Chapitre 1 (11)
Je me suis doucement dégagée des bras de Cassiopée, un peu gênée d'être surprise ainsi, mais sans vouloir froisser l'ultime coiffeuse. À ce moment Axel est revenu, un plateau dans les mains.
Il l'a posé sur la table basse devant nous, et chacun s'est servie une tasse. Moi j'ai pris du café, Anoushka du thé, et Axel et Cassiopée du chocolat chaud.
Axel a été le premier à reprendre :
- Le seul argument que vous avez c'est le fait que c'est illogique de mettre les vêtements dans le chalet de Léo alors que vous auriez pu le faire chez Mizuki ?
J'ai hoché la tête.
- Oui, quasiment...
- Mais c'est aussi illogique pour Min-ho de mettre les vêtements chez Léo dans ce cas...
Je n'ai pas répondu. Axel avait raison....
Cassiopée était en train d'examiner les vêtements que Anoushka avait continué de trimballer avec elle. Soudain elle commenta :
- Mais jamais tu ne mettrais un truc pareil Lyslas... Je l'ai vu moi-même, tu ne mets pas de trucs aussi féminins, ce haut à un décolleté, des froufrous et il est très cintrés... d'ailleurs ça doit pas être pratique de passer par une cheminée avec ce genre de truc....À moins d'être un athlète.
- Je ne sais pas si le style vestimentaire de Lyslas soit une défense suffisante... a commenté Anoushka, mais c'est vrai que c'est dur de croire que Lyslas ait pu faire l'allée-retour dans la cheminée. Sans vouloir te vexer bien sûr.
Axel se frotta la tête et fit remarquer :
- Vous avez été vues toute les deux... Il est possible qu'on accuse Anoushka d'avoir commis le meurtre, et Lyslas d'être complice. Surtout que Lyslas te défend malgré les preuves contre elle... ce qui est, désolé de le dire, un peu suspect...
- Peut-être mais ça ne change rien au fait on retombe sur le même schéma que plus tôt, c'est très improbable qu'Anoushka commette ce meurtre en laissant autant de preuves derrière...
Me suis-je défendu. Axel répondit :
- Malheureusement l'argument de la "psychologie inversée" n'est pas assez....
Anoushka posa sa tasse et s'étira :
- Ce n'est pas si improbable que Min-ho soit le coupable : il n'est pas très grand, il aurait pu rentrer dans ces vêtements, il n'était pas là lors de la première réunion après le meurtre, il est largement assez athlétique pour être passé par la cheminée, même si la prouesse est assez admirable étant donné la manière dont il rentre à peine dans le conduit.... Mais c'est plutôt crédible... Le problème, c'est de savoir quand est-ce qu'il aurait pu placer les vêtements chez Léo ?
Malheureusement je trouvais sa vision assez optimiste :
- Il pourra facilement défendre le fait qu'il n'aurait pas pu passer dans le conduit, je l'ai vu essayer, et s'il l'avait fait, il aurait eu les bras plaqués le long du corps, ou dressés au dessus de sa tête. Son épaule est même repliée, ça aurait été vraiment très complexe....
Cassiopée rejoint alors la conversation :
- Il avait peut-être un associé ? Un associé qui serait mieux passé dans la cheminée. Et lui aurait été chargé de détourner les preuves de cet associé...
On s'est tournés vers elle. Elle avait tout à fait raison, leur hypothèse faisait parfaitement sens. Axel a demandé à voix haute :
- Mais qui aurait pu ? je veux dire à part Lyslas ou Anoushka ?
Anoushka releva :
- Tu sais Cassiopée que cela pourrait attirer la suspicion sur toi, cette hypothèse ?
Elle sursauta comme piquée à vif :
- Qu-quoi ?!
- Ces vêtements là, non seulement ils te vont, mais ils collent à ton style, et tu étais en bon terme avec Min-ho...
J'ai pris sa défense :
- Cassiopée n'aurait jamais été capable de passer par la cheminée.
Anoushka fit une petite mou
- Tu dis ça par rapport à sa silhouette ? Je veux dire regarde la mienne, les gens ne me croient pas capable de ce genre de pratique et pourtant j'ai la force pour.
J'ai attrapé le bras d'Anoushka et j'ai remonté sa manque jusqu'à l'épaule. Puis j'ai attrapé celui de Cassiopée et j'en aie fait de même, en mettant les deux bras à côté.
- Tu ne vois pas une petite différence Anoushka ?
Le bras de cette dernière était ciselé, sa peau épousait la forme de ses muscles serrés. Elle était très fine car elle n'avait pas un gramme de graisse mais pas à cause d'un manque de muscle. De l'autre côté le bras de Cassiopée, était tout arrondie et fin, et d'ailleurs mes doigts s'enfonçaient légèrement dans la chaire tendre de Cassiopée, alors qu'il ne déformait pas d'un poil les muscles d'Anoushka.
Celle-ci grommela un peu et tira sa manche pour dissimuler ses biceps, visiblement un peu vexée, pendant que Cassiopée en faisant de même en rougissant un peu d'embarras.
Axel repris :
- Donc pour trouver le ou les coupables, il faut se concentrer sur qui aurait pu, et quand, placer les vêtements chez Léo ?
j'ai répondu :
- C'est ce qu'il semblerait oui.
- Et comment on fait ça ?
Demanda Cassiopée en retour.
- Et bien, honnêtement, je ne vois qu'une seule possibilité... Il faut demander à Léo. Lui seul sait quand est-ce que quelqu'un aurait pu s'introduire chez lui, et à partir de ça, on peut voir ce que chacun faisait à ce moment précis.
Un silence retomba entre nous, seulement perturbée par le bruit d'Anoushka sirotant son thé, visiblement toujours un peu vexée de ma comparaison entre son bras et celui de Cassiopée. J'ai finis par briser le silence.
- ....J'ai toujours le passe-partout de Remington... donc... on peut entrer par effraction chez qui on veut... si besoin....
Axel a pris un air dubitatif, et Anoushka a levé le nez de sa tasse pour commenter sur un ton dégoulinant d'ironie :
- "Mais qu'as-tu fait Anoushka ! maintenant qu'on a échappé aux méchants, on a l'air encore plus suspectes, il ne nous reste plus qu'à entrer chez les gens par effraction pour prouver notre innocence !"
J'ai froncé les sourcils et je me suis tournée vers elle. Elle m'a jeté un petit regard à mi-chemin entre l'indifférence et la moquerie. Je lui aie répondu sur le même ton, en prenant un ton aigüe parodique :
- "Des meurtriers se cachent potentiellement parmi nous et personne ne se fait confiance, et si je me baladais avec mon gros couteau de boucher bien en vue !"
Elle a haussé un sourcil en réponse, sa tasse toujours entre ses deux main, à proximité de son visage, et à commenté très calmement :
- Tu veux te battre ?
J'ai tenté de garder mon sérieux une seconde, puis j'ai craqué et laissé échapper un rire un peu croassant mais sincère pour une fois, pendant qu'elle ne pouvait retenir sourire à demi-caché dans son mug. Cassiopée avait l'air un peu perturbée par cet échange, mais elle ne fit pas de commentaire. Axel de son côté repris :
- Plus sérieusement, on devrait essayer de contacter Léo pour lui poser des questions. Je pourrais y aller ou Cassiopée, mais si on va trop nombreux ça pourrait être remarqué, et il faut mieux que ça soit l'une de vous deux.
J'étais sur le point de répondre, quand un bruit me fit sursauter. Quelqu'un frappait à la porte. On s'est tous jeté un regard de panique, et Axel a poussé Anoushka et moi nos tasses encore à la main, dans la salle de bain pendant que Cassiopée se levait pour aller ouvrir la porte.
Des voix se sont fait entendre. C'était Violaine je crois, qui venait d'entrer. Difficile d'entendre les mots qui se disaient de là où on était, même en collant son oreille contre le panneau de bois. Il y avait une autre voix féminine mais je n'arrivais pas à l'identifier. La conversation dura un moment, et on finit par s'assoir à même le sol, puis les voix disparurent. Au bout d'un moment suspendu, la porte s'ouvrit sur le visage de Mélanie. Elle remis son monocle en place en nous jetant un regard difficile à interpréter :
- Axel m'a raconté ce qui s'est passé, mais j'avoue être tout de même surprise de vraiment vous voir ici.
Anoushka aspira bruyamment une gorgée de thé et lâcha d'un ton détaché :
- Il parait que vous êtes plus sympas que la tarée barbouillée de partout.
Mélanie fronça un sourcil l'air un peu mécontente :
- Tu veux parler de Violaine ? Elle est un peu... autoritaire c'est vrai, mais elle le fait parce qu'elle veut que les choses se passent aussi bien que possible, il ne faut pas la blâmer, c'est courageux de sa part de vouloir prendre en main les choses comme ça.
Anoushka me jeta un regard qui avait l'air de dire "Moui c'est ça bien sûr" mais j'ai gardé mon sérieux pour ne pas irriter Mélanie plus que nécessaire. Et puis on s'est relevées, et on est retournées dans le salon. Après un bref résumé de la conversation à Mélanie, celle-ci donna son opinion.
- Hm... Vous n'avez pas oublié que nous sommes ordonnés de tous se réunir pour le dîner. Ordre de Monokuma. S'ils veulent vous attraper à ce moment là, ce sera dur de leur échapper. Et si vous ne venez pas, Monokuma vous punira et je ne préfère pas voir à quoi ressemble ses punitions...
- Il va falloir faire ça avant le dîner alors...
Ajouta Axel. Anoushka suggéra alors :
- Allons-y maintenant ? La réunion est visiblement terminée et les gens sont retournés chez eux. Plus on a de temps, mieux ce sera.
- Si vous arrivez à vous faire assez discrète... Qui sont les gens autour de chez Léo ?
- Moi, Cassiopée... et Randall.
Mélanie passa ses doigts gracile sur son menton en réfléchissant.
- Randall a visiblement formé équipe avec Aimana et Mike, s'il vous voit, il vous dénoncera, puisque Mike se range du côté de Violaine.
- En faisant le tour à l'extérieur du cercle des chalets, ai-je ajouté, on ne devrait pas se faire remarquer.
- Vous voulez y aller toutes les deux ? Vous êtes sûr que ça ne risque pas d'exacerber la méfiance de Léo ?
On s'est regardé et Anoushka m'a chuchoté :
- Elle a un peu raison, tu veux y aller, où j'y vais ?
Après un petit temps de débat, il fut conclut que c'était à moi d'y aller. J'inspirais moins la méfiance visiblement, qu'Anoushka, qui avait réussis à se faire une mauvaise réputation auprès des autres en... 2 jours, dans cette montagne de malheur. Le plan ne m'enchantait guère. J'ai tenté d'argumenter. Mais on me répondit qu'envoyer quelqu'un d'autre risquait de décrédibiliser notre seul source de soutien, Mélanie et Axel. Ils craignaient que les autres les considèrent biaisés dès le début et ne les écoute plus... Néanmoins on ne pouvait pas faire sans ces informations.
Anoushka m'accompagna tout de même, et Cassiopée retourna à son chalet pour nous servir disons d'éclaireur, nous faisant signe si jamais la voie semblait dégagé ou dangereuse.
Finalement je suis arrivée derrière le chalet de Léo, sous sa fenêtre, soit à l'étape la plus difficile : le convaincre de me laisser rentrer et de ne pas me dénoncer immédiatement. Anoushka et Cassiopée étaient toutes deux prêtes à lui faire un placage façon rudby s'il tentait de s'enfuir prévenir les autres. Pour autant le plan ne me rassurait pas beaucoup.
J'ai rassemblé une boule de neige, me gelant les doigts au passage, et je l'ai jeté dans sa fenêtre. Un gros "Bonk" étouffé retentit quand la neige percuta la vitre. Ne voyant pas de réaction, j'ai recommencé avec une seconde boule de neige plus grosse que la précédente. J'ai encore attendu mais il ne répondit pas. je me suis alors baissé pour faire une troisième boule que j'ai balancé aussi fort que possible dans la fenêtre. Mais au lieu d'un bonk j'ai entendu :
- HEY !
... C'était Léo qui venait de se manger ma boule de neige. Je me suis mordu l'intérieur de la joue en me maudissant de ne pas avoir utilisé mes yeux avant de lancer ma boule de neige.
- Oh pardon je suis désolée ! c'était un accident !
Il répondit en essuyant le visage :
- Ah oui le genre d'accident comme t'introduire en douce chez moi ?
J'ai grimacé :
- Non ça c'était pas un accident, c'était un malentendu....
- Bref, est-ce que tu viens juste me narguer où tu ne sais vraiment pas utiliser les portes ?
Sur ces mots il s'appuya sur le rebord de sa fenêtre et m'observa sans vraiment de méchanceté mais tout de même avec un air peu accueillant.
- .... On me recherche, tu crois que je vais sonner à ta porte en mode "coucou, je sais que tout le monde pense que j'ai essayé de te faire accuser mais fais-moi confiance"
- Oh et donc le faire mais devant ma fenêtre après m'avoir balancé de la neige au visage est bien plus logique et efficace.
J'ai froncé les sourcils.
- Je risquais d'être vue par d'autre gens si j'étais devant ta porte.
Il haussa un sourcil peut convaincu et gratta sa barbe mal entretenue, mais ne fit pas de commentaire supplémentaire sur le sujet. À la place, il dit :
- Bon comme tu le vois je ne t'ai pas encore dénoncé, je suis sincèrement curieux d'entendre ton explication, plusieurs choses ne font pas sens dans cette histoire, alors je suis prêt à t'écouter.
Je commençais à avoir vraiment froid alors j'ai demandé :
- Je peux entrer d'abord ?
- Non.
je l'ai regardé dépitée, alors il étoffa un peu sa réponse :
- Eh ! me regarde pas avec tes yeux de chien battu ! Moi aussi j'ai peur de me faire tuer tu sais ! Et peut-être que tu es innocente, mais je n'en sais rien, alors pour l'instant je vais continuer de t'observer de ma fenêtre comme un remix low coast de Roméo et Juliette.
Il fit mine de rejeter une chevelure invisible derrière son épaule :
- Alors vas-y, convainc-moi.
J'ai croisé les bras, à la fois pour économiser ma chaleur et pour de pas les laisser ballant sur mes côtes. J'avais un peu de mal à cerner ce type là. Sous certains aspect il me rappelait Anoushka : méfiant, mais ouvert à la discussion, des yeux sombres et vifs d'intelligence. Il était peut-être un peu plus agressif qu'elle, peut-être un peu facile à lire aussi. Il continuait de me fixer, et il fallait que je me lance alors j'ai commencé :
- Min-ho m'a tendu un piège, il m'avait dit que...
- Oui j'ai entendu cette partie, il a réduit la liste de suspect à soit moi soit Mizuki, et il devait faire diversion, mais il nous aurait supposément fait revenir exprès pour vous mettre dans une situation délicate. Remington me l'a dit.
- Voilà exactement ! Me suis-je exclamé en ajoutant, Il avait tout prévu, pourquoi aurions-nous mis des vêtements qui ne te vont pas alors qu'on aurait pu les mettre chez Mizuki ? et je peux prouver que je suis allée chez Mizuki !
- Honnêtement cette partie là je suis prêt à le croire, surtout que ça ferait sens que Min-ho mettent les vêtements chez moi car il n'a tout simplement pas eu l'opportunité de le faire chez Mizuki, le seul problème, c'est que je vois absolument pas comment il aurait pu mettre ces vêtements chez moi en avance...
J'ai écarquillé les yeux.
- Il y a bien du y avoir un moment ?
- Non aucun, vraiment. À moins de s'être téléporté à l'intérieur de ma salle de bain, bien sûr.
J'ai sentis le stress monter en moi en voyant son air devenir un peu plus froid au fur et à mesure que je ne trouvais rien à répondre à cela. j'ai rétorqué, sur le défensive, ma voix moins solide que je ne l'aurais voulu :
- Pourquoi es-tu si sûr de toi ?
- Après la découverte du corps d'Anjali, je suis rentré chez moi et j'ai passé la matinée entière, dans mon salon. J'ai pris une douche vers 11h, et je suis de nouveau resté dans mon salon, jusqu'à ce que Min-ho vienne me chercher.
- Il n'y a pas moyen que quelqu'un soit rentré sans que tu ne le remarques ?
Il s'est tut une seconde, puis a soupiré avant de répondre :
- J'étais sur la table basse du salon, la porte était sur la droite de mon champ de vision et la cheminée en face de moi. Et même s'il avait tenté de passer par une fenêtre, j'avais fermé les volets de mon atelier et de ma chambre, et les volets ne sont pas des serrures mais des loquets fermés de l'intérieur, et il n'y aucune trace de forçage. Donc non, je ne vois vraiment pas comment quelqu'un aurait pu.
Ma gorge se serra un peu plus et j'ai cherché désespérément une solution. J'ai commencé à sentir les larmes poindre au coin de mes yeux alors que je me voyais déjà accusée et exécutée demain matin. Soudain une idée me frappa :
- Et quand tu étais avec Min-ho ? Là il s'est écoulé au moins 20 minutes avant que vous nous surpreniez !
Il haussa un sourcil, soudain l'air intéressé. J'ai repris :
- Ça ne faisait que 5 min que nous étions entrées dans ton appartement... Il s'est déroulé bien 15 minutes où nous étions chez Mizuki, et où ton appartement était sans surveillance !
Il m'a observé en silence un long moment, où j'ai fixé avec autant de détermination que possible ses iris couleur café, et finalement, il a soupiré et ouvert plus grand la fenêtre :
- Aller rentre, t'as les lèvres toutes bleues, je veux pas être accusé de t'avoir laissé mourir de froid.
Il me tendit la main et je me suis bien volontiers hissée dans son appartement. C'est vrai que je mourrais de froid. Malgré mes vêtements épais, le vent qui soufflait s'insinuait sous les couches de tissus et me glaçait les os.
Son appartement était comme la fois précédente, un peu mal rangé, mais de façon assez raisonnable. Il y faisait tout de même plus sombre, et un peu plus froid que chez Axel, le feu mourant doucement dans l'âtre. Il est allé s'asseoir dans le canapé et a posé son talon droit sur son genoux gauche avant d'objecter, mais avec moins de conviction qu'avant :
- Le dernier problème dans ce que tu me racontes c'est que Min-ho n'aurait pas eu le temps de s'introduire chez moi. Il n'avait pas la clef, et... c'est vrai qu'il s'est absenté un cours moment pour aller chercher sa veste qu'il avait oublié, mais ça n'a duré que... aller, 4 minutes à tout cassé.
Il s'était absenté pour aller "chercher sa veste" ? Cela confirmait encore plus sa trahison, il n'y avait pas la place de prendre ce risque dans le pseudo plan qu'il m'avait vendu, mais en effet 4 minutes pour monter sur un toit, faire un aller retour dans la cheminée, c'était juste... trop peu...surtout s'il s'était encore tâché de cendre dans le processus, et qu'il avait du se changer, sans que ça se remarque... Sans compter le trajet... C'était dur à défendre....
J'étais sur le point de formuler mes réflexions, quand soudain, le souvenir de Cassiopée me parlant de complice me frappa... Elle avait parlé d'un complice qui aurait fait le chemin dans la cheminée à sa place, mais si le complice de Min-ho n'avait pas fait un aller-retour, mais avait tout simplement donné la clef a Min-ho !
J'ai posé mes yeux sur Léo, et il me fallut tout mon jeu d'acteur pour ne pas avoir l'air horrifiée par l'idée qui me traversait l'esprit. Peut-être... Et si....
......Et si Léo était le complice de Min-ho et lui avait donné la clef de son appartement ?
Cela faisait parfaitement sens. Léo était ainsi éjecté de la liste des suspects, il pouvait donner un alibi parfait à Min-ho, et cela justifiait le fait que les vêtements féminins soit chez Léo plutôt que chez Mizuki.... Un grand froid me traversa, plus froid que les bourrasque enneigées qui soufflaient dehors. J'ai eu l'impression que la température de la pièce avait chuté de plusieurs degrés.
La peur me saisit. Léo m'avait laissé rentré au moment où mes théories faisait le plus sens.... Prévoyait-il de s'en prendre à moi si je trouvais la vérité ?
Il releva soudain calmement les yeux vers moi et m'interrogea :
- Alors ? Tu n'as rien à répondre à cela ? Comment Min-ho aurait-il pu mettre les vêtements chez moi alors qu'il n'a eu aucune occasion de le faire...
J'ai tenté de rassembler mes mots. Je devais trouver une réponse qui était la plus susceptible possible de lui faire croire que je ne le soupçonnais pas. Il ajouta :
- D'ailleurs, tu ne veux pas venir s'assoir au lieu de te coller à la fenêtre ?
Peut-être que je me trompais, mais si j'avais raison, quelle était la chose la plus sage à faire ? Ouvrir cette fenêtre et partir en courant ? Ou jouer la comédie et venir m'assoir à côté de lui ?
J'ai opté pour la seconde. Il fallait que je lui fasse croire que j'étais sur une mauvaise piste, ou bien le procès risquait de très mal se passer.
Je me suis assise et il reposa sa question :
- Alors ? Tu n'as plus de théorie ?
Sa question avait l'air innocente, mais je sentais mon coeur battre fort dans ma poitrine. Si seulement j'étais un peu courageuse ! Mais je suis une grosse trouillarde, toujours effrayée de tout. J'ai pris sur moi pour répondre du ton le plus indifférent que possible :
- J'a-j'avoue que je bloque un peu là....
Il a penché sa tête sur le côté et après quelques secondes qui me parurent durer une éternité, il ajouta :
- Il aurait pu avoir un complice......
Je me suis tendue de la tête au pied. Sans faire exprès j'ai répondu un peu trop vite et avec un peu trop de force :
- Non je ne crois pas, ça me parait improbable !
Il a de nouveau haussé un sourcil, l'air surpris, avant de demander d'un ton, au moins en apparence indifférent :
- Pourquoi ça ? Ça serait très possible, ça expliquerait même certaines choses...
J'ai croisé son regard. Je ne savais pas quoi penser. il avait l'air calme, très calme... trop calme ? Ses iris se posait sur moi sans crainte. Très sombre, même s'ils l'étaient moins que ceux d'Anoushka (Ah comme elle me manquait à cet instant !), ils me donnaient l'impression de me transpercer, et je me demandais ce qu'il voyait de moi.
Probablement une fille un peu décoiffée, au nez rouge de froid, aux lèvres gercées, et aux yeux bleus creusés par les cernes... Il n'avait pas l'air menaçant, mais après le jeu d'acteur qu'avait montré Min-ho, comment faire confiance encore à des apparences ? J'ai bredouillé :
- Les-les seuls qui auraient pu l'aider ont des-des alibis solides...
Il se frotta la tête en détourna les yeux de moi, pour fixer un point sur le plafond :
- Mon dieu, on va mourir demain pas vrai....
Il le disait comme s'il ne s'agissait que d'un petit désagrément, qu'il n'était pas affecté. J'ai déglutit, puis j'ai profité du petit moment silence pour me mettre debout :
- B-bon je vais devoir y aller, on m'attend et je dois encore y réfléchir...
- Oui bien sûr, je comprend. Je ne te retiens pas.
Je me suis détendue à ces mots, soulagée à l'idée de partir et retrouver les autres. J'allais m'éloigner vers la fenêtre, quand soudain sa main, un peu calleuse, noueuse, m'attrapa le poignet et me retint. J'ai tourné la tête brusquement, et son regard se ficha droit dans le mien :
- Fais attention Lyslas... N'agis pas sans réfléchir... Ce serait dommage qu'il t'arrive quelque chose avant le procès....
Devais-je interpréter ses paroles comme une menace ? L'intensité de son regard me jeta des frissons dans le dos. Je ne supportais plus cette pression qui flottait autour de nous, dans ce chalet similaire à celui où je me tenais quelques instant plutôt, et qui pourtant me semblait tellement plus lugubre, sombre, vide... Je voulais retourner avec Alex et Cassiopée et Anouhska, et même Mélanie, et oublier ce meurtre, et abandonner toutes ces responsabilités, devoir trouver le coupable, convaincre un groupe d'inconnus plein d'animosité....
Il lâcha mon poignet, et j'ai inspiré de nouveau, me rendant compte que j'avais bloqué ma respiration au moment où sa main avait touché ma peau.
Je lui ait rendu un pâle sourire, et je suis enfin sortie de nouveau de cette pièce où je me sentais oppressée.
Malheureusement je ne pouvais laisser tomber, car mon innocence, j'allais devoir la prouver.
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