Chapitre 1 (14)

Je me suis enfuie avec Cassiopée dehors. Je ne voulais même pas savoir où étaient les autres, et qu'allaient-ils faire. La situation est si incertaine, et mes espoirs si faibles qu'à cet instant je voulais penser à tout sauf à ça. N'importe quoi excepté ce qui m'attendait demain - probablement mon exécution.

J'ai suivie Cassiopée dans l'air froid de l'extérieur. La lumière jaune des lampadaires baignait la neige d'un teinte maladive. Comme je ralentissais, et peut-être par peur que je ne la suive pas, Cassiopée se retourna brièvement vers moi et me pris la main pour m'entrainer vers son chalet.

Nous n'avions plus vraiment besoin de nous cacher désormais. Plus personne ne cherchait à m'enfermer puisque les choses avaient été dites. Ceux qui aurait pu nous croire, être de notre côté, n'allait visiblement plus nous soutenir. Nous n'aurions plus la majorité et nous allions être tuées, Anoushka et moi. Et ensuite tous les autres, sauf Min-ho.

La pensée d'Anoushka me fit mal au coeur. Son comportement pendant le dîner... je sais bien qu'elle était méfiante, elle me l'avait annoncé dès le début, mais sa déclaration, ses doutes envers Mélanie, n'avait que fait nous enfoncer encore plus. Et elle ne m'avait pas accordé un regard ou un mot après cela... Avait-elle douté de moi aussi ?

Je n'ai pas eu le temps de me plonger plus en profondeur dans ces pensées, car Cassiopée et moi étions arrivées devant la porte de son chalet. Elle ouvrit la porte, me fit entrer, la referma à clef derrière moi. La vague idée qu'elle aurait très bien m'assassiner m'effleura l'esprit avec une forme de résignation fatiguée, mais je la chassai en un instant.

Je l'ai regardé allumer les lumières, tirer les rideaux, s'installer, monter le chauffage, et autres activités, en restant sans bouger debout dans le hall. Je n'avais qu'une envie, m'endormir et me réveiller dans mon lit, dans mes draps, dans ma maison. J'ai fermé longtemps les yeux en espérant les rouvrir sur la vision familière de mes outils et de mes instruments, mais la seule chose que je sentis fut Cassiopée qui essayait de me retirer mon manteau.

En me voyant poser les yeux sur elle avec un peu de surprise, elle commenta :

- Il est tout mouillé de neige, et puis il fait chaud ici tu n'en as pas besoin.

Je lui aie fait un maigre sourire et je l'ai laissé pendre mon manteau dans l'entrée. Puis elle m'a demandé si je voulais boire ou manger quelque chose, puisqu'on avait quitté le restaurant très vite, mais je n'avais pas faim.

- Lyslas... est-ce que je peux faire quelque chose.... ?

Je voyais bien son désarroi. Elle aussi avait peur, elle me croyait innocente, elle savait qu'elle allait sûrement mourir demain avec tous les autres. Pourtant elle avait l'air de s'en faire plus pour moi que pour elle-même. J'aurais voulu lui répondre mais rien ne me vint. Elle continua :

- Min-ho... ce... ce..cet ordure, il se réjouit de tout ça pas vrai !

Je la vis serrer des poings.

- Comment il a pu-pu faire ça, je lui faisais confiance, je croyais qu'il était quelqu'un... quelqu'un de bien...

J'ai entendu dans sa voix un début de larme pointer. Même quand elle voulait se fâcher elle ne pouvait pas véritablement être violente. Moi aussi, moi aussi j'avais cru que c'était quelqu'un de bien mais c'était si naïf de croire quelque chose de quelqu'un qu'on ne connaissait même pas. Cassiopée se reprit un peu et ajouta :

- On a eu le temps de rien voir venir, on a même pas eu le temps de se méfier de lui. On est arrivés... ici.... perdus.. effrayés... on a cherché de la sécurité auprès des visages amicaux... et... ça fait 2 jours... et.... 

Sa voix a véritablement craqué à cet instant, et j'ai craqué moi aussi. Je suis tombée vers l'avant, l'emprisonnant soudain entre mes bras. Je ne voulais pas voir de larmes, surtout pas les siennes, et je n'avais plus aucun mot qui me venait. Elle s'est tut et on est resté comme ça longtemps.

Quelque part, le réconfort que je trouvais avec elle, plus encore qu'avec Anoushka, ou que j'avais trouvé avec Anjali, venait du fait que l'ultime coiffeuse me comprenait. Je le voyais chaque fois qu'un bruit fort retentissait, que quelqu'un arrivait par surprise, qu'un geste brusque était fait, il y avait un éclair de panique dans ses yeux verts émeraude. Finalement, la voix rauque, enrouée, j'ai réussis à lui demander :

- Cassiopée... pourquoi tu... tu as peur comme moi...

Elle hésita un peu.

- C'est normal d'avoir peur dans ce genre de situation....

- Non, tu sais de quoi je parle Cassiopée.

Elle ne répondit rien. Pendant plusieurs minutes de silence je me suis demandée si c'était trop personnel, ce qui était probablement le cas, ou si je l'avais mise en colère. Elle finit par répondre d'une vois très basse et très douce :

- Et toi pourquoi tu as peur Lyslas ?

J'ai sursauté. Ce n'était qu'une question banale, la même que je lui avait moi-même posé, mais devoir accéder à cette partie de mes souvenirs me figea soudain. Cassiopée reprit alors :

- Ne parlons pas de ça. Pas maintenant....

Dans le reste de la soirée, Cassiopée me coiffa, et j'essayais de faire de même avec elle, nous avons discuté, de mille et une choses stupides et légères, tout ce qui nous venait en tête, pour ne surtout pas se rappeler de ce qui se passerait le lendemain, et puis on s'est endormit sur le canapé, côté à côté, appuyées l'une sur l'autre.

***

(Plan grossier des chalets pour un peu + de clarté)


quand j'ai ouvert les yeux, j'étais seule, un gros plaid dont je ne me souvenais pas sur moi. Je me suis redressée, j'ai regardé autour de moi, cherchant Cassiopée. Ne la voyant pas je me suis levée, et je suis allée dans la cuisine. Elle n'y était pas. J'ai regardé l'heure : 7h30. Le procès était à 8h. Je n'avais absolument pas le courage d'y aller seule, et je ne savais pas quelle réaction je recevrai des autres, alors, avec une boule d'angoisse au ventre j'ai continué à chercher Cassiopée.

J'allais ressortir pour voir si elle était peut-être dans sa chambre ou dans son atelier, peut-être aussi l'appeler, quand la porte de la salle de bain s'ouvrit. Cassiopée en sortit, une serviette enroulée autour d'elle retenue seulement sous ses aisselles par ses bras serrés contre elle. Ses cheveux étaient complètement détachés et trempés, c'était la première fois que je ne les voyaient pas noués dans un équilibre complexe. Ils collaient à ses épaules menues, et me vint soudain l'idée étrange que si les sirènes existaient ce serait à cela qu'elles ressembleraient. Soudain un autre détails attira mon attention, une tâche presque marron sur le haut de sa cuisse.

Soudain la voyant virer au cramoisi et se hâter d'un coup dans le petit couloir vers sa chambre, je réalisai la situation et je sentis mon propre visage virer à une teinte accordée à la sienne. Je m'empressai de lâcher un petit "Désolée" tandis qu'elle refermai la porte de sa chambre.

Je l'entendu répondre à travers la porte :

- N-non c'est moi, je pensais que tu dormais encore désolée...

Je suis restée comme une andouille debout dans le couloir, essayant de faire des liens et des connexions dans mon cerveaux par rapport aux choses que je venais de voir. Une hypothèse qui prenait lentement forme dans ma tête se renforça alors, mais avant que je puisse vraiment la formuler clairement dans mes pensées tant je ne voulais pas y croire, j'entendis la porte de la chambre de Cassiopée se rouvrir, et je me suis dépêchée de rentrer avec hâte dans la cuisine pour me donner une constance en chassant de mon esprit les images d'un instant auparavant.

Elle n'avait qu'un simple chignon et c'était vêtu simplement, le visage encore un peu rouge. Elle me demanda :

- ....Est-ce qu'on devrait y aller en avance ou au dernier moment ?

- Autant profiter un peu du temps qu'il nous reste...

Elle hocha la tête en signe d'accord.

Nous avons alors discuté de quoi faire de notre dernière demi-heure. Bien qu'elle insista pour que l'on fasse quelque chose qui me plaise plus, je lui proposai d'aller encore inspecter la boutique de vêtements. Je savais qu'elle aimait ça, il n'y avait rien ici de chose qui m'aurait plût et se fasse en à peine trente petites minutes, alors autant la voir profiter un peu avant de se rendre à l'abattoir. 

Une fois rendue là-bas, elle s'est mise à flâner dans les rayons, touchant les tissus, commentant les formes et les couleurs. Soudain elle me lâcha :

- C'est un de mes seuls plaisir tu sais... Bien sûr j'adore mon travail... mais ces moments où je choisis de moduler mon apparence et mon style avec des tenues différentes... c'est comme mettre des costumes et devenir quelqu'un d'autre. Chaque style me donne un nouveau rôle.

Je me suis souvenue de Royale et la façon dont elle m'avait dit entretenir son image. Pourquoi tout ces gens semblaient si dévoués à se changer eux-mêmes, ou faire croire qu'ils sont ce qu'ils ne sont pas vraiment ? J'ai demandé avec autant de neutralité que possible.

- Tu éprouves beaucoup le besoin de... changer de rôle ?

Elle étendit entre ses bras une grande robe bleu ciel, aux tissus légers et flottant, cousus de petits perles en bordure du décolleté, un dos-nu découvrant largement les épaules, avec des manches transparentes d'un bleu délavé. Une vraie robe de princesse. Elle ne répondit pas à ma question et dit à la place, presque à voix basse, d'un ton beaucoup trop joyeux pour sa signification :

- Si je dois mourir ce sera dans cette robe...

Je voulais lui assurer que nous ne mourions pas aujourd'hui, mais au fond de mon crâne me soufflait une voix me criant l'inverse, me criant de fuir. Mais partir dans la montagne gelée, recouverte de neige cachant des crevasses, c'était aussi me jeter dans les bras de la mort, alors j'ai juste répondu :

- Elle t'ira à ravir...

Elle replia la robe contre elle et dis brusquement, sans me regarder, avec précipitation :

- Je ne peux pas changer ma réalité, parfois je me sens prise au piège, alors je la fuis en me ré-inventant, en changeant mon rôle dans mon histoire.

J'ai ouvert la bouche pour répondre, mais elle me jeta un regard très bref et ajouta soudain :

- Je vais l'enfiler, je reviens dans un instant.

Je l'ai laissé partir. Je savais qu'elle cachait quelque chose, quelque chose de lourd à porter, un poids, un fardeau qu'elle trainait sans arrêt avec elle, silencieusement, un boulet invisible qui la rongeait au quotidien. Je le savais, parce que je le comprenais, parce que j'avais mes fardeaux moi aussi.

Soudain, une main qui se posa sur mon épaule me fit sauter un battement de coeur et une poussée d'adrénaline me traversa.

Je me suis retournée brutalement. Qu'est-ce que c'était que ces gens qui s'amusaient à apparaitre de nul part et me surprendre en permanence ?! C'était peut-être aussi du au fait que je ne faisais pas assez attention à mon entourage, ce qui n'était pas exactement une bonne chose pour survivre. Je me promis à l'avenir d'être un peu plus attentive.

En face de moi, Royale. Forcément. Toujours à des moments improbables. En grande pompe comme hier, elle était sur son trente et un. Elle me dit son imperturbable sourire habituel.

- Je te cherchais Lyslas.

J'ai cligné des yeux, prise au dépourvu.

- Et pourquoi ça.

Elle se pencha vers moi et je ne pus retenir un léger mouvement de recul. Puis elle me chuchota en atteignant ma main pour y glisser un petit objet froid. 

- Garde ça entre nous ma chère, mais il se peut que j'ai volé ceci hier pendant le dîner.

Puis elle se redressa, son sourire inexplicable encore plus marqué d'un instant auparavant. Elle fit quelque pas à reculons, ajoutant simplement :

- Ne pers pas espoir Lys, ça ne te va pas au teint ce défaitisme.

Puis elle fit demi-tour et ressortit comme elle était venue. J'ai baissé les yeux sur ce qu'il y avait désormais dans ma main. C'était une clef.

Une clef de chalet visiblement, puisqu'une petite plaque de bois y était reliée. J'ai retourné cette dernière et sur celle-ci, gravé de façon élégante, un "n°10" s'offrait à lecture.

Mon souffle se fit soudain plus court. Le numéro 10 ? C'était le chalet de Min-ho. Mais pourquoi me donner la clef du chalet de Min-ho ? Pour que je l'inspecte, que je trouve un indice ?

Mais il ne restait qu'à peine 10min avant le procès, et Royale m'a dit qu'elle l'avait volé la veille... Et puis à quoi bon, y avait-il la moindre preuve dans ses affaires ? Il se serait certainement débarrassé de tout, alors à quoi bon me la donner...

Je n'arrivais à pas à trouver du sens dans tout cela. Un bruissement de tissus se fit entendre derrière moi, puis une voix :

- Ça y est... Je suis prête à y aller...

Cassiopée venait de sortir de la cabine d'essayage. Elle était ravissante, comme toujours. Elle en avait profiter pour coiffer sa chevelure. C'était toujours impressionnant, mais à cet instant je n'avais pas la tête à cela. Elle me rejoignit, je l'ai complimenté, puis nous sommes sorties ensemble.

Mon esprit continuait de chercher pourquoi diable Royale m'avait donné cette clef, et pourquoi l'avait-elle volé.

Nous marchions lentement vers le chalet de spectacle, croisant sur notre chemin Remington, accompagné de Léo, qui nous jeta un regard presque désolé, tandis que Léo nous ignora.

L'ambiance était lourde comme une chape de plomb, malgré le ciel découvert, d'un bleu profondément intense pour une fois. 

Nous sommes entrées dans la salle de spectacle. Au fond, sur le côté de la scène, s'ouvraient des escalier nous invitant à nous enfoncer dans le sol. Monokuma à l'entrée nous recensait calmement, s'assurant que tout le monde vienne, son unique oeil parfaitement indifférent et inhumain se posant sur nous avec une nonchalance terrible.

La seconde salle qui nous accueillit était organisée en cercle, chacun disposait d'un pupitre à son nom. Et un siège placé en hauteur semblait attendre le sourire de requin de l'enfant métallique qui nous surveillait.

(Pour que ça soit + clair)

J'ai fait un dernier sourire à Cassiopée avant que nous séparions pour rejoindre nos sièges attribués. J'ai regardé mes deux voisins, pas encore présents. Il s'agissait du siège d'Anjali, qui resterait vide, et du siège d'Aimana.

La clef de Min-ho était toujours dans ma poche, sans que je trouve encore d'explication.

Les autres se mirent à entrer petits à petits dans les cinq dernières minutes qu'il restait et je sentis mes mains devenir moites. Anoushka venait d'entrer, nos regards se croisèrent à peine un dixième de seconde avant que nous détournions les yeux toutes les deux en même temps. Royale, la dernière, comme d'habitude, entra et vint se placer, sur un des sièges à ma gauche.

Soudain j'envisageai la possibilité que cette clef qu'elle m'avait donné n'avait aucun sens, et aucune utilité. Je ne savais pas quoi penser de la croupière. J'ai déglutit quand enfin Monokuma fit son apparition.

- Bonjour à tout le monde. Nous sommes au complet, nous allons donc pouvoir commencer le procès de la morte d'Anjali. C'est à vous de désigner le coupable. Il n'y a pas de temps imparti particulier à respecter, mais lorsque je jugerai que le débat n'avance plus, je vous inviterais à voter. le vote est anonyme, il suffit de cliquer sur la tablette encastrée dans votre pupitre et de confirmer votre choix. La majorité l'emporte. Bien évidemment, moi je connais le coupable, et si vous trompez... vous savez déjà la conséquence...

Il laissa planer un petit silence, puis conclut :

- ...Bonne chance à vous ! Et je déclare le procès... ouvert !












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