Chapitre 3 (6)
Les yeux fixés sur mes pieds, mes mains posées sur mon pupitre. J'ai attendu que tout le monde prenne sa place dans notre cercle de jugement, l'arène de mort devant nous. Le temps me paraissait au ralentis.
Monokuma nous toisait en silence depuis son perchoir. J'ai levé les yeux vers lui, sa tête bougea doucement dans ma direction pour me rendre mon regard. Il n'y avait pas une once de vie dans cette machine. Soudain je me suis sentie terriblement seule, un frisson me parcourut, et j'ai serré mes poings sur le bois vernis.
Quand tout le monde fut installé, il commença, calmement :
- Le procès du meurtre de Mélanie peut commencer.
Un long silence suivit. Personne ne décrocha un mot. Le temps s'étira interminablement pendant une très longue minute.
- S'il n'y a pas débat nous pouvons voter tout de s-
- C'est Violaine.
Mizuki, sa voix grave et râpeuse comme du papier verre claqua dans l'air suspendu et trancha la pression insupportable de la pièce, comme un couteau brûlant perçant dans un bloc de glace.
J'ai vu Violaine, les épaules abattue, le feu en elle presque éteint, se tendre dans un geste contradictoire de résignation et d'indignation mêlées.
Elle n'y croyait plus.
Mais moi je croyais encore en son innocence. Malgré tout, malgré le fait qu'elle était comme le disait Axel, brusque et vulgaire. Elle avait bon coeur, j'avais pris du temps à le percevoir mais j'en était sûre.
Randall, bien qu'à contre-coeur, ajouta :
- Soyons réaliste, Mizuki a raison. Personne d'autre n'aurait pu commettre ce meurtre.
J'ai déglutit et j'ai pris mon courage à deux mains, avant de me jeter dans le débat :
- Non je ne suis pas d'accord. Le meurtrier s'est contenté d'un coup, puis il est partit sans finir le travail. Et Violaine vous avais rejoins.
- Elle aurait eut le temps...
Commença Remington. Léo me jeta un coup d'oeil avant de prendre mon parti :
- Lyslas a raison, Violaine n'aurait pas tuer Mélanie, encore moins dans ce contexte.
- Pourquoi ? Au contraire ça fait parfaitement sens !
Dit Mizuki avec hargne.
- Violaine est impulsive, vous l'avez tous vu, elle nous l'a montré. Après la dispute elle s'est mise en colère, s'est dit que finalement elle n'avait pas d'ami ici, ou n'importe quoi d'autre. Elle a assommé Mélanie, mais a été prise de remord, de peur ou bien elle a n'a pas pu finir le travail, elle s'est enfuie et a dit aux autres qu'étant donné la dispute, il ne valait mieux pas venir voir. Comme ça personne ne viendrait au secours de sa victime.
Mizuki continua son histoire :
- Et puis peut-être s'est-elle dit : « le destin décidera, si elle survit, je me battrais, si elle meurt, je sortirais » peut-être ces cernes sous ces yeux sont le résultats de la culpabilité qui a creusé son chemin dans son crâne. Ou peut-être que c'est l'excitation de sortir d'ici en laissant 10 mort derrière elle-
Remington l'interrompit :
- Tu vas trop loin Mizuki.
Elle haussa les sourcils et lâcha un rire plein d'amertume. Une amertume que je n'avais jamais vu quitter la démineuse depuis notre arrivée. Elle semblait toujours en vouloir au monde entier.
- Quoi Remington, trop loin ? Qu'est-ce que ça veut dire trop loin ? Tuer des gens c'est pas aller trop loin peut-être ?
- On a pas de preuve encore.
- Et on en aura jamais si on meurt tous.
Ajouta Léo. Mizuki reprit :
- Je vais vous dire moi, ce que j'en pense, ce que j'en sais. J'ai vu des gens courir pour leur vie quitte à piétiner à mort des enfants, j'ai vu des jeunes garçons avec encore les joues rondes de l'enfance foncer dans des parcs d'attraction avec des ceintures d'explosif, j'ai vu des membres arrachés et des corps soufflés comme des pantins dans des brouillards de sang, j'ai vu mes amis mourir dans des "accidents du travail", vous pensez que les gens sont gentils ? Qu'on reconnaîtrait un meurtrier d'une bonne personne ? On ne peut jamais savoir, « l'instinct » ça ne sert que jusqu'à ce qu'on se plante, une fois, c'est une fois de trop, et quand c'est trop tard on n'a que ses yeux pour pleurer.
Elle recula un peu de son pupitre, pour nous jeter un dernier regard plein de sang froid, le genre qui ne plie sous aucune pression, celui d'une personne qui en a trop vu dans sa vie pour encore croire en les autres.
- Alors maintenant si vous voulez de la rationalité on va examiner le problème avec raison. On a 12 personnes, 1 est morte, 4 sont restés dans un chalet ensemble, 5 était dans un autre chalet ensemble, 1 personne est passée d'un groupe à l'autre juste au moment du meurtre. Pas de piège retrouvé sur place, pas d'absence inexpliquée, pas d'arme du crime retrouvée. Est-ce qu'une seule personne ici peut me donner une autre explication ?
Nous nous sommes regardés, l'air de partager la même pensée. Non il n'y avait pas d'autre explication. J'ai sentis un autre degré de panique silencieuse monter en moi. Quand j'ai essayé d'attirer l'attention de Léo, de trouver son soutien, j'ai vu comme il se sentait déchirer. Il semblait encore vouloir me croire, mais il avait du mal.
J'ai sentis mon esprit carburer à 100 à l'heure pour trouver des idées, faire des liens, des déductions, trouver à côté de quoi on était passé. Les paroles d'Anoushka me revinrent en tête : trouver le menteur. Car il y en avait forcément un. J'ai trouvé les yeux de Royale qui m'encouragèrent en silence.
Il fallait que j'essaie. Il fallait que je crois en mes certitudes, malgré le discours de Mizuki, je savais que j'avais raison.
- Et si le meurtrier n'avait pas utilisé d'objet mais son poing, ça aurait été normal de ne pas retrouver d'arme du crime.
Mizuki, mon adversaire pour ce procès, car personne n'osait vraiment argumenter plus, ricana et répondit simplement :
- C'est un problème très mineur que l'arme du crime. Violaine a tout à fait la force de frapper de son poing.
- Et vous êtes réellement sûr que personne ne s'est absenté ?
- J'ai été éliminé au premier tour, je me suis assise dans un coin et j'ai observé les autres. J'aurais remarqué une absence suspect.
Sans même que je réfléchisse, j'ai suggéré :
- Et une absence non-suspecte ?
- Les gens qui vont aux toilettes ne peuvent pas se téléporter pour aller tuer quelqu'un.
- Mais les toilettes ont une fenêtre pour s-
- Trop petite.
Trancha Randall, interrompant un peu mon échange avec Mizuki. Mais il reprit avec un peu plus de douceur :
- Mais Lyslas n'a pas tort. L'un d'entre nous aurait pu simuler une absence dans la maison pour sortir en cachette.
La voix grave de Nikolaï me fit sursauter soudain :
- Mizuki tu es sortie pour fumer.
Elle lâcha presque exaspérée :
- J'étais littéralement devant la fenêtre vous m'avez tous vu ! Et puis tant qu'à faire Remington est allé dans la cuisine pour nous faire des apéritifs et des cocktails, Léo est aller chercher des plaids dans sa chambre, et puis Randall est allé se doucher après qu'on lui ai renversé du punch à la mangue dessus.
On se regarda tous. Des fissures apparaissaient. Beaucoup de fissures d'un coup.
J'ai lâché, un peu sèchement.
- C'est ce que tu appelles « pas d'absence suspecte » ?
- Oui parce que la fenêtre de la salle de bain est trop petite pour Randall, que faire des cocktails ça prend du temps et qu'on entendait Remington les faire, et que Léo n'a pris que 2 minutes à prendre ses plaids.
Axel dit soudain, lentement, la voix sourde :
- Et que toi tu étais devant la fenêtre, c'est ça.
Elle lui rendit son regard sans ciller, sans la moindre trace de faiblesse.
- Oui.
La tension était électrique, si on pouvait tuer avec ses iris, il n'y aurait déjà plus de survivants ici. Axel reprit, avec un sous-ton si menaçant à l'arrière de sa voix que j'ai sentis mes cheveux se dresser sur ma nuque.
- Et bien sûr, c'était facile de voir dans le noir que c'était bien toi, et après tout, des gens en plein tournois d'échec avec de l'alcool dans les veines y aurait fait très attention.
Mizuki ne soupira pas ne s'énerva pas, elle resta fidèle à elle-même : sèche mais sûre d'elle, sévère et droite, sans pitié mais neutre.
- Je reconnais qu'il y a eu des absences. Mais nous ne sommes pas là à jouer à celui qui défend ses copains le mieux, comme je l'ai dit, il est impossible pour l'un d'entre nous d'avoir commis le meurtre, je suis absolument certaine de ça.
- Et moi je suis absolument certain qu'un connard ici est en train DE MENTIR !
Axel perdait petit à petit son calme, alors que Mizuki ne se laissa pas déstabiliser. Elle ajouta comme unique réponse :
- Je ne démordrais pas de ce que j'ai affirmé ici.
- Alors c'est peut-être toi qui ment ??!
Axel se pencha sur son pupitre pour plonger toute la haine de son regard dans celui imperturbable de Mizuki.
- Non, ce n'est pas moi, je suis restée à portée de vue tout du long.
Léo proposa :
- Ça n'aurait pas été si dur que ça pour toi de mettre un leurre à la fenêtre pendant un instant. En plus nous ne faisions pas bcp attention.
J'ai vu Nikolaï légèrement se tortiller, l'air embarrassé, comme s'il n'osait pas parler. Pour tenter de l'aider je l'ai invité par une question générale :
- Est-ce que l'un d'entre vous ne jouait pas ? Ou aurait fait attention à Mizuki ? Ou autre chose ?
J'ai vu un éclair de reconnaissance de la part de Nikolaï qui intervint enfin pour préciser, presque l'air coupable :
- Je suis sûr que Mizuki est resté fumer devant la fenêtre tout du long, elle n' a pas bougé, et c'était elle, pas un pantin... Elle s'était mise là où le chalet l'abritait du vent, mais à cause de la tempête j'étais un peu inquiet, je ne sais pas... que la neige du toit lui tombe dessus où quelque chose du genre...
J'ai lâché un soupir incontrôlable. La situation était mieux qu'un instant auparavant, mais pas beaucoup plus.
Mizuki passa une main sur son front.
- Bon puisque vous semblez vouloir faire de moi la méchante et ne pas m'écouter, dites-moi donc pourquoi vous pensez que ce n'est pas Violaine. Si vous avez de vrais arguments, je reconnaitrais mes torts.
Je me suis retrouvé à court de mot. J'ai jeté un regard paniqué à Léo, que je savais être ici mon soutien le plus sûr. Il parut autant à court de mots que moi. J'avais la chance d'exposer mon point de vue mais quoi dire ? Oh je ne crois pas que ça soit elle parce que j'ai vu pleurer toutes les larmes de son corps dans un jacuzzi à 3h du matin ? Parce que dans ce même jacuzzi j'ai vu le M tracée à l'encre fraichement de la main de Mélanie sur la cheville de Violaine ? Parce que j'ai vu ses mains trembler quand elle a découvert la mort de Mélanie ? Parce que même si ce n'est que ce mes yeux un peu effrayé du monde qui l'entoure m'ont dit, j'ai vu le deuil et le choc sur le visage de la tatoueuse ?
Mais Violaine répondit à ma place, du bout des lèvres un peu tremblante :
- J'ai déjà tué. Jamais ne l'aurait fait à Mélanie et pas comme ça.
Un courant froid me traversa. De quoi parlait-elle ? Un meurtre ? Pourquoi confesser un meurtre quand on essaie de t'innocenter ? Et puis le vrai sens de ces paroles retombèrent dans mon esprit comme la vase qui se déposerait au fond en rendant l'eau plus claire.
Violaine avait déjà tué. Et étant donné sa façon de le dire, ça n'était pas un souvenir heureux. Elle confessait ce secret avec la pudeur et la vulnérabilité de quelqu'un qui se mettra nu sur scène. C'était le dernier acte de bonne foi qui lui restait pour prouver qu'elle mentait pas.
Le silence était revenu, comme si souvent ici. Le silence était presque une personne à lui seul parmi nous, notre 17ème camarade. Nous attendions tous des explications, alors finalement Violaine lâcha prise de ses secrets et expliqua :
- Je vivais dans un coin pas très calme avec mes parents et mon grand frère, on avait pas beaucoup d'argent. Il était petit et pas très fort, mais il cherchait des embrouilles à tout le monde. Y compris des gens avec qui il aurait pas du.
Elle inspira profondément avant de passer à la partie difficile de son histoire :
- Un soir on attendait que les parents rentrent, j'étais en train de dessiner au lieu de faire mes devoirs, et puis j'écoutais de la musique trop fort, comme d'habitude, et mon casque a arrêté de marcher d'un coup. Et c'est là que j'ai entendu. Il y avait du bazar dans la salon. Quand je suis arrivée ils étaient en train de battre mon frère. Ils étaient trois.
Elle passa une main tremblante sur son front.
- Je ne savais pas quoi faire, j'ai eu peur, j'ai couru, j'ai pris le vase de mamie et j'ai frappé aussi fort que j'ai pu la tête du plus proche.
Elle avait baissé la tête pour regarder ses pieds.
- Si j'avais arrêté, les choses auraient peut-être été différentes, mais mon frère était plein de sang, et il ne bougeait pas, et il y en avait deux autres. Ils étaient grands et ils me faisaient peur, alors j'ai frappé une deuxième et une troisième fois, juste pour être sûr, et le vase s'est brisé après ça. Les 2 autres se sont enfuis. Il y avait du sang partout et deux personnes inanimées devant moi, je me suis roulée en boule et j'ai pleuré jusqu'à ce que mes parents rentrent.
Le visage de Violaine se tordit passant d'une expression confuse à une autre en faisant défiler les souvenirs dans sa tête.
- Si j'avais appelé le SAMU, le type qui frappait mon frère ne serait pas mort. Mais je n'ai rien fait, pendant 1h j'ai paniqué. Alors il est mort. J'avais 16 ans, alors j'ai fait 4 ans de prison et mes parents se sont endettés pour payer l'amende. Après ça mon frère a tout remboursé mais je sais qu'ils m'en veulent encore. C'est pour ça que je fais ma rentrée si tard. Hope's Peak c'était une chance incroyable pour moi... Si j'avais sut ! Une chance de finir de foutre ma vie en l'air !
Ses yeux se remplirent de larmes sur sa dernière phrase. Si on avait sut en effet. Mais comment aurions-nous pus...
Mais Mizuki brisa le silence, sans la moindre tendresse elle reprit :
- Quelle triste histoire, mais ça ne change pas ta situation. Il ne suffit pas de faire pleurer les violons dans les chaumières pour effacer sa culpabilité.
Un éclair de colère brilla à travers les larmes de Violaine et elle s'emporta :
- Qu'est-ce qui tourne pas rond avec toi ?! Qu'est-ce que je peux faire plus ! Je n'aurais jamais tué Mélanie !
- Oui on sait tu l'as déjà dit.
Sans la distance de l'arène entière qui les séparait, Violaine aurait très bien pu se jeter sur Mizuki. Violaine mi enragée, mi désespérée, s'exclama dans un dernier élan, comme si elle nous jetait tout ce qu'elle avait d'intime dans le but de nous convaincre :
- Je l'aimais Mélanie ! Je voulais sortir d'ici avec elle !
- Ou grâce à elle.
Soudain Axel explosa :
- C'est quand même étrange ton obsession à vouloir nous convaincre de la culpabilité de Violaine alors que ton propre alibis est moyen Mizuki.
- Moyen ? Il a été confirmé par l'homme des cavernes.
Fit-elle en jeta un vague geste vers Nikolaï. Quelque chose dans la condescendance de son geste alluma une étincelle de colère en moi comme si la colère grandissante dans la pièce me contaminait moi aussi. Je me suis écriée :
- L'« homme des cavernes » est la seule raison qui fait qu'on a pas encore voté pour toi alors tu ferais mieux de surveiller ta façon de parler !
Mizuki lâcha un rire rauque et désabusé :
- Oh non, j'ai manqué de respect à ton garde du corps ? Oups, désolée.
- Mais FERME LA !
Axel bouillonnait :
- Nikolaï aurait put se tromper, ça ferait sens que ça soit toi qui l'aie tué ! Je ne t'ai jamais vu autant t'impliquer dans un procès avant comme par hasard !
- Absolument pas, je n'ai aucune raison de tuer Mélanie et si j'avais voulu commettre un meurtre je l'aurais fait bien plus tôt que maintenant que deux autres ont échoués.
Mais tout le monde la regardait avec animosité, et méfiance. Le vent avait tourné de nouveau. Elle leva les mains l'air de trouver la situation aberrante.
- Quoi ?! Vous allez vraiment m'accusez parce que je ne suis pas gentille avec vous ? Mais enfin regardez les choses en face ! C'est pas comme ça que ça marche la vie !
J'ai inspiré profondément. Ses paroles n'étaient pas dénuées de sens et je ne voulais pas perdre mes capacités de réflexion à cause de la rage, comme Axel était en train de le faire.
- Nikolaï, est-ce que tu es vraiment certain de l'alibis de Mizuki ?
Il eut l'air d'hésiter, et le regard des autres le mettait mal à l'aise, je le sentais dans toute son attitude. Pourtant j'avais vraiment besoin de sa réponse. Il répondit presque timidement :
- Oui j'en suis sûre. Elle était adossée contre la fenêtre, je voyais son dos et la lumière de sa cigarette.
- Mais alors QUI a tué Mélanie BORDEL de MERDE !
Axel posa les deux coudes sur son pupitres et enfonça ses mains dans sa chevelure, l'air en proie à la torture.
- Qui a fait ça ?! QUI aurait pu...faire.....ça....
J'ai cherché au tréfonds de mon crâne une explication quelconque, un moyen de donner du sens à la situation. Tournant encore et encore et encore toutes les scènes possibles.
Mizuki recula de son pupitre et finit, avec un ton bas, par céder.
- J'ai fait ce que j'ai pu pour vous convaincre, je ne sais plus quoi faire d'aut-
- Et si personne ne l'a tué ?
Toutes les têtes se tournèrent vers moi. J'ai reprit.
- Et si la tempête l'a tué ?
Les autres prirent un moment pour assimiler mes paroles, avant que Remington ne me demande avec hésitation :
- Tué comment ?
J'ai ouvert la bouche, peu sûre de quoi répondre, quand mes yeux se posèrent sur Nikolaï et une idée me vint.
- Nikolaï a dit qu'il avait surveillé Mizuki car il avait peur qu'il lui arrive quelque chose, par exemple... que la neige du toit lui tombe dessus.
Mizuki me répondit, d'un ton plus doux, moins agressif :
- Ça pourrait presque marcher Lyslas, ce que tu dis fait sens, mais tu oublies qu'un objet contondant lui a été assené sur l'arrière du crâne. La neige, même lourde, ne lui laisserait pas une trace de coup. ..
Les autres, un instant traversés d'espoir, se courbèrent de nouveau sous le poids de l'inquiétude. Et Royale ajouta doucement :
- Et puis si Monokuma nous a mis là c'est que quelqu'un l'a tué. Pas un élément naturel.
Monokuma acquiesça depuis son piédestal.
- Les procès n'ont lieux que pour les morts causées par quelqu'un.
Mais je refusais de laisser tomber mon idée.
- Si pas de la neige, alors autre chose. Quelque chose aurait pu tomber du toit. Et quelqu'un aurait pu créer un piège pour que l'objet tombe du toit, et donc le faire à distance.
- Mais comment veux-tu prévoir la chute que quelque chose ?
Demanda Randall, plongé dans ses pensées, l'air d'y réfléchir sérieusement.
J'ai fait marcher mes méninges pour tenter de créer de nouvelles théories. Mais comment en effet ?
Violaine intervint soudain. Elle avait l'air lessivée, son front perlé de sueur, ses yeux rougit, tout son maintien tremblotant comme si la moindre brise la ferait craquer.
- Un choc probablement. Un choc pourrait faire tomber quelque chose de mal accroché.
Une idée germa dans ma tête, mais avant que je n'ai eu le temps de la laisser éclore et de l'exprimer, Axel accusa Mizuki avec cette même idée qui naissait dans mon crâne :
- Il n'y a qu'une seule personne ici qui s'y connaisse en explosif. N'est-ce pas Mizuki ?
Elle serra les poings sur son pupitre. Elle crispa légèrement ses sourcils, comme se durcissant face au danger qu'elle sentait arriver.
- Je suis DÉ-mineuse, je n'ai pas besoin dans ma formation de savoir créer des bombes, je n'y connais rien en fabrication d'explosif.
- Comment savoir que tu ne mens pas ? Ou que tu n'aurais pas trouver des explosifs ailleurs ?
- N'importe qui d'autre aurait put commettre le meurtre si c'était possible de trouver des explosifs ici ?!
Randall leva la tête vers notre bourreau et lui demanda :
- Je peux avoir des explosif ? Ou avoir un moyen de m'en procurer ?
Monokuma secoua la tête de gauche à droite.
- Non.
- Voilà. C'est réglé.
- Sauf si la personne les a fabriqué iel-même.
Finalement Anoushka donna sa propre opinion pour affirmer.
- De toute façon si on part du principe qu'un choc a été provoqué pour faire tomber quelque chose sur la tête de Mélanie, il faut bien l'activer, le choc. Je veux dire au moins avec un bouton, une télécommande, quelque chose !
Sans que je puisse retenir cette exclamation j'ai laissé sortir :
- Mais alors aller aux toilettes suffit !
On s'est tous regardé et Remigton résuma :
- Donc si on résume, "quelqu'un" aurait activé une explosion ou "quelque chose" de similaire pour faire tomber encore une fois "quelque chose" sur la tête de Mélanie, pile au moment où elle passait au bon endroit, l'aurait assommé, et elle serait ensuite morte de froid... ?
Dis comme ça en effet, ça sonnait moins probable. Mais après tout dans chaque situation précédente, la vérité était souvent beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait : il nous manquait encore des éléments.
- C'est vrai, comment quelqu'un aurait pu savoir le moment où faire tomber le truc ? Les deux chalets étaient trop séparés, impossible de voir.
- Où alors il y avait un caméra installée....
- Mais elle aurait désinstallée avant qu'on trouve le corps...
- Monokuma, peut-on avoir des caméras ?
- Non.
Randall leva une main l'air agacé :
- Bon ça règle le problème, on ne peut rien avoir ici !
Le débat retomba un moment. Avant que Monokuma ne nous propose – encore – de passer au vote, Cassiopée d'une petite voix, osa demander :
- Mais qu'est-ce qui aurait pu tomber du toit ? On a rien retrouvé le lendemain...
- Encore une fois l'objet aurait du être récupéré avant...
- À croire que ce foutu meurtrier est un fantôme. Ou qu'il s'est cloné, je ne sais pas !
S'énerva Léo un peu inutilement. Randall en se frottant le menton, demanda :
- Mais qu'est-ce qui aurait pu tomber de toute façon ? Cette théorie ne tient pas debout, quel genre d'objet – qu'on aurait pas remarqué avant – se détache avec un choc alors qu'on est déjà dans un tempête ? Enfin je ne sais pas, pour faire tomber un objet avec un choc, il ne faut pas que l'objet soit retenu par une corde, une corde s'en fiche des onde de choc où autre, ou il aurait fallut la couper, mais elle aurait été couverte de neige et gelée enfin ça ne fait aucun sens !
Et soudain, mon esprit cliqua.
- Les stalactites.
J'ai relevé les yeux pour croiser le regard de Royale. Me souriant. Quelque chose dans ce sourire me réconforta comme une main tendue après un passage à tabac.
- Les stalactites !
Axel écarquilla les yeux et s'exclama revigoré, et l'air plein d'espoir :
- Mais évident, il y en a plein ! Et ça ferait sens qu'on ait rien retrouvé puisqu'il aurait fondu au soleil le lendemain !
Axel me regarda avec un sourire :
- T'es un génie Lyslas, c'est forcément ça, c'est ça !
Une bulle de fierté et de joie monta en moi. C'était peut-être le pire moment et contexte pour se réjouir, mais pour la première fois depuis le début du procès j'avais l'impression d'avoir permis une avancée utile.
Mais Mizuki nous ramena sur terre avec cette simple question.
- Et qui aurait fait tomber un stalactite sur Mélanie pile au moment où elle passait ?
Il nous manquait toujours l'information la plus cruciale à la résolution du meurtre.
- Votre théorie du choc est bien belle, intervint soudainement Anoushka, mais est-ce qu'on l'aurait pas sentis un peu le choc en étant dans le chalet ?
Elle n'avait pas tort... Une petite explosion pour faire tomber un stalactite, on l'aurait surement remarqué non ? Surtout qu'à l'heure à laquelle Mélanie s'est faite assommée, nous ne dormions pas encore. C'était à peine quelques minutes après la dispute...
Cassiopée tenta doucement :
- On aurait pu ne pas s'en rendre compte, après tout on était tous secoués à ce moment là...
Anoushka frotta sa chevelure blonde l'air perturbée :
- Quand même je n'arrive pas à croire qu'on aurait pas remarqué un truc pareil... enfin moi en tout cas... j'aurais du remarquer ça...
Lentement les mots d'Anoushka se frayèrent un chemin dans mon crâne, jusqu'à atteindre mes souvenirs. Une horreur glacée me parcourue. Je dus visiblement trahir la détresse qui venait de déferler sur moi alors que je venais de comprendre ce qui s'était passé, car Nikolaï fit remarquer en me regardant :
- Lyslas... tu es si pâle...
J'ai ouvert la bouche et sans que les mots puissent franchir mes lèvres, mais les larmes franchirent mes paupières.
Axel, la voix pleine d'inquiétude, me demanda :
- Qu'est-ce qui se passe Lyslas ? Tu as compris quelque chose ?
Je n'ai pas réussis à le regarder dans les yeux. J'avais encore du mal à accepter ma propre idée, je ne voulais pas y croire mais à chaque seconde s'écoulant cela faisait un peu plus sens. Chacun des problèmes et des mystères étaient résolus par cette réponse si simple mais si cruelle. Finalement j'ai retrouvé la voix pour poser comme on dépose le corps d'un être aimé dans sa tombe :
- Il y a eu un choc.
J'ai fermé les yeux et deux larmes de plus coulèrent sur mes joues :
- Quand Axel a jeté la chaise contre le mur.
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