Chapitre 8 (3)



Je suis allée inspecter la fenêtre, voir si peut-être je pouvais retrouver les traces de pas de Nyx, mais la neige et le vent les avaient effacés. Tant pis.

Je me suis redressée. La tempête montait de plus en plus, grondait, sifflait, et ses bourrasques brutales faisaient claquer mes vêtements comme des voiles de bateaux. Ils ne me protégerait absolument pas du froid, mais à ce moment je n'y pensais pas, je ne me concentrais plus sur mes sensations physiques.

J'ai avancé vers le chalet de Mizuki. La porte était fermée à clef, et je ne pouvais pas faire comme Anoushka, même sans mes blessures, alors j'ai pris le manche de ma hache et j'ai frappé la fenêtre jusqu'à ce que le verre se brise et le volet en bois craque et me laisse assez de place pour entrer.

La pièce était comme dans la vidéos de Monokuma, le corps en moins. Le sol était toujours taché d'une forme plus sombre que le bois normal et le meuble renversé était toujours là, ainsi que tout le matériel qui lui avait probablement servi à fabriquer les bombes. Mais pas de Nyx.

Je suis sortie par la porte d'entrée cette fois, laissant tout ouvert. J'ai songé une seconde à aller inspecter les autres chalets, mais quelque chose me disait que Nyx ne s'était pas terrée dans un chalet sans protection alors que Remington la traquait.

Je suis partie vers l'extérieur de la station. Le sang de mes blessures ne coulaient quasiment plus, peut-être étais-ce les protections naturelles de mon corps ou peut-être juste le froid mordant qui avait fait geler le sang s'accumulant à l'ouverture de ma plaie.

J'ai avancé dans le froid. J'aurais aimé crier pour que Nyx me retrouve, mais ma voix brisée serait trop faible pour couvrir le vent et cela donnerait également ma position à Remington.

J'ai avancé, chacun de mes pieds s'enfonçant d'une dizaine de centimètres dans la couche de neige qui se formait à vitesse grand v sur le sol.

J'avais beau chercher autour de moi, les éléments noyaient le bruit et entravaient ma vision. J'ai erré ainsi plusieurs minutes, interminables minutes, sans savoir si Nyx était toujours en vie. Je ne pouvais pas arriver trop tard, je ne pouvais pas échouer, échouer encore une fois.

J'ai ignoré la douleur dans ma cheville, celle dans ma main droite et sur mon bras gauche, et la peur de la perdre elle aussi, et j'ai serré les dents sans abandonner. Je devais la trouver, je devais la trouver.

Enfin j'ai perçu un bruit étrange. Un cri ? Je me suis figée et je me suis tournée de tous les côtés, cherchant l'origine du bruit. Je ne voyais rien et la force du vent ne me permettait pas d'identifier la source des sons qui m'enveloppaient.

J'ai fermé les yeux pour me concentrer. Un nouveau bruit me parvint, puis un autre. J'ai rouvert les yeux espérant ne pas me tromper sur la direction à prendre et je me suis enfoncée dans la tempête un peu plus.

Les bruits me parurent plus nombreux et plus forts, me rassurant sur ma décision et j'ai pressé le pas. Enfin j'ai perçu un mouvement sombre à quelques mètres. Un peu plus loin, une silhouette se découpait devant moi. La silhouette était trop grande pour être Nyx, la coiffure ne correspondait pas, et ses épaules étaient trop larges.

Alors sans la moindre hésitation, j'ai balancé la hache vers sa tête. Je ne sais pas comment il m'entendit ou me vit, mais il se laissa tomber à terre juste à temps pour que la hache ne fasse que toucher ses cheveux, coupant quelques mèches au passage.

Il leva la tête vers moi, retournée dans ma direction, et j'ai vu ses yeux s'écarquiller de surprise. Je ne sais pas ce qu'il vit pour qu'il fasse cette tête mais cela me remplit de satisfaction, un sourire sinistre étira mes lèvres, j'ai incliné la tête en lui demandant :

- Tu n'es pas content de me voir ?

Il fronça les sourcils, mais un léger sourire naquit sur son visage.

- Je vois que tu as fini de jouer la comédie.

Derrière lui, plusieurs blessures imbibant de sang sa chemise, Nyx gisait au sol. Sa perruque avait disparu, peut-être emportée par le vent ou par un coup de Remington. Sous la chevelure noire d'encre et lisse habituelle, une masse de cheveux brun, ébouriffés et courts, étaient maintenant visibles, donnant une impression plus jeune et vulnérable à son visage. Ou peut-être est-ce la peur qui agrandissait ses yeux roses et la faisait trembler ainsi. Ah ! J'oubliais qu'il faisait froid. C'était peut-être ça ? Ou alors, c'était peut-être moi, qui sait. Peu importe, elle était en vie.

Je me suis re-concentrée sur Remington. Il fallait que je l'élimine. Il se releva, il était toujours armé de son couteau. Quelle erreur de sa part, il aurait certainement mieux fait d'aller chercher une autre arme, quelque chose avec une plus longue portée, ou plus de poids.

Il s'était remis debout et me regardait les yeux un peu plissés, semblant réfléchir au moment où il se jetterait sur moi pour me faire saigner.

Le vent faisait voler mes cheveux autour de moi. Peut-être devrais-je les couper, pour ne pas qu'ils me gênent pendant notre duel à mort, mais j'ai décidé que non. Rien ne m'empêcherait de le tuer et chacun de mes gestes compterait, chaque ouvertures lui permettrait de peut-être me porter un coup fatal. 

Il orienta son couteau vers moi, pliant un peu ses jambes, comme près à attaquer à n'importe quel instant. Je l'ai juste fixé, j'ai souri, et je lui ai dit :

- Tu vas te blesser avec cette arme.

Il ne sourit pas en retour, il attaqua. Je me suis décalée sur la gauche, tout en laissant la tête de ma hache dans la neige, là où elle se trouvait déjà un instant plus tôt. Remington manqua de trébucher sur l'obstacle et envoya la lame d'un coup sec dans ma direction. Si je n'avais pas bougé, elle se sera plantée droit dans mes tripes, mais j'ai tiré d'un coup sur la hache, la ramenant vers moi, et la tête en métal frappa le talon de Remington, qui grimaça en retenant un cri.

Il fallait que je réagisse vite avant qu'il n'attaque de nouveau. Son arme avait une courte portée, mais elle était rapide et mortelle. Trop. J'ai soulevé la hache, prête à l'abattre sur lui. L'impact au sol craqua la couche de glace qui recouvrait le sol, et le manqua d'un cheveux.

Il profita de la lenteur qu'il fallait pour soulever la hache pour tenter de me frapper à la gorge, mais je n'avais pas besoin de mon arme pour lui faire mal. J'ai lâcher le manche un instant, me baissant pour éviter l'attaque et je l'ai frappé aux côtes. Je manquais de force pour lui infliger de vrai dégâts, mais cela suffit à le faire se plier en deux, abandonnant sa prochaine agression.

J'en profitai pour reprendre le manche de mon arme, la retirer de la neige, et me remettre en position. Il renifla, peu impressionné, avant de me lancer :

- Tu m'as presque fait peur tout à l'heure, mais ton coup me rappelle que tu n'as vraiment pas la force de me battre, peu importe ta motivation.

Cette fois il attaque avec son pied, lança sa jambe sans blessure vers moi. J'ai tenté de sauter sur le côté pour ne pas être touchée mais ce fut peine perdue, son pied me heurta au niveau du l'articulation et ma jambe céda me laissant à genoux dans la neige. J'ai vu son geste de recul avant de me poignarder, mais juste avant qu'il ne puisse plonger l'arme vers moi, il se figea en poussant un cri de douleur.

J'ai baissé les yeux sur sa jambe blessée. Nyx s'y était accrochée et le mordait à pleine dent. Il balança sa jambe vers l'arrière, l'envoyant valser plus loin dans la neige. Sans pouvoir m'en empêcher j'ai crié :

- Nyx !

Remington me jeta un regard intriguée :

- Nyx ? C'est son petit surnom ? Je croyais que son vrai prénom était Heli ? C'est ce qui est sur son dossier en tout cas.

- Va te faire enculer.

- Je vois.

Il se pencha vers moi, posa le couteau contre ma poitrine.

- C'est fini Lyslas. Désolée.

J'ai jeté ma tête en avant, frappant son nez avec mon front. Il recula un peu, et j'ai roulé un peu vers l'arrière, me remettant à genoux aussi vite que possible.

- Quand est-ce que tu vas te taire !

- Tu n'as pas envie de que je me taise et que je mette fin à tout ça.

Il saignait abondamment du nez mais l'ignorait complètement. Son air calme et détaché, et sa tendance à vouloir absolument nous apaiser avant de nous tuer, comme s'il rechignait à véritablement en finir, sans jamais pour autant hésiter à frapper et blesser, me glaçait le sang, menaçant de me paralyser, mais nourrissait m rage en même temps.

J'y ai réfléchis. Il n'avait pas tort sur un point, je pouvais me jeter dans son combat avec toute la détermination du monde, j'étais blessée et mal en point, et lui beaucoup plus fort.

J'avais une idée mais il fallait que ça fonctionne, parce que je n'aurais pas le loisir de faire durer le combat avec cette tactique.

Il attaqua encore en premier. Cette fois, j'ai contracté mon corps, prête à accueillir la souffrance, et j'ai levé la hache au dessus de ma tête. Mais il comprit mes intentions et me laissa pas mettre mon plan en action. Il recula au dernier moment alors que j'abattis avec toute ma force mon arme de haut en bas, prête à me faire poignarder pour lui fendre le crâne. 

Il poussa un petit rire un peu tremblant :

- Tu n'en a vraiment plus rien à foutre hein ?

Je ne pris pas la peine de répondre, je frappai encore une fois, ce qui en soit était une réponse à sa question. Il recula avant que je le touche. Trop rapide, trop réactif. Il fallait que je trouve un moyen de le toucher.

Mais au lieu de se lancer dans une nouvelle attaque, il me fixa en silence, l'air de contempler une nouvelle option, puis se tourna soudain et je compris une seconde trop tard ce qu'il voulait faire. Il attrapa l'épaule de Nyx, et frappa de son couteau. Elle se tordit, tenta d'éviter le coup, mais elle ne parvint pas à se libérer de sa poigne. L'arme ne la toucha pas en plein ventre comme ce qu'il visait, mais seulement juste sous les côtes, à la droite de son ventre. J'ai vu le métal s'enfoncer comme au ralenti et j'ai cru ressentir sa douleur comme si c'était moi quand elle poussa un cri rauque de douleur, et il tira d'un coup sec pour retirer l'arme, près à recommencer, plus au centre, là où se trouve les organes vitaux.

J'ai paniqué. Je ne savais pas quoi faire, je n'avais pas le temps de les atteindre. Il était trop rapide et malgré toute mes envies de meurtre je n'arrivais pas à le toucher.

Alors j'ai jeté la hache de toutes mes forces. J'ai vu l'arme tournoyer un peu dans les airs, avant de le toucher au bras sans se planter dans sa chair, retombant au sol. Il lâcha son couteau en hurlant de douleur. Une nouvelle plaie à l'apparence irrégulière s'ouvrait dans son bras, son os probablement cassé donnant un angle étrange à son coude. Le bras avec lequel il tenait son couteau qu'il lâcha. Nyx ne lui laissa pas le temps de comprendre ce qui venait de se passer, elle le frappa à l'entre-jambe et il se replia un peu en expirant brutalement. Puis elle elle essaya de ramasser la hache pour le frapper, mais malgré sa douleur il l'en empêcha.

J'ai courus vers eux, prête à lui envoyer un coup de pied dans le ventre, le mettre au sol, le frapper jusqu'à ce qu'il ne reste de lui que de la bouillie sanglante, lui faire cracher ses dents-

Il arracha la hache des mains de Nyx, enroulant une main autour de son cou et la plaquant au sol en l'étranglant. D'un revers du bras il m'envoya un coup avec la hache. À cause de mon élan et de ma panique en voyant plus de sang couler des côtes de Nyx, je fus incapable d'esquiver. Le fer entra dans ma chair, brisa mes côtes et immédiatement j'ai senti la douleur terrible et une vague de faiblesse de traverser. J'ai tenté de l'ignorer et j'ai fait encore un pas en avant, rêvant de toucher quelque chose, n'importe quoi, de Remington, déchaîner toute la violence en moi sur lui.

Il projeta son poing dans mon visage, envoyant des étoiles dans mon champ de vision, me laissant le souffle court sous le choc. Un instant je fus incapable de différencier le haut du bas, la gauche de la droite, l'instant d'après j'avais mes mains enfoncées dans la neige, un filet gluant de sang me coulant dans les yeux et dans la bouche avant d'aller tacher le sol gelé quelques centimètres sous mon nez douloureux.

Je me suis relevé. Le combat n'était pas terminé, je devais encore absolument retourner les choses à mon avantage, un seul autre coup de hache pouvait faire toute la diffé...

Remington était déjà à la bordure de ce que le blizzard me laissait voir. Nyx visiblement à peine consciente, son visage ensanglanté, une main écarlate pressée contre sa blessure qui ne se tarissait pas, se faisait traîner au sol par Remington, qui avait enroulé ses doigts dans sa chevelure courte.

Je me suis redressé à genoux, prête à courir dans leur direction, mais le monde bascula encore et je suis retombée dans le visage pressé dans la neige, incapable de me remettre sur pied. J'ai crié aussi fort que possible pour couvrir le hurlement du vent.

- Remingtoooon !

Je ne sais pas s'il m'entendit. Il ne se retourna pas, ne réagit pas. J'ai crié entre mes dents si serrés que j'aurais pu les fendre, et j'ai tiré sur mon bras, rampant au sol pour les rejoindre, n'importe quoi pour l'empêcher de la tuer.

- REMINGTON !

Cette fois il me jeta un petit regard par dessus son épaule. Au comble du désespoir j'ai posé devant lui les restes pitoyables de ma dignité, j'ai supplié :

- Pitié, je ferais tout ce que tu veux

Il fallait juste que je gagne du temps. Je le tuerais mais pour l'instant n'importe quelle excuse pour le retenir un petit peu plus longtemps était bonne. Il me sourit encore une fois, l'air toujours aussi triste et pourtant détaché de tout à la fois :

- Oh Lyslas tu ne comprends toujours pas. Il n'y a rien à faire. Tu n'as rien à me donner.

Oui, le faire parler. Il semblait adorer ça alors qu'il me raconte encore comment rien ne compte à ses yeux.

- Il y a forcément quelque chose d'autre que tu veux !

Il me sourit encore une fois et se détourna. Puis il jeta Nyx vers l'avant et celle-ci disparut de mon champ de vision. La peur glaciale qui me saisit me fit complètement ignorer la douleur et mes blessures, je me suis redressée et trébuchant à tous les pas, tombant à genoux parfois, j'ai réussi à le rejoindre, cherchant Nyx des yeux. Où était-elle passée? Où était-elle ?

Soudain le col de mon sweatshirt m'étrangla alors que je tombais vers l'avant, et Remington qui m'avait rattrapé de justesse me poussa en arrière.

- Non, je veux en finir avec toi moi-même.

J'ai posé les yeux avec horreur avec le gouffre qui s'ouvrait devant moi. Une longue crevasse à parfaitement dissimulée dans la tempête de neige.

- Nyx ? Nyx !

Je me suis traînée à quatre pattes vers le gouffre, mais Remington me barra la route avec la hache qu'il m'avait volée un peu plus tôt. Ma respiration s'affola, mon esprit incapable d'accepter ce qu'il venait de se produire.

J'ai ignorée la hache et le fait qu'il lui aurait fallut de sa part un simple coup sur le dessus de mon crâne, ou une simple pression vers l'avant pour me faire tomber pour me tuer moi aussi.

Il soupira et me laissa m'avancer jusqu'au bord de la crevasse. J'ai laissé mon regard chercher frénétiquement la vision de Nyx. Une petite silhouette maculée de sang, presque vingt mètres plus bas, fixait le ciel, sans trouver mon regard.

- NYX !

Elle ne réagit pas, toujours immobile. J'ai faillis basculer en avant moi aussi, prête à la rejoindre, la sauver, je pouvais encore la sauver, mais Remington me tira en arrière encore une fois.

- Sa mort a probablement été douloureuse. Je ne veux pas t'infliger la même. Maintenant qu'il ne te reste rien à protéger, renonce, s'il te plait. Je veux que tu partes en paix.

Je n'arrivais pas à calmer ma respiration, des larmes brûlantes sur mes joues engourdies de froid commencèrent à couler. J'ai cherché autour de moi quelque chose pour me défendre. Il fallait que j'aille la chercher, je trouverais un moyen de descendre et de la faire remonter. Elle aurait trouver une solution pour moi, elle l'aurait fait pour moi. 

Debout, forme noire devant le chaos ambiant, la silhouette de Remington baissait ses yeux désaccordés sur moi avec pitié et douceur. Il soupira :

- C'est terminé Lyslas, tu n'as plus aucune raison de te battre. Laisse-moi faire maintenant. S'il te plait.

Je me suis levée à nouveau, tenant à peine sur mes jambes, le sang coulant abondement de ma plaie fraîchement ouverte sur mon torse, et celles à mes bras pulsant de douleur jusque dans mon crâne, et toutes les autres plus vieilles qui continuaient de me faire souffrir se joignant à la fête. 

Les larmes continuant de tomber en silence de mes yeux, inarrêtables, m'aveuglant encore plus, me suffoquant de sanglots. 

Je n'avais pas pu protéger Nyx non plus.

Je n'avais fait que lutter pour rien toute ma vie.

Il ne me restait plus rien.

- Vas-y. Tu peux me tuer.

J'ai relevé la tête pour croiser son regard adoucit par mes paroles :

- Je renonce.





Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top