Chapitre 1 : Chelmsford

Harry

L'avion s'était posé dans l'aéroport de Greenwich, en plein cœur de Londres, aux alentours de dix heures du matin, ce qui nous avait permis, à Gabriel et moi, de profiter d'un délicieux petit déjeuner anglais dans un petit café chic aux abords de la Tamise. Rien ne pouvait être mieux pour commencer un séjour en Angleterre. Par la suite, on a pris un bus qui nous a mené jusqu'à Chelmsford, la ville qu'habitaient Louis et sa petite famille.

Pour dire vrai, j'ai commencé à ressentir l'angoisse dès que le véhicule a démarré. Ça fait cinq ans que je ne l'ai pas revu. Je ne sais rien de ce qu'il est devenu, rien du job dans lequel il s'est lancé, en fait, je ne sais même pas s'il est marié et s'il a des enfants. Alors évidemment que je suis stressé. J'ai de vieux souvenirs qui me reviennent en mémoires, nos promenades à Los Angeles, nos dîners au Japon ou encore notre viré en bateau mouche sur la Seine. Quand j'étais jeune et que je profitais de la vie d'une différente manière. L'époque où je ne devais pas me réveiller à deux heures du matin pour nourrir Gabriel et où je ne devais pas me pointer en retard d'une demi-heure à la crèche sous les regards méprisants des mamans. Elles pouvaient parler de moi, je m'en foutais complètement. Est-ce qu'elle pense que c'est simple d'être un père célibataire et de devoir élever son gamin sans la présence maternelle ? Certes, il y avait ma mère sur qui je comptais de temps à autre ou bien ma sœur qui se portait toujours volontaire pour être prioritaire sur son jour de garde mais je voyais bien qu'il manquait quelque chose à Gabriel. Une mère, une présence féminine ou à la limite, une présence tout court, le besoin d'avoir deux parents. Je l'avais éduqué à la dure et je m'en voulais pour les erreurs que j'avais pu commettre par le passé.

Lorsque mon fils m'a secoué le bras pour me tirer de mes pensées, j'ai rapidement remarqué que nous étions arrivé à bon port et que le car était dores et déjà vide. J'ai donc pressé le pas hors du véhicule sans oublier les valises et en récupérant Gabriel dans mes bras après être descendu.

-Bon, on va bien trouver la maison de Louis. Alors...

Je saisis mon portable et je sélectionne l'application dans laquelle Louis m'a envoyé un plan de Chelmsford afin de tenter de me repérer. Il faut dire qu'il n'est pas allé se perdre dans un trou, il a choisi l'une des plus grandes villes en périphérie de Londres. Je lâche un soupir et lorsque je sens que Gabriel devient un peu trop lourd à porter, je le pose à terre et je me met à parcourir mon téléphone avec mon pouce sans même jeter un coup d'oeil à mon fils. Grossière erreur de ma part. J'ai à peine le temps de ranger mon portable que j'aperçois Gabriel qui se faufile en direction de la route. Sans attendre une seconde de plus, je me met à courir dans sa direction et avant qu'il ne fasse un pas de plus, je le tire en arrière.

-Bordel mais t'es pas bien ! Faut pas me faire ça Gab. Qu'est ce que t'allais foutre sur la route ?

Il me dévisage en plaquant ses mains contre ses oreilles.

-Mais arrête de crier, papa ! J'aime pas quand t'es colère !

Je prend ses mains entre les miennes.

-Je ne cri pas, j'essaie juste de comprendre pourquoi tu fais des trucs aussi inconscient.

Une petite moue se forme sur ses lèvres alors qu'il baisse les yeux. Je prend une inspiration profonde pour me calmer puis je lui offre un petit sourire.

-D'accord, je m'excuse d'avoir crié, je veux juste que tu saches qu'il ne faut pas aller sur la route. C'est dangereux pour un petit bonhomme comme toi. Maintenant tu me fais un câlin et on se réconcilie, mh ?

Je lui tend mes bras pour l'attirer à moi mais il se recule, les bras croisés contre son petit torse. C'était bien le moment pour qu'il se mette à faire la tronche.

-Bon, laisse tomber. On reparlera quand tu seras calmé. Maintenant viens, je crois que j'ai trouvé la maison de Louis.

Il soupire mais cède finalement lorsque je commence à m'éloigner. Je tente une seconde fois de lui tendre la main mais il la rejette en gardant les bras croisés.

-Têtu comme une mule. T'es pas un Styles pour rien toi.

Il ne relève pas la pique, reste vexé et continue de marcher dans le plus grand des silences. Au bout de cinq bonnes minutes, nous finissons par arriver devant la demeure de Louis et bon dieu, il aurait pu me prévenir que c'était aussi grand. C'est une villa à deux étages avec une allée qui fait au moins la taille de ma maison au mètre carré. Même Gabriel retient un hoquet de surprise à mes côtés.

-C'est la maison de Louis ? Mais c'est trop bien ! Pourquoi on n'a pas ça nous ?! Se met-il à rugir en me lançant un regard rapide, bien décidé à garder sa mine boudeuse malgré la situation.

-Elle est déjà bien notre maison, lui ai-je affirmé avec un froncement de sourcil alors que nous approchions du pallier. Elle est parfaite pour deux personnes.

-Oui mais celle-là, elle est plus grande ! Se met-il à me répondre dans le simple but de se montrer têtu. Je te promet, elle est plus grande, papou !

Je m'approche de la porte d'entrée, valises en main et je dépose un bref regard sur Gabriel pour lui faire comprendre qu'il doit bien se tenir devant nos hôtes. Il se contente de hocher la tête en levant les yeux au ciel sous mon regard amusé. Je toque à la porte et dans la seconde qui suit, Louis se tient devant moi. Cinq ans. Et il paraît toujours aussi beau, insouciant, même si je reconnais chez lui qu'il y a quelque chose de nouveau. C'est sûrement la paternité qui le rend comme ça ; il a l'air d'un vrai papa.

-Harry ! Comment vas-tu après toutes ces années ?

Il me prend dans ses bras et me serre fort contre lui. Ça m'avait définitivement beaucoup trop manqué ; la chaleur de ses bras, sa voix, son odeur. Je bredouille quelques mots et Gabriel n'hésite pas à bien se foutre de ma gueule même si un regard me suffit pour qu'il retrouve son calme. Louis se détache de moi pour s'accroupir, se retrouvant nez à nez avec les yeux chocolats de mon fils.

-Et qui est ce petit bonhomme ? Demande-t-il avec un sourire adorable scotché aux lèvres.

-C'est Gabriel, mon fils, ai-je finalement réussi à sortir après ces quelques minutes. Gab, dis bonjour.

Louis acquiesce et tend sa dextre à mon fils qui le juge de haut en bas, intrigué par ce nouveau monsieur. Puis en me jetant un coup d'oeil, je comprend qu'il attend ma permission pour saluer l'inconnu qui se tient devant lui. Je hoche la tête et il se tourne directement vers Louis pour serrer sa main.

-Dans ce cas, bonjour Gabriel, je suis Louis. Tu peux m'appeler Lou si tu préfère.

-D'accord, Lou, répond Gab avec un sourire.

Louis se relève et nous offre un sourire chaleureux avant de nous faire signe d'entrer.

-Vous n'allez pas rester sur le pallier pendant une éternité, entrez.

Gabriel, les yeux remplis d'étoiles devant cette immense demeure, s'avance dans le couloir, guidé par Louis qui lui offre des sourires. Je rentre après avoir quitté mes bottines, valises toujours en main et notre hôte s'empresse de me conduire à l'étage, dans une chambre où se tient un lit deux places ainsi qu'une armoire pour ranger mes effets.

-Et voilà la chambre où tu passeras le mois. Gabriel dormira dans la chambre qui jouxte celle de Ivy, si tout va bien. Il s'habituera facilement à la maison, tu penses ? Demande-t-il d'un air préoccupé.

-Ne t'inquiète pas pour lui, c'est un grand garçon, il va arriver à se faire une place. Alors... Je suppose que Ivy est ta fille.

Il acquiesce, un grand sourire fier scotché aux lèvres.

-Oui, elle a soufflé ses bougies il y a moins d'un mois pour fêter ses quatre ans. C'est le portrait craché de sa mère.

J'ai tenté de ne pas faire faillir mon sourire à ce détail mais j'ai lamentablement échoué. Moi qui pensait qu'il aurait -éventuellement- pu être célibataire... Il avait apparemment remarqué mon expression puisqu'il s'est empressé de regagner son sourire et de jeter un coup d'oeil autour de lui.

-Alors voilà, tu peux t'installer pendant que nous préparons le repas en bas. Si tu as le moindre problème, n'hésite pas à m'en parler et... voilà... Gabriel est en train de faire connaissance avec Ivy en bas alors si tu veux nous rejoindre après... Ou...

-Oui... Oui, je descendrai dans un moment. Merci beaucoup de nous accueillir Louis, on essaiera de se faire discret.

Il a secoué la tête, l'air de dire qu'il fallait juste faire comme chez nous.

-Ça me fait vraiment plaisir de te revoir après tant d'années alors tu n'as pas besoin de te cacher... Et Liam et Niall viendront manger dans la semaine, ils n'ont pas pu se libérer pour le dîner. Quant à  Zayn, tu sais, il...

Louis s'est interrompu et j'ai vu, à l'expression de son visage, qu'il ne voulait pas en parler mais qu'il avait simplement abordé le sujet sans pour autant trop vouloir s'avancer. J'ai acquiescé pour toute réponse et j'ai déposé un baiser sur son front de manière amicale pour le remercier une dernière fois. Il m'a sourit et a filé à toute vitesse. Et bien, j'en ai encore beaucoup à apprendre au sujet du nouveau Louis. 


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