Chapitre 6 (6)
Il resta devant la porte, sans me regarder, laissant le battant en bois se refermer derrière lui. Je voyais d'ici qu'il se retenait. De quoi ? Crier, me sauter à la gorge ? Probablement. Au moins.
J'ai hésité avant de l'appeler timidement :
- Remington...
- Tais-toi.
Je n'ai rien rétorqué. Il prit encore presque une minute entière à respirer en silence, à rester calme. Puis il tourna la tête vers moi, sans pour autant me regarder dans les yeux, et lâcha sèchement :
- Pose tes questions. Dépêche-toi.
J'ai dégluti, la gorge soudain sèche. S'il criait je n'étais pas sûre de garder la face. Je n'avais jamais bien gérer les engueulades. Il ne fallait pas que j'oublie le plan, et que je fasse mine correctement. J'ai commencé comme diversion :
- Peux-tu me donner ta version des faits ?
- Ma version c'est qu'une petite idiote est allée chercher Léo en pleine nuit pour lui demander de sauver sa copine insomniaque shooté aux somnifères et qu'il est mort pour sauver sa peau d'incapable.
Il prit une inspiration brutale en fermant les yeux, à la fin de sa phrase pour se retenir d'en dire plus. Je n'ai pas osé ajouter quoi que ce soit, et de toute façon il compléta lui-même.
- Mais c'était sa décision. Pas la tienne. Pardonne-moi d'être... agressif.
- ...Pardonne-moi. De l'avoir laissé mourir. De l'avoir laissé dans le chalet.
- Non, non, c'est la faute de l'incendiaire. Je suis injuste avec toi, c'est juste que...
Sa phrase mourut sur ses lèvres alors que sa gorge se serrait de larmes, trop, au point qu'il ne puisse pas finir. Il renifla discrètement pour me cacher les pleurs, mais ses yeux étaient trop brillants.
- Je suis arrivée avant qu'il n'entre. J'aurais dû y aller aussi. Il m'avait fait promettre de ne pas entrer dans le feu tant qu'il n'était pas sorti. Il ne voulait pas que je prenne le risque. Je n'aurais pas dû... rester là devant le chalet, à ne rien faire du tout.
Alors il s'en voulait à lui aussi. Autant que moi, sinon plus. J'ai demandé doucement :
- Tu peux m'aider à trouver le coupable ?
Il hocha de la tête. Il était l'heure de poser la question.
- Jusqu'ici tout le monde a vu les bidons d'essence utilisé pour le meurtre. Est-ce que c'était aussi ton cas ?
Il tourna la tête et me regarda, l'air déstabilisé soudainement.
- L'essence ? Oui mais... je ne pensais pas qu'autant de gens les auraient vu, je veux dire, je n'étais même pas sûre que... enfin c'est étrange. Tout le monde tu dis ? Personne n'a rien dit ?
J'ai senti mon sang dans mes veines. il fallait que je continue le mensonge de façon crédible pour en savoir plus.
- Pourquoi est-ce que toi tu n'as rien dit ?
Il fronça les sourcils, l'air confus :
- P-parce qu'ils étaient inaccessibles de toute manière, et-et je croyais que c'était pour le chauffage ou quelque chose comme ça, enfin je vous en aurais parlé au prochain diner mais il était déjà 22 heures, et ils n'étaient pas là avant le dîner, sinon je les aurais vu avant et je vous en aurait parlé, mais là tout le monde était déjà retourné chez soit...
Je n'ai pas su quoi répondre sur le coup, était-il innocent et avait-il juste vraiment vu les bidons, où était-il le coupable ? Son air perturbé ne ressemblait pas à celui de quelqu'un qui mentait pour rejoindre l'histoire des autres. Il m'épargna le fait de trouver une réponse.
- Mais si tout le monde les avait vu, c'est étrange que personne n'ait rien dit...Ou au moins fait une remarque...
- Comment savais-tu que c'était bien de l'essence ? Nikolaï m'a dit qu'il n'avait même pas compris ce que c'était, comme tu l'as dit ils étaient inaccessibles de toute manière, impossible d'en vérifier le contenu.
Remington cligna des yeux, l'air de chercher une explication, complètement perdu par mon récit :
- Je n'ai pas vu les bidons, mais la caisse dans laquelle ils étaient, il y avait écrit "essence" dessus, difficile de faire plus claire, et elle était fermée avec un cadenas à chiffre, si ça avait été une clef j'aurais pu faire quelque chose, mais là le nombre de possibilités rend la tâche beaucoup plus compliqué, possible mais vraiment compliqué...
J'ai quitté mon rôle, le cœur battant, trop obnubilée par ces nouvelles informations.
- Où était la caisse ?
- Q-quoi, mais je croyais que tout le monde l'avait...
Il comprit soudain et j'ai vu l'indignation se répandre sur ses traits.
- Tu mens ! Tu n'en sais rien ! Tu penses que je l'ai tué ? Tu me soupçonnes d'avoir fait ça, au point de me tester ?
Une pointe d'embarras me pinça le cœur, mais le visage des précédents meurtriers me revint. Les gens mentent, certains mentent très bien. Et ses mots d'un instant auparavant m'avaient atteint plus que je n'aurais voulu l'admettre. Un pincement de colère me traversa, pas même tant pour moi, mais pour le manque de respect qu'il avait montré à Cassiopée. J'ai gardé un air indifférent avant de répondre d'un ton neutre et détaché.
- La cible n'était pas Léo. Tu aurais pu vouloir me tuer, et Cassiopée avec.
Je me suis penché un peu en avant avant de finir :
- Comme ce serait rageant de voir son copain mourir en sauvant sa victime, pas vrai ?
Il serra les poings, une nouvelle rage dans les yeux.
- Je n'ai PAS tué Léo. Je n'ai PAS mis le feu à ton chalet.
Il se leva d'un coup.
- Je n'aurais certainement pas eu besoin de 5 bidons d'essence pour me débarrasser de toi.
La violence de ses propos me choqua, mais avant que je, ou que lui, ne puisse ajouter quoi que ce soit, des excuses ou plus de haine. La porte s'ouvrit d'un coup, pour montrer le visage blême de Violaine. Remington en profita pour sortir en coup de vent, bousculant Violaine au passage.
Cette dernière s'approcha de moi, l'air inquiet, et me demanda :
- Ça va ? Il ne t'as pas blessé ? J'ai interrompu quelque chose ? Désolée de débarquer comme ça...
- Que se passe-t-il ?
Elle déglutit.
- Monokuma est arrivé, il a dit que le procès aurait lieu dans 6 heures. Désormais les procès se feront 12 heures après la découverte de corps au lieu de 24h...
Mais je sentais que ça n'était pas tout. J'invitai Violaine à continuer. Sa voix était un peu tremblante quand elle m'expliqua.
- Monokuma a dit que si le procès durait plus de 30 minutes, le chauffage de toute la station serait coupé.
J'ai senti mon pouls s'accélérer. Sans chauffage, nous mourrions tous de froid. C'était une façon de nous presser, et prendre des décisions hâtives sous le coup du stress. Visiblement, Monokuma voulait passer à la vitesse supérieure...
J'ai jeté un coup d'œil derrière l'épaule de Violaine, où Nikolaï nous regardait avec inquiétude. Je lui ai fait un sourire, et j'ai demandé :
- Tant qu'on y est... est-ce que je pourrais te poser encore une question Violaine ?
- Bien sûr. Tout ce que tu veux.
Nikolaï referma la porte, nous laissant seules. Le plan tombait un peu à l'eau avec les révélations de Remington - d'autres personnes que le meurtrier auraient pu voir les caisses - mais j'ai demandé en but en blanc.
- Les autres m'ont rapporté avoir vu des bidons d'essence. Tu es bien sûre que tu ne les as pas vu avant ? Même dans une boite, ou un autre contenant ?
Elle resta sans voix un moment, et j'ai vu une lueur anxieuse dans ses iris. Elle parut hésiter dans sa réponse une seconde et conclut :
- N-non... J'aurais dû ? Est-ce que ça me rend suspecte ?
Je me suis détendue et j'ai secoué la tête de gauche à droite pour la rassurer.
- Non, je voulais simplement plus d'informations sur l'essence.
- Je ne les ai vu que vides. Je te le promets.
- Laisse-tomber, je m'en occupe, okay ?
Elle sourit et me dit en riant un peu d'un ton embarrassé, probablement pour alléger l'humeur :
- J'espère que tu vas vite trouver le coupable, s'il y a plus chauffage comment je vais aller au SPA moi ahah...
J'ai sourit faiblement :
- Et moi donc...
On s'est sourit une dernière fois avant qu'elle ne quitte la pièce d'un air un peu embarrassé. Malgré les blagues et les légèretés, les suspicions persistaient, pour ainsi dire tout le monde. Plus que quelques heures avant le procès, et un temps limité, donc pas le loisir de s'y pointer sans preuves et d'improviser là-bas aussi longtemps que nécessaire.
J'ai poussé ma couverture et je me suis assis sur le bord du lit. Chaque geste était une torture. Ma peau entière refusait les mouvements de ma chaire comme si elle voulait s'en séparer. Peut-être étais-ce le cas par endroit.
Ma cheville avait été libérée de son attelle improvisée, et je pouvais la voir pour la première fois depuis qu'elle m'avait été infligée, soit largement assez longtemps pour qu'elle guérisse si elle avait été correctement soignée. Mais elle n'avait pas été soigné correctement, Et malgré les bandages je voyais un léger angle peu naturel. C'était très discret, juste une petite déformations, une ligne qui ne suivait pas tout à fait la courbe qu'elle devrait. Mais c'était suffisant pour que peut-être je ne marche plus jamais comme avant.
De toute façon pour l'instant, il fallait déjà que mon épiderme martyrisé ne suppure et ne s'infecte pas...
J'ai tenté d'atteindre la béquille qui reposait dans un coin de la pièce, mais il aurait fallu poser pied à terre pour ça, et je ne voulais pas prendre le risque de perdre l'équilibre.
J'ai soupiré longuement, puis j'ai hésité, appeler quelqu'un ou attendre encore ?
Le temps que je choisisse, Nikolaï qui n'était jamais parti bien loin, revient dans la pièce.
- Est-ce que tu veux quelque chose ?
J'ai pointé ma béquille.
- Prendre l'air.
- Je ne suis pas certain que tu devrais marcher.
J'ai ris amèrement, comme si j'avais vraiment le choix. J'ai ironisé :
- Alors quoi ? Tu vas me porter ?
J'ai vu immédiatement dans ses iris qu'il l'avait pris au premier degré et il s'approchait déjà pour me soulever du sol. Je me suis empressé de corriger :
- Non je disais ça pour riiiiii
Je n'étais déjà plus sur le sol. Il avait pris soin d'éviter mes pires brûlures et avait placé son bras gauche assez haut sur mes épaules, et sous mes genoux où les bras de Léo m'avait protégés, de sorte que ça n'était presque pas douloureux (ça l'était quand même, mais tout l'était à un certain niveau).
Soudain je me suis demandé qui avait placé les bandages qui me recouvraient. j'avais assumé que c'était le travail de Cassiopée, mais cette dernière me paraissait très secouée pour faire l'infirmière, et Nikolaï semblait drôlement bien savoir où se trouvaient les parties de ma peau qui ne souffraient pas trop.
J'ai senti mon visage chauffer et j'ai tourné la tête vers l'extérieur pour le lui cacher. Il me demanda :
- Un endroit où aller en particulier ?
Sa voix vibra bien plus près de mon oreille que d'habitude, et j'ai senti l'odeur de pin de son haleine. Ça n'arrangeait pas tellement mon problème de couleur faciale, et je me suis concentrée sur autre chose, comme le fait que j'étais plus en hauteur que d'habitude, une sensation un peu étrange.
- Non, juste... prendre l'air.
Il acquiesça juste et sortit de la pièce. Ma gorge se serra sur la vision qui s'offrait à nous. Les restes de mon chalet, réduit à l'état d'un monticule de poutres noircies et de flocons de cendre se mêlant à la neige. Aussi stupide que ça puisse paraitre, j'ai sentis les larmes me piquer les yeux. Toutes les maigres possessions que j'avais réunis en ces mois passés ici. Tout ce qui me donnait le plus un sentiment de familiarité, se rapprochait de la définition de "maison", avait disparu. Tout finissait toujours par m'échapper. Comme si j'étais destinée à tout perdre, à ne rien pouvoir chérir sans qu'il ne soit détruit.
Cassiopée était assise sur la petite marche devant la porte. Elle se retourna avec le bruit de la porte et se leva immédiatement pour nous faire face.
- E-est est-ce que ça-ça va ?
Elle bafouilla la phrase d'un ton pressé et paniquée. J'ai remarqué très vite qu'elle s'était rongé les ongles jusqu'au sang. La pauvre semblait épuisée, elle avait quelques pansements à la main, mais presque aucune autre blessure visible. En revanche elle semblait mentalement dans un état encore plus lamentable que le mien. Les yeux rouges, mouillés, presque fiévreux, tremblante, du sang au bout des doigts, décoiffées comme elle ne l'était jamais.
Je me suis forcé à sourire pour la calmer un peu
- Je suis vivante en tout cas.
Elle poussa un petit rire aigu, avant de se décomposer, puis de se mettre à sangloter. Elle était passée de l'un à l'autre en moins de 10 secondes. Elle avait clairement besoin de se reposer, c'était encore pire que je pensais.
J'ai poussé un soupire et j'ai dit à la jeune femme :
- Il faut que tu te reposes Cassiopée, le procès c'est dans à peine 6 heures, on te l'a dit ?
Elle hocha frénétiquement la tête, et la voix enrouée de larme elle me fit savoir :
- J'étais là quand Monokuma l'a annoncé... Est-ce que tu sais qui a fait ça ? Tu as interviewé tout le monde non ?
J'ai pesé mes mots. Je ne savais toujours pas qui avait allumé l'incendie et tout ce que je disais pouvait lui parvenir. Je pouvais prétendre savoir, et lui mettre un coup de stress, ou feindre l'ignorance totale (ce qui n'était pas loin de la vérité), et espérer qu'il se trahisse en se relaxant. Mais à l'inverse cette solution risquait d'apporter encore plus de tension aux autres.
J'ai opté pour la première option :
- Je ne peux pas encore trop vous en parler mais... j'ai des pistes.
J'ai repensé à ce que Remington m'avait dit, le doute germant dans mon esprit.
J'ai vu Cassiopée prendre une plus grande inspiration. Sur son visage une lueur d'espoir ou de soulagement se lisait. Puis j'ai de nouveau dit à Cassiopée.
- Tu devrais dormir un peu en attendant.
- Je ne peux pas.
Nikolaï suggéra :
- Il reste des médicaments dans l'infirmerie...
Cassiopée se tendit, ainsi que moi. Nikolaï ne sembla même pas comprendre le problème de sa suggestion. Si léo était mort, c'était parce que j'étais trop engourdie par mes somnifères. Ils me permettent de garder un peu de sainteté d'esprit mais ils rendaient bien trop vulnérable.
Cassiopée secoua la tête de gauche à droite, à la fois pour refuser, mais aussi pour s'éclaircir un peu l'esprit.
- N-non, je vais essayer de faire une sieste, je n'en ai pas besoin.
Sur ces mots, elle retourna dans son chalet d'un air épuisé et confus. Nikolaï me dit doucement :
- Je sais que c'était maladroit mais comme ça elle ne proteste pas d'aller dormir... Désolée.
J'ai haussé les sourcils. Alors ça n'était pas une remarque inconsciente. Je n'ai pas plus commenté, légèrement impressionnée malgré moi. L'espace d'un moment, je me suis demandé : et si je lui demandais de l'aide avec les enquêtes ? Mais non. Non, je ne devais pas prendre qui compte pour innocent avant d'en être sûre.
J'ai jeté un autre regard en coin à l'épave restant de mon chalet. Nikolaï commenta :
- L'incendie menaçait les autres chalets. Monokuma a fini par l'éteindre avec ses robots. Ensuite il s'est mis à neigé et ça a finis d'étouffer les braises.
Bien sûr, il avait bien pris soin de n'agir qu'une fois que quelqu'un était mort. Mais comment détester une machine sans âme ? Je n'avais pas l'énergie de lui en vouloir. Soudain il me confia :
- J'ai laissé Léo dans le chalet.
Je n'ai pas su quoi répondre une seconde. Il était venu me cherché au dernier moment, avant que le toit ne s'effondre complètement. Il avait fait ce qu'il avait pu. Léo était probablement mort sur le coup quand la poutre lui était tombé dessus. Pourtant son murmure semblait hanté de honte quand il ajouta :
- Je n'ai même pas hésité...
- Tu m'as encore sauvé.
Il ne me regarda pas dans les yeux :
- C'est lui qui t'as sauvé.
- Toi aussi. Tu as réagi juste assez vite. Si tu avais hésité je serais morte aussi. Et peut-être toi aussi.
Il ne répondit rien, mais il me fit un faible sourire de remerciement.
Il me porta autour du centre pendant une petite demi-heure, jusqu'à ce que je commence à avoir froid. Je craignais que je ne sois trop lourde, mais il aurait aussi bien pu se balader avec une peluche taille humaine dans les bras qu'il aurait eu l'air aussi indifférent.
J'ai eu un frisson quand il me reposa doucement sur le pas de la porte, m'offrant toujours le super de son bras. J'avais soudain un peu plus froid qu'un instant auparavant, et je regrettais presque déjà le sentiment de sécurité que j'avais ressenti durant ma balade.
Mais j'avais besoin de retrouver Cassiopée, et peu importe le doute et l'enquête, juste pour un bref instant la serrer contre moi et pleurer avec elle.
Elle m'accueillit et je suis passée du soutien de Nikolaï à celui de Cassiopée. Elle ne dormait pas (bien évidemment), mais elle s'était recoiffé, elle semblait un peu plus calme.
Elle m'amena jusqu'à sa chambre, m'aida à m'allonger, et demanda la dévotion et l'inquiétude dans sa voix :
- Je peux faire quelque chose ? Pour t'aider.
Mon pouls s'accéléra secrètement en pensant à ce que j'allais lui dire.
- La caisse... la caisse avec marqué "essence" dessus, j'aurais quelques questions dessus...
J'ai croisé les doigts mentalement dans l'attente de sa réponse. Elle bafouilla l'air effrayée :
- La...la caisse ?
- Oui, tout le monde l'a vu, la caisse en bois avec écrit "essence" dessus, logiquement c'est dedans qu'étaient les bidons.
Elle produit une série de syllabes, bafouillant trop pour que j'en tire un sens quelconque, avant de conclure penaude :
- J-je ne sais pas, je-je ne m'en s-souviens pas, je suis d-désolée...
J'ai froncé les sourcils :
- Tu en es sûre ? Ça ne te dit rien ?
Elle resta bloqué, la bouche ouverte, avant de renifler bruyant retenant des larmes :
- Je suis tellement désolée je ne- je ne me, je ne sais plus, peut-être l'ai-je vu ? je ne sais pas, je-peut-être, je ne sais plus, désolée-
Je l'ai interrompu. Elle n'était pas cohérente de toute manière. Ses demi-supposition sonnait vide, des divagations.
Soudain j'ai relevé la tête au son d'un son étranglé. Elle se retenait si fort de fondre en sanglot qu'elle avait l'air d'avoir arrêté de respirer. J'ai doucement frotté son dos, avant de laisser échapper :
- J'aurais dû pouvoir te sortir de là moi-même, j'aurais dû réagir plus vite, c'est ma faute, pardon Lyslas, pardon Léo, pardon, pardon, tout est ma faute !
Elle était toute secouée par son malheur. Un souvenir me revint soudainement, lorsqu'elle s'était jetée autour d'Axel pour l'empêcher de tomber dans l'arène. J'avais l'impression que c'était il y a une éternité. Qui que ce soit avait mis le feu au chalet, Cassiopée pourrait-elle lui en vouloir? Elle qui semblait incapable de haïr ?
Puis j'ai senti l'ironie de la situation. Tout le monde semblait se blâmer de la situation à sa manière. Moi, Remington, Nikolaï, Cassiopée.
Je l'ai prise dans mes bras, et elle s'accrocha à moi comme à une bouée.
Pendant ce temps, j'ai retourné tout ce que je savais déjà en boucle dans ma tête. Qui ça pouvait être, qui ça pouvait être ?
J'ai avoué à Cassiopée :
- Presque personne n'a vu la caisse dont je t'ai parlé. Pour l'instant seulement Remington l'a vu, mais c'était après le dîner vers 22h. J'espérais trouver des indices là-dessus...
- Tu as dit que tu avais une piste ?
Je me suis mordu l'intérieur de la joue, préoccupée par la tournure de l'enquête. Le procès ne devait pas durer plus qu'une demi-heure, où les choses tourneraient très mal pour nous.
- Je soupçonne Remington... sa réaction était très violente quand il s'est rendu compte que je lui avait mentis...
J'ai senti Cassiopée se tendre dans mes bras.
- ... Tu crois qu'il aurait pu... vouloir nous tuer ?
J'ai eu du mal à répondre à cause de ma gorge serrée :
- L'un d'entre nous à pu. Je ne peux pas l'imaginer et pourtant quelqu'un l'a fait.
- Tu le soupçonnes à cause des caisses ?
- Notamment. Et le fait qu'il m'en veuille à ce point. Peut-être.... le fait que Léo soit mort à ma place... Et qu'il soit aussi furieux que je lui ai parlé des caisses...
Cassiopée me fit remarquer spontanément :
- Et puis ça doit être le seul à pouvoir forcer les cadenas, même à chiffre...
J'ai arrêté de respirer.
Cassiopée remarqua le changement immédiatement, et releva la tête pour me regarder, alarmée.
Je ne lui avais pas parlé du cadenas.
Je n'avais pas parlé de cadenas.
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