Chapitre 1 (8)

J'ai laissé tombé lourdement ma tête sur la table. J'étais fatiguée. Malgré l'aide de Royale, qui avec ses questions m'avait permis de mettre un peu d'ordre je me sentais embourbée dans mes questions jusqu'au cou.

- Lyslas  ?

La voix me fit sursauter si violent que mon genoux tapa contre le dessous de la table. C'était Axel. Il était seul, curieusement.

- Oui  ?

Je me demandais ce qu'il faisait là. Pourquoi il n'était pas accompagné. Il tira la chaise sur laquelle se tenait un instant plus tôt Royale et s'assit.

- Qu'est-ce que tu fais toute seule  ?

- Et toi, qu'est-ce que tu fais tout seul  ?

Il me sourit et frotta sa tignasse bouclée. Elle me rappelait celle d'Anoushka. Soudain cette dernière me manqua. C'était bizarre mais sa méfiance me rassurait. Mon nouvel interlocuteur me répondit alors

- Je voulais te parler...

J'ai froncé les sourcils, et redressé mon regard vers lui. Il me fit savoir

- Violaine a l'air de te soupçonner. Elle pense que tu es bizarre, que tu n'es pas très «  stable  » mentalement. Elle se dit que tu à l'air de vouloir te faire trop discrète et que c'est suspect, que tu disparaît soudainement pour te mettre à l'écart. Je voulais que tu sois au courant.

- ...Quoi  ?

Je ne savais tout simplement pas quoi dire. Je ne savais même pas comment me défendre. J'étais complètement prise au dépourvue. Une vague de découragement m'écrasa soudain. Comment étais-je censé convaincre les gens de quoi que ce soit alors qu'on me pensait «  instable mentalement  »...

Mais Axel reprit alors  :

- Mélanie, Cassiopée et moi on est tous d'accord pour dire que ce n'est pas toi. On a pas vraiment de preuve, mais honnêtement, rien ne te pointe du doigt plus qu'un autre, au contraire... et tu es juste renfermée, pas «  instable  »...


Il m'a fait un petit sourire désolé, et a posé une main sur mon épaule maladroitement pour la frotter probablement dans le but de me réconforter.

- Je sais que c'est stressant comme situation... en plus tu t'étais un peu lié d'amitié avec Anjali, même si ça ne faisait pas longtemps....

Sa main me mettait légèrement mal à l'aise, mais il y a avait un très grande douceur chez lui, qui me paraissait très sincère.

- Merci Axel, désolée si j'ai l'air bizarre...

Je ne sais même pas trop pourquoi je m'en excusais, mais ce qu'il venait de m'annoncer m'avait un peu secoué et j'avais brutalement le besoin qu'on me pardonne, de tout et n'importe quoi.

- Ne t'excuse pas, je voulais aussi te dire que c'est difficile de faire confiance ici, mais Mélanie et moi on s'était un petit peu parlé avant la tuerie... enfin pas beaucoup, mais son monocle vient de mon atelier. Et Cassiopée a un peu rejoint notre groupe. Elle nous a dit que tu étais une personne attentionnée et qu'elle te pensait digne de confiance. Je ne te connais pas, mais je choisis de la croire sur ces points. Si tu veux passer du temps avec nous, tu es toujours la bienvenue. C'est risqué de se retrouver à l'écart dans ce.... contexte.

Je l'ai remercié encore une fois. Puis le fait de parler de solitude me frappa soudain  : Min-ho. Depuis le meurtre je ne l'avais pas revu. Je me suis alors levée, j'ai décidé d'aller en cuisine prendre quelques trucs au cas où il n'aurait pas mangé, puis je me suis dirigée en direction du chalet de Min-ho.

En arrivant sur le pas de la porte j'ai un peu hésité. Peut-être il n'avait pas envie de me voir... quelqu'un comme Cassiopée lui aurait fait plus plaisir  ? Puis je me suis dit que même s'il ne voulait pas me voir, j'amenais de la nourriture, ce qui est déjà une excuse suffisante pour ma présence. 

J'ai toqué à la porte, et après quelques secondes, la poignée s'abaissa enfin et la porte s'ouvrit. Un Min-ho aux cheveux ébouriffés et aux yeux tirés m'accueillit. En m'apercevant son visage s'éclaira un peu et il me tira presque à l'intérieur.

- Lyslas, Lyslas, parfait, j'avais besoin de te parler justement.

Un peu déstabilisée, je lui ai tendu mon bout brioche et mon yaourt que j'avais en main. Il a baissé les yeux presque étonné sur la nourriture, puis m'a remercié en la prenant.

- Ah c'est vrai que je n'ai rien mangé, merci Lyslas  !

Il déchira un bout de brioche avant de le manger, et posa le tout sur le comptoir de la cuisine sans rien manger de plus. Puis il m'entraina dans le salon, et commença à faire les cents pas dans la pièce. 

- J'ai bien réfléchis à qui aurait pu être le coupable.

Il avait effectivement l'air de quelqu'un qui n'avait que penser à ça depuis le réveil. J'ai remarqué que ses cheveux en bataille étaient un peu humides. Dans un coin de la pièce il y avait en vrac une boule de vêtements (ceux qu'il portait ce matin) encore tachés de sang, et j'ai frissonné à leur vision. Il remarqua mon regard et commenta  :

- Je ne sais pas quoi en faire... je ne sais pas où je peux les mettre. Je les avais jeté dans la neige, mais des drones me les ont ramenés, et Monokuma a dit qu'on ne pouvait rien jeter de polluant dans la nature, et que les lessives se faisaient à 17h tous les jours...

Son regard revint sur les tâches rouges, et il se passa une main sur le visage, la voix un peu tremblante  :

- Je-je devais m'assurer de son état, peut-être qu'elle respirait encore, tu vois....  ?

Puis il soupira profondément.

- Qu'est-ce que tu penses Lyslas  ? Sur le coupable  ?

Je me suis assise au coin du canapé. Et j'ai exposé mes idées.

- Le meurtrier est passé par la cheminée, elle a eu peur, elle a pris le couteau et elle est allée voir, le meurtrier lui a pris le couteau, elle a tenté de s'enfuir vers la porte mais celle-ci était fermée et le meurtrier l'a rattrapé avant qu'elle ne puisse ouvrir, et l'a poignardé. Puis il est ressortis par la cheminée encore une fois... voilà ce que je pense....

Il a hoché la tête en m'écoutant, l'air d'approuver ce que je dis, puis il a demandé

- Et qui l'aurait fait d'après toi  ?

J'ai haussé les épaules.

- Je ne sais pas.... pas encore en tout cas.... Il faut que j'y réfléchisse... peut-être que...

Min-ho leva une main pour m'interrompre et attirer mon attention. Puis il se leva et se dirigea vers la cheminée. Et me montra en même temps qu'il expliquait  :

- Regarde. Toutes les cheminées ont le même modèle. Regarde. Je peux à peine y passer, elle est plutôt étroite.

Je l'ai observé. En effet, il devait plier un peu l'épaule pour passer dans le conduit. Il ressortit une tête tâché par un peu de suie.

- Donc il faut quelqu'un qui soit assez fort pour l'effort physique de monter sur le toit, arracher le couteau à Anjali, qui était tout de même une athlète, rappelons-le, et de faire l'aller retour dans ce conduit, mais qui pour autant était assez fin pour y passer sans rester coincé au milieu.

J'ai écarquillé les yeux en écoutant son explication. Évidement, le modèle de la cheminée donnait beaucoup d'indice  ! Je me suis approchée pour observer moi aussi la cheminée. J'ai tenté de me hisser dans le conduit. 

Mes épaules passaient juste bien dans le conduit, mais la largeur de celui-ci rendait la progression extrêmement difficile, et j'étais clairement beaucoup trop faible pour y parvenir jusqu'au bout. Il fallait donc une force au dessus de la mienne au moins. J'ai réfléchis à voix haute

- On peut déjà rayer des nouveaux suspects, en plus de ceux qui ont un alibis.

- Lesquels  ? Lesquels élimine-t-on de la liste des suspects

J'ai cité à voix haute

- Et bien déjà ceux qui sont trop larges  : Mike, Aimana, Nikolaï, n'aurait tout simplement pas pu passer. Maintenant ceux qui sont trop faibles, bien qu'on ait pas de certitude exactes sur leur réelle force on peut l'estimer à leurs carrures  : Cassiopée, Axel, Mélanie, ainsi que probablement Royale, et Randall. On a déjà éliminé Remington et Anoushka des suspects et Violaine.. elle aurait pu j'imagine mais elle a un alibi.

J'ai relevé la tête pour regarder Min-ho.

- Il ne reste que Mizuki ou Léo.

Min-ho resta silencieux un moment. Puis il me répondit

- Les deux ont mauvais caractère et restent toujours à l'écart.

J'ai secoué la tête.

- Le caractère ça ne veut rien dire, les gens peuvent mentir facilement...

- Tu ne penses pas qu'on puisse s'y fier ne serais-ce qu'un peu  ?


- On joue avec notre vie ou notre mort. Donc non je crois pas que le caractère puisse être pris en compte dans notre jugement.

Il s'assit à son tour et me demanda alors un air très sérieux sur le visage.

- Pourquoi tu ne penses pas que ça soit Anoushka  ? Beaucoup de choses la désigne tout de même... et tu ne peux pas me dire que c'est parce que tu l'aimes bien ou que tu crois qu'elle est sincère vu ce que tu viens de me dire.

J'ai réalisé à ce moment que les autres me voyait probablement comme celle qui s'entendait bien avec Anoushka la fille suspect qui se promène avec un couteau de boucher, voisine de la victime et comme par hasard ultime ramoneuse alors que le meurtrier est visiblement passé par la cheminée. J'ai tenté de donner les arguments les plus rationnels possibles et je lui ai répété ce que j'avais dis à Anoushka elle-même.

Il me regarda, et finit par céder  :

- Tu as raison, ça ferait vraiment beaucoup...

Il se leva de nouveau, alla reprendre ce que je lui avait amené et termina, l'air perdu dans ses pensées. J'ai observé un peu plus la pièce. Similaire à celle d'Anjali et la mienne, la seule chose qui la différenciait était les affaires un peu mal rangées qui y trainaient. Visiblement Min-ho n'était pas fan du rangement.

Soudain ce dernier se leva, épousseta son tee-shirt et me tendit la main.

- Sinon en attendant tout ça Lyslas, tu voudrais pas danser un peu  ?

J'ai froncé les sourcils en le regardant l'air dubitative. Moi  ? Danser  ? Jamais. Il du mal interpréter mon regard car il me répondit  :

- Tu sais, la salle à côté de nos chambres est différentes pour chacun. Toi j'imagine que c'est un atelier, mais moi c'est une salle de danse.

- Mais Min-ho je ne danse pas moi...

- Vraiment  ? Tu sais on s'en fiche de bien danser ce qui compte c'est de s'amuser  !

Il me fit un sourire pour conclure son invitation. Je lui rendit autant que je pus, puis je secouais doucement la tête.

- Non vraiment je ne danse pas, mais je veux bien te regarder.

- Super, comme ça tu pourras me donner ton avis sur mes nouvelles idées.

Nous sommes allés dans la pièce en question, dont le mur du fond était tapissée de miroir. Il a mis une musique et à commencé à montrer des idées que j'approuvais toute de la même façon car je n'y connaissais rien. Ça n'avait pas l'air de le déranger. Quand il dansait il souriait en permanence, il le faisait comme si ça ne demandait aucune effort. C'était très impressionnant à regarder, mais une petit partie de moi était toujours ailleurs. La journée s'écoulait et je ne savais toujours pas qui était coupable.

Une fois qu'il eut terminé, Min-ho s'assit sur le tapis, un peu essoufflé et transpirant. Difficile de ne pas le trouver beau à cet instant, outre son visage harmonieux, et sa forme impeccable, il dégageait un calme, et une sorte de sensualité assez charismatique. Je songeai qu'il devait avoir beaucoup de succès auprès des gens.

Soudain il retourna vers moi, un air bien plus sombre sur le visage, et il me demanda  :

- J'ai une idée, mais je ne sais pas si ça fait sens...

J'ai encore froncé les sourcils devant sa remarque étrange.

- Dit toujours.

- Je n'arrête pas de repenser à ce que Monokuma m'a dit tout à l'heure....que les lessives se faisaient à 17h et qu'on avait pas le droit de jeter ses déchets dans la nature.... '

Il s'est levé et est venu s'assoir à côté de moi.

- Le meurtrier... tu ne crois pas qu'il se serait tâché  ? Même s'il n'a pas été tâché par du sang, au moins de la suie....

Soudain je compris à quoi il voulait en venir.

- Il doit avoir ses vêtements encore chez lui  !

Min-ho hocha la tête et continua

- Si on arrive à convaincre les autres, ceux qui sont safe, d'aller fouiller chez les suspects, on peut peut-être le démaquer  !

Mais à ce moment les paroles d'Axel ce matin me revinrent

- Ils ne seront pas d'accord, Violaine et Mike sont clairement les deux leader, Violaine pense que je suis instable, et Mike n'a pas l'air de m'adorer...

Min-ho se mordit la lèvre

- Moi, peut-être qu'ils m'écouteront....  ?

J'ai grimacé

- Tu n'étais pas là pour la réunion... Je ne suis pas sûre qu'ils te feront confiance.....

- Mais j'étais en train d'essayer de me débarrasser de mes vêtements tâchés  !

Je me suis frottée la nuque.

- Je ne crois pas que les gens ici soient très enclins à croire quiconque sur parole.... Et puis... le meurtrier est parmi nous, il entendrait et cacherait ses vêtements à un endroits qui ne l'incriminerait pas....

Il se leva d'un coup et recommença à faire les cents pas.

- Je ne vois qu'une seule solution alors....

- ....laquelle  ?

Il se retourna vers moi

- Il va falloir aller vérifier par nous même, sans qu'ils ne le sachent...

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