Chapitre 4 (2)


Dans les jours qui suivirent, Cassiopée restaient collée à moi. Nous étions devenus inséparables. Avec la perte de nos meilleurs amis, notre ancien groupe était terminé. Nous n'étions plus que toute les deux.

 Même si je continuais à passer du temps avec certains autres (comme Anoushka, ou Royale) notre épreuve et nos confessions nous avait soudés.

Ce soir là, comme tous ceux depuis le procès, j'avais laissé mon lit à Cassiopée. Je n'osais pas l'y rejoindre même s'il y avait assez de place, et même si elle me l'avait proposé elle-même.

C'est ainsi que je me suis retrouvée à fixer mon plafond allongée sur mon sofa. Je faisais encore de l'insomnie.

Maintenant, dès que je sortais, j'avais le droit à des petites attention, des petits remerciements.

Même Mizuki était venu m'offrir de la soupe qu'elle avait fait avec les provisions, peut-être pour s'excuser de son comportement.

Mais tout, cela ne faisait que me rendre encore plus angoissée alors que de plus en plus je me sentais découragée, à court d'énergie et de force. J'avais tellement de mal à ne pas avoir de pensées sombres. Enfin, je veux dire, encore plus que d'habitude.

Le combat me semblait perdu d'avance, les morts hantaient mes rares rêves et le fonds de mon esprit. Parfois, au milieu d'un moment censé être joyeux, je me surprenais à me demander si ça serait le dernier, si nous avions le droit d'être heureux alors que les autres n'avaient pas eu cette chance.

C'était avec ce genre d'idées que je restais les yeux ouverts dans le noir, écoutant le bruit de ma propre respiration.

Je me sentais coupable de ne pas être d'un plus grand soutien à Cassiopée, qui avait, malgré tout ce qu'elle avait subit, retrouvé son sourire d'ange. Le matin même elle m'avait tiré dans le chalet principal où nous avions retrouvé Nikolaï et les deux m'avaient tressé les cheveux en parlant de leurs meilleurs souvenirs.

Je n'avais pas pu participer à la conversation, et j'avais eu l'impression de ruiner l'ambiance, mais j'avais tout de même finis la session coiffure avec un peu plus de joie et un sourire au lèvres.

J'ai fermé les paupières en espérant invoquer le sommeil, mais rien n'y faisait. Alors soudain je me suis levée, et sans savoir que ce que je faisais, j'ai décroché mon épais manteau, je l'ai enfilé et je suis sortie.

J'ai marché au hasard entre les chalets enneigés, tournant au hasard, jusqu'à m'arrêter devant une porte. Pas n'importe quelle porte. Celle-ci m'attira sans que je ne me l'explique et j'ai frappé à la porte, sachant que malgré l'heure, son propriétaire m'ouvrirait.

- Lyslas... ?

Royale était en costume, ses cheveux attachés comme de coutume. La seule différence de d'habitude était les chaussons qu'elle portait aux pieds et ses yeux démaquillés. Malgré tout elle avait encore ses lentilles. Elle ne me posa pas plus de question et me laissa la place pour entrer.

C'est ce que j'ai fait. J'ai posé mon manteau sur le porte-manteau et je me suis tournée vers l'ultime croupière, cherchant une explication à lui fournir.

J'ai ouvert la bouche, puis je l'ai refermé, et rouvert. Mais Royale m'interrompit d'un geste de la main, et me tendit une tasse à la place. De la tisane.

- Je viens de la faire.

Elle allait s'assoir sur le canapé. Son chalet avait encore bougé depuis la dernière fois où j'y étais entré, mais comme la dernière fois, elle avait rangé ses affaires de façon très précise, mais très étrange, posant les objets à des endroits inattendus, voire absurdes, mais de façon très précautionneuse.

Elle me fit signe en tapotant le canapé à côté d'elle. Je me suis assise à côté du chapeau posé sur le coussin au bout du meuble en question, puis, sans rien me demander, elle appuya doucement sur mon épaule pour m'allonger, la tête sur ses genoux.

- Dis-moi tout.

Alors j'ai déversé tout ce qui n'allait pas. Toute mes idées noires.

- On ne sortira jamais d'ici, le jeu est parfaitement conçut pour qu'on perde lentement espoir jusqu'à tous s'entretuer et je sais que ça ne s'arrêtera pas là, petit à petit, on sera de moins en moins nombreux, de plus en plus méfiants et fatigués. Je n'ai pas envie de me battre, j'ai l'impression de m'être battu ma vie entière pour continuer de faire comme si tout allait bien alors que je ne vais pas bien, je ne vais pas bien, je ne vais pas bien Royale.

- Tu n'as pas besoin de te forcer à avoir l'air d'aller bien.

J'ai doucement secoué la tête la poitrine comprimée par un poids immense qui m'étouffait :

- Si, si parce que ne personne ne veut passer du temps avec quelqu'un qui va mal.

- Je passerai toujours du temps avec toi, si tu le veux, que tu ailles bien ou non.

Après une hésitation, elle ajouta.

- Et je pense que c'est le cas de tous ceux qui t'aime.

J'ai fermé très fort mes yeux pour retenir les larmes.

- Mais personne ne m'aimerait du tout si je ne me forçais pas en premier lieu.

Royale se pencha un peu vers l'avant pour croiser mon regard.

- Comment le sais-tu si tu te forces toujours ?

N'ayant pas de réponse à ça, au lieu de répondre à sa question, je lui aie demandé à la place :

- Et toi alors qu'en sais-tu alors que tu te caches toujours derrières tes costumes et tes sourires ! Même ton nom n'est pas le vrai.

Elle ne répondit rien, l'air de réfléchir à mes paroles un long moment. J'ai remarqué qu'elle semblait un peu pâle, bien qu'elle soit déjà naturellement pâle. Mais malgré le manque de lumière, seul les braises presque éteintes et la lumière de la cuisine éclairant la pièce, elle me paraissait particulièrement fatiguée. Elle conclut.

- Une jour je te le dirais.

- Demain tu seras peut-être morte, ou bien ce sera moi. Ou bien tu t'éloigneras, comme tous les autres quand j'ai cessé d'aller bien, et plus personne après n'a voulu de moi.

- Tu t'es enfermé sur toi-même. Tu t'es coupé du monde. Pourquoi ?

Je me suis recroquevillée sur ses genoux en essayant de retenir les souvenirs et j'ai enfin laissé sortir dans un murmure étranglé :

- J'ai peur qu'on m'abandonne encore une fois, qu'on me jette comme un vieux mouchoir, j'ai peur de tous les voir partir et de me retrouver seule à nouveau.

Les longues mains très douces et un peu froides de Royale se posèrent doucement sur mes joues, essuyant avec ses pouces des larmes qui n'avaient pas coulé.

- Je ne t'abandonnerai jamais Yssi. Même si je dois traverser mille fois l'enfer les yeux bandés et les mains liées pour aller t'y chercher. C'est une promesse.

J'ai ouvert la bouche, trop surprise par tant d'éléments dans cette déclaration pour y répondre. La promesse, la force de la conviction dans sa voix, l'intensité de sa métaphore, ou le surnom, celui qu'on me donnait quand j'étais enfant.

Mais comme toujours avec Royale, elle ne me laissa pas le temps de revenir dessus, sautant de nouveau sur un nouveau sujet, comme pour éviter d'avoir à assumer ses élans d'audacité précédents :

- Et puis je crois avoir une idée pour sortir. J'y travaille. Mais ça se dessine. Je vais y arriver.

Je me suis redressée, me remettant assise :

- Quoi ?

Elle plongea ses yeux roses artificiels dans le vide comme pour y réfléchir :

- Il y a quelque chose qui cloche avec Monokuma. Comme si deux choses se disputaient en lui. Si j'arrivais à le comprendre je pourrais lui tirer les informations nécessaires. Et puis j'ai fait un peu d'exploration. Je ne sais pas où on est exactement, mais je sais que notre montagne n'est pas juste un mont perdu quelque part. Il doit y avoir des parcours d'alpinisme, des chemins, quelque chose qui permet aux hommes d'y circuler.

Elle serra un poing et conclut.

- Il faudrait que j'explore plus loin, mais avec la réunion du dîner, je ne peux pas partir trop longtemps, il faut toujours que je revienne à temps.

Ça expliquait donc pourquoi elle devenait parfois introuvable, comme si elle s'était volatilisé. C'est parce qu'elle sortait de notre station. Elle s'enfonçait dans l'inconnu, la mer glacée qui nous emprisonnait, pour y chercher une porte de sortie.

- J'ai songé à tenter le coup tu sais, ne pas venir au dîner et désobéir à Monokuma. Mais j'ai réussis à trouver comment formuler les choses pour que Monokuma m'avoue de façon implicite que la punition pour absence au dîner était ni plus ni moins la mort. Alors tu comprendras que je ne peux pas me le permettre.

J'ai cligné les yeux en pensant à toutes les fois où j'ai faillis arriver en retard. Elle ajouta soudain l'air embêté :

- Ne le dis surtout pas devant Monokumas où à proximité des drones et autres robots, nous ne sommes pas censés le savoir et je ne sais pas la punition pour ça.

J'ai hoché la tête, l'air entendu. Si les punitions pouvaient être aussi élevées que la mort, il ne valait mieux pas tenter le diable. Soudain Royale se leva, pris ma tasse à laquelle je n'avais finalement pas touché et me fit remarquer sans transition :

- Si Cassiopée se réveille et ne te trouve pas elle va paniquer. Tu devrais y aller.


J'ai n'ai même pas demandé comment elle savait que Cassiopée était avec moi, j'imagine tout le monde l'avait compris. Je me suis frottée la nuque un peu embarrassée, me demandant si elle me chassait parce que je la dérangeais.

Mais je ne le pensais pas. Elle ne semblait pas m'en vouloir ou quoique ce soit, mais plutôt avoir besoin de retrouver son espace personnel. Elle m'en avait déjà dis beaucoup plus qu'elle ne le faisait d'ordinaire, et peut-être s'être autant ouvert l'avait fatiguée ou mise sur les nerfs. J'ai à ce moment remarqué qu'elle se tenait un peu penchée, comme si elle soufrait d'un mal de ventre et essayait de le cacher.

J'ai repris mon manteau, je l'ai remercié et j'ai ouvert la porte. Juste avant que je ne sorte, elle me dit une dernière fois :

- Et surtout Lyslas n'oublie pas que je serais toujours de ton côté.

Et j'avais beau la croire, je ne comprenais pas pourquoi. 

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