Chapitre 3 (6)


Je me suis retournée pour la millième fois au moins dans mon lit. Il était seulement 4h du matin, mais je parvenais pas à me rendormir.

J'ai finis par me redresser en position assise dans mon lit, regardant autour de moi ma minuscule chambre.

Le grand lit était tout chiffonné par mon agitation. En face ma penderie presque vide me renvoyait mon reflet avec ma chevelure grisâtre ébouriffée et mes traits tirés. J'avais juste la tête de quelqu'un qui avait besoin d'une bonne nuit de sommeil, sommeil que j'avais tellement de mal à trouver, depuis... Des années.

Sur ma gauche une table de chevet encombrée et puis un radiateur qui chauffait presque trop la pièce. À droite la fenêtre, fermée par les volets en bois, ne laissait pas le moindre filet de lumière se glisser dans la pièce. Il était trop tôt, il faisait encore nuit dehors. La seule lumière venait de l'autre côté du couloir, mon atelier dont j'avais laissé allumé, pour me rassurer... Je n'avais jamais aimé le noir complet.

Après avoir hésité un long moment je suis sortie de mes draps en frissonnant. Je ne sais pas ce qu'il me prenait, mais soudain j'ai envie de sortir, faire quelque chose.

C'était peut-être l'idée que c'était ma dernière matinée avant de mourir. Après avoir enfilé un long manteau bordé de fourrure je me suis dirigée vers le chalet de... SPA ? Sport ? Je ne savais pas comment décrire celui-ci.

Je n'y était jamais allée. Avec Axel, Cassiopée et... et Mélanie, on ne s'était jamais aventuré dans ce terrain inconnu.

Je suis rentrée dans le bâtiment. L'entrée était assez impressionnante, un sol brillant effet marbre, et deux portes sur les côtés qui invitaient les gens à rejoindre les vestiaires.

J'ai pris celui de gauche, puis j'ai traversé les vestiaires, propres et grandes.

Le silence était légèrement intimidant mais j'aimais bien cette ambiance calme. J'avais l'impression d'être une exploratrice découvrant une grotte inconnu. 


Je suis passée à côté de ce qui ressemblait à une salle de massage, puis j'ai descendu les escaliers s'enfonçant dans le sol et qui menaient aux salles d'eau de SPA.

Il faisait chaud et humide, alors j'ai laissé mon manteaux sur un banc et je me suis approchée de l'eau. Plusieurs bassins de tailles différentes s'étendaient devant moi. Certains bassins semblaient avoir des petits courant les agitant en profondeur, des bullesnremontaient à certains endroits, remuant la surface, et des douches massantes faisait un bruit d'eau en brisant la surface. À droite, il y avait un grand sauna et un hammam duquel semblait sortir une légère odeur d'extrait d'ecalyptus.

Je suis sûre que Mélanie aurait adoré cette endroit. Un pincement au coeur me saisit. Cassiopée aussi aimerait cet endroit. Je me dis qu'il faudrait y retourner avec elle.

Je me suis baissée pour tremper ma main dans l'eau. Elle était vraiment chaude et pour un peu j'étais presque tentée d'y faire trempette.

J'ai enlevé mes chaussures et j'ai laissé mes orteils reposer sur le rebord où s'échouaient des petits vaguelettes portée par les courant des bassins.

Au bout de quelques minutes, alors que je songeais à repartir pour aller prendre mon petit déjeuner, j'ai entendu un tout petit son. Petit mais humain. Une sorte de reniflement.

Je me suis redressée, cherchant l'origine du bruit, ou si ça n'avait été que l'objet de mon imagination.

Derrière un épais pilier carrelé élégamment, une tête dépassait d'un petit bassin fumant. Une tête bleu azur. 

J'ai très vite reconnu Violaine, enfoncée dans le bassin jusqu'au cou. Elle me tournait le dos. 

Le reniflement se reproduit, et je me suis figée, peu sûre de quelle stratégie aborder. Même si nos rapport c'était grandement amélioré, surtout depuis le dernier procès, nous avions un rapport légèrement tendu et j'avais peur de la déranger dans un moment personnel. 

Car clairement, quelqu'un qui voudrait de la compagnie n'irait pas dans un spa désert à 4h30 du matin avant un procès à la fin duquel on risquait fortement de mourir.

Je me suis retournée aussi silencieusement que possible, et j'ai commencé à m'éloigner pour récupérer mes affaires et m'éclipser d'ici, mais malheureusement, je suis moi. 

Et moi, est avant tout une personne désespérément maladroite. C'est donc ainsi que j'ai dérapé dans une flaque d'eau en essayant d'enjamber un transat qui bloquait le chemin. Je n'ai poussé aucun cri, trop choquée par la sensation de chute, mais je me suis écrasée pile entre le rebord et un bassin à bulle. Mon genoux gauche a percuté le carrelage douloureusement tandis que l'autre s'est enfoncé dans l'eau, pendant que mes mains cherchaient de quoi se réceptionner, l'une trouvant le sol froid et l'autre le bassin chaud.

J'ai basculé dans l'eau toute habillée dans un grand plouf.

- Qui est là ?!

Violaine était immédiatement sortie du bassin, alarmée. J'ai agité les bras pour remonter vers la surface, et quand ma tête à crevé l'eau, je suis tombé droit sur la vision d'une Violaine prête à mettre une raclée à quelqu'un.

Le fait qu'elle était dans un maillot de bain deux pièces bleu foncé qui mettaient bien en valeur ses bras musclés et sa peau intégralement tatouée d'une main de maître, j'ai songé une seconde à replonger et disparaître au fond du bassin. 

Elle se calma en me voyant, probablement rassurée de voir qu'elle ne courait aucun danger.

- Lyslas. Qu'est-ce que tu fais là ?

Soudain j'ai remarqué quelque chose qui me surpris, bien que j'ai tenté de rien laissé paraître.

Violaine avait les yeux et le nez rougit, elle venait probablement pleurer. J'ai tout de suite fait le lien avec les reniflements que j'avais entendu. Même si j'avais essayé de garder une expression neutre, quelque chose du me trahir dans mon expression car elle eut l'air embarrassée. Elle demanda :

- Ça fait combien de temps que tu es là ?

- Une dizaine de minute, mais je viens à peine de remarquer que tu étais là aussi.

Elle se détendit très légèrement, puis s'agenouilla au bord du bassin où j'étais toujours immergé.

- Tu te baignes tout habillée toi ? T'avais peur d'attraper froid dans l'eau ?

Ses question étaient plus moqueuse que sérieuse et j'ai répondu dépitée :

- J'ai glissé...

- Non ? Vraiment ?

- Oui bon ça va...

- Comment t'as fait pour pas déjà te faire assassiner ?

J'ai soupiré, faisant des bulles dans mon bassin. Violaine me tendit la main. Je voyais qu'elle essayait d'avoir l'air détendue, mais il n'y avait pas un doute. Elle était venue ici pour pleurer tout son saoule tranquille.

J'ai pris sa main, et elle m'a tiré comme si de rien était hors du bassin. L'air plus froid du dehors me fit frisonner et j'ai croisé les bras. Mes vêtements me collait aux corps et mes cheveux s'accrochaient sur mes joues. Je me sentais pitoyable, mais j'imagine que Violaine ne devait pas se sentir mieux.

Un silence gêné plana un instant. Nous ne savions visiblement pas quoi nous dire. J'aurais aimé ressortir mais à vrai dire, je préférais encore cette situation à l'idée de sortir en étant trempée dans l'air glacial du dehors.

Violaine craqua la première et me fit remarquer.

- Tu devrais aller te sécher, il y a des séchoirs dans les vestiaires. On a encore quelques heures avant le procès.

Elle prononça cette dernière phrase avec une forme de résignation similaire à celle d'une condamnée à mort. Elle n'y croyait pas, je le voyais bien. C'était la deuxième fois quelle était suspect, et la première fois déjà, il s'en était fallut de peu. Mais au moins, il y avait eut d'autres suspect. Cette fois il n'y avait qu'elle qui n'avait pas vraiment d'alibis.

Avec hésitation et lenteur, je lui ai dit :

- Je sais que ça n'est pas toi Violaine... Et...Et je vais essayer de convaincre les autres.

Elle détourna le regard d'un coup, honteusement, sans répondre. Puis, la voix éraillée, nouée de larmes, elle articula avec difficulté :

- Je n'aurais jamais... jamais fait de mal à Mélanie.

Elle cacha son visage dans un de ses mains et le tremblement de ses épaules m'indiqua qu'elle s'était remise à pleurer, même si elle voulait me le cacher. Je ne savais pas quoi faire, je n'étais pas aussi douée que Cassiopée pour panser les blessures du coeur. Elle avait calmé Axel avec un patience et une adresse dont je n'aurais jamais sut faire preuve.


Alors j'ai juste répondu.

- Je sais, je te crois.

Elle enfonça son visage dans ses deux paumes, ne pouvant plus vraiment se retenir, secouée de sanglot qu'elle retenait autant que possible. J'ai tapoté doucement son épaule de façon maladroite.


On est resté comme ça plusieurs longues minutes avant que le froid n'ai raison de moi.

Relevant la tête, elle remarqua peut-être mes frissonnements et m'invita :

- Je retourne dans le bassin, tu peux venir si tu veux, mais ne compte pas sur moi pour faire la conversation.

- Le silence gênant me va très bien, mais j'ai pas pris de rechange...

- Je te prêterais le mien. Un jacuzzi avant de mourir c'était une idée sympa j'ai trouvé. Et puis j'ai pas vraiment envie d'être seule...

C'est ainsi que de façon très improbable, je me suis retrouvée toute habillée, enfoncée jusqu'au cou dans un jacuzzi avec Violaine qui avait séché ses larmes. On est restée comme ça en silence, les yeux fermés, sans échanger un mot, pendant une bonne heure je crois. Jusqu'à ce que mes doigts et mes orteils ressemblent à des pruneaux secs.

Violaine me passa sa tenue de rechange qui était pratiquement à ma taille.

On s'est séparés à la sortie du jacuzzi ou je suis retournée dans mon chalet pour me changer. Une fois fait, j'ai rejoint Cassiopée et Axel, comme convenue. Prête pour le procès.

Pendant que Cassiopée nous faisait à boire, j'ai discuté avec Axel. Je voulais lui faire part de mes théories.

- Hey Axel...à propos du procès.

Il ne répondit pas, mais il tourna son regard vers moi, jamais son regard n'avait autant ressemblé à une mer d'orage. Ses mâchoires était serrées, tout son corps contracté. J'ai déglutit puis j'ai enchainé :

- Je ne pense pas que ça soit Violaine.

Il parut un peu étonné, et desserra les mâchoires juste assez pour demander :

- Tu es sûre ? C'est la seule sans alibis.

- Oui mais au point où on en est ça ne veut rien dire. Tous les meurtriers avaient en apparence des alibis jusque là. Et ça ne fait aucun sans que Violaine tue Mélanie, comme ça. En plus, un coup sur la tête ? Puis la laisser pour morte ? Devant chez toi ? C'est n'importe quoi, non ça doit être quelqu'un d'autre.

Il se pencha vers moi et attrapa ma veste :

- Qui alors, qui a fait ça ?!

J'ai reculé légèrement devant la ferveur de sa question. Il brûlait d'envie de le savoir, de se venger.

- Je ne sais pas encore, mais on va trouver, comme on l'a fait jusque là. Je... te promet que je ferais tout ce que je peux.

Ses yeux brillèrent alors que les larmes montèrent dans ses yeux :

- Et si tout ce qu'on peut n'est pas assez ?

Les larmes roulèrent, débordant sur ses joues :

- Si ton meilleur n'est jamais assez ?

Les mains toujours agrippé à mon col il posa le front contre moi, comme terrassé par un poids invisible. C'était la deuxième fois en peu de temps aujourd'hui que je me retrouvais devant le chagrin d'une personne en deuil, alors que moi même je souffrais de la perte de mon amie, même une amie rencontrée il n'y que quelques mois.

Axel prononça doucement, la voix tremblotante :

- Je lui avais pardonné, ce matin, j'étais prêt à accepter ses excuses. Je voulais lui dire, lui dire que ça n'était pas grave, qu'elle ne pouvait pas savoir, qu'elle n'avait pas voulu me faire de mal, que je lui pardonnais.

Il renifla. J'ai vu derrière ses épaules Cassiopée revenir en silence, avec deux tasses de thé.

- Elle n'a emporté que le souvenir de mes reproches. Je n'ai jamais pu réparer ce qui avait été brisé. Je ne pourrais plus jamais.

Cassiopée s'assit derrière lui et frotta doucement son épaule dans un petit geste circulaire.

- C'est trop tard. Parfois c'est trop tard.

J'ai fermé les yeux et pressé mes paupières pour retenir les larmes que je sentais poindre aussi. Le malheur d'Axel était si fort que je le sentais me contaminer.

Cassiopée prit le relais, et je suis sortie pour prendre l'air. Il restait une petite heure avant de se retrouver tous dans cette pièce de malheur, et il me restait encore une personne à aller voir.

Anoushka m'attendait appuyée contre sa porte, déjà prête. Étonnement peu vêtue étant donné la température.

Elle redressa la tête en entendant mes pas crisser dans la neige. Le ciel était bleu intense et le soleil brillait, comme pour nous narguer. La neige était à moitié fondue, il y avait des plaques de verglas et de longs stalactites.

Anoushka se redressa et vint à ma rencontre.

- J'ai réfléchis Lyslas.

Nous avons marché un peu sans but dans les chalets avant de rejoindre la salle de spectacle d'où on accédait à la salle de procès.

- Comme tu m'as dit que tu ne pensais pas que ça soit Violaine, et que je comprend ton raisonnement, j'ai essayé d'imaginer une autre possibilité.

J'ai hoché la tête, à l'écoute.

- La seule raison pour laquelle quelqu'un aurait pu s'éloigner du groupe sans créer de suspicion serait pour aller aux toilettes mais ça paraît court pour aller assommer quelqu'un, où pour peut-être pour aller dans une autre pièce, par exemple, se changer, aller dans son atelier, ce genre de choses. Or le tournoi d'échec des autres s'est déroulé dans le chalet de Léo. Donc si quelqu'un pouvait facilement rejoindre une autre pièce, ce serait Léo, puisqu'il est chez lui.

Mon coeur se pinça. Léo ? À qui j'avais parlé la veille même, de manière si légère. L'imaginer tuer Mélanie me perça le coeur d'une pointe de douleur et de sentiment de trahison.

- Tu crois vraiment ?

- Je n'en sais rien, ça n'est pas sûr, ce qu'il va falloir voir pendant le procès. On sait que ce n'est ni toi, ni moi, ni Cassiopée, ni Axel, nous étions tous ensemble au moment du coup et un bon moment après, et ensuite on s'est endormi et je pense qu'on se serait réveillé l'un l'autre si on avait bougé pendant la nuit. Et puis même, on était même pas en train de dormir au moment du coup. Si l'un avait trahis, on l'aurait vu, en tout cas moi je l'aurais vu.

J 'ai hoché la tête. C'est vrai que Anoushka avec sa méfiance habituel avait même considéré la possibilité que ça soit l'un d'entre nous, et par nous j'entendais notre petit groupe.

Elle reprit :

- Donc parmi les 7 qu'il restait, il y a un menteur, qui d'une façon où d'une autre s'est débrouillé pour quitter le groupe pour aller porter le coup et revenir.

J'ai encore hoché la tête avec approbation.

- Ces 7 là qu'ils va falloir interroger pour trouver le menteur. Comme le disait Royale, il y a 2 meurtrier au maximum, et les autres n'ont aucun intérêt à nous mentir. Donc il y a 1 ou 2 menteurs mais les autres diront la vérité.

Je regardais mes pieds, imaginant déjà l'angoisse, la tension, le temps défiler et le regard brûlant et glacial en même temps de Monokuma, enfant monstrueux, nous menacer d'arrêter le débat si nous ne trouvions pas de nouvelles questions, de nouveaux débats et que nous tournions en rond.

Je me perdais dans mes pensées et mes peurs quand j'ai sentis une petite main froide frôler la mienne. J'ai redressé la tête et j'ai trouvé le regard d'Anoushka.

Elle me regardait avec une préoccupation sincère que je ne lui avait pas souvent vu. Elle avait toujours l'air si solo, l'air de ne pas se préoccuper du sort des autres. Elle pencha la tête en me fixant de ses grand yeux noirs.

Elle serra ma main et je lui rendit son geste, avec ma main calleuse à la fois maladroite et capable d'un travail de précision minutieuse. J'étais toujours déchirée entre deux opposés, toujours contradictoire. Et puis avec une voix pleine d'assurance et de promesse elle me dit :

- On va y arriver.

Et j'avais envie de la croire.

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