Chapitre 7 (6)
Je sais que j'ai fini le dernier chapitre de façon un peu vague et alarmiste (à raison), mais laissez-moi reprendre plus doucement pour vous donner le contexte.
Encore 1 ou 2 semaines s'écoulèrent encore, et nous étions toujours encrassés dans notre quotidien, bien confortablement installé dans notre déni quotidien, seule chose qui nous faisait encore tenir bon.
Durant ce temps-là, Royale et moi firent un certains nombres de petites réunions secrètes avec moi pour faire le point sur nos potentielles pistes et indices sur qui pourrait bien être le traître (malheureusement sans aucune avancée majeure). Les autres avaient peut-être remarqué nos petites escapades, mais le mettait probablement sur le compte d'un besoin de réconfort, ou d'intimité étant donné que nous vivions tous entassés les uns sur les autres désormais.
Toujours est-il qu'on ne nous posa aucune question, et que moi en revanche, j'en posais pour trouver des réponses.
Je pense aussi qu'ils étaient trop contents de me voir interagir avec eux au lieu de me laisser tomber dans la léthargie comme avant. J'avais d'ailleurs plutôt bien récupéré désormais, pouvant commencer à enlever certains bandages, pour laisser parfois une peau à peu près lisses, parfois une peau boursouflée, irisée et tirée, à peine cicatrisée.
C'est dans ce contexte qu'une après-midi Royale m'invita à la rejoindre pour parler d'une de ses nouvelles idées.
J'étais comme d'habitude sur le canapé, seule endroit un peu dégagé, et elle tournait autour dans la pièce, ne tenant pas en place
- Elle s'exclama
- Je me disais... je n'y crois qu'à moitié, mais si le menteur était déjà mort ?
- Le jeu ne serait pas arrêté dans ce cas ?
- Par mort, je veux dire aussi mort que moi.
Je me suis tut pour réfléchir à cette possibilité.
- Tu veux dire que le traître aurait prévu sa propre mort pour disparaitre du jeu ? Mais pourquoi, je croyais que l'explication de sa présence parmi nous était de pouvoir observer le jeu de plus près...
Royale me tourna le dos :
- Peut-être que le traître s'est lassé, ou qu'il s'est senti en danger...
J'ai pris un moment pour passer toutes les possibilités en revue. Qui aurait pu facilement nous mettre un faux corps ?
- Les exécutions, impossible, on les a eu sous nos yeux...
- Et parmi les victimes ?
- Anjali, impossible, Aimana non plus, j'ai vu les corps de près....
J'ai marqué un temps de pause :
- Mélanie est morte de froid... et on a seulement trouvé un cadavre grivré le lendemain, ça aurait pu être un faux ?
- Elle se serait éjectée de la partie un peu vite...ça me parait... étrange.
- Ensuite on a toi, et puis Anoushka..... Anoushka.... Je n'ai même pas regardé son corps alors... je ne sais pas...
- ... C'était plutôt convaincant, mais vu l'état dans lequel il était...
Je n'ai pas osé lui répondre, sentant un mélange confus de douleur, de colère, et de trahison me traverser, mais elle ajouta :
- Mais elle n'aurait pas eu besoin de faire un faux corps, elle avait disparut de toute façon.
- On a jamais vu le corps de Mizuki techniquement...
- Non, personne n'a regardé dans le sac et Monokuma s'est directement occupé du reste.
Après il ne restait que Léo, impossible que ça soit lui, tout le monde avait été témoin du toit en flamme s'effondrant sur lui.
- Alors... On soupçonne aussi Mélanie et Anoushka ? Même si elles... ne sont plus là ?
Royale haussa les épaules, avant conclure :
- Il ne faut pas exclure la possibilité
J'ai soupiré profondément.
- Plus de suspect et pas beaucoup de pistes. ça ne peut plus durer, si aucune situation ne se créer, on doit créer la situation. Il faut trouver une façon de le faire se dénoncer.
- Comment tu veux faire ça ?
- Absolument aucune idée.
J'ai serré les mâchoires. À vue de nez, il nous restait à peine 2 mois de provisions, et toujours pas de chauffage. J'avais envie de me laisser aller dans ce canapé et jeter l'éponge. Quelle importance au fond ? Un bruit sec me tira de mes pensées moroses.
Royale venait de tirer violemment sur l'un des couteau planté dans son plancher.
- J'ai une idée mais tu risques de ne pas aimer.
J'ai senti mon cœur s'accélérer en la voyant son sourire carnassier au visage, les paupières mi-closes faisant ressortir ses iris rose artificiel, un long couteau à la main. J'ai essayé de rire un peu, mais le bruit qui sorti de ma gorge ressemblait plus à un sanglot.
- Tu te prends pour Anoushka ?
Royale se départit immédiatement de son masque pour retrouver un visage plus sincère :
- Ah ! Non, pardon, je ne voulais pas te faire peur
....
- C'est rien.
....
- C'est quoi ton idée ?
Royale posa le couteau au sol et appuya ses doigts de chaque mains contre ceux de la main jumelle.
- Et si tu me tuais ?
J'ai cligné des yeux
- Pour de faux, je veux dire, au cas où tu aurais eu un doute.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi ? En quoi ça nous aiderait à trouver le menteur ?
Elle reprit délicatement le couteau à terre et le glissa sous l'aisselle en mimant le fait de mourir en tirant la langue, le tout en expliquant d'une voix ridicule sa langue à l'air libre :
- éh hin hu hourrait haire ouar euh hu he ha henteush eh oferhé hé héafhions hé hore-
- j'ai rien compris.
Elle ferma la bouche, un sourire sincèrement amusé aux lèvres :
- Je disais que fausse ou pas ma mort n'influence rien, donc personne ne se douterait s'il n'y a pas de procès et Monokuma ne risque pas de vendre la mèche. Et puis à côté de ça, ça serait plus facile de leur foutre la frousse, se faire passer pour la menteuse. En plus...
En plus quoi ? Comme si elle avait entendu ma question mentale, elle reprit sans que j'ai à la formuler :
- Monokuma a parfois poussé les gens au meurtre, avec les vidéos par exemple, en révelant à la bonne personne m'a vrai identité ou en promettant des choses, mais je soupçonne que ces interventions soit à la demande du traître. Alors si tu prétends que Monokum t'as poussé à me tuer ou quelque chose du genre, peut-être "pour se débarasser de l'intrue qui aurait déjà du être morte", il te libérait ou nous donnerait plein de ressources, ou autre.
- Ils n'y croiront jamais.
- Pourquoi pas après tout, tu ne serais pas la première à péter un plomb brutalement sans raison apparente, veux-tu que je te rafraichisse la mémoire sur Mike par exemple ?
J'ai balayé le problème de la main pour revenir sur le premier soucis :
- Et en quoi dire ça me permettrait de trouver le traître ?
- Et bien le traître ne comprendrait pas. Il enquêterait. Il chercherait à voir si je suis vraiment morte, et si Monokuma a pris une initiative. Je le suiverais en cachette, ou toi tu pourrais aussi le suivre si tu veux, et on pourrait le dénicher en observant assez attentivement.
J'ai pris un moment pour considérer l'option. Ça faisait sens, et c'était peut-être l'une des seule solution.
- Mais pourquoi Monokuma ne t'aurait pas directement éliminé s'il s'était de nouveau mis à te voir.
- Je ne sais pas, tu peux aussi prétendre que Monokuma t'as révélé l'existence du traître et que tu pensais que c'était moi, oui c'est probablement mieux même. Dans tous les cas, il suffit de faire croire au vrai traître que tu m'as tué et que Monokuma a fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû, il cherchera forcément à comprendre ce qui se passe.
J'ai déglutit.
- Et... Comment on fait croire que je t'ai tué ?
Elle me fit un grand sourire, à la fois charmeur et terrifiant.
- Eh bien par exemple...
Elle se releva d'un coup sur ses jambes, comme si elle était sur ressort, eu l'air d'y songer quelques secondes et me mima la scène en expliquant.
- Pour être plus crédible il faut que les autres pensent tout voir. Mais ils peuvent pas bien voir. Donc on attendra un jour où il fait moche, et qu'il neige. On laissera des traces de sang et de lutte dans ce chalet, puis on fera assez de bruit pour attirer leur attention. Avec de la distance et le manque de visibilité, ils ne verront pas très bien quand tu feras mine de me frapper. Je ferais mine d'être gravement blessée mais de continuer à courir. Comme ça je m'éloignerais assez loin, j'entrerais dans le chalet le plus proche et je m'enfermerais dans la salle de bain. Toi tu feras mine de vouloir me poursuivre pour finir le travail, mais ils t'arrêteront. On fera en sorte d'avoir bien tout tâcher de sang, toi, moi, l'arme, et la neige. Et hop. Le reste ne sera que jeu d'acteur.
J'ai laissé le plan s'ancrer dans ma tête. ça tenait la route.
- Mais où est-ce que tu veux trouver du sang ?
- J'irais chasser quelque chose, personne ne s'étonnerait de mon absence, et si je reviens bredouille on décongelera les steak périmés qu'il reste au fond du frigo pour les saigner.
J'étais mi-admirative, mi-horrifiée.
- C'est... Ce-Ce serait une solution.
Elle me sourit de plus belle.
- J'espère que ça le sera, j'ai une réputation à garder !
- Et si ça ne donne rien ? Si personne ne réagit de façon suspicieuse ?
Elle haussa une épaule, et attrapa distraitement une feuille qui trainait là :
- Et bien on revient à notre autre théorie : le traître n'est peut-être plus parmi nous. Dans tous les cas, je pense que ça vaut le coup. J'admet n'avoir aucune autre idée pour nous tirer de cette stagnation. Si on le tente pas.... et bien, on est au point mort.
Je me suis passée une main lasse sur le visage.
- Merci Royale. C'est un plan de taré mais... c'est un plan.
Elle sourit et osa timidement s'approcher de moi. Elle plongea son regard dans le mien et m'assura avec toute la conviction qu'un seul être pouvait contenir :
- Je te l'ai dit non ? La mort elle-même ne m'arrêtera tant que je ne serais pas sûre que tu as enfin la vie que tu mérites.
J'ai détourné les yeux, incapable de soutenir tout ça. Un sentiment de gratitude et de honte me traversa. Qu'est-ce que je mérite au juste ? J'avais beau savoir que Royale voulait par la dire des choses comme le bonheur et la sécurité, mais si je me fiais à mes propres sentiments, Royale pouvait bien tout arrêter maintenant : je ne méritais pas plus que cet endroit.
En revanche, elle, méritait que je n'abandonne pas. Que je fasse l'effort de rendre les siens utiles.
J'ai poussé très loin cette idée et je me suis reconcentrée sur le plan :
Elle me fixait toujours, alors je lui rendis un sourire. Étrangement j'ai envie de tenter ce plan. Me faire passer pour une meurtrière de sang froid et me couvrir de sang ne me faisait pas du tout envie, mais l'idée d'enfin avoir une esquisse de solution pour libérer tout le monde m'insufflait un... une sorte d'espoir ?
- Bon.
Je me suis levée du canapé.
- Plus qu'à mettre ça en pratique.
Royale se leva à son tour et m'ouvrit le chemin vers la porte tout en s'enthousiasmant :
- J'ai hâte de mourir une seconde fois pour revenir à la vie, j'adore les arrivées grandioses !
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