Chapitre 3 (4)

Le lendemain, nous nous sommes réveillés tous les quatre sur le tapis du salon d'Axel, les uns contre les autres dans une sorte d'entassement humain. Le feu avait finis de brûler dans la cheminée, et il commençait à faire un peu froid, mais notre proximité physique nous réchauffait.

Anoushka était déjà debout quand j'ai ouvert les yeux en deuxième. Axel et Cassiopée étaient encore l'un contre l'autre endormi. Je me suis extirpé de leurs bras et j'ai rejoint Anoushka qui s'était pelotonné sur le canapé et me tendait une tasse de café. Elle, s'était fait du thé.

On a discuté à voix basse pendant un moment :

- Tu crois que ça va aller pour lui ?

J'ai demandé à mon amie. Elle me répondit doucement :

- Axel est plus fort qu'il n'y paraît. Et il n'est pas stupide. Il trouvera un moment d'aller s'excuser, de recoller les morceaux.

J'ai replongé le nez dans ma tasse. À travers un volet un peu mal fermé je pouvais voir que la lumière filtrait en un rayon concentré. Dehors il devait faire beau. La tempête était enfin retombée.

Anoushka repris en suivant mon regard :

- Oui je ne suis pas sortis mais j'ai ouvert la fenêtre de la salle de bain et il fait vraiment beau aujourd'hui.

J'ai soupiré un peu soulagée :

- Enfin, j'en aie marre du mauvais temps, à chaque fois qu'on a une tempête on a des ennuis.

- Tu es superstitieuse ?

- Pas vraiment mais je ne peux pas m'empêcher de faire des liens qui m'angoissent encore plus... Maintenant mon cerveau associe tempête avec problème, et je sais que je vais avoir peur pour ma vie à chaque fois qu'il y aura trop de neige ou de vent... Je fais toujours ça, je me connais, je suis vraiment une cause perdue... C'est pour ça que je suis une froussarde pareille...

Ansouhka leva sa main fine et la posa sur mon épaule, pour l'étreindre un peu dans un geste rassurant :

- Bienvenue au club des causes perdues ahah

Puis d'un coup plus sérieuse elle ajouta en enlevant sa main :

- Et puis tu sais que je ne laisserais rien t'arriver Lyslas, tant que je serais là.

Son sérieux plana un moment puis il disparut quand elle me fit un sourire mi-espiègle, mi-maléfique et souleva un coussin d'un coup en en sortant un grand couteau de cuisine :

- Je découperais en rondelle tous les méchants qui voudront te faire du mal eh eh eh !

J'ai déglutit en louchant sur la lame, et avant d'avoir le temps de lui demander de ranger ce couteau, une petite exclamation effrayée nous fit tourner la tête. Cassiopée, réveillée maintenant, nous regardait avec confusion et beaucoup d'inquiétude.

Anoushka pouffa un peu et rangea son couteau. Moi, comprenant que la peur de Cassiopée était bien sincère et plus profonde que ce qu'Anoushka ne pouvait penser, j'ai affiché un sourire et je suis allée m'asseoir sur le sol à côté d'elle en expliquant :

- C'est rien Anoushka menaçait les méchants.

Cassiopée pencha la tête, rassurée, mais elle lâcha :

- Quels méchants ?

Anoushka haussa les épaules comme si c'était une évidence :

- Les méchant meurtriers.

Cassiopée se redressa assise et passa la main dans ses cheveux pour y mettre de l'ordre, comme si cela revenait à mettre de l'ordre dans ses pensées, et commenta dans un filet de voix (je voyais qu'elle était encore un peu intimidée par l'ultime ramoneuse) :

- Des méchants ou bien des gens perdus et désespérés...

Anoushka lâcha un bref rire sec et impitoyable, comme à son habitude :

- Tu vas pas commencer à nous dire que Min-ho qui a poignardé dans le dos Anjali sans un remord est une victime, ou que Mike qui laisse Aimana étouffer à petit feu avant de faire tout un plan pour accuser Violaine était une pauvre âme perdue, fou peut-être, mais perdu...

Cassiopée n'ajouta rien, mais j'ai sentis dans son silence qu'elle en avait plus à dire.

Je lui ai donné un petit coup d'épaule contre épaule, pour lui demander d'un regard si elle allait bien. Elle me sourit et hocha très légèrement la tête. Anoushka nous regarda d'un air neutre, mais quelque chose me disait qu'elle n'aimait pas beaucoup l'échange silencieux qui pouvait se faire si simplement entre Cassiopée et moi.

- J'espère que vous avez du café de près pour moi.

La voix enraillé d'Axel nous interrompit. Il se redressa lui aussi, les yeux bouffit, les cheveux encore plus décoiffés que ceux d'Anoushka, et l'air de sérieusement mauvais poil.

Je lui aie tendit ma tasse que j'avais à peine entamé, dont il pris immédiatement une énorme rasade avant de grimacer sous l'amertume de la boisson.

- J'aime pas le café.

Il me rendit ma tasse et se leva en grimaçant.

On l'a regardé, attendant une annonce, décision, réaction, quelque chose de sa part. Il se tourna vers nous, avec sa tête de déterré et rougissant un peu d'embarras, dis avec une fausse rudesse :

- Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ?

Cassiopée pencha un peu la tête :

- Ça va aller ?

Il haussa les épaules, toujours avec une sorte de mauvaise humeur, qui dissimulait juste sa gêne.

- Oui, je vais aller m'excuser d'avoir réagit aussi violemment, accepter leurs excuses d'hier et puis passer à autre chose.

Il s'assit comme si un énorme poids pesait sur ses épaules.

- Je sais pas pourquoi je foire toujours tout comme ça...

Cassiopée s'assit doucement à côté de lui et lui dit très doucement :

- C'est jamais trop tard pour essayer de corriger les choses, on fait tous des erreurs, le plus important c'est de pas baisser les bras.

Il releva la tête, les yeux humides, mais un vrai sourire sur le visage.

- Merci, à vous trois, vous vous rendez pas compte d'à quel point je suis content que vous soyez là, j'ai l'impression de tellement pas vous mériter.

Il se redressa soudain revigoré, claqua ses joues pour se réveiller et affirma bien haut :

- Il est temps d'aller réparer tout ça !

Il nous fit un grand sourire, effila un manteau et se dirigea vers la porte. La main sur la poignée il s'arrêta soudain, comme pris d'un doute. Cassiopée proposa spontanément :

- Tu veux qu'on t'accompagne ?

Il se retourna vers nous, l'air embarrassé mais soulagé.

- Vous seriez d'accord ?

J'ai hoché la tête :

- Bien sûr, au moins jusqu'à ce que tu sois dans une bonne situation pour parler à Mélanie.

Il déglutit et nous sourit, un rayonnement reconnaissant dans ses yeux bleus océans. Nous avons pris nos manteaux nous aussi et puis Axel ouvrit la marche en ouvrant la porte.

Mais à quelques pas sur notre gauche, une forme allongée au sol, nous coupa dans notre élan.

Le temps sembla se ralentir, chaque seconde piégé dans la glace, s'étirant sur une éternité. Car devant nous, étendue dans le neige, un expression presque apaisée sur le visage, gisait Mélanie.

Pas une trace de sang ne venait souiller son cercueil de glace que le soleil de la matinée faisait lentement fondre autour d'elle. Pourtant pas de doute, il n'y avait plus de vie en elle.

Axel ne cria pas, il ne pleura pas, il s'effondra tout simplement en silence. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu'il s'était évanouit, son corps amollis dans les bras d'Anoushka qui l'avait rattrapé de justesse. À l'inverse en face de nous le corps de Mélanie était complètement raidie, gelé.

Je suis restée les bras ballants, comme vidée de toute réactions logique. Je ne savais tout simplement pas quoi faire, pas quoi penser, quoi dire, comment réagir.

Cassiopée fut la première à manifester une émotion face au corps. Elle recula d'un pas, glissant sur une plaque de neige et tombant sur les fesses, les mains portées aux visages, une expression d'horreur silencieuse sur le visage.

Anoushka, qui tenait toujours le corps inconscient d'Axel brisa le silence :

- Putain.

J'ai finis pas bouger, faisant un pas vers l'avant, avant de m'arrêter à genoux devant le corps de Cassiopée. Un sentiment de froid intense m'avait traversé, mais mon sentiment d'horreur était mêlé de l'horreur de ne même plus être autant affectée par la découverte du corps d'une amie.

Je souffrais, ça oui, c'était un pieu qui me crevait le coeur, mais cette souffrance était comme engourdis par un constat résignée. Le choc n'était pas là, seulement la douleur, la tristesse, et puis... une autre émotion. 
Mélanie était morte. Encore une vie perdue. Quelle serait la prochaine ?

Qui l'avait tué ? Quel sinistre, profond connard avait fait ça ?

Ma tristesse se changea si vite en une rage froide que je n'eus pas le temps de verser une larme. Mon esprit en quelques minutes se recalibra sur l'objectif de découvrir et faire subir le même sort au coupable, une pensée sombre, qui me surpris moi-même.

Derrière moi Cassiopée sanglotait déjà, les larmes coulant de ses grands yeux émeraudes, dévastée par chaque vie volée comme par la précédente. La pointe de noirceur qui s'était installé au fond de mon crâne n'était pas chez Cassiopée dont le malheur et le choc sincère se lisait sur chacun de ses traits. Anoushka semblait décontenancée, toujours prenant soin du corps évanouit d'Axel.

- Tu es de nouveau celle qui découvre les corps Lyslas, tu sembles avoir la poisse.

J'ai tourné la tête en direction de la voir robotique de Monokuma, qui venait d'apparaître sur la scène du crime, son éternel ton détaché et son œil écarlate toujours aussi froid.

Il s'approcha du corps et commenta comme il l'aurait fait du temps :

- Si proche de là où vous étiez toute la nuit durant... Quelle tragédie.

Je ne voulais même pas m'énerver contre la froideur et l'horreur de ses propos, un bref coup d'oeil sur sa peau froide et brillante me suffisait pour me souvenir que ça n'était qu'une machine sans âme devant nous.

Des petits drones commencèrent à tourner autour du corps, une machine vint prendre le corps et le tiréer de son berceau glacé. Monokuma m'informa :

- D'après un premier pronostic il semblerait qu'elle soit morte de froid.

Il se rapprocha de nous, offrant une main à Cassiopée pour qu'elle se redresse.

- Mais il y a un blessure sur sa tête. Un peu à l'arrière, sur le dessus. Visiblement elle a été assommé puis laissée pour morte dans la neige. Le meurtrier n'a peut-être pas assumé son geste.

Comme Cassiopée ne prenait pas sa main, il se détourna.

- Un compte-rendu vous confirmera cela ou non, et vous apportera peut-être des informations supplémentaire, sur l'heure par exemple.

Il tourna sur ses talons pour nous faire de nouveau face :

- Le procès est dans 24h, comme les fois précédentes. Des question ?

Anoushka cracha d'un ton venimeux :

- Ça vous amuse de nous regarder tous mourir les uns après les autres dans ce jeu de merde ?

Un silence suivit, avant que l'enfant mécanique ne réponde, indéchiffrable :

- Si seulement je savais ce qu'était « s'amuser ».

Il nous fit dos et commença à s'éloigner :

- Mais je ne suis qu'une machine, ce n'est pas moi qu'il faut blâmer.

Anoushka se reconcentra sur Axel.

- Qu'est-ce qu'on fait avec lui ?

Je l'ai regardé, mon coeur s'emballa, je ne voulais pas voir sa réaction quand il se réveillerait. Mais je ne voulais pas non plus le laisser seul.

J'ai baissé les yeux comme écrasée par la perspective du futur.

- On devrait le rentrer au chaud et s'assurer qu'on soit là pour son réveil.

- Est-ce que tu crois que Monokuma va se charger de prévenir les autres ?

J'ai soupiré.

- Ça m'étonnerait...

Je ne voulais pas faire le tour des chalets pour délivrer la nouvelle macabre. Anoushka du le sentir car elle porta Axel à l'intérieur, le posa sur son canapé, le recouvrit d'une couverture, puis se redressa :

- Je vais aller prévenir les autres. Cassiopée et toi... soyez là pour lui, et il devra faire le reste lui-même.

J'ai hoché la tête, grave.

Anoushka sortit, fermant doucement la porte derrière elle. Cassiopée, ses joues toujours striée de ses larmes se jeta alors dans mes bras dans un geste désespérée.

- Pourquoi Mélanie ?

Je l'ai serré en retour, sans dire un mot. Cassiopée gémit son visage enfouit dans mon épaule.

- Mélanie...

Les minutes passèrent. Chaque seconde me faisait craindre la suite un peu plus que la précédente.

Aurais-je encore le courage de traverser ça une nouvelle fois ?

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