix minutes du lycée. Nous nous installons dans l'herbe.
— Carl et Kyle m'ont dit que tous ceux qui t'approchaient été leurs cibles. Pourquoi ? Commence-t-il.
— J'étais amoureuse de lui depuis une année entière. Il m'a remarqué au début de l'année de première. Il était plutôt agréable, on est sorti ensemble pendant quelques mois. Tout se passait bien jusqu'à ce que Kyle arrive avec sa réputation de merde. Ils se sont mit à faire des soirées. Il ne m'appelait plus, ne me donnait plus de signe. Plus d'amour. On était sur le point de passer à l'acte quand il m'a avoué avoir eu plusieurs filles pendant qu'on était ensembles. Puis j'ai dit que j'avais besoin de temps pour réfléchir. Il se rachetait en m'offrant des cadeaux d'une somme astronomique jusqu'au jour où je l'ai aperçu à une soirée en train d'embrasser l'une de mes copines. Il m'a quitté le lendemain sur le parking du lycée en crachant son chewing-gum à un centimètre de moi. Puis j'ai appris des tas de choses sur son compte, en soirée, ce qu'il avait fait. J'ai voulu les dénoncer mais ils m'ont menacé de porter plainte contre la prochaine personne qui s'avère rentrer dans ma vie.
— Et qu'est-ce qu'ils ont fait ?
— Ils ont plus ou moins mit des cachets dans les verres de jeunes demoiselles, puis tu connais la suite. C'est une fille qui me l'a avoué après avoir déménagé de la ville.
— Donc ils veulent m'accuser d'avoir fait un truc de merde alors que je n'étais même pas là.
Il passe ses mains sur son visage et soupire.
— Cesse de rester avec ces mecs Dan.
— Restes loin de moi dans ce cas.
Je reste bouche-bée.
— Vraiment ?
— C'est le seul moyen, je suis désolé. Je dois régler ce qui est en train de se tramer dans mon dos. C'est ma vie qui est en jeu.
— Et à cause de moi...
Sans ajouter quelque chose d'autre je me lève et pars. Sans me retourner, sans qu'il ne me rattrape, nos chemins s'arrêtent ici.
*
Dan
Je rentre chez moi quelques minutes après le départ de Gracie. C'est donc ici que s'arrête notre amitié. Amitié, connaissance. Notre relation est aussi ambiguë que cela alors ? Je ne sais même pas ce qu'il y a entre nous. Je ne sais même pas pourquoi les deux me sont tombés dessus la fois où je rentrais chez moi alors que j'avais raccompagné Gracie pour la toute première fois au métro. Jamais je n'aurais dû leur répondre, leur dire que nous nous connaissions. J'aurais dû tracer mon chemin et ne pas faire le gentil garçon. Parce que je ne suis pas gentil avec des types dans leur genre. Parce que j'ai déjà un groupe d'ami, de vrais amis qui m'aiment pour qui je suis. Mais après la séparation avec Pauline me relever a été si difficile que savoir avec quelle fille je traînais me paraissait être une bonne chose... Et voilà que je me trompe. Je perds une confidente. La seule qui me portait un réel intérêt. Et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
Je marche jusqu'au bus avec ma musique qui résonne à fond. Je veux être seul avec moi-même. Je ne veux penser qu'à une chose. Qu'à elle. Qu'à son regard la première fois qu'elle s'est installé à côté de moi lors du cours de Sciences. La première fois où j'ai entendu sa voix. Je ne veux qu'elle en tête car d'une façon, je n'ai toujours qu'elle dans mes pensées. Quoiqu'il arrive. Je ressens des choses inexplicables pour elle, bien plus fort que pour Pauline. Elle me manque à chaque instant où elle me dit qu'elle doit partir. Elle me manque même quand elle est présente. Cette fille m'est vital. Mais je la laisse fuir. Parce que je lui demande.
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