Chapitre 5 (3)


Quelques jours passèrent, tranquillement. Monokuma ne se pressait pas sur l'organisation de la tête, mais on le voyait parfois passer avec une chaise, avec des décorations, ou des rouleaux de tissus.

Nous... nous ne parlions pas de ça, nous évitions les sujets qui fâchent. J'avais repris mon habitude de passer mes fins de soirée avec Anoushka, et Cassiopée s'était quasiment installée chez moi.

Royale m'adressait des signes en passant, elle avait l'air d'aller beaucoup mieux, même si elle avait parfois des petites amnésies, ou se sentait un peu désorientée, des petites séquelles de son arrêt cardiaque très long, et elle avait recommencé à gambader vers ses buts inconnus.

Elle ne venait pas à tous les dîners, elle pouvait se permettre maintenant. Ça ne me rassurait pas vraiment, parfois j'étais irrationnellement effrayée qu'elle parte et ne revienne pas. Je n'avais plus peur qu'elle soit tuée : ça aurait été complètement inutile, son meurtre n'aurait pas compté, et je ne pense pas qu'un tueur prendrait le risque de tenter de tuer la personne qui était revenue d'entre les morts.

Cet état de tranquillité fut brisé par du gâteau.

Et je ne sais pas ce qu'il y avait dans ce gâteau, mais pas que de la farine.

Je n'en ai pas mangé, mais je suis arrivée dans les cuisines pour me chercher de quoi manger pour me retrouver face à Léo et Violaine, à moitié sur le sol et hilares.

Comment ces deux là en particulier, que je ne voyais pas souvent ensembles, se sont retrouvés là ? Aucune idée. La vision sur laquelle je suis tombée m'a laissé les bras ballants, ne sachant que faire.

Violaine s'est tourné vers moi, et m'a pointé du doigt avant de s'exclama :

- OH c'est LYSLASSO ! yeEHAA !

Léo répondit en éclatant de rire, comme si c'était la meilleure blague du monde. J'ai demandé, un peu paniquée qu'ils aient été empoisonné :

- Qu'est-ce qui vous arrive ?

Léo me montra une moitié de gâteau et expliqua d'un air concentré :

- On a goûté ça. Je crois que c'était prévu pour la fête. Mais on l'a mangé maintenant.

Je me suis massée les tempes. Si c'était vrai, alors en effet, comme l'avait dit Royale, cette fête n'était qu'un catalyseur pour pousser nos tensions et nos peurs. Il rebondissait sur l'angoisse de l'empoisonnement pour continuer à nous amener à la méfiance sur le sujet avec lequel il faisait déjà pression sur nous : la nourriture.

Maintenant, en plus de craindre d'être à cours, il avait instillé, et continuait d'instiller, la peur de la manger et d'être empoisonné ou drogué.

J'ai reposé mes yeux sur mes deux compagnons. Violaine demanda soudain à voix haute :

- Est-ce que les dauphins ça fait pipi ?

Léo répondit très sérieusement :

- Oui et leur urine est plus salée que la mer.

- Comment tu sais ça toi t'as goûté ?

- Je sais plein de trucs.

Je les aies observé en me demandant ce que j'allais bien pouvoir faire d'eux. Je ne pouvais pas les laisser tous seuls comme ça... Je veux dire, Léo allait à peu près correctement, il avait probablement juste goûté et était légèrement shooté, il semblait capable de me répondre, et même si ses yeux était un peu vitreux il tenait très bien debout.

Violaine.... Je soupçonnais qu'elle n'ait pas fait que manger de ce fichu gâteau. J'ai crus qu'elle s'était remise récemment, mais elle semblait faire des rechutes. Les morts à répétition, et en particulier celle de Mélanie, l'avait brisé.

J'ai soupiré. C'était parti pour faire du babysitting jusqu'à ce que leurs corps aient suffisamment éliminé les toxines.

Je me approchée de la tatoueuse et je me suis accroupie à son niveau. Je ne voulais pas les ramener chez moi, où Cassiopée risquait de se trouver. Je préférerais ne pas m'incruster chez Léo qui reviendrait à son état normal bien avant elle.

- Hey Violaine, vient on rentre chez toi.

Elle pris ma main pour se relever, mais étant beaucoup plus lourde que moi, j'ai manqué de la rejoindre au sol dans le processus. Finalement elle se remit debout, et j'ai demandé à Léo de nous accompagner. Il me demanda pourquoi avant d'argumenter qu'il voulait qu'on aille chez lui. Comme il ne voulait pas en démordre, j'ai accepté sa proposition.

Il nous ramena donc dans son chalet. Il neigeait un peu et Violaine essayait de gober les flocons, ce qui manqua de nous faire basculer au sol une demi-douzaine de fois au moins sur le trajet.

Bien qu'elle soit toujours plus lourde que moi, j'ai constaté avec un pincement au cœur qu'elle semblait avoir perdu un peu de muscle. Il y avait aussi un nouveau tatouage tout frais sur le dessus de sa paume.

La forme était très stylisée, mais je pouvais reconnaître la forme d'une pierre tombale, entourée de fleurs. Il n'y avait aucune nom ou mot inscrit. Je ne pense pas que ce tatouage ait été fait pour une personne en particulier. 

Avant que je n'approfondisse ma réflexion nous sommes arrivés chez Léo. Ils nous fit rentrer et se mit en tête de nous servir à boire. Il agissait comme si de rien était, alors que ses gestes étaient maladroits et qu'il se mettait à pouffer à chaque fois que Violaine sortait un jeu de mot.

Comme il repoussait mon aide et me demandait d'aller m'assoir, je l'ai laissé faire. Après tout, il n'avait pas besoin de manipuler de couteau ou autre juste pour faire à boire.

Violaine à côté de moi s'extasiait sur l'immense carte au mur que Léo avait accroché comme décoration.

Elle me demanda soudain :

- Tu savais que Léo est amoureux de Remington ?

J'ai sursauté un peu, en jetant un coup d'oeil stressé vers la cuisine, de peur que Léo nous ait entendu. Cela me fit bizarre de l'entendre à voix haute, et aussi de façon aussi explicite. Le mot « amoureux » me faisait peur pour une étrange raison.

- Oui je savais, mais moins fort !

J'ai chuchoté d'un ton inquiet. Elle répondit, en essayant de chuchoter elle aussi, mais de façon assez peu concluante :

- Remington aussi est amoureux de Léo, pourquoi ils font rien ?

J'ai passé ma paume de main sur mon visage, déjà épuisée à l'idée de gérer une Violaine sans filtre qui visiblement voulait parler d'un sujet sensible, avec la personne concernée.

- Parce que c'est compliqué ! C'est comme ça ! Ils font ce qu'ils veulent !

Puis j'ai réalisé quelque chose :

- Comment tu sais que Léo a.. des sentiments pour Remington ?

- Il m'l'a dit c'est tout. Et puis ça se voit un peu quand même.

Je n'aurais pas crut que Léo ferait des confidence à Violaine. Elle dut voir ma surprise car elle m'expliqua :

- Tu te souviens de not' bataille de boule de neige ? Depuis on s'eeest rendu compte qu'on s'ent'dait assez bien avec L-Léo.

- Et... comment tu sais que Remington l'est aussi ?

Je n'ai pas trouvé le courage de prononcer l'adjectif en "a" en question. Elle me répondit un peu laborieusement :

- C'eeeest lui qui me l'a dit. Je parle souvent avec Remt'on, c'est mon voisssin. Des fois il vient me voir.

Soudain Léo revint, deux tasses dans ses mains, et en renversant un peu sur le tapis au passage :

- Qui vient te voir ?

À cet instant j'ai vu flasher dans l'œil de Violaine un éclat de malice, j'ai sentis la catastrophe sur le point de se produire, mais il était déjà trop tard, elle lâcha, beaucoup trop fort et beaucoup trop fière d'elle :

- Ton petit ami~

Léo lâcha les deux tasses en même temps. Je me suis précipitée pour les rattraper, mais la seconde était beaucoup trop loin de moi. Je n'ai pu en intercepté qu'une seule, dont la moitié du contenue brûlant se déversa sur mes mains et le canapé.

L'autre tasse se brisa sur le parquet et les éclats de porcelaine furent projeté dans la pièce. Violaine se mit à rire bêtement, et j'ai posé la tasse avec précipitation pour essuyer le thé beaucoup trop chaud sur le canapé. Je me suis exclamé, fâchée :

- Violaine !

Elle se décomposa d'un coup, pris un air déconfit et dit d'une voix tremblante :

- Pardon...

Léo était immobile. Je l'ai fait asseoir à ma place, et je suis prestement allée chercher une pelle et un balais pour enlever les bouts tranchants. Quand je suis revenue. Violaine serrait Léo dans ses bras en lui caressant la tête et en s'excusant. Léo ne semblait pas comment réagir, mais son visage était rouge d'embarras. Il avait l'air d'être revenu en possession de ses moyens.


J'ai rapidement débarrassé le sol des débris de la tasse et Léo me regarda dans un appel à l'aide silencieux. Violaine s'exclama :

- Jte promet que Remington te trompe pas avec moi ! Il vient me-me voir pour m'empêcher de trop boire !

Remington empêchait Violaine de trop boire ? Un mélange de reconnaissance et de culpabilité me traversa à cette pensée. J'avais déjà remarqué, comme tout le monde, l'état de Violaine, mais je n'avais même pensé à aller prendre soin d'elle, à l'aider, à la soutenir.

Et que faisait les autres dont je n'avais aucune idée ? J'avais cette soudaine réalisation que je n'avais pas du tout une vision d'ensemble de ce qui se passait entre nous.

Léo lui tapota l'épaule et la rassura :

- Oui d'accord ne t'inquiète pas.

Elle s'éloigna de lui et posa ses mains de part et d'autre de son visage. Une chose que je trouvais beaucoup trop personnelle, et je grinçais des dents à l'idée d'avoir mon espace personnel brusqué de cette façon, mais Léo pris visiblement sur lui et Violaine lui assura avec autant de force qu'elle pouvait – c'est à dire beaucoup trop, surtout quand on se situe à 20 centimètres de son visage.

- Il faut que tu agisses ! Sinon tu seras rongé par les regrets !

Léo la repoussa doucement et lui assura qu'il savait ce qu'il faisait. Je les ai regardé se chamailler encore un peu, Léo retrouvant son attitude ronchonne au fur et à mesure qu'il revenait complètement à lui. Violaine elle, perdait juste un peu d'énergie.

Elle était allongée sur le dos dans le canapé et déblatérait tout ce qui lui passait par la tête :

- Tu te rend compte que des gens viennent me voir pour des petits tatous nuls pas originaux. Chuis une artiste moi, on vient pas me voir pour se faire tatouer un papillon !

je hochais de la tête de temps en temps pour lui faire plaisir.

- Je pourrais tous nous faire un petit tatouage accordé, genre pour la solidarité d'être vivant tout ça.

Léo commenta :

- Tu veux le même tatouage que Mizuki ?

Elle fronça le nez comme si elle venait de manger un aliment périmé :

- Ah non ! Beurk !

- Bon ben voilà.

Elle se renfrogna et demanda :

- Mais sérieusement pourquoi vous faites rien tous les deux ?

Je l'ai regardé sans être sûre de comprendre. Violaine pencha la tête en arrière et regarda le plafond.

- Vous avez encore les gens que vous aimez alors pourquoi vous laissez le temps passer sans rien oser ?

Oh, elle faisait encore référence à ça. L'idée n'avait pas l'air de la quitter, elle revenait sans cesse sur le sujet malgré notre malaise dont elle ne semblait pas se rendre compte :

- Vous avez de la chance et vous la laissez passer. Je suis en colère, je suis jalouse de vous voir faire ça.

Léo baissa la tête et finit par confier, à ma grande surprise :

- J'ai déjà plus ou moins dit à Remington ce que je ressentais, mais je vois bien qu'il n'a pas l'air de vouloir en parler. Il a l'air très réticent. Je ne veux pas le mettre mal à l'aise...

Voyant que les choses avaient l'air d'être mise sur le tapis, j'ai osé avouer :

- La dernière fois qu'on en a parlé, il m'a dit qu'il avait peur que tu meurs. Il ne veut pas avoir le cœur brisé.

Léo se tendit un peu.

- Tu l'as évoqué pendant le procès. Pourquoi est-ce que vous en avez parlé ?

J'ai haussé une épaule.

- On attendait et je ne savais pas quoi dire, et il a finit par me le dire.

- C'est pas une bonne mentalité, il aura pas moins le cœur brisé si tu mourrais maintenant...

Lâcha pensivement Violaine.

- Vous croyez qu'Axel aurait été plus dévasté de la mort de Mélanie si elle lui avait rendu ses sentiments ? C'est pas comme ça que ça marche.

Pour une fois elle disait quelque chose de vrai depuis le début de la journée. J'ai soupiré en jetant un coup d'oeil à Léo, l'air un peu dépité. Il ajouta simplement :

- Peut-être mais ce n'est pas à moi qui faut le dire...

- Et toi Lyslas, je comprend pas du tout c'est quoi ton truc ?

Violaine s'était exclamé en se redressant.

- Tu es sur qui en fait ? Cassiopée ? Anoushka ? Ou Royale ? Les trois ?

Cette fois c'était à moi d'être tendue. J'avais un peu chaud, alors je ne doutais pas que mon visage avait pris une teinte plus foncée. C'était une bonne question qu'elle me posait, je ne savais pas moi-même.

- Je ne suis sur personne...

- Si j'étais toi j'irais plutôt sur Cassiopée je dis ça je dis rien...

Je lui ai lancé un regard blasé. Elle avait toujours un ton pâteux et les joue un peu rouge. Alcool et je ne sais quoi d'autre il y avait dans le gâteau n'avait pas fait bon ménage. Les effets semblaient à peine commencer à se dissiper.

- Parce qu'elle est jolie je sais je s-

- Oh non, elle est très belle mais c'est surtout parce qu'elle a l'air fiable. Je ne veux pas te vexer mais tes deux autres amies donnent froid dans le dos.

C'est vrai que Royale et Anoushka n'était pas franchement les personnes les plus intégrées. J'ai pris leur défense.

- Anoushka est un peu secrète mais elle fait de son mieux, je lui fais confiance. Royale n'est pas très... ouverte à vous, c'est tout, mais pareil, je suis lui fais entièrement confiance.

Violaine eut l'air dubitative. Léo intervint.

- Autant Royale, je veux bien le croire, elle ne nous parle pas beaucoup, mais elle n'a fait que t'aider et nous aider, autant Anoushka... elle ne dit presque rien pendant les procès, et se promène toujours avec son couteau...

J'ai secoué la tête de gauche à droite pour refuser leurs arguments.

- Anoushka est juste maladroite avec les gens, et plutôt méfiante, mais c'est une bonne personne, elle essaie vraiment d'aider. Elle a pris soin de Royale pour moi. Elle est toujours là pour me soutenir.

Léo haussa une épaule, l'air peu convaincue. Une pointe d'agacement me traversa et j'ai répliqué sèchement avant d'avoir le temps d'y réfléchir à deux fois :

- Qu'est-ce que tu trouves à Remington d'abord ?

Il eut l'air indigné et se défendit :

- Comment ça qu'est-ce que je lui trouve ? Tu lui a déjà parlé non ? Tu as des yeux pour le voir et des oreilles pour l'entendre ?

Violaine éclata de rire et rétorqua, en rebondissant sur mes paroles plus que je ne l'aurais voulu :

- T'aime bien les garçons goût nature toi ?

- Comment ça ?

S'agaça-t-il, rougissant sous la question de Violaine, qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs.

- Je suis sûre que ton parfum de glace préféré c'est vanille, ou straciatella, ou yaourt.

Il se renfrogna :

- T'es en train de me dire qu'il a pas de personnalité c'est ça ?

Elle fit une petit mou moqueuse :

- Mais nooon enfin.

Elle voulais clairement dire oui. Et Léo le compris tout à fait lui aussi.

- Remington n'est juste pas du genre à se montrer à tout le monde. En vérité il est réellement curieux et intelligent. Et il n'est du tout aussi « doux » que tu sembles le penser.

- Ouuh~

- Arrête !

Il lui jeta rageusement un coussin les joues écarlate, et Violaine éclata de rire.

- Je te taquine !

Après cette conversation, Violaine s'endormit. Je l'ai laissé avec Léo qui lui avait complètement éliminé le gâteau piégé, et je suis rentrée chez moi.

Je me demandais quelle relation dont je ne m'était pas rendu compte s'était développées dans le groupe.

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