Chapitre 2 : Madison
Mes affaires installées, j'ai enfin rejoins le rez-de-chaussée. Un long corridor traversait la maison et indiquait quatre chemins différents, ce que je supposais être : la cuisine, la salle à manger, le salon et l'une des salle de bain. Après avoir jeté un coup d'oeil à toutes les pièces, j'ai finalement trouvé mon chemin jusqu'au salon où Gabriel et une petite fille haute comme trois pommes jouaient bruyamment au preux chevalier sauvant sa princesse braillarde. Je me suis approché et en me voyant, la petite a immédiatement filé en direction du couloir sans attendre. Surpris, je pose mes yeux sur mon fils qui arque un sourcil, aussi confus que moi.
-Elle a vu un fantôme ? Ai-je demandé, faisant ainsi pouffer de rire Gabriel.
-Elle n'aime pas les grands... 'Fin, j'sais pas moi, a-t-il marmonné en haussant les épaules.
J'ai acquiescé et je suis venu m'asseoir à côté de lui, jetant un coup d'oeil à son déguisement de paladin. Les motifs du tissu correspondaient effectivement à l'armure d'un chevalier et l'épée dans une main suivi du bouclier dans l'autre ne trompait personne.
-Ta princesse a foutu le camp, mon grand.
Avant même qu'il n'ai pu me répondre, j'ai entendu des talons frapper le plancher et finalement, une silhouette féminine est apparue dans l'encadrement de la porte. C'était une femme d'une vingtaine d'année, je dirai, coiffée de longs cheveux bruns aux reflets orangés. Sa peau pâle marquait un important contraste avec sa longue robe noire et son rouge à lèvres beaucoup trop carmin pour une occasion pareille. Elle s'est avancée et lorsque je me suis relevé, elle s'est penché vers moi pour embrasser mes deux joues, y laissant ainsi une trace de son passage.
-Harry, je ne me trompe pas ?
Son sourire s'est encore agrandit et si elle ne cessait pas, j'avais bien peur que son visage ne se fende en deux. J'ai simplement hoché la tête avec un sourire puis en voyant qu'elle attendait très certainement une réponse plus développée, j'ai pris la parole.
-Oui, c'est bien moi. Et vous êtes la femme de Louis, c'est ça ? Ai-je demandé d'une voix hésitante.
-Oh, ça me plairait vraiment mais pour l'instant, je ne suis que sa petite copine et mère de sa fille. Je suis Madison.
Je lui ai souris et j'ai baissé le regard sur sa main qui caressait avec lenteur les cheveux de sa fille. Cette dernière me fixait avec un regard timide, prête à détourner ses iris à tout moment.
-Je suis désolé, Ivy est très timide quand il s'agit d'approcher les adultes. (Puis elle s'est adressée à sa fille) Ivy, dis bonjour à Harry s'il te plaît.
Je me suis abaissé à sa taille et lentement mais sûrement, elle est venu déposer un petit baiser sur ma joue, à l'endroit même où se trouvaient les traces de rouge à lèvres que sa mère avait laissées. En me relevant, je suis tombé nez-à-nez avec Madison qui m'a offert un de ses grands sourires.
-Bon, je vais aller préparer la table.
-Vous avez besoin d'aide ? Ai-je demandé, plus pour être poli que parce que j'avais vraiment envie de le faire.
-Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout. Si vous cherchez Louis, il est dans la cuisine.
Je lui ai répondu en hochant du chef puis je me suis tourné vers mon fils qui a éclaté de rire en me désignant de son index.
-Papa est rempli de rouge des lèvres à Madison ! (Puis il s'est mis à me lancer de faux baisers en fermant les yeux pour se moquer davantage) Harryyyy !
Je n'ai pas pu m'empêcher d'exploser de rire à mon tour même si je prenais le temps d'effacer les marques en m'observant dans le miroir de la salle de bain. Puis j'ai rejoins Louis dans la cuisine, laissant ainsi les petits jouer entre eux. Louis était dos à moi, vêtu d'un tablier par dessus sa couche de vêtement, s'appliquant à doser le sel et le poivre qu'il versait dans sa marmite. Je me suis lentement approché. J'avais l'envie soudaine de glisser mes bras autour de sa taille, de répéter ce moment où, pour la toute première fois, il m'avait préparé ce plat dont il ne cessait de parler durant les émissions de télé en ajoutant qu'il l'avait évidemment cuisiné pour Eleanor, sa « petite copine » à cette époque là. Mais je me suis retenu parce que ce n'est plus comme avant, que Louis et moi n'avons plus la même relation, qu'il n'est plus célibataire, qu'il est père et que ce serait vache de le faire dans sa propre maison. J'ai donc retenu mes mains et je me suis appuyé contre le comptoir, faisant au passage sursauter Louis qui posa instantanément une main contre son cœur qui battait à tout rompre.
-Tu m'as fais peur ! S'est-il offusqué en me donnant une petite tape amicale.
-Louis Tomlinson qui cuisine, on aura tout vu. Je ne t'ai vu cuisiner qu'une seule fois auparavant et encore, j'ai eu la chance que tu ne mette pas le feu à ma cuisine et voilà que tu es devenu un véritable cordon bleu.
Il a haussé les épaules avec un petit sourire.
-J'ai changé, j'imagine.
Et oui, il était complètement différent du Louis que je connaissais ; celui qui passait des heures à m'embrasser, celui avec qui je partageais des batailles d'eau dans le salon puisque le Management nous interdisait de le faire sur scène, celui qui me faisait hurler de rire avec ses blagues bidons (bon, je reconnais que je ne suis pas mal dans le genre...). Oui, il avait définitivement changé et j'ignorais si ça me faisait mal ou si ça me rendait vraiment heureux pour lui. Il avait mûri. Tellement mûri qu'il en avait oublié qui il était au départ. J'ai secoué la tête pour éclaircir mes pensées et en remarquant mon air absent, Louis m'a dévisagé.
-Tout va comme tu veux ?
J'ai rapidement hoché la tête puis j'ai soupiré un moment.
-Tu as retrouvé la mère de Gabriel ? A demandé Louis.
-Non, elle s'est volatilisée. Mais elle n'essaie pas non plus de revoir Gabriel, ni de me revoir. Ça fait cinq ans et elle ne l'a jamais vu depuis le jour de sa naissance.
Louis a longuement soupiré.
-Tu en retrouveras une, Harry, j'en suis persuadé. Tu le mérite en tout cas.
Je ne sais pas si c'est le fait qu'il ai complètement oublié notre passé ensemble ou le fait qu'il veuille à tout prix me faire croire que je retrouverai un jour l'amour qui m'a le plus blessé. J'avais l'impression que tout ce que nous avions vécu pendant quatre longues années, ce par quoi nous étions passé s'était subitement effacé de sa mémoire comme si on l'avait formaté à la manière d'un disque dur. C'était incroyablement difficile de se dire que nous ne serions plus jamais ensemble mais si jamais j'en avais la chance, j'étais prêt à tout faire pour remettre les choses en ordre.
***
Tout le monde était attablé et pendant un instant, on n'a entendu que les couverts qui raclaient contre les assiettes. J'ai plusieurs fois essayé de m'éclaircir la gorge pour mettre un terme à ce silence gênant mais Madison a décidé de le faire à ma place.
-Alors, vous habitez aux Etats-Unis, c'est bien ça ? Louis m'a énormément parlé de vous.
J'ai jeté un coup d'œil à l'interpellé qui s'est contenté de m'offrir un petit sourire. Je le lui ai rendu et j'ai détourné mon attention vers mon interlocutrice.
-Oui. Atlanta plus précisément. Vous aussi, non ? Enfin, votre accent...
-Oui, j'y suis né et j'y ai vécu jusqu'à rencontrer Louis. Je vivais plutôt du côté du Michigan.
J'ai acquiescé puis j'ai continué de piocher dans mon assiette, jetant de temps à autre des regards à Gabriel. Il s'amusait à déchiqueter sa viande et à la manger avec ses mains alors que, de l'autre côté de la table, Ivy, qui avait eu son morceau de viande préalablement coupé par son père, mangeait avec sa fourchette. J'ai soupiré et j'ai fixé Gabriel.
-Tu ne veux pas que je coupe ta viande ? Lui ai-je demandé.
Il a secoué la tête et a continué de croquer en plein dans son morceau. Je l'ai stoppé et sans lui laisser le temps de reprendre sa tranche, je lui ai piqué son assiette et j'ai découpé sa viande alors que, têtu comme il est, il s'obstinait à vouloir le faire lui-même. Je lui l'ai finalement rendu et il a croisé les bras contre son torse en faisant une petite moue.
-J'ai plus faim à cause de toi ! A-t-il grogné.
-Je t'ai juste rendu la tâche plus facile. Tu vas y laisser une dent si tu continue de croquer dedans comme un enragé.
Il a soupiré et a cédé pour attraper sa fourchette et manger silencieusement. Quand j'ai détourné mon attention vers le couple en face de nous, j'ai remarqué qu'ils nous observaient très attentivement. J'ai croisé le regard de Louis et ils ont immédiatement recommencé à manger. Bravo, Harry, tu montres de magnifiques preuve d'une éducation sans défaut, m'a chuchoté ma conscience alors que je lui adressais un doigt d'honneur.
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