Chapitre 3 (2)

Le dîner s'était passé sans remous, pas de bagarre ou de dispute, comme tous les jours depuis la mort d'Aimana et Mike. Cela faisait maintenant 3 semaines. J'avais repris l'habitude de passer certaines soirée avec Anoushka, mais désormais elle venait parfois nous rejoindre avec mes autres amis. Jusqu'ici ça n'avait posé aucun problème et même si elle ne parlait pas beaucoup et qu'Axel, mauvais perdant qu'il était, restait persuadé qu'elle trichait aux cartes, elle semblait s'entendre convenablement avec les autres.

Ce dernier semblait aller de mieux en mieux. Il avait finalement décidé de rien dire à Mélanie et de tourner la page en silence. Il nous avait confié qu'il jugeait que se confesser serait poser un poids inutiles sur les épaules de Mélanie et ne lui apporterait aucun soulagement.

Cette dernière aussi allait bien, coupant son temps en deux entre nous et Violaine.

Violaine qui s'était d'ailleurs calmé, moins extravagante et moins assurée, elle était plus à l'écoute. Elle était d'ailleurs venu me présenter des excuses – probablement parce que Mélanie l'y avait poussé – qui m'avait parut plutôt sincères bien que difficiles à prononcer.

Ce matin, je me suis levée du mauvais pied. J'avais à peine dormis, mon sommeil encore encombrée de cauchemars, et la veille j'avais été très insatisfaite de mon travail. Je trouvais aussi que mes progrès en tricot – mon dernier hobbie adopté – stagnaient et la frustration que cela me procurait me rendait grognon.

Je suis sortie de chez moi, frissonnant dans le froid glacial de notre station perdue, évitant de trop ouvrir mes pensée au futur et notre situation. Il avait neigé et tout était recouvert d'une épaisse couche scintillante. Les chemins étaient à peine praticable.

J'ai continué tant bien que mal mon chemin. La seule chose qui me faisait tenir bon était de m'enfermer dans une bulle de présent et faire l'autruche sur le reste. Je crois bien que la plupart des autres en faisant de même d'ailleurs. Il nous restait environ 2 semaines de nourriture, et les jours passaient beaucoup plus vite qu'on ne le souhaiterait.

Je suis rentrée dans le chalet de restauration, m'attendant à y trouver mon groupe habituel, car en général à cette heure-ci c'est là que je les trouvais. J'aimais arriver en dernière, les laissant d'abord discuter entre et se réveiller un peu. En plus cela me stressait toujours horriblement d'arriver en avance, si les autres n'étaient pas là, j'arrivais à me persuader que je m'étais trompé d'endroit ou de jours.

Toutefois, le spectacle qui m'attendait n'étais pas celui que je pensais trouver. Pas d'Axel, ni de Cassiopée, ni même de Mélanie, mais une Violaine qui sirotait bruyamment une tasse de café les sourcils fortement froncés.

J'ai hésité à rentrer plus. Malgré la pression qui était redescendu et ses excuses, je n'étais toujours pas très à l'aise à proximité de l'ultime tatoueuse.

Mais celle-ci ne me laissa pas le choix, me fixant droit dans les yeux. Je me suis un peu figé, et le silence perdura plusieurs seconde de silence seulement perturbé par la gorgée bruyante de Violaine.

Soudain, après s'être regardé dans le blanc des yeux trente interminables secondes, celle-ci tira la chaise à côté d'elle, faisant racler ses pieds sur le carrelage blanc de la salle et me fit une petite invitation de la tête. 

J'aurais bien aimé faire demi-tour et sortir, car je n'étais franchement pas d'humeur pour ça, mais le froid qui me chatouillait la nuque derrière, plus la faim qui me tordait l'estomac et la mollesse de mes jambes qui ne demandaient qu'à s'assoir me firent céder.

Avec méfiance, je me suis rapprochée de sa table et me suis assise du bout des fesses sur le siège qu'elle m'offrait. Puis elle versa une grande rasade de café bien noir dans une tasse supplémentaire qui attendait sur la table. J'ai remarqué qu'effectivement la table semblait couverte de couverts et autres éléments communs d'un petit-déjeuner pour deux personnes et non pas une seule comme Violaine l'était. Et à moins qu'elle ait prévu mon arrivée, ce qui me semblait quelque peu improbable, elle attendait quelqu'un d'autre, ou ce quelqu'un d'autre était partis.

J'ai commencé à boire le café qu'elle m'offrait – car j'avoue que même la brève idée qu'il puisse être empoisonné n'était pas suffisante pour contrebalancer l'appel du café matinal – sans protester, et avec beaucoup de plaisir je l'admet.

Pas un mot ne fit échangé jusqu'à ce que je repose ma tasse vide. Finalement Violaine commença :

- Monokuma fait un truc louche.

J'ai relevé les yeux vers elle, prête à poser une question mais l'ultime tatoueuse me fourra la tartine qu'elle venait de finir de soigneusement couvrir de beurre et de confiture de myrtille dans les mains.

- Il est venu chercher la moitié des gens en leur disant qu'il avait une « petite surprise » pour eux.

Elle attrapa une orange et commença à l'éplucher avec une énergie légèrement préoccupante, puis voyant que je ne croquais pas dans sa tartine, elle me demanda d'un ton qui confinait plus à la menace qu'à la question de politesse :

- T'aimes pas la myrtille ? Tu préfères l'abricot ? Framboise ?

J'ai déglutit et secoué la tête en entamant la tranche de pain. Puis mon interlocutrice continua son orange se faisant toujours dépecer sans merci.

- Il a dit que c'était des « petits nouvelles de l'extérieur ».

L'odeur d'orange flottait dans l'air. Elle commença à séparer les quartiers, en les dépouillant de leur petit dépôts blancs amers pas bons, dont je ne connais pas le nom.

- Pourquoi seulement eux ? Moi aussi je veux des nouvelles de mon frère. Et puis ça fait déjà 20 minutes qu'ils sont partis...

Elle reposa les yeux sur moi et alors que je venais à peine de me débarrasser les mains de ma tartine elle commença à poser d'un air distrait les quartiers d'orange parfaitement épluchés dans ma main.

- Moi aussi je veux des nouvelles...

J'enfournais dans ma bouche les quartiers d'orange qu'elle me tendait quand soudain elle reposa les yeux sur moi, soupira longuement, et me dit :

- Toi qui es si futée t'as pas une idée sur ce que ça veut dire ?

J'ai déglutit ma bouchée d'orange et j'ai répondit prudemment :

- Peut-être que c'est un moyen de nous motiver à vouloir sortir, nous donner un sentiment d'urgence ?

Elle haussa un sourcil :

- Ah merde, pas con.

Elle allait s'attaquer à une autre orange, mais heureusement pour moi la porte s'ouvrit en coup de vent.

Une jeune femme entra, sa chevelure noire et sa grande silhouette élancée si facilement reconnaissable. Mais aujourd'hui Royale s'était départie de son habituel série de costumes scintillantes. À la place elle avait un long pull noir serré qui couvrait son cou et la moitié de ses mains, et un pantalon noir de ski avec de grosses bottes fourrée. Ses cheveux habituellement en queue de cheval était cette fois enroulé en chignon serré sur le haut de sa tête.

Elle nous regarda d'un air pétillant qui lui était fréquent, et nous lança d'un ton triomphant :

- Mes chers enfants il n'est pas temps de ruminer ainsi tout froissés sur vos tasses de café ! Oh non, aujourd'hui il est temps de se BATTRE !

J'ai cligné les yeux, ébahis par l'étrangeté de l'annonce. J'ai remarqué derrière elle la tête d'Anoushka et la chemise à carreau de Nikolaï.

Violaine se leva d'un coup, l'air inquiète :

- Comment ça se battre, que se passe-t-il ?

Royale lui lança son sourire le plus éclatant avant d'écarter les bras tel une sorte de Gatsby le Magnifique des régions polaire, et annonça fièrement comme si c'était de son fait :

- Excellente question ! Et bien sachez qu'aujourd'hui ... Il a neigé !

Anoushka fit pointer sa tête me faisant un signe de la main. Elle aussi avait l'air curieusement réjouie, ce qui me rassura légèrement sur l'étrange discours de l'ultime croupière qui me faisait me demander si elle ne faisait pas une crise de démence pour de bon.

- Et alors ?

Demanda Violaine. Le visage de Royale dépeignit alors l'expression d'indignation la plus pure, comme si la tatoueuse venait d'insulter toute famille sur 30 générations.

- Et alors ?! Et alors ?! Et alors il FAUT faire une bataille de boule de neige.

Anoushka hocha la tête gravement dépassant un peu de derrière la croupière, qui avait maintenant mis ses mains sur ses hanches, et affirma :

- C'est la Loi.

Royale, visiblement n'y tenant plus, marcha droit sur nous, m'attrapa le bras pour me tirer debout, et glissa un autre bras autour de ma taille pour insister :

- Toi Lyslas tu n'es pas une infâme criminelle, tu ne violerais pas la Loi tout de même ?

J'ai vu Anoushka les sourcils froncés d'un coup, mais je n'eu pas le temps de comprendre ce qui m'arrivait que Royale m'avait déjà lâché et était désormais les mains sur les épaules de Violaine, se penchant sur elle pour lui confier presque comme un secret :

- Et toi Violaine, tu ne te laisserais effrayée par quelques flocons n'est-ce pas ?

Et c'est ainsi que nous sommes retrouvé en face du chalet principal, à 6, puisque nous avions engagé de force un Léo confus par la disparition de nos autres compagnons.

Royale débordait d'énergie, Anoushka suivait son enthousiasme, Violaine boudait un peu mais je sentais bien qu'en vérité elle était contente à l'idée de jouer avec eux, Nikolaï à son habitude était assez dur à déchiffrer, et Léo grommelait se plaignant qu'il faisait trop froid et qu'on allait tous tomber malade.

- Bon ! Les équipes !

Anoushka me regarda avec espoir, mais Royale écrasa ces derniers en une phrase :

- Mais c'est pas drôle si on choisit nous-même !

Elle leva les bras au ciel dans un geste théâtral et d'un ton similaire affirma :

- Les dieux du Hasard choisiront pour nous !

Et elle sortit de nul part une poignée de bâtonnets dont les bouts étaient peints.

- On va tous tirer un bâtonnets, et on se met avec la personne qui a le bâtonnet de la même couleur.

Puis elle prit les outils décisionnels des divinités du hasard, les fourra dans son poing de sorte que les bouts colorés soit invisible et tendit le tout vers Nikolaï.

Ce dernier tira son bâtonnet, dont le bout s'avéra être bleu. Puis Royale passa aux personnes suivantes.

Léo tira le rouge. Violaine aussi.

- Léo et Violaine en équipe !

Puis Anoushka tira son bâton. Vert.

Ce fut enfin à mon tour. Bleu ou vert ? J'ai tiré mon bâton. Bleu.

- Lyslas avec Nikolaï !

Puis ouvrant son poing montra le dernier bâton taché de rouge.

- Et moi avec Anoushka !

Violaine, cachant de moins en moins bien son amusement demanda sur un ton qui se voulait indifférent et ennuyé :

- Et quelle sont les règles, comment sait-on qui a gagné ?

Notre cheffe de jeu annonça alors l'air savant, comme si elle nous délivrait des leçons de vie plutôt que les règles d'un jeu enfantin :

- Le jeu s'appelle Cambriolage ! Chaque équipe, étant composée de 2 membres, dispose de 2 bungalows. L'un des deux doit être défendu, l'autre est un point de replis. On commence tous dans le bungalow de replis, et le but est de rentrer dans le bungalow défendu des autres y piquer une peinture ou photo de déco - vu qu'elle sont différentes dans chaque bungalow - et y mettre plein de neige !

- EH !

Léo s'exclama :

- On va pas ruiner nos bungalows pour le bien d'un jeu déb-

Violaine lui mit une grosse claque dans le dos.

- Ça va chochotte ! On défendra mon bungalow, le tien sera celui de repli.

Royale termina :

- les équipes adverses n'ont pas le droit de rentrer dans le bungalow de replis, mais si vous n'y êtes pas, ils peuvent essayer de vous reprendre l'item volé ! Donc quand vous avez trop froid, vous vous cachez dans ce bungalow. On commence à 10h30. Vous avez 10 minutes pour faire vos choix et vous rendre dans le bungalow de replis ! Que le meilleur gagne~

Sur ces mots, elle et Anoushka qui s'était remis de sa visible déception de ne pas être avec moi, déguerpirent se cacher derrière un mur pour parler stratégie. Je me suis tournée vers Léo qui s'indignait tandis que Violaine le tirait par le bras vers son bungalow.

Finalement je me suis tournée vers Nikolaï. Il me retourna mon regard, toujours aussi grand, imposant et silencieux.

- Quel chalet on défend et quel chalet nous sert de repli ?

Il eut l'air de réfléchir, puis se pencha et dessina dans la neige une petite carte de la station.

- Léo et Violaine vont utiliser le chalet de Léo comme repli. Donc ils partent de là, près de chez toi. Et vont là, près de chez moi. Royale est aussi juste à côté, mais Anoushka est assez loin.

Je me suis accroupie à côté de lui et j'ai commencé à réfléchir de même.

- Est-ce qu'il vaut mieux commencer proche de leur chalet - qu'on doit attaquer - mais notre zone à défendre est proche de leur repli à eux, ou bien on part proche de leur départ et comme ça notre zone à défendre et proche de la leur ?

- Sachant que le chalet de Royale est proche du mien et celui de Violaine – qui est leur objectif, il faudrait peut-être mieux qu'on parte de chez moi et qu'on défende chez toi.

- Mais est-ce ça ne risque pas que Violaine et Léo attaquent mon chalet très vite, avant qu'on ait le temps de faire quoique ce soit, et qu'on perde déjà face à eux ?

Nous avons continué à parler stratégie jusqu'à ce que je remarque soudain l'heure.

- Nikolaï il est 10h27 faut qu'on y aille !!

Il s'est relevé d'un coup, me dominant soudainement de 2 têtes et nous sommes partis en courant vers chez lui. 

Finalement nous avions opté pour un plan agressif. Nous allions directement prendre d'assaut le chalet de Violaine avant d'aller défendre le mien, puis nous aviserons en fonction du choix de Royale et Anoushka.

Nikolaï m'ouvre sa porte et je reconnais immédiatement l'odeur de son chalet, si familière quoique juste assez étrangère pour qu'elle soit intrigante.

L'ultime bûcheron s'enfonça dans le couloir de son habitation et revint avec un manteau, qu'il posa avec une légère hésitation sur mes épaules.

Je l'ai remercié et j'ai enfilé les manches de la veste, qui était bien évidemment beaucoup trop grande, mais après avoir faits quelques ourlets aux manches, il me tenait bien au chaud.

- Ça commence.

Nous nous somme regardé en souriant, prêt à appliquer notre plan.

La première étape : foncer vers le chalet de Violaine, juste à côté, pour commettre notre saccage.

Nikolaï fit la garde pendant que je débarquais chez Violaine, fonçait vers le mur et décrochait un petit cadre de photos de montagne. Puis j'ai attrapé de grande poignée de neige que mon coéquipier avait commencer à amassé sur le perron que je lâchai sur le parquet bien ciré.

Au début je n'ai pas vraiment osé vraiment accumuler la neige toute fraiche qui me gelait les doigts dans le beau chalet tout propre et bien rangé de Violaine. Et puis Nikolaï, débarquant sans prévenir, une montagne de neige dans ses bras de bûcheron et le jeta sur le canapé sans aucun scrupule, en fit des boules, qu'il jeta contre les murs.

Je l'ai fixé d'abord presque effrayé d'un tel acte de vandalisme, et puis il se tourna vers moi et presque timidement se justifia :

- De toute façon elle était pas très sympa avec toi...

Un grand sourire naquit sur mes lèvres sans que je puisse m'en empêcher, puis j'ai haussé les épaules :

- Après tout elle doit être en train de faire la même chez moi.

Et sur cette déclaration pleine de sagesse, je me suis servie dans le tas de neige pour transformer le chalet de Violaine en igloo.

Soudain un grand cri nous interrompit :

- Les voilà !

Je suis sortie en urgence de chez la tatoueuse, et j'ai aperçut courant droit sur nous la chevelure bleu turquoise et les tatouages complexes de notre adverse. Derrière elle, rougit par l'effort, se trainait un Léo qui portait un des plus gros tableau de mon chalet – et je n'avais pas de doute si qui avait choisis un trophée de cette taille. Elle nous montra rageusement du doigt et s'exclama :

- Léo ! À l'attaque !

Elle attrapa une grosse boule de neige à ses pieds et commença à lancer des boules glacé sur nous. Nous sommes partie en courant, se cacher derrière un chalet pour reprendre notre souffle.

J'avais mal à la mâchoire à force de sourire.

Nikolaï se pencha soudain vers moi, posant doucement une grosse main sur mon épaule, ce qui me rapprocha de lui, tandis qu'il se penchait de derrière le mur pour observer la situation.

- Je suis presque sûr d'avoir vu Royale et Anoushka sortir du chalet de Royale, leur chalet défendu est celui d'Anoushka...

- On y va alors.

Il s'éloigna un peu pour se remettre face à moi et hocha la tête.

- Mais Violaine ne va pas nous laisser fac-

- Ils sont derrière ce mur, regarde les empreintes ! Viens Léo !

Nikolaï ne me laissa même pas réfléchir qu'il me souleva du sol, comme un sac à patate, comme la première fois que nous nous étions rencontré, et partit en courant dans la poudreuse. Mes petits jambes avaient beaucoup de mal à enjamber toute cette matière, alors que les siennes passaient par dessus avec tellement plus de facilité. Nous avons donc vite rejoint le petit chemin déblayé.

Une énorme boule de neige percuta soudain mon postérieur, une autre le dos de Nikolaï. J'ai poussé un petit cri aiguë de surprise, et mon porteur lâche un éclat de rire. Il tourna soudain derrière le chalet principal.

- On vous lâchera pas ! C'est nous les champions !

Nikolaï, essoufflé, me fit signe qu'il était l'heure de répliquer :

On s'est écrasé dans un monticule de neige et j'ai commencé à faire compulsivement des grosses boules compactes, pendant que Nikolaï, avec la force de ses bras musclés, les jetait comme des boulets de canons sur nos adversaires qui se mirent à pousser des cris de surprise et de désagrément.

Léo lâcha le tableau en tombant à quatre patte sous les assauts de mon camarade, et j'ai foncé hors de ma cachette, laissant Nikolaï projeter ce qu'il restait de ma réserve. J'ai attrapé le tableau à terre, mais Violaine ne se laissa pas faire par les attaques incessantes de mon coéquipier et fonça sur moi comme un taureau, prête à me reprendre le précieux.

J'ai commencé à fuir mais elle était déjà sur moi. Juste avant qu'elle me plaque au sol, Nikolaï l'attrapa en plein vol, lui enfonça une poignée de neige dans le col de son manteau, m'attrapa sous le bras et repartie en courant avec moi.

Je ne me préoccupai même plus d'être portée avec peu de délicatesse tellement j'étais désormais impliquée dans le jeu. Nous avions leur tableau et récupéré le nôtre !

- On va gagner !

- Ne nous réjouissons pas trop vite il reste Royale et Anoushka.

Et il avait raison, j'étais certaine qu'elles seraient des adversaires redoutables.

Nous sommes passez derrière le chalet désert d'Anjali, pour atteindre celui d'Anoushka. Mais nous sommes figés en arrivant devant ce dernier.

Un muret construit à la hâte de planches de bois et de neige mélangés nous attendait. Soudain la tête de Royale émergea de derrière le muret, et elle nous lança quelques boules de neige. Le résultat n'était franchement pas très impressionnant, car la force de projection des bras de la croupière n'était pas beaucoup plus efficace que celle d'une catapulte faite en nouille trop cuite, et la majeur partie de ces tentatives d'attaque n'atteignait même pas nos pied. La scène était même plutôt comique et un gloussement difficile à réprimer monta en moi. Nikolaï me fit passer sur son dos pour que je sois mieux installée, et chargea droit sur le muret comme un bélier pour enfoncer leur pitoyable mur.

J'ai vu Royale sauter sur le côté, et dans cette fraction de seconde, je remarquai que quelque chose clochait dans la façon dont elle s'était meut de derrière son abri, mais avant que je ne puisse avertir mon destrier humain, nous avions déjà détruit le pauvre rempart pour s'écraser dans un trou bourré de neige dissimulé précédemment par le piètre mur.

Anoushka bondit de derrière l'angle du chalet comme un diable, nous arracha un des deux précieux butin - celui de chez Violaine. Mais avant qu'elle ne me prenne aussi celui de notre propre chalet, je me suis extirpé du piège, dans lequel surtout Nikolaï avait été pris, et j'ai entamé la course de ma vie.

Malheureusement, mon pauvre cardio, qui avait péniblement commencé à s'habituer à la pauvreté de l'air de haute montagne, ne tint pas très longtemps, et la ramoneuse bien plus rapide et en forme que moi me tomba dessus, m'enfonçant tête la première dans 30 centimètres de neige molle.

J'entendis son rire cristallin et joueur alors qu'elle me subtilisait mon cadre.

- Tu as bien couru Lyslas, mais tu ne m'échapperas pas~

Je me suis redressée en position assise, le visage gelé, et j'ai dit un peu en geignant :

- Anoushka, ai pitié de moiii...

Elle fit mine d'y réfléchir et se remit debout, puis me fit un petit sourire content d'elle et s'exclama :

- Et pourquoi je ferais ça !

Je me mis debout et j'ai continué mon cinéma, malgré mon horrible jeu d'actrice.

- Je suis si blessée que tu choisisses Royale plutôt que moi...

Elle haussa un sourcil et fronça l'autre :

- Et toi alors ? Tu me préfères Nikolaï ?

J'ai pris un air un peu hautain :

- Nikolaï me porte au dessus de la neige au lieu de m'y enfoncer le visage, c'est un gentleman lui.

Anoushka me fit alors un croche-patte que je n'eus pas le temps d'éviter et avant que je ne retombe dans la neige, me rattrapa et un sourire satisfait en coin me confia :

- Je pourrais te réchauffer si tu veux...

J'ai sentit mon visage chauffer brutalement sous son avance soudaine, mais aucune répartie ne me vint. Soudain Anoushka me tira debout et pris un air contrit :

- Oups pardon Lyslas j'avais dit que j'arrêtais de t'embarrasser.

Je me suis frottée la nuque, encore un peu rouge :

- Pas grave.

Mais avant qu'elle ne reprenne, j'ai profité de son relâchement pour lui arracher le tableau des mains et repartir en courant.

Je savais pertinemment qu'elle allait me rattraper en 200m, mais je venais d'apercevoir la carrure imposante de Nikolaï à l'horizon et je savais que si je parvenais à l'atteindre je pourrais lui échapper avec l'aide de mon ami géant.

Soudain j'ai glissé sur une plaque de neige et je me suis sentie perdre l'équilibre.

J'ai dérapé sur plusieurs mètres, avant de percuter de plein fouet le torse de l'ultime bûcheron qui me réceptionna sans broncher. J'ai plié ma nuque pour fixer son visage 30 bon centimètre au dessus de moi, et je me suis exclamé :

- Vite elle est juste derrière !

Ni une ni deux il me reprit comme un bagage pour m'emporter moi et le fameux objet de convoitise loin de nos adversaires. Nous allions tourner vers la droite, quand soudain une voix rageuse s'éleva de cette direction :

- On a pas encore perdu Léo, faut s'accrocher !

- J'ai froiiid !

- Cours plus vite ça te réchauffera !!

J'ai crié à Nikolaï :

- À gauche !

Il changea de direction et nous avons tourné autour du chalet principal, près à retourner vers le camp de nos concurrent. Il nous fallait prendre le tableau de chez Anoushka et nous aurions gagné. En revanche si Royale et Anoushka parvenait à nous voler le cadre de chez Violaine, nous aurions perdu.

Bientôt le chalet de Royale fut en vue. Anoushka ne nous avait pas encore rattrapé et la seule protection de l'objectif était Royale et ses bras spaghettis.

Nous y étions presque quand sans prévenir un déluge glacé nous recouvrit.

Du toit du chalet sous lequel nous passions, une avalanche nous recouvrit, et j'aperçus le regard rose et espiègle de Royale nous fixer depuis le haut du toit, sur lequel elle se tenait debout d'un air de conquérante sur son destrier, ou de capitaine pirate sur la proue de son navire.

J'ai grommelé en me dépatouillant du torrent glacé qui nous avait recouvert :

- Mais comment elle a fait pour se retrouver là haut ?!

Nikolaï me répondit un sourire dans la voix :

- Est-ce qu'on se pose encore la question de comment elle fait quoi que ce soit ?

Anoushka, qui en avait profité pour nous rattraper se jeta sans vergogne sur mon cadre que j'avais lâché sous la surprise et se mis à sautiller en le portant au ciel, tandis que Royale brandissait au dessus de sa tête celui de chez Violaine :

- La victoire est nôtre !

Nikolaï protesta de sa voix rocailleuse :

- Vous n'êtes pas allés mettre de neige dans nos chalets !

Royale répondit sur un ton cryptique, un doigt savamment pointé vers le ciel :

- Si neige il y a, gagnée la partie est pour nous.

Et Anoushka bombant le torse confirma de façon un peu plus explicite :

- Vous avez pas de preuve que la neige vient de nous ou pas, donc on a gagné !

Nikolaï s'était remis debout et s'épousseta, puis me tira debout avec une délicatesse inattendue :

- Elles ont gagné cette bataille mais pas la guerre comme on dit.

Je ne pouvais même pas faire mine de bouder, tellement mon sourire était irrépressible. La dernière fois que je m'étais sincèrement amusé comme ça était... j'ai vite détourné ces pensées, me rendre compte qu'aucune dernière fois ne me venait en tête me déprimait et je voulais profiter du moment pleinement.

Soudain, n'étant plus dans le feu de l'action et concentrée sur le jeu, j'ai commencé à sentir plus clairement le froid qui m'engourdissait.

Une exclamation agacée suivant d'une tâche de bleu déboulant nous fit tourner la tête.

Violaine, trainant un Léo épuisé qui semblait au bout de sa vie déboula sur notre petit groupe. Quand elle comprit la situation, voyant un tableau dans les mains d'Anoushka et un autre dans celles de Royale toujours perchée sur le toit, une expression de déception tellement sincère et spontanée traversa son visage que je ne pus m'empêcher de rire encore une fois.

Royale fit encore des boules avec la neige restante autour d'elle et nous les balança dessus en riant :

- Bouh, les mauvais !

Violaine rugit en shootant dans un tas de poudreuse :

- C'est pas juste j'avais le pire coéquipier ! Si j'avais été avec Mélanie elle aurait fait un plan parfait et avec ma force on vous aurait écrasé en quelques minutes !

Anoushka prit un air suffisant et rétorqua :

- Moui bien sûr~

Elle commencèrent à se balancer de la neige de plus belle et je les observait, me sentait d'une bien meilleur humeur qu'en me réveillant ce matin, malgré les frissonnements qui commençaient à me saisir. Je n'avais qu'une envie : rentrer prendre une douche chaude et m'enrouler dans ma couette.

Mais soudain j'ai réalisé un léger détail mineur : mon chalet avait été saccagé par Violaine.

Royale était en train de maladroitement redescendre du toit – à croire qu'elle s'était juste téléporté dessus et ne savait plus comment revenir au sol – et Anoushka était partie en courant, poursuivit par une Violaine pleine de soif de vengeance. Léo, qui malgré son pauvre sort, avait un léger sourire aux lèvres, était déjà en train de rentrer chez lui pour des raisons similaires aux miennes.

Heureusement pour moi, Nikolaï qui se trouvait toujours à côté de moi et – par une magie inexplicable – ne semblait pas souffrir du froid malgré les flocons qui le recouvrait jusqu'au bout de ses cils blonds, m'invita gentiment à me réchauffer chez lui avant de m'aider à faire le ménage dans mon propre chalet.

Une demi-heure plus tard, j'étais propre, changée, et emmitouflée dans plusieurs couches épaisses de plaid une tasse de chocolat chaud entre les mains, devant un bon feu.

L'ultime Bûcheron me rejoignit avec un paquet à la main :

- Marshmallow ?

J'ai tendit ma tasse avec enthousiasme. Et il y lâcha 3 cubes roses et sucrés, qui commencèrent à fondre dans le liquide fumant. Il me demanda alors :

- Est-ce que tu sais où sont les autres ? Royale n'a pas expliqué mais m'a dit qu'ils allaient bien...

J'ai hoché la tête :

- Il sont avec Monokuma je crois, il leur donne des nouvelles. Mais ça commence à être un peu long...

J'ai regardé l'horloge accroché sur le mur :

- Ça fait presque 1h et demi...

Je me sentais détendue et en sécurité avec Nikolaï, mais lui semblait légèrement mal à l'aise, ce qui me pinça le coeur. Je remarquai comme il ne semblait pas très bien tenir en place. Il se leva d'un coup pour aller remuer un peu les bûches du feu.

- N'empêche, on a faillit gagner ! Et c'est plutôt grâce à toi, tu m'as porté tout du long.

Il ne me regarda pas en répondant :

- Tu ne pèses pas très lourd...

Je pense que c'était sa façon de me dire que je m'étais bien battue aussi, où que ça n'était rien. Il n'était pas très loquace et je crois que cette matinée réunissait le plus de phrases que je l'avais entendu prononcer depuis le tout début de notre arrivée ici.

- Quand je pense que je serais morte dès le début si tu n'avais pas été là...

Il me tournait toujours le dos en tapotant les braises du bout du tisonnier.

- C'est normal...

Je fut un peu amusée de remarquer sa gêne, même s'il tentait de le cacher, il ne savait visiblement pas prendre les compliments – quoique moi non plus. Soudain je compris un peu mieux l'amusement que tirait Anoushka de toujours me faire perdre mes moyens. J'ai caché mon sourire dans ma tasse, la vapeur réchauffant mon visage.

Une fois la tasse et les marshmallow finie, je me dis qu'il était temps de retourner chez moi.

Même si mon chalet devait être transformé en grotte polaire, ma chambre, mon atelier et ma salle de bain devait être intacte. Et je ne voulais pas encombrer de ma présence Nikolaï plus longtemps.

En allant me servir à manger à midi, j'ai remarqué que les autres étaient de retour. J'ai voulue poser quelques questions, mais leur airs sombres m'en dissuadèrent. 

Ma bonne humeur de la bataille de boule de neige retomba un peu face à l'ambiance alourdie.

Ils ne dirent rien mais je pouvais voir que ce que Monokuma leur avait montré les avaient ramené à la réalité de la situation. J'ai passé le reste de la journée enfermée dans mon atelier, à me concentrer sur mon travail pour ne pas me laisser contaminer par la morosité générale.

Peu importe à quel point cette idée pouvait paraître égoïste venant de moi qui n'avait pour ainsi dire rien qui m'attendait dehors, je ne pouvais m'empêcher d'espérer que Monokumas ne montre à personne d'autres des « nouvelles » de l'extérieur...





voilààà, c'était mon chapitre de FTE j'espère avoir satisfait le peuple ^^

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