Chapitre 3 : Silence

Le lendemain après midi, Louis a proposé de me faire visiter les alentours de Chelmsford avec Gabriel et Ivy ; Madison étant obligée de s'absenter pour aller travailler. On s'est donc retrouvés dans l'entrée, Louis et moi, pour habiller plus chaudement nos enfants. Une fois que tout le monde était prêt, on est sorti de la demeure et on a commencé à marcher lentement en se jetant des coups d'œil alors que Gabriel et Ivy couraient devant nous.

-Alors, tu as des nouvelles de Zayn ? Ai-je finalement demandé.

Louis a soupiré, je me doutais qu'il n'avait pas vraiment envie d'en parler mais il fallait bien aborder le sujet tôt ou tard. De toute façon, Niall et Liam en auraient sûrement dit deux, trois mots lorsqu'ils seraient venus.

-C'est Patricia qui m'a téléphoné il y a environ une semaine. Il est flanqué dans un lit d'hôpital avec des points de sutures à la mâchoire.

-Il s'est encore battu ? Ai-je soupiré et Louis m'a lancé un regard grave en acquiesçant. Ça n'en finit plus. Mais qu'est ce qu'il cherche à la fin ? Ça fait cinq ans qu'il continue de perpétuellement se foutre dans un merdier pas possible. Qu'est ce qu'il veut nous montrer ?

-C'est parce qu'il a quitté le groupe que tout est parti en vrille. Il a voulu devenir quelqu'un d'autre sans se rendre compte que c'était impossible. Il a voulu se forger une nouvelle image et bien il a réussi. Maintenant il a sur le dos une réputation de connard et il est au fond du trou.

-On devrait essayer d'aller lui rendre visite, ai-je proposé.

Il a haussé les épaules en soupirant.

-Je pense pas que ce soit une bonne idée. A chaque fois qu'on a essayé de revenir vers lui, il a toujours tout foutu en l'air. Si il est décidé à couler alors je crois que ça ne nous regarde plus.

Le Louis que j'avais connu n'aurait jamais dit une chose pareille. Mais qui étais-je pour contrer son avis ? Il n'avait pas tord. Pendant les cinq dernières années, nous avons tenté de reprendre contact avec lui mais Zayn s'est toujours défendu en criant haut et fort qu'il voulait se démerder tout seul. La seule personne avec qui on a encore contact, c'est la mère de Zayn ; Patricia. Et dieu sait qu'elle s'inquiète pour son fils mais ce dernier semble s'être entouré de mauvaises fréquentations. Il multiplie la drogue, l'alcool, les excès. Il creuse sa propre tombe.

Je lâche un long soupire en regardant devant nous. Gabriel s'approche avec un sourire fier au coin des lèvres.

-Papounet que j'aime et que j'adore, est-ce qu'on peut avoir une glace ? A-t-il demandé avec des yeux de chien battu.

-Hors de question, on vient de manger.

-Mais papa... Le meilleur des papa, il devrait dire oui, a-t-il insisté et j'ai entendu Louis rire à mes côtés.

J'ai tenté d'ignorer son regard mais j'ai fini par craquer évidemment. J'ai pioché mon porte monnaie dans ma poche et j'ai suivi les enfants jusque devant un marchand de glace.

-Chocolat ? Ai-je demandé à Gabriel qui a immédiatement hoché la tête. Et toi, Ivy ?

Louis a secoué la tête.

-Non, je vais payer, ne t'inquiète pas Harry.

J'ai refusé qu'il paye et j'ai attendu la réponse d'Ivy.

-Pistache, s'il vous plaît...

Le marchand s'est affairé à préparer nos glaces et j'ai demandé à Louis s'il en voulait une mais il a fermement décliné ma proposition. Avant que ce dernier ne se jette sur le marchand pour lui tendre son billet, je me suis empressé de le faire moi-même. Louis m'a regardé en secouant la tête.

-Enfin, Lou. Ça me fait plaisir.

Un sourire s'est installé sur ses lèvres lorsque le surnom a roulé sur ma langue et il a fini par me remercier en promettant que ce serait lui le prochain à acheter quelque chose aux enfants. On a repris notre petit bout de chemin et on s'est seulement arrêté dans un parc de jeux où Gabriel a pris un malin plaisir à grimper, sauter et courir dans tous les sens. J'ai bien vite cessé de l'observer au risque de chopper le tournis. Louis et moi, on était tombé dans un silence presque religieux et j'avais le sentiment d'avoir mis un malaise entre nous. Alors, comme l'idiot que je suis, j'ai abordé le seul sujet qui me venait en tête au moment même.

-Alors, c'est pour quand le mariage avec ta dulcinée ? Ai-je demandé.

Il a haussé les épaules et j'ai presque souris.

-J'en ai aucune idée. C'est peut-être con ce que je vais dire mais je n'ai pas envie de me tromper... Oui, je sais ce que tu vas me dire, c'est la mère de ta fille. Okay, oui, je le sais mais j'ai pas envie de me lancer dans le mariage. On commence déjà à se disputer de temps à autre et j'ai l'impression que si on se marie, ça deviendra encore pire ; tu sais, comme ces vieux couples qui ne peuvent plus se supporter et qui se hurlent dessus à longueur de journée avant d'accepter le divorce, la garde partagée et compagnie. Puis je n'y crois pas au mariage. On se marie pour divorcer.

Wow, et bien ça c'est une vision pessimiste du mariage. Je n'imaginais pas qu'il redoutait autant le moment où il devrait faire sa demande, le genou posé sur le sol, la bague coincé dans les coutures de sa poche. Je l'ai regardé un instant puis quand j'ai croisé son regard, j'ai baissé les yeux. « Tu veux garder les choses comme elles sont. Tu n'es pas forcément heureux, tu as le sentiment de l'être et tu rend ta fille heureuse avec une maman et un papa. C'est un bonheur complètement illusoire. » Je me suis imaginé lui dire tout ça puis j'ai finalement renoncé. De toute façon, Ivy était déjà en train de secouer ses bras en criant « Papa ! Papa ! Regarde moi ! » à tout bout de champs.

-Oui, je te regarde, ma puce, a-t-il répondu en lui offrant un sourire alors qu'elle glissait sur le toboggan métallique.

J'ai observé Louis pendant un instant et je me suis une fois de plus répété qu'il n'avait rien en commun avec l'ancien Louis. Celui-ci essayait de se convaincre qu'il était heureux alors que l'autre le vivait réellement son bonheur. Quand Louis a détourné son attention dans ma direction, je lui ai souri pour ne pas l'inquiéter et j'ai regardé les enfants jouer. Le silence s'est de nouveau imposé.

***

-Comment c'était ? Nous a demandé Madison lorsqu'elle est rentrée du boulot et que nous étions tous avachis sur le canapé.

-Très bien. On a eu le temps de parler un peu de tout avec Harry et Ivy a été sage, a sourit Louis en volant un baiser à sa copine.

Madison a acquiescé avec un grand sourire puis elle a fait signe à Ivy de monter à l'étage pour aller se coucher puisque le temps avait passé plus rapidement que d'habitude et qu'il était maintenant neuf heure et demi passée. J'ai jeté un regard à Gabriel qui a fait mine de ne pas avoir entendu.

-Au lit, le monstre, ai-je sourit en le prenant dans mes bras.

-Mais papa, j'ai pas envie de faire dodo ! Moi je suis un grand, je veux rester avec toi ! A-t-il soupiré.

J'ai secoué la tête pour lui faire comprendre qu'il n'y avait aucune échappatoire et il a croisé les bras en boudant. Je lui ai volé un baiser sur le front pour l'énerver alors qu'il repoussait mon visage en grimaçant. Une fois à l'étage, je lui ai demandé de dire au revoir à tout le monde puis je l'ai conduit dans sa chambre où il a enfilé son pyjama sans mon aide.

-C'est quand qu'ils viennent tes copains ? A-t-il finalement demandé en enfilant son haut.

J'ai rapidement compris qu'il faisait référence à Niall et Liam et je lui ai répondu qu'ils seraient sûrement là dès demain. Assez étrangement, il a fais un bond en lâchant un cri de joie. Il ne les a encore jamais vu mais il rêve déjà de les rencontrer ! Il s'est installé sous ses couettes et j'ai embrassé son front.

-Bonne nuit, bébé. Si tu as le moindre problème, tu viens toquer à la porte de papa, okay ? Tu sais où se trouve ma chambre ?

Il s'est contenté d'acquiescer en frottant ses petits yeux fatigués à l'aide de ses poings. Je lui ai une nouvelle fois embrassé le front puis je suis parti en éteignant la lumière mais sans oublier de laisser la porte entrouverte et le couloir allumé.


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