Chapitre 6 (5)
J'aurais bien aimé ne jamais me réveiller, mais ma conscience revint à la surface, me forçant à reprendre contact avec le monde extérieur. À l'instant même où je pus formuler une pensée à nouveau, mon esprit entier se remplit d'images par flash. Le feu, la douleur, mes appels, ceux de Remington, la main de Léo que j'avais lâché alors qu'on me traînait dehors.
Épuisée, et envahie par la douleur, je me mis immédiatement à gémir et à pleurer. J'étais complètement incohérente, absorbée dans l'épuisement physique et émotionnel dans lequel j'étais plongé. Mon corps entier me faisait terriblement mal. Je n'en pouvais plus, je n'en pouvais plus. Ma poitrine se secouait, me causant encore plus de douleurs, mes larmes roulaient sur mes joues alors que je geignais d'une voix faible et éraillée
- Il est mort, pourquoi tout le monde meurt, on va tous mourir, j'aurais du mourir-
Des mains vinrent se poser sur mon front, et sur mon épaule, et j'ai entendu Cassiopée tenter de me calmer, mais je ne voulais rien écouter, je me suis faiblement débattue, tournant la tête dans tous les sens, essayant de libérer mon bras.
Je pleurais à voix haute, émettant des bruits qui ne voulaient rien dire. On me plaqua sur le lit pour me calmer, mais cela ne fit que jeter un éclair de douleur dans mon corps, et envoyer des étoiles de douleurs pétiller dans mon crâne.
J'ai fini par atteindre un stade d'épuisement et d'engourdissement trop élevé pour me débattre et crier plus.
Je me suis laissée retomber, amorphe et apathique, les yeux mi-clos.
Cassiopée qui était à ma droite voulu faire un geste, mais Nikolaï, que je remarquai alors tout juste à ma gauche, l'en empêcha en chuchotant :
- Il ne faut pas la toucher, ses brûlures risquent de lui faire encore plus mal.
Elle laissa retomba sa main, l'air impuissante. Le silence retomba dans la pièce. Puis une voix s'éleva pour demander :
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Rien. Que veux-tu qu'on fasse ?
Un chuchotement venant de Violaine fit remarquer :
- Si on ne fait rien, on va mourir d'ici quelques heures.
Malgré mon état, cette phrase me marqua profondément. C'était le claire sous-entendu que ça n'avait pas été qu'un accident, mais un meurtre.
J'ai tenté de me relever, mais on m'a forcé à me rallonger tout de suite après.
J'ai faiblement articulé, ma voix se brisant sur mon dernier mot :
- C'était... volontaire ?
Un nouveau silence, plus lourd encore que le précédent, pesa sur la pièce. La réponse était oui. Évidement que oui. Même moi j'y avais immédiatement pensé au milieu des flammes.
Mais comment en étaient-ils si certains ? Dans un sanglot étranglé j'ai demandé :
- Vous êtes sûrs ?
Nikolaï me dit, la voix basse, grave et solennel :
- On a retrouvé plusieurs bidons d'essence à moitié enterrés à quelques mètres du chalet.
J'ai aspiré une inspiration douloureuse entre mes dents serrées à les briser. Cassiopée me chuchota :
- On va le retrouver.
Je n'ai pas pu croiser son regard. Qui avait pu faire ça ? Elle était aussi dans la liste des suspects. Les trois seuls non suspects étaient moi, Léo et Royale. La mourante, le mort et le fantôme.
Ce qui laissait Cassiopée, Violaine, Nikolaï, et Remington comme potentiels meurtriers. Je devais trouver le coupable. Pas pour survivre mais pour apporter vengeance à mon ami. Il n'avait pas mérité de mourir. Il était mort ça, pour cette épave. L'idée me dégoûtait. La seule façon dont je pouvais apaiser ce fait atroce, c'était en lui apportant une dernière justice. Trop peut-être. Mais existante.
J'ai poussé sur mes bras meurtrie pour m'asseoir, malgré les protestations de Cassiopée et Nikolaï à mon chevet. Violaine et Royale. Il ne manquait que Remington.
J'ai demandé, et c'était plus une exigence qu'une question :
- Je suis assez clairement disculpée. Je veux vous interroger l'un après l'autre. En commençant par Cassiopée. Et que personne ne parle entre vous jusqu'à son tour de l'interrogatoire.
Je l'ai sentie se tendre un peu à ma droite. Mais personne ne protesta. Ils quittèrent la pièce, me laissant seule avec elle. Elle commença directement, sans me laisser de poser une question :
- Je suis désolée, je n'ai pas été assez rapide, je me suis réveillée il y avait déjà du feu partout, tu était trop lourde, j'ai couru chercher de l'aide, mais Léo ne répondait pas, j'ai tambouriné à sa porte, quand il est sorti on a couru te chercher, il y avait du feu partout, j'ai été trop lente je suis désolée Lyslas, pardonne-moi, c'est pas moi, je ne voulais pas te tuer, je n'ai jamais, je ne pourrais jamais, tout ça ça n'est pas moi, je te le promet, pardon !
Elle conclut en s'agrippant à moi en pleurant. Elle s'était décomposée un peu plus au fur et à mesure de son discours. Ses mains s'accrochant sur mon dos me faisaient mal, mais j'avais peur qu'elle ne comprenne pas et qu'elle s'effondre encore un peu plus si je la repoussa. Au bout d'un moment assez long pour qu'elle se calme un peu, je l'ai détaché de moi, et je lui ai demandé plus calmement :
- Est-ce que tu peux m'expliquer plus clairement ce qui s'est passé ?
Elle hocha la tête en reniflant, le visage trempée, tremblante comme un petit chaton ramassée sur la route.
- Je me suis réveillée, j'avais du mal à respirer, et il y avait une odeur de brûlé. J'ai foncé dans la cuisine, je croyais que j'avais peut-être oublié quelque chose sur le feu, mais il n'y avait rien. Juste... de la fumée, et un bruit étrange. Et puis un bout du plafond s'est effondré et les flammes ont commencé à rentrer, j'ai couru dans la chambre et j'ai essayé de te réveiller mais tu ne bougeais pas, je n'arrivais pas à te porter, donc j'ai couru au chalet le plus proche, celui de Léo, j'ai frappé à la porte et aux fenêtres, mais il ne répondait pas, j'ai hésité à aller chercher quelqu'un d'autre, mais j'avais peur de perdre encore plus de temps, et puis finalement il a ouvert je lui ai dit que le chalet prenait feu, de l'extérieur on voyait très bien les flammes, il a couru avec moi, il m'a dit de rester dehors, il est entré dans la maison et les gens ont commencé à arriver eux aussi, avec la lumière, le bruit et l'odeur, et le reste... le reste tu connais.
Elle ne dit plus rien, me regardant avec des grands yeux mouillés et inquiets.
- Quelle heure était-il ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas regardé, le milieu de la nuit, peut-être 1 ou 2h du matin.
J'ai soupiré. Rien de particulièrement utile dans son témoignage. Il fallait que j'interroge les autres.
- Combien de temps j'ai dormis ?
- 6 heures. Le procès est dans 18 heures.
- Merci, tu peux y aller, amène-moi Violaine s'il te plait.
Elle hocha de la tête et disparut rapidement. Puis l'ultime tatoueuse entra d'un air hésitant. Elle vint se poser sur la chaise à côté de moi, et demanda timidement :
- Ça va... tes brûlures ?
J'ai baissé les yeux sur mes bras. Je n'avais même pas fait attention, mais j'étais recouverte de bandage. Mes bras, une bonne partie de mon torse et de mon bassin, et mes deux jambes jusqu'à mi-cuisse. Mon visage semblait quasiment le seul endroit à peu près épargné. Ça expliquait la douleur.
- Oui. Donne-moi ta version des faits.
Je n'avais pas de temps à perdre en discussion émotionnelle sur mon état. Elle se racla la gorge, et commença :
- Je dormais. Je me suis réveillée tard, avec l'odeur de brûlé surtout. Et puis j'ai ouvert un volet et j'ai vu la lumière. Là je suis sortie en urgence, tout le monde était déjà rassemblé devant ton chalet. J'ai voulu aider mais on m'a dit que c'était une mauvaise idée, Léo prenait déjà assez de risques. On ne voulait pas trois grands brûlés au lieu de deux potentiels. Le feu était vraiment impressionnant...
- Qui t'as dit ça ?
- Quoi ?
- De ne pas entrer dans la maison toi aussi.
Elle réfléchit quelques secondes.
- Je-j'étais dans la panique, je ne suis plus sûre, c'était peut-être Remington ou Nikolaï, un des garçons je crois.
J'ai pris note mentalement, avant de réfléchir à ma prochaine question.
- Comment se comportaient les gens ?
- Tout le monde était entre panique et hébétement, on ne savait pas quoi faire, on était un peu paralysé. Cassiopée pleurait beaucoup, Remington tournait en rond devant la porte comme s'il allait se jeter dans le feu d'une seconde à l'autre, je ne sais plus ce que faisait Royale, ni Nikolaï. Moi j'étais figée, je-je ne savais pas quoi faire. On attendait juste que Léo sorte. ça n'a duré qu'une minute ou deux mais j'ai eu l'impression que c'était une éternité...
Toujours pas d'indice. Peut-être que notre meilleure piste était plutôt dans qui avait pu se procurer l'essence.
- Tu sais quoi que ce soit sur les bidons d'essence qu'on a retrouvé ?
- Oui c'est moi qui les aient retrouvés. Il y avait 5 bidons. Vides. mal enterrés à 10 mètres de là. Un peu derrière le chalet de spectace.
- Et tu savais qu'on avait des bidons d'essence ici.
Elle secoua la tête de gauche à droite.
- Non, je ne les avais jamais vus avant...
Peut-être que Royale saurait quelque chose là dessus. Elle avait plus exploré la station que n'importe lequel d'entre nous.
J'ai demandé à Violaine de me la ramener, et elle quitta la pièce sans un mot. Quand Royale rentra, un peu de stress me traversa, pour une raison étrange.
Elle n'avait aucune raison logique de commettre un meurtre n'étant plus dans le jeu. Alors pourquoi est-ce que j'avais peur de l'interroger ?
Elle me salua d'un signe de tête, et resta debout à gauche du lit, attendant mes questions.
- Est-ce que tu savais qu'il y avait des bidons d'essence ici ?
Elle devait savoir. Elle avait tout arpenté, observé, noté. Elle ne faisait que ça depuis sa résurrection. Mais à ma grande surprise, et aussi déception, elle baissa un peu la tête.
- Je ne les avais vu nulle part avant ce soir. Je ne sais pas d'où ils sortent. Je ne pense pas que qui que ce soit les aient vu avant. Tu sais aussi bien que moi que j'ai tout connu et exploré.
Je me suis mordue la lèvre, inquiète. Mais Royale repris tout de suite :
- Mais c'est plutôt bon signe, je suis quasiment certaine que les bidons ont été spécifiquement mis à un endroit stratégique, récemment, pour pousser une personne en particulier au meurtre. Seul lea meurtrier.ère a pu les voir, car Monokuma les lui a offert à luielle en particulier.
- Donc quoi ? Je trouve celui qui a vu les bidons ? il mentira sur le fait de ne pas les avoir vu.
- Alors trouve le menteur, coince-le avec cette information. Peut-être, c'est même probable, ne sait-il même pas que les autres n'ont jamais vu les bidons.
- Pourquoi ne le saurait-il pas ?
- Monokuma ne veut pas prendre le risque que quelqu'un d'autre que l'intéressé trouve les bidons, où ils seraient "confisqués". Mais s'il les cache trop, difficile pour le meurtrier de les trouver. Donc ils seraient à un endroit probable, mais seulement là très récemment.
J'ai réfléchis à voix haute :
- Oui mais comme tu le dis, la première personne à les voir les auraient probablement annoncé aux autres, pour le danger qu'ils représentent. C'est bizarre que tout le monde les aient vu mais n'ai rien fait.
- Mais dans le stress d'une interrogation, n'importe qui ne penserait pas à ce détails. Toi tu réfléchis beaucoup Lyslas.
Je me suis pincé l'arrête du nez pour tenter de trouver une manière de tourner les choses pouvant pousser le meurtrier à se révéler.
- Si je prétend que tout le monde a vu les bidons, sans préciser où... Si le meurtrier ne sait pas que personne ne les a vu, il pourrait mordre au mensonge et prétendre les avoir aussi vu.
- Mais il ne saura pas comment mentir, où prétendre avoir vu les bidons.
- Alors une fois qu'il a prétendu avoir effectivement vu les bidons comme tout le monde, donne-lui l'information, et voit s'il continue de mentir.
J'ai réfléchis encore à voix haute :
- C'est un plan bancal. Il pourrait aussi dire ne pas les avoir vu.
- Sauf que pour les utiliser, il les a forcément vu. Donc il les a vu. Juste, pas à l'endroit que tu prétendais. Donc ne précise pas l'endroit. Comme ça il ne sait pas que tu mens, et prétendra les avoir vu comme tout le monde.
J'ai pris encore une seconde pour tout remettre dans l'ordre.
- Donc, pour faire court, tout repose sur le fait qu'il ne saura supposément pas que personne d'autre que lui ne les a vu, et que supposément, vraiment personne d'autre ne les a vu ?
- Je suis absolument sûre que les bidons n'étaient pas là avant. Qu'ils ont été très récemment amené, spécifiquement pour le meurtrier. Et en ce qui concerne ce que le meurtrier sait ou pas... il faut croiser les doigts.
J'ai soupiré longuement, pesant un peu le pour et le contre de cette situation. Ça pourrait nous aider. ça pourrait. Et on avait aucune autre piste.
J'ai demandé à Royale :
- Amène-moi Nikolaï.
Quand ce dernier entra, toujours aussi grand, au point qu'il donnait l'impression que la pièce avait rétrécie, je me suis forcée à faire un petit sourire. Il ne fallait pas qu'il comprenne que je bluffais pour piéger le meurtrier.
Il s'assit à ma gauche, où il était déjà tout à l'heure, et j'ai demandé :
- Est-ce que tu peux me raconter ta version des faits ?
- J'ai été réveillé par l'odeur. Il y avait déjà Remington et Cassiopée devant. Ils m'ont dit que Léo était partie te chercher. j'ai voulu y aller aussi, mais Remington m'a dit qu'il ne fallait pas mettre une personne de plus en danger. J'ai accepté d'attendre une minute, mais ensuite on t'a aperçu au sol, et Léo ne sortait pas. Alors je suis entrée pour vous chercher tous les deux. Mais Léo étais bloqué sous une poutre du plafond. Je ne sais même pas s'il était encore en vie à ce moment, je n'aurais jamais pu l'en sortir. Il fallait que j'agisse vite pour te sortir. Je t'ai attrapé et je suis sortie.
Il remonta sa manche. Des bandages similaires au mien l'entouraient.
- En quelques mètres seulement j'ai reçu beaucoup de brûlures. Léo a dû te protéger en te portant vers la sortie. Il avait probablement reçu des brûlures graves en faisant l'aller-retour.
Mon cœur s'est serré douloureusement. La sentation de ma main lâchant la sienne me hantait, même en sachant que je n'aurais pas pu l'en sortir. C'était ma faute dès le début. Si je n'avais pas pris autant de somnifères, j'aurais probablement pu sortir seule, en même temps que Cassiopée. Peut-être que Monokuma accepterait de me compter comme sa meurtrière...? Même si je n'y croyais pas, j'aurais aimé porter le blâme. Mais l'autre... l'autre méritait de payer aussi.
J'ai poussé un soupire et j'ai demandé aussi naturellement que possible :
- Est-ce que tu as aussi vu les bidons d'essence, comme les autres ? Ou en as-tu vu ailleurs ?
Il fronça les sourcils.
- Non je ne les ai pas vu. Je ne savais pas qui que ce soit avaient vu les bidons, à part Violaine qui les a trouvés dans la neige. Pourquoi personne n'a rien fait ? Où étaient-il ?
J'ai réfléchis aussi vite que possible, prenant un air étonné :
- Tu es sûre que tu n'as rien vu ? Tout le monde avait remarqué les bidons pourtant....-
- Je ne sors pas beaucoup de chez moi... Peut-être est-ce pour ça ? Je n'ai rien vu... Tu les avais vu aussi ?
Bon peut-être mentait-il, mais c'était déjà plutôt bon signe. Que faire ? Continuer le mensonge où m'excuser ? De toute façon j'étais grillée. Soit je mentais à un innocent qui goberais mes mensonges, soit à un coupable qui saurait de toute façon que je lui mens. Ce plan n'était décidément pas idéal.
- Non, personne n'a rien vu. Je te testais c'est tout. Ne t'en fais pas, je le fais pour tout le monde.
Il se détendit.
- Je vois. Le coupable les a vu, donc il pourrait prétendre les avoir vu lui aussi ?
J'ai souri d'un air contrit.
- Ça ne tient pas très bien debout, pas vrai ?
Il me sourit. Un sourire chaleureux et encourageant, qui m'apaisa un peu.
- C'est déjà mieux que rien. ça pourrait marcher.
C'était le plan de Royale surtout, je ne faisais que prendre le crédit de son intelligence, comme à chaque fois. J'ai déglutit, en priant intérieurement pour qu'il ne soit pas meurtrier.
- Est-ce qu'il y a quoi que ce soit d'autres que tu sais qui pourrait m'aider ?
Il eut l'air d'hésiter, avant de me dire l'air embarrassé.
- La dernière personne a interroger... Remington... on lui dit que tu allais vouloir le voir...
- Et ?
Il resta la bouche ouverte quelques secondes avant de me dire :
- Il a accepté de venir, mais... je ne sais pas si on devrait te laisser seul avec lui. Il est furieux contre toi. Il te blâme pour la mort de Léo. Je crois qu'être en colère est sa façon de se tenir debout. Il s'effondrerait s'il se laissait être triste. Et comme on a pas encore de coupable....
- Il tourne sa colère sur moi...
Il hocha la tête pour me le confirmer. Je me suis mordue l'intérieur de la joue. Oh je n'allais pas lui en vouloir pour ça, je le comprenais même très bien. Mais il fallait quand même que je trouve l'incendiaire. Et j'étais la seule, avec éventuellement Royale, à avoir un alibi suffisamment solide.
- Je dois quand même lui parler seul.
Nikolaï sembla sur le point de protester, mais de sa voix bourru il se contenta de m'informer :
- Je serais derrière la porte si tu as besoin de moi.
Je l'ai remercié d'un signe de tête, et il sortit de la pièce non sans hésitation. Remington entre dans la pièce. Je me suis tendue. Je sentais que ça n'allait être une partie de plaisir. Mais il fallait que quelqu'un le fasse, et c'était ma seule façon de réparer ne serait-ce qu'un peu les dommages que j'avais causé...
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