Chapitre 4 (9)

- C'est ça ! C'est ça que Randall disait être le poison pour Royale !

J'ai inspecté la bouteille qui n'avait aucune autre inscription que son nom, avec une tête de mort en guise d'avertissement.

- Mais je croyais que la mort au rats c'était sous forme de pâte ou de granule, pas de liquide...

Remington commenta :

- Non ça peut être liquide, ou en poudre aussi, c'est encore Randall qui me l'a dit, il avait des problèmes de rats dans sa ferme quand il était petit. Mais c'est étrange parce que normalement le goût pour les rats est appétissant, mais pour les humains est très amers et reconnaissable – un truc fait pour empêcher les accidents justement.

J'ai noté mentalement que Randall avait grandit dans une ferme. Puis j'ai repris mes réflexions. La logique conclusion qu'on pouvait tirer de cette découverte était que quelqu'un avait prit le poison dans le placard. Cette fois, peu de chance que quelqu'un l'ait crocheté. L'ultime serrurier avait du fil à retordre, et la probabilité qu'encore une personne sache le faire était extrêmement faible. Remington termina ma pensée.

- Il y a une clef.

Ça aurait été bien beau si trouver la clef avait été synonyme de trouver le coupable, mais malheureusement, le meurtrier s'en était probablement débarrassé bien vite de l'objet incriminant. J'ai partagé mon idée à mon camarade :

- Bon au moins ça veut dire que cette personne a eu accès aux cuisines, a eu une clef, et s'est rendu seul dans ce chalet à un moment donné.

- Il aurait pu le faire en pleine nuit quand personne ne pouvait le voir, et se débarrasser de la clef.

J'ai serré les mâchoires. Il restait au moins l'accès aux cuisines comme chose à vérifier permettant de faire avancer l'enquête. Comme je l'avais établit, même si le déplacement de chacun n'était pas vérifiable dans la semaine passée, le dernier empoisonnement avait été celui des plats eux-mêmes, pas des ingrédients, pour cibler Royale. Donc dans les 5 dernières minutes avant le moment d'être servit.

- Il faut aussi avoir un minimum de connaissances pour savoir que la mort aux rats prends plusieurs jours à agir et la mettre dans des aliments qui dissimulerait le goût...

La liste des critères commençait à ressembler à quelque chose, mais encore une fois, difficile de vérifier qui savaient le fonctionnement du poison ou pas.

Je me suis redressée, essayant de me rappeler si Remnigton était à table à temps ou non pour faire partie des suspects. Non, non j'étais sûre qu'il était déjà attablé avec Randall trop tôt pour avoir eu accès aux plats.

Je l'ai remercié et j'ai reprit mes interrogatoires, cette fois en direction de chez Léo. J'ai toqué à sa porte, et il m'a ouvert immédiatement. Il avait l'air de mauvaise humeur, rien d'étonnant en même temps.

- Tu mènes l'enquête ?

J'ai acquiescé. Il ne me fit pas rentrer et avoua en baissant la tête.

- Cette fois j'ai pas d'alibis Lyslas. Je suis arrivé tard au repas.

Devant mon air étonné il enchaîna :

- Oui je sais que Royale a été empoisonnée par un des plats de la table, accessibles 5 minutes avant le début du dîner, Violaine vient de me le dire. Je me suis assis à table à peine 2 ou 3 minutes avant l'arrivée des plats. Pas d'alibis.

Il allait me fermer la porte au nez mais j'ai glissé mon pied dans l'embrasure. Il se figea et me jeta un regard mi-choqué, mi-étonné. J'ai ignoré la douleur dans mes orteils écrasés, et je lui ai demandé :

- Qu'est-ce qu'il y a d'autre Léo ? Ne ment pas.

La honte se peignit sur son visage et il confessa :

- Je suis tellement soulagée que ça soit Royale et pas Remington, ou Randall, ou même toi, mais quand je vois comme tu as souffert de cette mort, ça me fait honte. Je ne peux même pas être triste pour elle.

Je comprenais ce qu'il voulait dire. La mort d'Aimana, ne m'avait affecté qu'à cause de l'horreur du meurtre, mais il ne me manquait pas, Mike ou Min-ho non plus. J'ai répondu à Léo :

- Personne n'attend de toi que tu fasses le deuil de la mort de tout le monde... je ne t'en veux pas pour ne pas pleurer Royale.

- Moi j'attendais ça de moi. J'ai l'impression d'être une moins bonne personne que ce que je pensais être... j'ai honte de moi...Surtout quand je vois Cassiopée.

Il poussa un profond soupir.

- Si tu as des questions vas-y, mais je n'ai vraiment pas d'informations intéressantes.

J'ai simplement demandé :

- Est-ce que tu as remarqué un comportement anormal de la part que quelqu'un ?

Il prit le temps de réfléchir avant de finalement répondre :

- Anoushka est encore moins visible que d'habitude, tu passes moins de temps avec elle. Et Mizuki est petit peu moins agressive. Et aussi Violaine va mal. C'est tout ce que j'ai remarqué.

Ça ne m'avançait pas franchement, mais j'imagine que je devrais m'en contenter. Je me suis mordue un ongle, plongée dans mes pensées. Léo m'interrogea :

- Est-ce que tu as une piste ?

- J'ai des... indices, pour trouver le coupable, mais pas encore de vrai suspect.

Il posa alors une main sur mon épaule.

- Je suis sûre que tu trouveras, je te fais confiance.

Je crois l'avoir remercié, mais j'avais déjà la tête ailleurs. Et puis son compliment ne m'avait pas réellement fait plaisir, cela ne faisait qu'ajouter de la pression sur mes épaules. Pourquoi ce serait à moi de prendre cette responsabilité ? Personne d'autre ne pouvait mener l'enquête, trouver le meurtrier ?

Je sais que Violaine l'aurait fait avant la mort de Mélanie. Mais elle n'était pas capable de le faire correctement. La seule autre personne actuellement qui avait l'air déterminé à faire quoi que ce soit pour m'aider, c'était Remington, et il n'était pas plus avancé que moi...

Soudain un autre visage me vint en tête. Cassiopée ! Elle, m'aiderait aussi, j'en suis certaine !

Je m'apprêtais à aller rejoindre l'ultime coiffeuse quand une nouvelle pensée me figea. Cassiopée était arrivée tard à table. Trop tard pour l'exclure des suspects, malgré mon refus de considérer sa culpabilité, il fallait que je reste neutre et que je prenne en compte toutes les éventualités.


Après tout, c'est ce que je reprochais à Violaine. Et parfois le coupable était inattendu, comme avec Axel.

J'ai fait demi-tour, ne me sentant pas prête à interroger Cassiopée tout de suite, je suis allée en direction du chalet de Randall.

J'allais tourner à l'anglais du chalet principal, quand un très léger bruit que j'ai identifié comme un bruit de pas, derrière moi me fit tourner la tête. Anoushka se tenait à environ 2 mètres de moi.

Je ne l'avais pas du tout entendu approché et la surprise de la voir si proche me fit sursauter En voyant mon visage, le sien s'illumina.

- Hey Lyslas ! Tu m'as entendu vite !

Elle se rapprocha d'un bond et s'arrêta à environ 30cm de moi l'air embarrassée. Un moment j'ai crut qu'elle allait me prendre dans ses bras, mais la seconde d'après, elle avait repris son air un peu distant et mystérieux habituel.

J'ai repensé à notre « rendez-vous » annulé, et j'ai senti une accélération dans mon rythme cardiaque. Elle venait probablement le reporter. Je ne me sentais pas vraiment prête pour ce genre de conversation, mais je ne pouvais pas éviter mes problèmes indéfiniment.

- Je peux... faire quelque chose pour t'aider ?

Un petit pincement à la fois joyeux et douloureux me pris au coeur. Je n'avais pas crut que Anoushka m'offrirait de l'aide spontanément. Elle n'était pas du genre à se mêler des affaires des autres, et semblait bien peu concernée par la mort de Royale. J'étais triste de ne pas lui avoir fait plus confiance mais j'étais réellement contente de voir son soutien.

J'ai posé les yeux sur le visage en triangle et les grand yeux sombres de mon amie. Depuis le début, elle était ma forme de soutien implicite, cachée, discrète, dans les coulisses. J'avais presque pris sa présence et son amitié, pour acquise. Mais les mots de Léo me revinrent soudain. « Anoushka est encore moins visible que d'habitude ».

Anoushka ne se joignait aux groupes que lorsque j'y étais... comme Royale à vrai dire.

Une réalisation me frappa soudain. Les gens ici étaient bien plus isolés que je ne l'aurais crut. À vrai dire... j'étais même la moins isolée de tous.

Cette idée me fit une sensation vertigineuse.

Anoushka se rapprocha d'un pas avec hésitation :

- Est-ce que ça ? Si tu ne veux pas de mon aide parce que je suis dans ta liste de suspect, je comprendrais...


j'ai secoué la tête de droite à gauche alors que l'idée me frappait encore de stupeur. J'avais passé ma vie entière complètement isolée et ici, maintenant, j'étais la plus entourée de tous.

Anoushka, Violaine, Nikolaï, Mizuki, Cassiopée, n'avaient plus d'amis vivants ici. Pour la moitié d'entre eux j'étais quasiment leur seul figure amicale.

Léo, Remington et Randall restaient beaucoup entre eux, ils formaient le dernier groupe uni. Parfois je joignais Cassiopée à leur groupe. Mais c'est bien tout.

Anoushka attendait encore ma réponse. Elle ne s'était jamais rapproché des autres. Son air de plus en plus inquiets et hésitants lorsqu'elle venait me parler tenait peut-être de sa solitude croissante et de la peur que je meurs à mon tour et la laisse complètement isolée ici.

Je lui ai fait mon meilleur sourire et je lui finalement répondu :

- Oui, je pourrais te poser quelques questions s'il te plait ?


Elle n'était pas dans mes suspects, elle s'était attablée bien trop tôt. Mais elle avait peut-être vu quelque chose d'utile.

- Est-ce que tu aurais.... Remarqué quelque chose d'étrange ?

- Comme quoi ?

- Comme quelqu'un qui arrive un peu en retard au dîner, ou qui traine autour des cuisines ?

Elle répondit sans hésitation et sans sourcillé.

- Léo est arrivé un peu en retard alors que Remington et Randall non. D'habitude ils arrivent toujours ensemble. Mizuki a fait beaucoup d'aller retour pour chercher des ingrédients dans le garde manger ces derniers temps. C'est tout ce que j'ai vu du genre.

J'ai noté mentalement. Il est vrai que Léo m'avait clairement annoncé son manque d'alibi, et Mizuki était tout court louche avec son histoire de soupe.

- Et quelque chose d'autre de différent ?

Elle hésita longuement avant de répondre :

- Tu as tout le temps l'air épuisée ces dernier temps, et comme... exaspérée, et tu passes me voir de moins en moins souvent...

Avant que je trouve de quoi répondre quoi que ce soit à cela elle ajouta :

- Mais ça fait sens, tu es sous pression. En tout cas, promis j'arrête blagues de mauvais goût.

Elle faisait probablement référence à ses phrases du type « je pourrais te tuer dès maintenant », ou toute les fois où elle aimait me prendre au dépourvu. J'ai détourné les yeux, me sentant un peu coupable de l'avoir délaissé, en voyant son air sincère, et qu'elle était prête à faire ce genre d'effort pour moi.

- Désolée Anoushka, je te promet que je viendrais plus souvent.

Elle sembla légèrement rassurée, mais l'éclat inquiet n'avait pas quitté ses yeux. J'ai finis par ajouter, bien qu'avec hésitation.

- Hier soir tu voulais me dire quelque chose, est-ce que tu veux... reporter ça ?

Elle chassa l'idée d'un geste de main.

- Oh non, c'est rien finalement. Ne t'en inquiète plus.

Je fus un peu intriguée par sa renonciation, car d'ordinaire elle terminait toujours ce qu'elle entreprenait. Mais je n'ai pas insisté plus car à vrai dire cela me soulageait. Peut-être avais-je eu tort sur ses intentions finalement ?

Elle me demanda ce qu'elle pouvait faire de plus, mais je ne voulais pas qu'elle m'accompagne dans mes interrogatoires, car les autres ne se sentait pas exactement en confiance avec elle, et je ne voulais pas faire de favoritisme dans mon enquête non plus.

J'ai repris la direction du chalet de Randall. Il était le dernier du trio que je n'avais pas questionné. Il n'était pas vraiment dans les suspects non plus puisqu'il était arrivé avec Remington, dans les premiers à table, bien avant que les plats ne soient accessibles.

Il prit un peu de temps à m'ouvrir la porte. Son chalet était sombre, un petit feu crépitait dans sa cheminée. Randall avait toujours été taciturne, et son intérieur le reflétait assez bien. Très sommaire, il y avait peu de personnalisation dans la décoration, malgré les mois que nous avions passé ici et le matériel en libre service dans le chalet de vêtements, qui était plus un chalet-magasin qu'autre chose.

Il me fit assoir et me servit un café. J'allais le boire, mais le souvenir de l'empoisonnement me figea avant que je n'attrape la tasse. Randall me jeta un regard compatissant. Il ignora mon geste et ramena la tasse dans la cuisine. Puis il s'assit dans le fauteuil en face de moi et j'ai commencé par demandé :

- Est-ce que tu sais pourquoi Léo est arrivé après Remington et toi ?

- De ce que je sais, il n'avait pas finit de se préparer quand on est allé le chercher et il a dit qu'il nous rejoignait. On lui a dit de ne pas arriver en retard et il nous a rassuré en disant qu'il se dépêchait. Vu quand on l'a laissé et quand il arrivé, en prenant en compte le trajet, il aurait eu seulement 1 ou 2 minutes pour faire un détour. Le timing est serré.... Mais pas ... impossible.

Bien que son air soit indifférent, j'ai crut décelé un peu de réticence dans cet aveu. Randall était plus attaché à ses amis qu'il ne le laissait paraître.

Avant que je ne pose plus de question, il m'informa :

- Je me suis penché sur le procédé du meurtrier. Cassiopée et moi avons également été malade. Je pense que le meurtrier à mis des petites doses de mort au rats dans des aliments avec un goût fort, puis à sélectionné la victime la plus affaiblie, ou un autre critère et a fait un dernier empoisonnement plus violent hier soir.

- Tu t'y connaît un peu en poison ?

Je me suis souvenu de ce que Remington m'avait dit que Randall vivant dans une ferme, mais je voulais voir sa réaction. Il haussa les épaules :

- Pas en poison mais j'ai déjà du utiliser de la mort aux rats, on a eu une infestation avec mes parents dans la ferme quand j'étais petit et j'ai du m'en occuper.

La dernière phrase m'intrigua :

- Et tes mères ne pouvaient pas s'en occuper ? Pourquoi un petit garçon devrait manipuler de la mort aux rats ?

Il laissa planer un court silence et répondit :

- Non pas mes mères. Mes parents biologiques. Mes mères m'ont adopté à 12 ans. Mes parents... avaient des problèmes, et c'était à moi de gérer ce genre de chose. Et je sais que la mort aux rats prend plusieurs jours à agir et provoque des hémorragies. Je sais aussi qu'une fois les saignements importants déclarés c'est souvent trop tard, ce qui empêche les hémorragies c'est la vitamines K ou B, je ne sais plus, ça permet de coaguler correctement, celle qu'on trouve dans les plantes vertes, comme les épinards.

- Comme ce que vous a donné Mizuki....

Il hocha la tête, l'air satisfait de ma déduction. Je lui a posé la question :

- Tu crois que c'est elle ?

Il fit une petite grimace, l'air un peu hésitant :

- je ne suis pas vraiment sûr, mais... c'est une possibilité. En tout cas, c'est une coïncidence assez bizarre...

J'ai pris mon menton dans ma main et j'ai exposé ma réflexion à voix haute.

- Mais ce qui ne fait pas sens avec cette théorie, c'est que les chances que je demande le remède étaient très très faible. Et que j'aurais pu en demander pour Royale aussi. Je ne trouve pas ça malin d'avoir choisis ce type de soupe, si elle avait été impliquée. Elle nous aurait fait un truc tout con à la citrouille...

Randall répliqua :

- Elle aurait pu vouloir laisser le hasard tuer une personne, le remède n'est qu'un hasard ?

- Hmmm

j'ai réfléchit à ses paroles.

- Tu n'as pas tort, mais si elle se fichait de tuer plusieurs personnes et ne pouvait pas prévoir ma demande, pourquoi choisir un type de soupe qui pouvait guérir une partie de ses victimes ? Surtout qu'elle aurait pu cibler sa victime comme elle l'a fait à la fin.

Randall soupira et eu l'air plongé en pleine réflexion. Moi aussi j'avais beau tenter de retirer du sens de tout ça, ça ne paraissait pas très stable comme hypothèse. Randall conclut.

- C'est une piste, mais en effet, elle a des trous.

Je l'ai remercié et je suis sortie de nouveau. Entourée par les chalets, la neige craquante sous mes pieds et a journée s'écoulant, me rapprochant de plus en plus de l'heure inévitable du procès, j'ai finis par m'orienter vers le chalet de Nikolaï. Il ne me restait plus que lui et Cassiopée à interroger.

Trouver la main invisible qui avait versé le poison n'allait pas être une mince affaire, mais cette fois-ci j'étais plus que déterminée.

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