Chapitre 11 - Pensées

Gracie

Matt arrive bien une heure plus tard à la maison. Il dépasse la porte, jette ses affaires sur son lit et me rejoins d'un pas décidé dans le salon.

— Tu... Tu diras rien tu me le promets ?

— Rien du tout. Mais évite de te renfermer sur toi-même. Papa s'énerverait moins.

Il sourit.

— T'as raison ! Dis... C'était qui ce garçon avec toi ?

Je reste un moment figé. Alors il a aperçut Dan avec moi...

— Un pote de classe. On devait parler du bac.

Il se met à rire.

— Bien sûr. Il y a des choses qui ne trompent pas.

Et j'aimerai bien savoir lesquelles. Même si je peux avouer que son regard me fascine, que son sourire et sa voix me fait fondre, que je rêve parfois de ses mains caressant mon corps...

— Allez file prendre ta douche au lieu de raconter n'importe quoi. Lui dis-je.

Il me tire la langue puis avant de quitter le salon se tourne et me dit :

— Cacher ses sentiments, ça ne sert pas à grand-chose.

Puis il part pour de bon me laissant moi et mes pensées toutes tournées vers Dan.

*

Dan

Je marche à pas de loup dans le couloir et colle mon oreille à la porte. Je n'entends aucun bruit. Tant mieux. J'ouvre la porte et tombe nez à nez avec ma mère.

— C'est pas trop tôt. J'espère que t'avais une bonne raison de t'être enfui.

Je la suis marcher vers le canapé et m'installe à côté d'elle.

— On doit parler jeune homme.

Mon téléphone se met alors à vibrer dans ma poche : Carl.

— Je t'en parlerai quand tout sera finit maman.

Je me lève et me dirige dans ma chambre poursuivit par les cris de celle-ci.

— Allô ?

— Alors. Qu'est-ce qu'elle t'a dit à notre sujet ?

Je soupire profondément. La trahir est une chose que je déteste.

*

Gracie

Vingt-et-une heure et papa n'est toujours pas rentré. Matt est parti à l'anniversaire de son petit copain et je me retrouve seule à penser et stresser.

J'essaie de joindre mon père mais aucune réponse.

Et si j'appelais Dan ?

Il répond directement.

— Dan... Il faut que je te parle.

— Moi aussi Gracie... Son ton et froid et vide à la fois.

— Je n'ai plus de nouvelles de mon père ça fait bien vingt-quatre heures. Vu que tu as ta voiture... Tu ne voudrais pas m'accompagner ?

Un long silence règne.

— Habille toi je suis là dans dix minutes.

*

Dan

Au moment où je raccroche avec Carl, mon téléphone sonne de nouveau. Et là mon visage se radoucit. Gracie. Je suis en train de jouer à un jeu dangereux. Je traîne avec des gars qu'elle déteste et je me lie contre elle et tout ça derrière son dos alors qu'ils lui ont fait du mal. Et je suis sûre de ne pas tout savoir...

Je m'empresse de décrocher. Je me demande surtout pourquoi un appel si tard ? A-t-elle comprit que je ramassais des renseignements pour les deux ? A-t-elle un problème ? Veut-elle simplement entendre ma voix ?

— Dan... Il faut que je te parle.

Qu'est-ce qu'elle veut me dire ? C'est vrai qu'avec les quelques révélations de cette après-midi ça a peut-être ouvert en elle des sentiments ou juste elle a réussit à se les avouer ?

En entendant sa petite voix toute triste je ne peux m'empêcher de me détester. J'aurais dû les écarter de mon chemin dès l'instant où ils m'ont prit dans leurs filets. J'aurais dû me douter qu'ils ne voulaient juste pas être pote avec moi.

— Moi aussi... Gracie.

Ma voix reste en suspens et me trahie et au silence qu'elle émet je comprends qu'elle se doute de quelque chose.

— Je n'ai plus de nouvelles de mon père ça fait bien vingt-quatre heures. Vu que tu as ta voiture... Tu ne voudrais pas m'accompagner ?

Elle soupire un long instant. Je n'ai pas connu mon père et savoir que le sien a disparu me file un énorme coup dans le ventre. Sans réfléchir je lâche un :

— Habille toi je suis là dans dix minutes.

Sans plus attendre, je prends mes clefs et sors de ma chambre à toute vitesse.

— Maman... Une amie a un problème, je dois l'accompagner quelque part.

Elle fixe la télé, son verre de vin à la main.

— Je ne veux pas que tu finisses comme ton père.

Puis elle avale une gorgée de son vin.

J'avale le nœud qui vient de se former dans ma gorge et quitte la maison en m'assurant de fermer derrière-moi.

Il y a bien des choses que j'ignore dans cette maison.

*

Gracie

J'entends deux coups de klaxon dans la rue. Je regarde par la fenêtre et observe une superbe petite voiture grise décapotable. J'éteins les lumières et ferme à double tour la maison.

Je grimpe à toute vitesse dans sa voiture. La nuit me donne les frissons.

— Salut, glisse-t-il en enlevant sa veste en cuir et la lançant sur les sièges arrières.

— Salut. Merci encore de bien vouloir m'aider.

— Bon, alors ton petit papa avait une soirée à quel endroit ?

Je réfléchis quelques secondes.

— Je ne sais pas vraiment si c'était une soirée... Je pense qu'il est retourné voir Julie.

— Qui est Julie ?

— Ma belle-mère, fin c'est compliqué.

Sans rien ajouté je lui passe l'adresse et il démarre jusqu'à arriver à destination.

Une fois en bas de l'immeuble, je lui dis de m'attendre tranquillement mais il ne m'écoute pas et descend.

— Je tiens à te ramener vivante chez toi. La nuit n'est pas le plus beau des mondes pour une jeune fille comme toi.

Mais qu'est-ce qu'il raconte au juste ?

Je sonne et la porte s'ouvre. Dan reste devant l'immeuble et la porte se referme derrière-moi. Je grimpe quatre à quatre les marches et arrive en moins de deux secondes devant chez elle. Elle se tient en peignoir blanc et la mine plus que fatigué.

— Papa n'est pas passé par-là ?

Elle m'observe une seconde puis se met à parler.

— Si, il est là depuis hier nous parlons. Nous avons trop de choses à nous dire...

Je lève un sourcil. Parler plus de trois jours ? Je ne suis pas aussi débile que j'en ai l'air.

— Et bien ça me rassure. La prochaine fois appeler pour prévenir. Dis lui qu'il peut rester autant qu'il le veut. Je m'occupe de la maison comme je sais si bien le faire.

Puis je quitte les lieux les mains dans les poches bien énervée.

J'ouvre d'un coup sec la porte du bâtiment et la claque à en faire trembler les murs.

Dan se relève d'un coup des marches et me regarde.

— Tu peux me ramener chez moi. Finis-je par dire les poings serrés dans mon pull.

Il contourne sa voiture et démarre.

— Gracie... Il lance lorsque nous sommes arrêté à un feu rouge.

Sa voix et triste et vide.

— Je dois te dire quelque chose...

Il repart sur la route. J'observe les arbres et les quelques personnes que j'arrive à distinguer à l'aide des lampadaires à faible lumière.

— Je t'écoute.

Il se gare enfin devant mon immeuble et soupire.

— Je suis un bâtard, un lâche, et tu vas me détester.

— J'en ai déjà assez comme ça pour que tu me bassines encore avec de la merde.

Il me scrute avec de gros yeux ronds. Je descends ensuite en claquant la porte. Sa main me tourne alors.

— Tu dois m'écouter Gracie...

— Bouge toi, j'ai cours moi demain !

Il soupire longuement.

— Je... Suis... Je...

— Embraye.

— Carl et Kyle...

— Et ben quoi ? Ils t'ont rabâcher à toi aussi que j'étais une pute ? Que je me servais des gens ? Que j'ai fait des conneries pour eux ? Que j'étais dingue amoureuse à en crever ? Que Carl est tellement malheureux ?

— Non... Pas ça, dit-il en secouant la tête de gauche à droite.

— Rentres chez toi Dan.

Il reste sans voix.

— Je ne veux plus entendre parler d'eux.

— Ils m'ont raconté que tu les avais dénoncés, que tu avais tout fait pour qu'il ne s'en sorte pas.

— Tu ne sais rien et tu ne sauras jamais. Maintenant fou le camp. Je ne veux plus entendre parler de toi.

J'insère la clé dans la porte centrale et m'engouffre dans le couloir. J'entends alors la porte claquée et les pneus grinçait sur le goudron. Pourvu qu'il ne lui arrive rien à lui aussi.


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