Chapitre 1 (5)
Le temps sembla suspendu pendant un moment, personne ne voulait croire ce qu'on avait sous les yeux. Le premier à réagir fut Min-ho, qui se précipita en avant, et s'agenouillant dans la flaque de sang comme si elle n'existait pas, il souleva le haut du corps d'Anjali, qu'il posa sur ses genoux, en essayant de prendre son pouls et d'observer la blessure.
Il se tourna vers nous, ses yeux déjà embué de larmes, l'air perdu, et il nous fit savoir
- Pas de pouls, et..et elle est si froide....
Je n'arrivais pas prendre réellement conscience de ce qui était sous mes yeux. L'horreur m'avait figé sur place, les larmes ne venaient pas comme sur le visage de Min-ho qui s'était mis à pleurer doucement en gardant le corps rigide et pâle d'Anjali sur ses genoux.
Ça n'avait rien avoir avec Anjali. C'était un pantin vide, mort, gris, je ne pouvais pas voir Anjali en observant ce corps. Autour de moi les autres s'agitaient de partout.
Mizuki avait crié qu'elle allait chercher les autres, et de ne toucher à rien. Anoushka parlait avec Remington. Mais je n'entendais pas ce qu'ils disaient. Je crois qu'ils se disputaient.
La silhouette de Min-ho était secoué de sanglot. Mais le bruit de ses pleurs ne me parvenait pas non plus. Tout me paraissait loin et mes oreilles me semblaient bourrées de coton.
Soudain d'autres personnes sont arrivés, Mike en premier, qui essaya de prendre la tête des décisions. Violaine peut de temps après, en compétition avec Mike pour savoir qui allait gérer ce problème.
Le bruit et l'agitation enflait autour de moi mais je n'arrivais pas à comprendre les mots.
J'avais de plus en plus de mal à respirer.
Soudain j'ai sentis un haut de cœur m'agiter, je me suis tournée et j'ai commencé à marcher. J'avais besoin de m'éloigner, d'aller souffler ailleurs, j'avais besoin de solitude. Mais à peine avais-je fait quelques pas qu'une poigne violente se saisis de mon bras et me retins ici.
C'était le volcanologue, dont je n'avais pas encore retenu le nom, qui m'avait empêcher de partir, sous l'ordre de Mike.
L'homme, grand, basané, aux longs cheveux sombre tirés dans un chignon sur sa nuque, me fixa d'un air méfiant. Soudain, j'ai observé le regard des autres. Ils étaient tournés vers moi, certains étaient comme celui du volcanologue, méfiants, d'autres, plus doux, comme celui d'Anoushka, ou d'une des filles, que je ne reconnaissais pas.
Je compris soudain qu'on me parlait.
- Eh oh, je t'ai posé une question !
C'était Mike encore une fois. J'ai bredouillé en retrouvant un peu pied avec la réalité.
- Je-quoi ?
- Je te demande pourquoi tu t'enfuis comme ça.
J'ai encore eu du mal à respirer
- j'ai-j'ai besoin d'air, je me sens mal.
- Mal ou coupable ?
Lâcha un jeune homme assez gringalet. Lui aussi faisait partis de ceux que je ne connaissais pas vraiment, il me semblait qu'il était garçon de café, mais je n'en était même plus sûr.
Un autre garçon pris ma défense, celui qui s'était disputé avec Violaine, géographe il me semblait.
- Laisse-là tranquille, elle vient de voir le cadavre de son amie dans une flaque de sang elle a le droit d'être en état de choc.
Le premier souffla d'un air un peu méprisant mais ne continua pas.
Mike finit par dire
- C'est bon Aimana lâche-là, Léo a raison elle est juste secouée.
Le dénommé Aimana me jeta un dernier regard, puis lâcha mon bras. J'avais du mal à sentir mes jambes. Ils se détourèrent de moi, et comme la pression exercée sur moi diminuait, j'ai soudain sentis mes jambes me lâcher. Avant que je m'effondre au sol, une paire de bras me rattrapa sous les aisselles. J'ai baissé les yeux, étonnée, sur les deux grosses mains rugueuses qui me maintenait à moitié debout à moitié par terre. Les mains me tirèrent vers le haut pour que je me remette sur pieds.
Puis j'ai jeté un regard en arrière. Dans le même temps, tout le monde se tourna une fois vers moi. Les mains me lâchèrent, et je compris alors que les autres ne me regardaient pas, mais plutôt l'homme qui venait d'arriver derrière moi.
C'était Nikolaï qui venait de faire son entrée.
Violaine l'apostropha rudement :
- Monsieur à pris son temps !
- Désolé.
- Désolé de quoi ? D'avoir tué une innocente ?
Il serra les mâchoires, je m'étais vite empressée de me décaler pour ne plus être dans la trajectoire des regards inquisiteurs. Il répondit avec sa voix rauque mais douce
- Désolée pour mon retard.
Ils continuèrent de se disputer. Mais je voulais vraiment prendre un peu de distance. Profitant du chaos provoqué par la dispute, je me suis éclipsée. J'ai préféré ne pas trop m'éloigner, pour ne pas être encore soupçonnée, alors je me suis arrêtée à l'angle du bungalow d'Anjali, ou j'entendais encore un peu le raffut, mais au moins on ne pouvait plus me voir.
J'avais la poitrine serrée. Je commençais à réaliser à quel point la situation était effectivement sérieuse, et dangereuse. Les gens ici étaient réellement prêts à commettre des meurtres. Je ne les connaissais pas, et finalement la méfiance d'Anoushka ne me paraissait plus si exagérée.
Tout à coup une voix métallique m'a tiré de mes pensées.
- Eh bien.
J'ai baissé les yeux sur l'enfant à l'unique œil qui nous servait de geôlier.
- Vous n'avez pas perdu de temps.
Je l'ai regardé éberluée. Il avait un grand sourire figé sans le moindre plissement dans le masque de de son visage. Je me suis dit qu'il ne pouvait probablement même pas arrêter de sourire. Il s'avança un peu
- Alors Lyslas ? Une idée sur le coupable ?
Il était d'un calme olympien. Il n'y avait aucune émotion particulière dans l'oeil rouge de cette machine, en même temps, me dis-je, il n'était surement pas capable d'en ressentir... Comme s'il pouvait lire mes pensées il expliqua soudain.
- Je suis un robot, mais la technologie qui me compose est suffisamment avancée pour que mes créateurs m'aient fait une fausse personnalité qui me permet de copier des émotions, bien que tout ça ne soit que des choix et des programmes prévisibles. J'ai répondu à ta question, toi tu n'as pas encore répondu à la mienne.
J'ai hésité
- Non... je, je ne sais pas qui aurait pu le faire....
- Et tu n'as pas envie de le savoir ? Je te rappelle que si vous vous trompez, couic !
Les-les autres sont déjà sur le coup, tout le monde s'active pour trouver le coupable.
- Et toi pas ? Tu ne vas rien faire ?
J'ai regardé un peu autour de moi. Je ne voyais que difficilement ce que je pouvais faire. Les gens ici ne me faisait pas confiance, je n'ai aucune capacité de détective, ni de leader.
- Je ne suis pas très fiable pour ce genre de choses....
- Donc tu penses que les autres le sont ?
- De quoi ?
- Fiables.
J'ai froncé les sourcils.
- Bien sûr que non ! Je ne les connais même pas !
- Et pourtant tu mets ton sort entre leurs mains.
Je me suis frottée le front nerveusement. Oui cette sensation d'impuissance était terrible, mais je n'avais même pas envisagé mener l'enquête, trouver un coupable, et convaincre les autres... Monokuma ne me laissa pas le temps de lui répondre :
- Anjali serait ravie de voir la détermination que tu as à lui donner justice.
Profondément agacée qu'il se permette ce genre d'argument alors que lui aussi était coupable de son sort j'ai répliqué avec agressivité
- Alors peut-être devrais-je directement te tuer toi pour la venger !
Je ne sais pas si c'était une illusion ou pas, mais j'ai eu l'impression que le sourire de requin de Monokuma s'était élargi.
- Je te conseille chaudement de ne rien tenter contre moi.
J'ai eu un très mauvais pressentiment. C'était un ton neutre qu'il avait utilisé, et pourtant la menace qui planait derrière ces mots envoya un frisson dans mon échine.
- En plus, tu ne vengerais rien du tout. Je serais simplement réparé. Ou remplacé. Je ne suis qu'une machine.
J'ai serré les dents, et déglutit. Il avait raison. J'allais répondre mais encore une fois il ne me laissa pas le temps et repris
- Bon ! Je te laisse te morfondre pendant que tes camarades en qui tu n'as pas confiance se chargent de décider de ta vie ou de ta mort.
Puis il m'a dépassé pour rejoindre les autres autour du corps.
Je suis restée figée, en attendant de me décider sur quoi faire... Puis j'ai pensé au fait que le coupable était parmi ceux même qui se chargeaient de l'enquête... Monokuma avait raison...
Je suis retournée en arrière vers les autres. Au moment où j'arrivais en vue du groupe, Mike s'est saisis de Remington, le serrurier, et lui a tordu les bras en arrière pour le bloquer. Aimana, lui, s'était saisis d'Anoushka.
Mizuki qui se tenait un peu en retrait s'est approchée de moi.
- Où t'étais partie ?
- Prendre un peu d'air de distance, juste à coin du bâtiment.
Monokuma s'était avancé et les autres le regardait avec curiosité, méfiance, crainte, ou colère. Il entra dans le bungalow, et sortie du matériel de sa sacoche.
- Vous pouvez disposer ! Et chercher le coupable bien sûr ! Je me charge de l'autopsie.
J'ai remarqué Min-ho qui semblait rechigner à être séparé du corps d'Anjali, alors que moi je ne pouvais pas surtout de ne serais-ce que le regarder. Les gens réagissaient différemment aux même situations j'imagine...
Mizuki a de nouveau pris la parole :
- Tout le monde s'est mis d'accord sur le fait que Remington et Anoushka étaient les plus suspects...
Je l'ai regardé étonnée :
- Pourquoi eux ?
- Parce que la porte était fermée à clef, et que la seule clef était dans les mains d'Anjali. Qui aurait pu échapper d'une pièce fermée à clef sans utiliser la clef ?
- L'ultime serrurier...
- ...Et l'ultime ramoneuse qui aurait très bien pu passer pas la cheminée pour sortir...
J'ai réfléchis un moment. Les autres parlaient forts, mais le bruit qui sortaient de leur bouche ne m'intéressait pas plus que ça. Je les aient vu partir en direction de la salle de spectacle où Monokuma nous avait fait son propre discours.
- Et aucun des deux n'a d'alibi solide je suppose ?
- Anoushka certainement pas. Elle n'a aucun témoin qui pourrait attester de son excuse et elle se promène avec un couteau depuis le début, sans même chercher à le cacher. Elle dit qu'elle n'a pas bouger de son bungalow et c'est vrai que ça lumière était allumée jusqu'à très tard, mais rien ne dit qu'elle n'est pas sortie en laissant les laissant allumées.
- Et Remington ?
- Bien qu'on ne soit pas encore sûr de l'heure exacte de sa mort, toi et Min-ho peuvent témoigner qu'elle était toujours en vie vers 23h30, et Remigton prétendait dormir depuis 22h. Mais il n'a pas de témoin lui non plus.
C'est vrai que les choses ne se présentaient pas bien pour Remington, mais c'était peu logique... J'ai réfléchis à voix haute
- Mais pourquoi diable l'ultime serrurier aurait-il volontairement utilisé ses dons pour sortir en attirant clairement le blâme sur lui alors que la clef était littéralement dans la main d'Anjali... C'est se donner beaucoup de mal pour être le suspect numéro un quand même...
- Peut-être qu'il voulait signer son meurtre ?
- Ça n'a pas de sens, le but du meurtre est de sortir d'ici, pas de se faire choper et exécuter.
Mizuki haussa les épaules.
- Je ne sais pas peut-être que c'est Anoushka alors ? Enfin dans tous les cas, tu diras tes hypothèses à tout le monde, vient on les rejoins, ils sont tellement à cran qu'ils pourraient nous soupçonner juste pour manquer à l'appel.
J'ai jeté un dernier regard en direction du chalet vide sombre d'Anjali où Monokuma finissait d'analyser les causes de sa mort. Mizuki s'éloignait déjà. J'ai soupiré, je n'avais pas hâte de parler en public... puis j'ai emboîté ses pas...
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