Chapitre 2 (12)



Mike nous regarda figé, l'espace d'un instant j'eu l'impression de voir un cerf piégé par les feux d'une voiture fonçant sur lui, mais soudain il se repris et ce ne fut plus une proie pétrifiée devant nous mais un parfait exemple de contrôle. De ce que j'envoyais autour de moi, l'éclair de peur désarçonné que j'ai vu transpirer sur son visage n'était pas passé inaperçue des autres non plus. Était signe de sa culpabilité, ou bien la simple réaction de quelqu'un qui se voit piégé ? Pour avoir été dans cette seconde catégorie, je préférais ne pas sauter sur les conclusions. La peur n'est pas toujours synonyme de culpabilité, loin de là. Pourtant, trop de preuves étaient contre lui pour ne pas songer à l'accuser. Malgré son teint maladif et ses cernes, il se redressa fièrement et rétorqua :

- Vous m'accusez moi, et pas Violaine ?

- Peut-être parce que tu as mentis ? Violaine répondit du tac au tac, et pas moi ?

- Tu n'as aucune preuve de ça, autant que moi.

- Sauf que si, tu as mentis ! En disant que tu ne m'avais pas attaqué ! Et tout le reste aussi !

- J'ai reconnu mes mensonges, et j'ai expliqué pourquoi !

Mélanie intervint soudain pour rétablir de l'ordre, sentant que les deux montaient de plus en plus le ton.

- Vous êtes de nouveau tous les deux suspects. Taisez vous pour l'instant à moins que vous n'ayez quelque chose de nouveau à ajouter.

Violaine était sur le point de protester, quand Axel prit la parole :

- Attendez, réfléchissons, lequel aurait eu le plus de raison d'assassiner Aimana ?

Un petit silence retomba, dans lequel fulminait une Violaine qui visiblement se retenait à grand peine de participer.

- Et bien... commença avec hésitation Remington, On sait que Violaine avait une affaire un peu étrange avec Aimana, et que Mike...

Il hésita l'espace d'une seconde, ses yeux vairons glissant rapidement vers le visage de Mike comme pour évaluer si ce dernier allait lui sauter à la gorge pour ce qu'il s'apprêtait à dire :

- Et Aimana étaient... proches.

Randall soupira et ajouta d'un ton agacé :

- Arrêtons de chipoter sur les mots comme ça, c'est ridicule, disons les choses clairement Aimana plaisait à Mike mais il ne l'admettra jamais parce que c'est un gros con homophobe.

Un rapide coup d'yeux de côté m'apprit que le principal concerné avait prit une teinte nettement plus foncée, de colère ou d'embarras, à moins que ça ne soit les deux, difficile à dire,mais il protesta (avec moins d'entrain qu'on aurait put s'y attendre).

- On s'entendait bien c'est tout, arrêtez de tirer des conclusions pareilles...

Il avait prononcé cette phrase en grinçant des dents, comme s'il se retenait de déverser un flot d'injures caché juste derrière ses mots.

- Ce n'est pas le propos, on est pas là pour des ragots !

S'agaça Léo. Il frotta sa barbe mal entretenue avant de reprendre sa voix grave un peu rocailleuse :

- La vraie question n'est pas qui avait des raisons de le tuer, vous voyez bien qu'ici les raisons de tuer quelqu'un sont complètement brouillées. Ce qu'il faut qu'on fasse c'est comprendre qui a mentis entre Violaine et Mike. Et pourquoi. Une fois qu'on sait lequel ment et pourquoi, on a le meurtrier.

Mélanie remettant en place son monocle approuva vivement :

- Il a raison ! Il faut qu'on se re-concentre.

Mizuki lâcha soudain avec amertume, un rictus au lèvre :

- Et bien super alors, miss je-sais-tout, éclaire nous de ta lanterne, dis nous comment vas-t-on démêler le vrai du faux.

Remington tourna ses yeux étrangement déstabilisant vers l'ultime démineuse, sa chevelure caramel, un peu trop longue, brossant sa nuque, son habituel douceur animée cette fois d'une touche plus vive de reproche :

- Mizuki avant de d'être désagréable avec Mélanie tu devrais te poser la question de ta propre utilité ici.

- Vous perdez du temps.

La voix grésillante de Monokuma nous dit tous sursauter, ne permettant pas à Mizuki de répondre à Remington. Malgré ma réticence à parler, je me forcai à prendre la parole :

- Pourquoi est-ce que Violaine aurait étouffé Aimana avec un stratagème aussi complexe, pour au final ne pas être avec les autres au moment du crime ?

Un silence retomba soudain.

- Je veux dire, le meurtrier savait ce qu'il faisait, et il a prit son temps pour bien calculer le temps de la mort, et au final, Violaine serait sortie exactement au moment où elle avait besoin d'être vu ? Créer un alibi aussi subtile pour le ruiner ?

Mike se défendit soudain :

- C'est tout à fait possible ! Violaine n'a aucun contrôle sur ses émotions, elle est sortie sur un coup de tête et l'a regretté plus tard !

S'exclama-t-il perdant à vue d'oeil son calme et son self-contrôle. Son expression de décomposait à vue d'oeil.

J'ai continué de réfléchir à voix haute.

- Mais elle a tout de même eu assez de temps toute seule dans la neige pour revenir. Il faudrait qu'elle soit restée assez énervée pour ruiner un plan précautionneusement prévu dont sa vie dépendait pendant...

- Beaucoup trop longtemps pour que cela fasse sens, finit Axel.

Mélanie interrogea Mike encore une fois :

- Quelque chose à répondre à ça Mike ?

- J'ai à répondre que ce n'est pas une preuve !!! Elle aurait très bien pu prévoir cette conversation !!

Il devenait de plus en plus agité et brusque. Il accompagna sa déclaration d'un grand mouvement de bras balayant l'air.

- Violaine est trop bête pour prévoir tout ça.

Mizuki avait lâché sans sourcilier. J'ai vu Violaine se tendre et même fermer un poing mais elle ne dit rien. Et elle savait qu'il était stupide de contester quelque chose qui la défendait. Mélanie reprit :

- Je ne sais pas pour l'aspect d'intelligence, mais c'est sûr que prévoir cette exacte situation demanderait un niveau de prédiction assez extraordinaire....

Mike perdit brutalement son calme. Quelque chose se rompit soudain en lui.

Personne n'avait vu venir l'éclat de rage qui éclata soudain,personne n'avait pu prédire la violence et la soudaineté de sa déclaration :

- JE L'AI TUÉ ! Bravo !!

Il se mit à applaudir. J'ai vu ses mains légèrement trembler.Je pense qu'il applaudissait pour dissimuler ce tremblement, cette fébrilité qui le secouait.

- Vous avez encore condamné quelqu'un d'autre à mort et gagné quelques semaine de survit avant que l'un d'entre vous craque encore une fois.

Remington protesta. En se tournant vers Mike, il me fit également face, puisque Mike était à un siège (celui vide d'Anjali) de moi. Son œil bleu pâle ne se voyait pas bien de là où je me trouvais,à moitié cachée par une mèche légère, en revanche, celui qui était brun foncé, ressortait parfaitement dans la lumière crue, et semblait transpercer Mike d'accusation. Encore une fois, sans avoir besoin de monter le ton, car sa voix portait même en restant douce, un peu comme celle de Mélanie, l'ultime serrurier rétorqua :

- Ça ne sert à rien de nous juger ou de nous effrayer Mike. Il n'y a aucune bonne raison de tuer, et il n'y pas d'excuse pour ce que tu as fait. Tu ne peux pas renverser cette situation. Tu es un menteur et un meurtrier. Tant que personne d'autre n'a commis de meurtre ici, tu es le seul coupable de la pièce, tous les discours du monde n'y changeront rien. Tu es pourri de l'intérieur et maintenant tout le monde peut le voir.

Le tremblement de Mike changea de nature, sans que je puisse dire pourquoi, je le sentis jusque dans mes os. Un instant je crus qu'il allait se taire. Mais en risquant un regard dans sa direction, je vis son visage blême et la raison quitter ses yeux cernés, maladifs.

- Tuer est Mal mais tuer le Mal est un Mal pour un Bien, et n'est plus autant un Mal que commettre un simple Mal ! À vrai dire c'est même un très grand Bien puisque je me suis sacrifié en commentant le Mal pour le plus grand Bien ! Peut-être aie-je sous-estimé le Mal qui corrompt cet endroit, pourtant j'aurais du le voir ! Avec ces 2 là, ou ces 2 là :

Dit-il en pointant accusateur Mélanie et Violaine, puis Anoushka et enfin moi. Puis reprit comme s'il venait seulement d'accuser les paroles de Remington.

- Moi pourri ?! Moi pourri ?! Contaminé par votre pourriture ! Vous êtes touché par le Diable ! J'ai eu raison ! J'ai eu tort ! J'aurais du tous vous tuer en passant la nuit chalet après chalet purifier ces lieux infestés ! J'aurais du attendre, je n'avais pas prévu de le faire si vite, mais le temps pressait !

Son discours avait de moins en moins de sens. Il perdait petit à petit pied avec nous, son regard se détachant petit à petit de la réalité l'entourant, sa voix de plus en plus étranglée et son apparence de plus en plus défigurée par l'écroulement de sa raison.

- Il m'infestait aussi, c'était le pire de vous tous, il avait le Diable en lui et tentait de le faire entrer en moi. Je n'avais pas prévu de devoir le faire si tôt, si j'avais eu le temps, si seulement j'avais eu plus de temps pour combler toutes les erreurs dans mon plan ! Mais je n'avais pas le choix ! Je devais me débarrasser de lui ! Si j'avais trop attendu, il m'aurait eu dans ses griffes et je n'aurais pas eu la force de le faire ! Mais j'aurais du aussi me débarrasser de vous ! Peut-être de moi aussi une fois tout cela fini ! Oui c'est ce que j'aurais du faire !

Monokuma mis fin à ses divagations en assenant de son habituel froideur de machine :

- Il est temps de voter.

- Ne votez pas pour moi, votez pour vous même, vous êtes bien pire que moi, mes mains sont tachées de sang mais vos cœurs sont tachés de vices !

Personne ne prit la peine de répondre à ses accusations fanatiques. Chacun vota et quelques secondes plus tard le résultat tomba : tout le monde avait voté pour Mike, mis à part lui-même, qui avait voté.... pour moi. En voyant mon nom affiché,suivie du chiffre 1, j'ai sentis mon souffle s'accélérer un peu.Voyant l'effet que cela avait sur moi Mike s'exclama :

- C'est ta faute ! C'est toi qui condamne les âmes innocentes qui veulent quitter ce lieu infâme !

Nikolaï, juste à la gauche de Mike, me jeta un regard réconfortant et secoua doucement la tête, comme pour me signifier qu'il n'y avait pas une once de vérité dans les propos de ce fou.

Avant qu'il ne puisse continuer, Monokuma conclut finalement :

- Mike coupable. Bravo, vous avez trouvé le bon meurtrier.

Bien que tout le monde sache depuis plusieurs minutes l'identité du meurtrier, une vague de soulagement se répandit parmi nous. Vague de soulagement qui ne dura qu'un bref instant, vite interrompue parla déclaration suivante de Monokuma :

- Il est temps de passer à la sentence.

L'exécution.

- Mike, coupable du meurtre d'Aimana, est condamné à mort.

Du sol sortit un bras mécanique, qui m'évoqua celui d'une de ces machines attrape-nigaud dans les fêtes forraines, en plus complexe et bien plus grand.

Les murs de verres s'élevèrent comme la dernière fois et je sentis la panique monter en moi. Les souvenirs de la fois précédente virent remonter une bile âcre dans ma gorge. Pourtant je remarquai cette fois que les murs étaient bien plus haut et d'apparence bien plus solide que lors de la mort de Min-ho.

La pince se saisit d'un Mike marmonnant une litanie sur l'infection, le Mal et la purification des lieux, et l'éleva un peu au dessus du sol. Monokuma déclara :

- Mike tu as étouffé Aimana dans une mort lente et douloureuse, pleine de peur et de solitude. Pour cela tu devras mourir dans la peur et la douleur toi aussi.

La pince s'agita et se mis à tourner. Le mouvement, de plus en plus rapide, fit bientôt voler Mike, projeté par la force de la vitesse. Puis soudain, alors que personne ne s'y attendait, la pince le lâcha. Son corps, pourtant plutôt massif, fut jeté contre la vitre, devant son ancien siège, à quelques pas de là où je me trouvais.

Le choc produit un bruit sourd, accompagné d'un craquement répugnant. Mike tomba lourdement au sol, sur le sable de l'arène que formait nos sièges.

Il grogna au sol, tentant de se relever à quatre pattes. Mais à peine avait-il eu le temps de se reprendre, que la pince se saisit encore de lui à la taille. Il tenta d'empoigner le métal, pour le retenir d'une nouvelle fois le soulever dans les airs, mais c'était parfaitement inutile.

La pince reprit son mouvement, et avant même que je n'ai eu le temps de me reprendre, et alors même que tout le monde savait ce qui allait se produire, la pince le jeta de nouveau contre la vitre, à un endroit différent, en face de Violaine cette fois. Le choc fut similaire à celui d'avant, si ce n'est que la vitre se tâcha d'un peu de rouge.

Lorsque Mike retomba au sol, son nez visiblement brisé, il ne put même pas se mettre à genoux avant que la terrible pince ne se saisisse encore de lui.

La scène se reproduit, encore, et encore, et encore. À chaque fois, la vitre se tâchait encore un peu plus de sang, et le craquement répugnant était un peu plus insoutenable. Chaque fois Mike bougeait un peu moins en se redressant. Ses os se brisaient petit à petit. L'impact réduisant un peu plus ses capacités mentales, le laissant de plus en plus groggy et blessé.

Son épaule se disloqua. Sa respiration était sifflante et douloureuse entre ses côtes en miettes.

Outre la difficulté qu'il était de soutenir le spectacle de la douleur, la violence de la projection, la misère de sa silhouette de plus en plus désarticulée lorsque la machine infernal le secouait dans les airs comme une bête qui joue avec sa proie avant de le lâcher contre les vitres, ce qui rendit ce moment si brutal fut le temps qu'il dura.

Je ne sais plus combien de temps. Je ne regardais plus. Mais je me souviens qu'à la fin de l'exécution, mes jambes me faisaient mal et la faim, malgré le dégoût, me creusait l'estomac.

Contrairement à la première mise à mort à laquelle j'avais assistée, où le sang coulait à flot, où Min-ho devait se débattre avec désespoir contre son sort, une vision dont je n'avais pas pu détacher les yeux à cause de sa violence pure, celle-ci me permis de fermer les yeux autant que je l'ai pu. Je n'étais pas tétanisée par ce que je voyais, mes pensées n'étaient pas figées d'horreur.

Mais même les paupières closes, même en me bouchant les oreilles pour ne plus entendre les os brisés et les gémissements de plus en plus faibles, l'épreuve que fut ce moment me laissa épuisée,vidée de toute mon énergie.

Quand ce fut enfin finit, personne ne dit un mot, et chacun rentra prestement, lugubrement, vers son chalet. Il était tôt mais la journée était finie.

Moi aussi je suis rentrée, comme un spectre, à peine soulagée par le nouveau délais qui nous était accordé. Combien de fois cela devrait se produire avant que... Avant que quoi ? Que je cède aussi, qu'on me tue, que nous nous trompions ?

Quelle autre solution existait-il à cette situation ?

Allongée sur mon lit, mes yeux fixés au plafond, tentant désespérément de faire taire mes pensées et mes souvenirs qui se tordaient dans mon crâne comme un nid de serpents, m'alourdissant comme le fardeau d'Atlas sur mes épaules, cette question s'implanta et grandit dans un repli de mon esprit.

Comment sortir d'ici ?






Coucou, normalement je fais pas de FTE (juste des sondages), mais par curiosité, je voudrais essayer d'en faire une, et là dans ce que j'ai prévu il y a un moment qui s'y prête.

Du coup, je propose à mes cher.es quelques lecteur.rices de m'indiquer les 3 personnages qu'iels voudraient le plus voir, par ordres de préférence avec les numéros 1, 2 et 3, sachant que le numéro correspond au nombre de points de vous lui donnez. Donc donnez 3 au persos que vous voulez le plus voir. (Pensez aussi au fait que certains personnages sont, de fait, très présent, donc même si vous votez pas pour ils auront leurs scènes.)

Anoushka

Cassiopée

Mélanie

Axel

Violaine

Mizuki

Royale

Randall

Léo

Remington

Nikolaï












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