Chapitre 1 (12)
J'ai foncé retrouver Anoushka qui m'attendait inquiète, derrière le grand chalet du SPA. Quand je suis arrivée à son niveau, j'étais encore secouée par l'échange que je venais d'avoir avec Léo. Est-ce que j'avais vraiment raison ? Ma théorie faisait bien trop sens à mon goût.
Je devais probablement porter mon inquiétude sur mon visage, et peut-être avoir l'air un peu pâle, car Anoushka m'agrippa les épaules et me demanda avec un air sérieux sur le visage :
- Que s'est-il passé ? Est-ce qu'il t'as fait du mal ?
L'intensité de son regard me coupa le souffle une seconde, puis j'ai secoué la tête négativement. Non il m'avait pas fait de mal, mais que ce serait-il passé si j'avais montré des doutes sur son innocence ?
Elle serrait mes épaules trop fort, alors j'ai délicatement pris le poignet de mon amie pour le retirer de mon épaule en lui assurant de la façon la plus apaisante possible :
- Ça va... Mais on va avoir besoin de discuter...
Elle ne protesta pas, et nous nous sommes dirigées de nouveau vers le chalet d'Axel, récupérant Cassiopée sur le chemin, qui nous aida à s'assurer que personne ne nous repère. Je n'avais pas envie que le gang de Violaine nous rattrape et nous rattache.
Une fois de nouveau réunis chez Axel, ce dernier, Mélanie, Cassiopée, et Anoushka ont commencé à me questionner sur ce qu'il venait de se passer chez Léo.
Alors j'ai tout déballé. J'ai raconté ce qui s'était passé, et ma théorie dans la foulée. Si comme le prétend Léo, il n'y avait aucune occasion durant laquelle qui que ce soit aurait pu placer les vêtements tachés dans son chalet, mis à part le moment du petit-déjeuner...
- Alors il est très possible que le complice de Min-ho soit Léo... et qui lui aie donné les clefs lui-même.
Anouska avait tiré cette conclusion d'elle-même à la moitié de mes explications. Cassiopée la regarda un peu étonnée. Elle n'avait pas encore assemblée toute les pièces du puzzle. Alors j'ai expliqué :
- Personne n'aurait pu escalader la fenêtre dans ce court laps de temps, mis à part des gens ayant déjà des alibis, comme Anoushka, ou Mizuki. Donc il aurait fallut la clef. Que Léo aurait pu facilement donné à Min-ho, ce qui justifie son absence de quelques minutes dont Mizuki a témoigné.
Mélanie a commencé à y réfléchir, discutant avec Axel à voix basse. Elle ne semblait pas encore tout à fait disposée à nous faire 100% confiance. Un silence de quelques minutes à peine brisé par des murmures s'installa. Finalement, Axel a déclaré à tout le monde :
- Cette théorie semble très possible, mais tout ça ne repose que sur des suppositions. Est-ce qu'on pourrait faire quoi que ce soit d'autre pour avoir un peu plus de certitude ?
J'ai jeté un bref regard à Anoushka à la recherche d'une idée ou d'un soutien. Elle ne me répondit qu'en baissant les yeux. Elle n'avait rien. Puis j'ai jeté un nouveau regard à Cassiopée, qui elle me regarda avec des yeux brillants d'inquiétude. Je lui rendit un pâle sourire en guise de tentative de réconfort. Et puis j'ai bredouillé en réponse :
- À moins d'obtenir des aveux directs... Je ne sais pas ce qu'on peut vraiment faire de plus...
Mélanie poussa un soupire et reprit la voix douce et pleine d'un calme rassurant :
- Récapitulons : Nous avons Min-ho, Violaine, Mike, Aimana, Mizuki, Randall et probablement Léo qui vont voter contre Lyslas et Anoushka. Ensuite on a Anouska, Lyslas, Cassiopée, Axel, moi et Remington qui vont avec certitude voter contre Min-ho et Léo. Ça fait 7 contre 6... Il y a Royale... mais je ne sais pas ce qu'elle votera.
J'ai lancé avec assurance :
- Je pense pas qu'elle votera contre moi et Anoushka.
- Tu en es sûre ? Rétorqua Mélanie
- Pas complètement, mais presque.
- Bon, soupira-t-elle, alors mettons qu'on soit 7 contre 7. Qu'est-ce qu'il se passerait ?
- On annule tout et on rentre chez nous ? Tenta Anoushka dans une tentative de blague
Mélanie lui jeta un regard blasé en biais :
- Si seulement c'était si simple...
Axel repris :
- Je pense qu'il faudra débattre jusqu'à ce que quelqu'un change d'avis...
- Qui est le plus susceptible de changer d'avis ?
Osa demander Cassiopée d'une petit voix. Mélanie affirma sans hésiter :
- Remington est le membre « faible » de notre équipe, il m'a dit être de notre côté, mais il pourrait changer. Et en ce qui concerne Royale, ça n'a pas l'air d'être très claire non plus...
- Et de leur côté ?
Mélanie pris un moment pour réfléchir :
- J'aurais dit Léo, mais s'il est dans le coup comme les preuves semblent le montrer... Je ne sais pas... Peut-être Randall, il semble un peu isolé comparé aux autres. Violaine et Mike, il n'y a pas moyen et Aimana suit Mike comme un bon toutou. Mizuki à l'air remontée contre Anoushka et Lyslas...
- Alors c'est plutôt mal parti pour nous... dit Cassiopée en se mordillant nerveusement un ongle quasi inexistant.
Axel s'assit à côté d'elle et la rassura en lui frottant le dos.
- Je vais parler avec Remington pour le convaincre de ne pas changer de camp.
- Lyslas puisque tu sembles avoir déjà parlé à Royale, tu devrais en faire de même...
Mélanie commença à faire les cents pas en ruminant :
- Ça se jouera à ceux qui craqueront en dernier. Le moindre changement d'avis peut renverser la tendance. Si personne dans notre groupe ne craque et qu'on arrive à convaincre ne serais-ce qu'une seule personne du groupe adverse, on peut y arriver.
Anoushka, encore debout, immobile à ma gauche, demanda soudainement :
- Mélanie, tu crois vraiment en notre innocence ?
Elle s'arrêta en plein milieu de ses aller-retours, et regarda la ramoneuse :
- Évidemment, sinon je vous aurais déjà dénoncé à Violaine et vous seriez toutes deux ligotées dans la salle de spectacle.
- Tu sembles t'entendre avec Violaine pourtant....
J'ai cru percevoir Axel se tendre à côté de Cassiopée sur le canapé. Mélanie répondit avec son calme olympien caractéristique :
- Je peux m'entendre avec quelqu'un et penser qu'elle a tort tu sais. C'est le cas ici.
Anoushka sembla se satisfaire de cette réponse, car elle n'ajouta rien. Cette dernière voulut ensuite m'accompagner encore une fois pour parler à Royale, mais je n'étais pas certaine que Royale parlerait en la présence des autres. De toute façon, le premier challenge était déjà d'atteindre l'ultime croupière... son chalet se trouvait à côté de Violaine.
Mélanie me proposa donc de faire diversion en allant rendre visite à Violaine, et pourquoi pas la convaincre.
Quelques minutes plus tard, quand j'ai vu Mélanie entrer dans le chalet de Violaine, je me suis donc discrètement glissée sur le palier de Royale, jetant des regards nerveux autour de moi. Le chalet de Royale était le numéro 3. À côté il y avait le grand chalet de restauration. Un endroit de passage. J'avais les mains moites et le cœur qui battait à la chamade. La peur, cette foutue peur avec laquelle je me battais depuis... depuis trop longtemps, menaçait de revenir – encore.
J'ai frappé à la porte et j'ai attendu en priant un quelconque dieu que la porte s'ouvre et que je puisse me glisser entre les murs protecteurs. J'ai fermé les yeux pour essayer d'oublier où je me trouvais, ce que je faisais, et la sensation écrasante de craindre qu'un inconnu hostile m'attrape soudainement, me tire quelque part, m'enferme, m'emmène, ailleurs, loin – la porte s'ouvrit.
Royale était en costume trois pièces, un nœud papillon rose bien attaché au niveau du col. J'ai haussé les sourcils surprise et j'ai oublié mes pensées d'un moment plus tôt. En me voyant, les iris roses artificiels de Royale s'ouvrirent et son sourire déjà présent s'agrandit un peu plus. Elle attrapa ma main et me tira à l'intérieur, tout en me lançant sur un ton joyeux :
- Mais qu'est-ce que tu fais là toi, encore dehors alors que la moitié des gens ici te pensent coupable de meurtre ?
Un rire léger clôtura ses paroles, et me voyant à court de mot, elle reprit un peu doucement :
- Tu veux me parler bien sûr... De quoi donc ? Tu veux des biscuits ?
J'aurais voulu répondre, mais j'étais trop distraite par ce qui m'entourait. j'ai regardé autour de moi l'intérieur du chalet de Royale. C'était... très étrange. À la fois terriblement chaotique et curieusement ordonné. Des tonnes d'objets trainaient à des endroits où ils ne devraient absolument pas (de la vaisselle, des vêtements, des cartes et des plateaux de jeux, même des livres, et encore plein d'autres choses), mais tout ce bric-à-brac semblait très soigneusement placé. Les vêtements par exemple, était parfaitement pliés. Il y avait donc 5 paires de chaussettes parfaitement disposées par terre devant la table basse. Plus loin, un pantalon était punaisé au mur. Tous les couteaux du chalet avaient été reliés à des fourchettes avec un petit élastique et chacune de ces paires étaient posée à un endroit différent – sur le dossier du canapé, le rebord de la cheminée. Il y avait même un paquet de carte posé en équilibre sur l'horloge du salon.
- Oh, ne fait pas attention à tout ça. Biscuits ?
Elle me tendit un shortbread en même temps qu'elle en fourra un dans sa bouche. Je l'ai saisis par réflexe, encore un peu déconcertée par la déco. Et elle alla s'installer dans son canapé, entre une paire de couvert, une pile d'ouvrage et des bottes fourrées. Me voyant encore debout, elle prit les couverts, les posa perpendiculairement à celle déjà présente sur la table basse, et m'invita à m'asseoir à côté d'elle d'une petite tap.
Je l'ai rejoins, mon shortbread encore délicatement posé sur ma paume, et j'ai commencé :
- Par rapport au procès, demain matin...
- Oui ne t'inquiète pas, je sais pour qui voter.
J'ai cligné les yeux devant son assurance.
- C'est à dire.
- Min-ho bien sûr. Pourquoi cet étonnement, c'est bien lui que tu penses coupable ?
J'ai hoché la tête positivement :
- Et bien parfait. De quoi t'inquiètes-tu ?
J'ai déglutit. De mourir peut-être ?
- Mais tu vas juste suivre mon hypothèse comme ça ?
- Évidement.
- Mais pourquoi
- Parce que ? Pourquoi pourquoi ?
- Pourquoi est-ce que tu ne remets même pas en cause mon innocence, pourquoi est-ce que tu suis juste ma théorie qu'il s'agit de Min-ho, je n'ai même pas de preuve !
Elle vit un petit geste de main, comme pour balayer l'air.
- Mais enfin, je te l'ai dit, je te fais confiance. C'est pour ça.
J'ai froncé les sourcils en ayant un petit geste de recul.
- C'est une idée horrible.
Elle se pencha un peu vers moi en souriant encore plus :
- J'adore les idées horribles ! C'est tellement plus intéressant. Une idée horrible est souvent une idée folle, et la folie c'est le génie qui ne s'est pas encore dévoilé !
Cette fois-ci je me suis juste frottée le front en réponse. Est-ce qu'elle était folle ? Peut-être bien. À vrai dire c'était très probable. J'ai relevé les yeux pour la voir enfourner un énorme shortbread dans sa bouche. Elle avait des miettes tout autour du visage. La bouche encore pleine elle ajouta alors :
- Enfin quand je dis folie, je parle pas de la vraie folie clinique, enfin bref tu m'as compris, ça sonnait bien comme phrase je trouve.
J'ai posé mon propre shortbread auquel je n'avais pas touché sur la table basse, et elle se pencha immédiatement pour le retirer de là, et essaya de le faire rentrer dans sa bouche.
- 'On ! 'As chur 'a 'abe !
J'ai soufflé du nez, sentant un début de sourire éclore sur mes lèvres. J'ai attendu qu'elle parvienne à mâcher un peu pour lui re-demander, par sécurité :
- Donc tu vas voter contre Min-ho et Léo ?
Elle haussa ses sourcils fins, et noirs, parfaitement tracés sur sa peau pâle.
- Léo ? Mais pourquoi, il est coupable ?
- On a de sérieuses raisons de penser qu'il est aussi coupable oui.
Royale retrouva un peu sérieux et me regarda longuement. Il y avait quelques chose d'étrange dans ses pupilles derrière le cercle rose de ses lentilles, même si je n'aurais pas sut dire quoi . Après un moment, elle finit par retrouver son sourire insouciant, et s'exclamer simplement :
- D'accord, si tu as l'air si sûre de toi !
Je n'étais sûre d'absolument rien, mais si je n'allais pas essayer de lui prouver pourquoi j'avais peut-être tort alors que j'étais là pour le contraire. J'ai hésité sur quoi faire.... devrais-je retrouver les autres ou pas ? J'étais sur le point de me lever quand Royale reprit :
- Je ne suis pas folle tu sais. Je suis bizarre, ça oui, mais pas folle.
Je me suis sentie un peu gênée. C'est comme si elle avait lut mes pensées un peu plus tôt. J'imagine que j'étais trop transparente.
- Non, c'est juste que j'ai l'habitude.
J'ai sursauté. Elle venait de répondre directement à ceux à quoi j'avais pensé.
- Et non, je ne suis pas télépathe, juste habituée. Et je dois avouer, sur ce point tu n'es pas très originale Lyslas.
J'ai serré les dents, encore plus mal à l'aise.
- Désolée...
- Ne le soit pas. Je sais quelle impression je donne.
Elle me fit un clin d'oeil
- Et spoiler, tout n'est pas authentique. Une image ça s'entretien.
- Je n'ai jamais entretenu d'image artificielle de moi...
- Et ça se voit, c'est ça que j'aime bien chez toi. Moi j'ai... elle s'interrompit d'un coup, puis reprit
- ...Aller va-t-en avant que je t'en dise trop, je dois rester mystérieuse sinon c'est pas drôle, il reste encore un long chemin avant que cette histoire se finisse.
Sur ces mots elle se leva, le pris la main pour me tirer sur mes pieds, et me poussa tout doucement vers la porte.
- Aller, aller, dehors !
Alors j'ai avancé bon gré mal gré, et je suis sortie avec beaucoup de précaution. Personne n'était en vue, et je me suis donc prestement dirigé vers l'extérieur du carré que formait la station pour me cacher derrière les chalets en périphéries, comme je commençais à en prendre l'habitude.
Ne voyant personne j'ai commencé à me détendre. Ce fut mon erreur. Alors que j'étais presque arrivée au chalet d'Axel, une grosse voix m'interpella, et j'avais à peine tourné la tête qu'une personne se précipita sur moi et m'attrapa brusquement le poignet. J'ai tout de suite reconnu la coupe en brosse blonde de Mike. Il me regardait avec ses yeux bleus éclatants, qui aurait probablement été très beau s'il n'était pas aussi fermé, arrogant, orné par des sourcils froncés qui ne faisait que durcie ce visage similaire à celui d'une statue antique. Il n'y avait pas une once d'hésitation dans son comportement. Il me tira un peu vers lui et cracha avec peu de sympathie :
- Tu ne t'enfuiras plus ! Vous êtes fortes pour vous cacher, sales petites fouines, autant que pour mentir, je suis sûr que vous avez des complices...
Je n'ai pas trouvé les mots, paralysée, comme d'habitude, par la confrontation et mon cœur qui battait toujours trop fort et trop vite. Si Anoushka avait été là, elle l'aurait fusillé de ses iris noir comme la nuit et lui aurait décoché une réplique tranchante comme un poignard. Mais j'étais seule, et moi, je n'avais la force de caractère de m'opposer à Mike, aucun mot, aucun cri ne sortirent de ma bouche, et mes membres gelés par la situation, ne tentèrent même pas de se dégager. Une petite voix au fond de ma tête me cria d'agir, de ne pas rester comme un pitoyable pantin, mais cette voix resta lointaine et impuissante, comme un écho qui n'avait fait que s'affaiblir avec le temps dans mes pensées. Désormais il n'était plus qu'un bruit de fond. Mike me tira avec lui, mais au lieu de m'amener comme je l'aurais crus, dans la salle de spectacle, il tourna juste après le mur à notre droite, en direction de son propre chalet.
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