Chapitre 7 (9)



J'ai sursauté, et Nyx s'est redressé d'un coup. Le cri repris, et ne parvenant pas à identifier exactement l'émotion qui l'animait, je me suis levée et j'ai agrippé la hache qui trainait dans un coin.

Nyx attrapa mon poignet :

- Attend, je vais voir ce qui se passe avant-

Je ne l'ai pas écouté. Une seule peur tournait dans mon crâne : qu'un nouveaux meurtre se produise. Avec le recul, c'était probablement orgueilleux de penser que si quelqu'un était en danger, ce serait mon nom qu'il crierait de la sorte. Mais je n'arrivais pas à réfléchir correctement, ce n'est pas ce que je faisais de mieux ces derniers temps. Et Nyx ne pu pas me retenir.

Je suis sortie du chalet en coup de vent. Cherchant autour de moi la source du cri. Quand je l'ai trouvé, assez vite, je me suis figée, une sensation de froid glaciale s'abattant sur moi.

Violaine était là, écumant de rage, et des larmes sur les joues. Dès qu'elle me vit elle se précipita sur moi. Elle m'agrippa au col, me soulevant presque de terre.

- Comment tu as pu ?!

- Quoi ?!

Elle me poussa violemment et je suis tombée au sol.

- Remington vous a vu, comment Royale et toi vous avez conspiré à propos du traître. Mais tu t'es bien gardé de me le dire hein ! Peut-être parce que ça t'arrange bien qu'on ne sache rien ! 

J'ai paniqué, je ne pouvais pas nier qu'il y avait un traître, mais ça n'était pas moi.

- Mais- on- on cherchait- c'était-

- Royale a trouvé qu'il y avait un traître et maintenant tu veux faire porter le chapeau à l'un d'entre nous ?! À moins que vous soyez toutes les deux des traîtresses !

- Mais pourquoi tu m'accuses ?! Ce n'est pas moi !

- Parce que tout fait sens putain !

J'ai cherché de l'aide autour de moi, plongée dans l'incompréhension. Nyx me rejoint enfin, faisant barrage entre Violaine et moi, et me soutenant. Violaine passa les mains dans ses cheveux d'un air désespéré :

- À chaque fois tu trouves le meurtrier on se sait pas comment ! Tu te caches sous ton air renfermé mais tu as l'air de toute savoir sur cette putain de station, de nous décrypter comme si de rien était, tu frôles le danger je ne sais pas combien de fois mais tu survies toujours, ta meilleure amie Royale manque de crever mais comme par hasard elle survie et ne fait même plus partie du jeu. Si ça se trouve Anoushka est encore en vie, le "corps" était à peine identifiable, elle a juste "disparu" pendant 2 putains de semaine, tu es la seule qu'on ait retrouvée à l'écart au début du jeu, et je pourrais continuer la liste !

Elle lâcha ses cheveux et se tourna vers moi d'un air mi-furieux mi-dévasté. Et cracha encore avec accusation :

- Tu n'as pas nié qu'il y avait un traître.

- Royale pense qu'il y en a un mais...

- Mais ce n'est pas toi ? Alors qui d'autre parmi nous ?

- Mais c'est ce qu'on cherche putain !!

- Et tout ne voulait pas nous en parler ?!

J'ai crié comme je pouvais, cherchant à me défendre et lui faire retrouver son calme :

- Parce que justement l'un d'entre vous nous ment !

Derrière Violaine j'ai vu arriver Nikolaï l'air inquiet. Quand il nous rejoint il essaya d'attraper Violaine, mais il glissa un peu sur une plaque de glace et elle l'esquiva, se reculant de quelque pas.

- Mais enfin vous deux, reprenez-nous, Lyslas est clairement la seule qui puisse être la traîtresse !

- Personne ne peut prouver la culpabilité de personne ici.

Violaine avait cité un bon paquet de raisons de se méfier de moi, c'était légitime de sa part, mais je me sentais irritée par chacun de ses mots. Au lieu de vouloir faire preuve compassion, de calme, de gérer la situation comme toutes les disputes jusqu'ici. J'en avais juste.... assez de ces conneries. Et puis ça ne faisait aucun putain de sens, Violaine me faisait aveuglément confiance il y a quelques heures. Je savais au fond de mes tripes qu'elle m'aurait suivie même si j'avais la tête tranchée de quelqu'un dans ma main pour peu que je lui assure que j'étais innocente.

- Mais qu'est-ce qui te prend Violaine bordel ?! Pourquoi tu m'accuses comme ça ?

Elle se passait rageusement une main sur le visage, et me rétorqua, avec la douleur de la trahison dans les yeux :

- Tu demanderas à Remington...

- Et où est Remington justement ? Celui que tu crois plus que moi visiblement ?!

- Je suis là.

Il s'approcha d'un air hésitant, fermé, et un colère sourde au fond des yeux. Il s'arrêta un peu derrière Violaine, les bras croisés.

- Et j'ai de très bonnes raisons de te croire coupable.

Nikolaï demanda d'un ton tendu et défensif :

- Tes hypothèses sans fondement ?

Il inspira profondément et répliqua :

- J'ai des preuves, melheureusement.

J'ai senti mon cœur s'affoler. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui ? Et comment pouvait-il avoir des preuves pour quelque chose de faux ? J'ai jeté un regard inquiet à Nyx, qui elle, toujours aussi calme que d'habitude, fixait les autres avec intensité, tous ses sens à l'affut. Je savais que son cerveaux bouillonnait pour déceler le menteur. Dans un coin de mon champ de Vision j'ai vu une nouvelle silhouette approcher : Monokuma était là. Comme un oiseau de malheur son sourire figer semblait m'annoncer les ennuis en approche.

Nikolaï finit par briser le silence d'un ton grave :

- Quelles preuves ?

Il déglutit, et commença :

- Royale n'est pas la seule a mener l'enquête. Je me suis posée des questions aussi. Et Monokuma a des dossiers sur chacun d'entre nous. Et ils sont libres d'accès, pour peu qu'on pense à lui demander. Tu confirmes Royale ?

J'ai vu ses mâchoires se contracter et elle finit par répondre :

- Oui...

- Et tu as du les consulter assez tôt, n'est-ce pas ?

Toute son attitude exsudait la méfiance, mais elle répondit :

- Dès la deuxième semaine après notre arrivée environ...

- Donc tu pourras me corriger si quelque chose dont je parle a été changé ?

Avec beaucoup de réticence, elle due admettre :

- Probablement...

Remington inspira encore profondément, avant d'expliquer :

- Royale. Est-ce que tu sais comment tu as survécu ?

Elle se tendit soudainement, et j'ai vu une fissure dans son masque, mais elle s'empressa de corriger ça avec un sourire vide de joie, presque effrayant, qui étira ses lèvres :

- Tu devrais le savoir non ?

J'ai froncé les sourcils sans comprendre ce qui se passait ou ce qu'elle racontait. Remington aussi visiblement sembla confus, alors elle continua pour éclairer ses propos :

- Ça me paraitrait crédible que ça soit toi le traître.

Ça n'était pas une question, tout le monde tourna son regard vers l'accusé et son regard se durcit alors qu'il termina son explication :

- N'essaies-pas de détourner les accusations. Royale tu as survécu avec un don du sang qui t'as été fait du traître.

- Comment est-ce que tu sais ça ?

J'ai demandé avec une agressivité qui me surpris moi-même. Un rictus amer déforma ses traits et il dit directement à Nyx :

- Depuis tout ce temps, et avec toutes les petites affaires tu as oublié de préciser à ton acolytes que Monokuma nous laissait l'accès aux caméras après chaque procès ?

Mon coeur s'accéléra et j'ai jeté un regard le profil de Nyx. Malgré les accusations et les regards, elle avait l'air parfaitement imperturbables. Même à mon regard décrypteur, plus rien ne passait au travers de son expression. Monokuma intervint, pour la première fois depuis le début de la scène, pour confirmer ses paroles :

- Techniquement, je les aies rendu accessibles seulement après le 4ème meurtre, même si je n'ai pas fait d'annonce officielle.

Nyx ignora sa petite explication et demanda à Remington.

- Pourquoi ne pas directement m'accuser moi si tu sembles convaincue que mes agissements sont suspects ?

- Parce que Monokuma te croit morte, le jeu se finis avec la mort du traite non ? N'est-ce pas ce que tu as découvert ? Et parce qu'un joueur normal n'aurait pas pu avoir accès à ton corps pour te sauver, donc peut-être es-tu une alliée mais pas le coupable qu'on recherche directement. Vos types sanguins, la seule preuve tangible que nous avons, exclue Nikolaï et moi, et je ne vois pas pourquoi ni comment Violaine, saoule la moitié du temps et qui n'en a rien à faire de Royale t'aurait sauvé.

J'aurais probablement mieux fait de fermer ma bouche mais une colère fébrile montait doucement en moi :

- Tu en sais beaucoup pour un innocent Remington.

Il se tourna soudain vers moi, et les dents serrés, il siffla :

- Tous les gens autour de toi meurent les uns après les autres. Anjali et Min-ho avec qui tu passes la première soirée ? Morts, puis Axel et Mélanie deviennent tes amis et couic, Aimana et Mike s'en prennent un peu à toi et hop c'est leur tour, puis vient ta chère Anoushka que tu abandonnes et Mizuki que tu « sauves » spectaculairement, et un meurtre sort de nul part. Et quand tous ceux là sont partis, c'est au tour de Cassiopée ta petite amoureuse et de Léo ton ami qui te défend même contre moi. À chaque. Putain. De fois. Dès qu'il se passe quelque chose avec toi les concernés y passent peu de temps après. Et maintenant on apprend l'existence d'un traître dont vous ne nous parlez pas, et ce quelqu'un a visiblement sauvé Royale d'une mort quasi certaine puis lui donne une pour ainsi dire totale invulnérabilité. Et je suis censée te croire quand tu me dis que ce n'est pas toi, ni Royale, et que c'est donc moi ou Nikolaï ou Violaine ? Pardonne-moi d'être un peu amer ma chère, mais je pense que tu nous as assez menti comme ça pour que j'arrête de gober ces histoires de pauvre Lyslas qui n'aime pas l'attention mais qui pour une raison mystérieuse continue encore et encore d'attirer les regards et la sympathie de tout le monde, de sauver la situation, et de survivre par magie.

Je me recroquevillais au fur et à mesure de ses mots. Chacun me poignardait droit au cœur. Je n'avais rien à répondre. Je ne savais pas comment me défendre. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire. Je paniquais et en même temps un sentiment d'injustice étouffant montait en moi. J'en avais marre d'avoir à me défendre. Oh comme le vrai traître devait jubiler.

Violaine ne me regarde plus mais je savais dans la courbure de ses épaules qu'elle était vaincue et convaincue. Royale étendit légèrement son bras vers moi dans une esquisse protectrice, elle tenta de trouver de quoi remettre en cause la situation mais je sentais qu'elle peinait à donner des arguments de poids :

- Tu penses qu'un traître aurait juste disséminé des indices de sa culpabilité comme ça ? Quelqu'un qui aurait organisé quelque chose de cette envergure se mettrait probablement en retrait, pas sur le devant des enquêtes, quel intérêt de-

Violaine craqua, s'exclamant avec rage :

- Mais enfin Royale tu crois que c'est quoi le but de ce jeu ? De mourir avec nous au bout d'une semaine et un meurtre ?! Évidement que le taré qui a planifié tout ça ne veut pas que ça se termine, un narcissique psychopathe qui créer un jeu de ce genre veut jouer, il veut qu'on souffre que ça dure, il veut la tension à chaque procès que ça soit divertissant, il prend le risque de se faire assassiner comme n'importe lequel d'entre nous, il est prêt à crever s'il faut, il s'en branle de faire des trucs « suspects » ce n'est pas un être rationnel et logique qui chercher à sortir d'ici comme nous, il est là pour y passer et emporter le plus de gens avec !

Ses yeux sont brillants, je ne sais pas si c'est la fièvre de la folie ou des larmes, elle se rapproche en crachant son discours, jusqu'à poser son doigt sur le torse de Royale, accusatrice et dévastée.

Moi je suis figée, j'en ai assez, assez, assez, assez, de tout ça, qui ment, qui a fait ça, qui s'amuse à nous regarder nous entre-déchirer, QUI ? Et qu'elle se taise, qu'elle arrête de tout gâcher, qu'on puisse parler bordel au lieu de crier crier crier et pourquoi est-ce que c'est moi qui prend ? Je n'ai pas demandé à ce qu'on vienne me parler, je n'ai pas demander à qu'on se repose sur moi, je n'ai même pas fait exprès d'avoir les solutions, je n'ai pas demandé à ce qu'on m'accuser ou qu'on m'idéalise, je ne veux pas être ici, je ne veux pas me battre, je ne veux pas être forte, je ne veux pas tout ça, pourquoi, pourquoi c'est encore moi ?!

Nikolaï se rapproche et pose sa main sur l'épaule de Violaine, comme en signe d'avertissement. Pas de violence, son visage sérieux semble dire. Mais Violaine ne semble pas s'en soucier. Pire, le geste de Nikolaï augmente sa colère d'un cran.

- Quoi ?! Vous allez tous continuer à la défendre ? Encore un peu plus, jusqu'à ce qu'elle vous entraine dans la tombe ? J'ai essayé de prendre mon temps, me poser, réfléchir, ne pas sauter sur les conclusions, mais plus on attend plus les gens meurent, plus nos chances se réduisent, plus les innocents souffrent. Vous croyez que Cassiopée est la seule à avoir des gens qui l'attendent dehors, des gens à aider des gens qui me crois morte ? On ne peut plus attendre sans rien faire et essayant d'oublier qu'on va tous crever ici ! Quand plus personne d'entre nous sera là tout ce qui s'est passé ici disparaitra, et c'est comme si toute notre douleur n'avait jamais existé, on leur doit de se battre un peu plus !

Elle se tourna vers moi, éclata d'un rire fou et ajouta avec dégout :

- Est-ce que je dois vraiment vous rappeler son petit « numéro » diablement convainquant de tout à l'heure ?

Nikolaï essaya de la calmer d'un ton autoritaire :

- Violaine calme-toi tu n'apportes rien de bon.

- Oh mais ferme ta gueule toi, tu ne fais jamais rien, tu ne dis jamais rien, ce n'est jamais de ta faute ! Si tu tiens tant que ça à Lyslas pourquoi tu ne t'aies pas sacrifié à la place de Léo pour la sortir des flammes où elle aurait dû brûler pour ce qu'elle a fait ?!

Ce fut l'élément déclencheur dans mon cerveaux, un claquement qui répandit un poison vicieux dans mes veines. J'ai sauté en avant et je l'ai poussé, et j'ai agrippé des deux mains son tee-shirt en lui sifflant :

- Et si tu la fermais ? Et si tu essayais d'arrêter de foutre la merde ? À quoi tu as servies toi hein ? Depuis le début qu'est-ce que tu as fait à part gâcher de l'air et des ressources ? C'est moi la méchante ? Parce que je vous ai sauvé la peau du cul à chacun de ces putains de procès peu importe qu'on m'accuse ou que je m'en prenne dans la gueule, je boiterais toute ma vie, j'ai perdu tout ceux qui comptaient pour moi ici les uns après les autres, j'ai souffert le putain de martyre, j'ai eu envie de crever mille fois, et vous utilisez ça comme excuse pour m'accuser d'y prendre plaisir ? Et si tu prenais ton opinion de merde et tu te la foutais dans le cul Violaine ?

Elle réagis au quart de tour, et me repoussa de tout son poids bien plus important que le mien. Le rationnement de nourriture n'avait pas fait fondre tous ses muscles, alors que ma fièvre et mon alitement m'avait retiré mon peu de force restante. Elle me renversa au sol sans le moindre effort et cria en retour :

- Menteuse, manipulatrice, il n'y des preuves que contre toi !

J'ai balancé mes jambes pour me libérer de son poids, mais Nikolaï avait réagit assez vite, il souleva Violaine du sol et j'ai rampé un peu en arrière pour me mettre hors de portée. Tout mon corps tremblait de rage et d'adrénaline.

Violaine balança sa jambe vers l'arrière et frappa Nikolaï à l'entre-jambe. Il l'a lâcha en soufflant de douleur et elle se redressa. Comme elle craignait qu'on la retienne encore, elle attrapa par réflexe la hache que j'avais laissé tomber. Un éclair de panique brilla dans les yeux de Nyx, et sans réfléchir, Nyx attrapa à pleine main le bras de Violaine pour le tordre et lui faire lâcher. Mais Violaine balança son coude vers l'arrière, la frappa dans la bouche et la faisant tomber au sol en crachant du sang et une dent.

Je venais à peine de me remettre debout, mais elle me faucha à ma mauvaise jambe me faisant tomber au sol à nouveau, avant de me demander d'un ton complètement désespéré :

- Ils seraient prêt à me tuer pour toi, tu aimes ça pousser les gens qui t'aimes au meurtre pour toi ?

Le poison qui m'avait envahit répondit avant même que la partie moi qui voulait que la violence cesse puisse m'en empêcher :

- Demande à ton frère.

J'ai vu un éclair meurtrier dans ses yeux, elle recula ses bras, toujours armé de la hache. Elle était perdue, irrémédiablement, et j'ai su à ce moment qu'elle avait raison : nous allions tous mourir ici. Parce que personne ne pouvait y échapper, au poison qui commençait déjà à prendre le contrôle de mon corps et bientôt de mon esprit : un cocktail de haine et de résignation.

J'ai fermé les yeux, j'ai repensé à mon enfance, quand tout allait encore bien. J'ai essayé de revoir ces moments dont Nyx me parlait, j'imaginais des souvenirs de nous au parc de jeu, mon père à moitié endormi sur son journal et nous surveillant à peine, nos pieds plein de poussières, le soleil d'été qui rendait les toboggans brûlant, des tulipes pleines d'abeilles et papillons dans les parterres, et des balançoires en plastique jaune poussin, mais rien ne me venait. Des vagues sensations, des tâches de couleur floues, immédiatement englouties par l'odeur âcre de l'humus et l'acidité de la peur, le frottement du sac en jute, les mains violents des inconnus, le bruit de l'autoroute, le sanglot des autres enfants, le sparadrap sur ma bouche et autour de mes poignets, et la lumière des lampes de torche filtrant à travers le sac. J'ai rouvert les yeux incapables de trouver la paix dans mes derniers instants, préférant encore voir la mort arriver, mais le moment ne vint pas, car une forme percuta Violaine de toute ses forces, glissant avec elle au sol.

Nikolaï s'est jeté sur elle pour l'empêcher de me porter un coup fatal. Tout deux avait brutalement chuté au sol, sur le verglas. Moins d'une seconde plus tard Nikolaï se redressa, mais Violaine ne bougea pas.

Tout se passa en une l'espace d'une ou deux respirations. J'ai vu le regard paniqué et horrifié de Nikolaï, la tâche presque noir qui pointait le bout de son nez de sous Violaine immobile. Le regard vide de Monokuma sur la scène.  

La hache était juste là.

Je l'ai prise et j'ai frappé.

Sans l'ombre d'une hésitation et sans aucune retenue, j'ai frappé sa tête couchée dans la neige. Le sang gicla, le craquement résonna dans l'air sans un cri, sans un mot. Et le silence s'installa. Mais dans ma tête une seule phrase tournait en boucle : faites que je l'ai tué, faites que je l'ai tué, faites que je l'ai tué.

Car si elle était déjà morte avant mon coup de hache, Nikolaï devrait mourir.

Et je préférais mille fois être coupé en petits morceaux, pulvérisée sur le sol, congelé nue devant une foule, rongée par l'acide, poignardée en plein cœur, plutôt que de devoir le perdre lui aussi, la dernière personne qui me faisait sentir à ma place, et par ma faute.

Je n'ai pas songé un instant que peut-être elle aurait pu survivre, que peut-être si je n'avais rien fait, elle aurait finis par se redresser et tout serait rentré dans l'ordre. Le simple risque qu'elle ne se relève jamais et que Nikolaï paient pour moi suffisait pour que j'exécute quelqu'un peut-être qui n'avait pas à mourir. J'avais fait mon choix. Une sélection de vie qui en valait plus que d'autres. Toute la noblesse d'âme, les belles valeurs, la justesse à laquelle je pouvais prétendre avait rendu l'âme à cet instant. Le poison continuait sa progression et une voix au fond de mon crâne me soufflait : à quoi ça sert de toute façon ?

Je me suis jetée sur Monokuma avec supplication, sans la moindre dignité et complètement indifférente à ce fait, et j'ai demandé :

- Qui l'a tué ? Qui l'a tué ?

Il me fixa avec ses yeux mécaniques qui pourtant me paraissait triste, et plus humain que les miens à cet instant, et sa voix grésillante finit par me répondre avec un retard lourde de sens, et de non-dit qu'il ne pourrait jamais formuler :

- Il va falloir un procès pour répondre à cette question. 

- Maintenant.

Il pencha légèrement la tête, signe de surprise je suppose, puis redressa un peu la tête et demanda aux autres :

- Souhaitez-vous avancer le procès à maintenant ?

Nyx dans mon dos m'intima avec une voix nouée :

- Lyslas tu n'es pas en état, tu as besoin qu'on en parle, s'il te plait, dis non.

Nikolaï d'un ton si doux qu'il me déchira le cœur :

- Il ne vaut mieux pas...

Mais je les aient ignoré, je me suis pas retourné vers eux. Si je devais affronter leur regard, leurs questions, leur silence ou leurs mots, si je devais faire des adieux, je finirais de m'effondrer complètement, pour peu qu'il y ait encore quelque chose en moi à détruire. Toujours à genoux devant Monokuma j'ai demandé avec la ferveur d'une prière :

- Maintenant, maintenant.

- Non je refuse.

déclara Nikolaï

- Plus tard Lyslas.

Demanda Nyx.

Bien sûr son avis passa inaperçu.

- 1 voix pour, 1 voix contre. Il reste un vote.

Monokuma tourna légèrement la tête, je le devinais dans la direction de Remington qui était resté silencieux depuis mon meurtre. Mais quand il répondit, il n'y avait aucune fébrilité, aucune horreur, aucune douleur dans sa voix :

- Maintenant.

Presque de la joie.

J'ai tourné la tête vers lui.

Le traître ne se cachait plus.


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