Chapitre 1 (1)

Je me suis tournée vers Anjali par réflexe. Jusqu'ici elle était la figure la plus amicale, mais les mots d'Anoushka résonnaient en moi. Elle n'avait, honnêtement, pas tort  : comment faire confiance à qui que ce soit ici  ?

Aussi charmante soit-elle, je n'avais aucune idée de ce qu'elle cachait derrière ses sourires. 
Je me dis qu'il serait mieux si je ne m'impliquais pas dans des amitiés dangereuses... Ou bien je risquais d'être assassinée en baissant ma garde, ou bien d'avoir le cœur brisé en voyant mon amie devenir une meurtrière, ou dernier cas, le cœur brisé en voyant une amie assassinée. Trop de risque d'être blessée ou mise en danger.

J'ai regardé ma clef, prête à lui dire que j'avais besoin d'un moment seule pour explorer mon chalet, mais en relevant les yeux pour lui dire, j'ai croisé ses grands yeux noirs fixé innocemment sur moi, plein d'inquiétude, et bien trop humide pour ne pas être un symptôme de larmes naissantes. J'ai soupiré intérieurement et renonçant à mes rêves d'introvertie méfiante.

S'il faut savoir quelque chose sur moi, c'est bien que je ne sais pas du tout m'y prendre avec les gens. Je suis une ermite, je passe des heures dans un établi avec mes outils et mes vernis, sans parler à personne. Ma meilleure amie est la musique que produit mes créations. Mes rares contacts amicaux me viennent de clients ou de collègues.

J'ai pataugé un instant dans mon hésitation sur la conduite à suivre, puis j'ai posé une main maladroite sur l'épaule, moins menue qu'il n'y paraît, de ma sorte de nouvelle amie, et je l'ai tapoté en disant  :

- ça va aller...

J'aurais voulus ajouter une autre parole rassurante, mais la pessimiste que je suis je trouvais vraiment rien, et je suis également une très mauvaise actrice. Au moins, la sincérité du fait que je me sentais réellement désolée perça assez sur mon visage pour dessiner un faible sourire sur le sien.

Puisque j'étais à court de parole rassurante, elle commença à se réconforter elle-même.

- Nous sommes une élite de jeunes tous destinés à rejoindre une école prestigieuse, c'est impossible que notre disparition passe inaperçue, des gens vont chercher à nous retrouver, des proches, des amis, ou même la presse, si on se rationne on pourra probablement tenir plus d'une semaine, en une dizaine de jour on devrait nous retrouver pas vrai  ? Et puis ici personne n'a rien contre nous, je ne vois pas pourquoi toi ou moi serions....

Tout au long de son discours sa voix devenait de plus en plus chevrotante et ses yeux de plus en embués. Elle du s'interrompre sur le dernier mot alors que sa voix se brisait et que les larmes commençait à déborder de ses paupières malgré ses efforts pour les contenir. 
J'ai sentis un long pincement au cœur. Sa peur était si évidente qu'elle me blessait aussi. Je détestais être aussi influencée par les autres. Ne supportant plus de voir les deux puits d'obscurités de ses iris trembloter sous le poids des larmes, je l'ai prise dans mes bras, un peu mal à l'aise, mais elle s'accrocha avec moi avec l'énergie de quelqu'un en pleine tempête qui trouve une bouée.

- Mais oui on va se débrouiller, et on va rentrer chez nous

La voix complètement serrée elle prononça un nom dans un petit gémissement

- Dev...

Elle avait la taille si fine, et elle tremblait tellement, je n'osais même pas la serrer plus. J'étais si peu habitué au contact humain, que je me sentais complètement déstabilisée. Elle avait beau avoir les épaules fortes et les mains caleuses, elle donnait l'impression de pouvoir être brisée d'un instant à l'autre.

- Mon petit frère....

J'ai sentis qu'il fallait que je trouve au moins quelques mots

- Il va t'attendre, vous allez vous revoir bientôt, c'est promis.

Elle était plus petite que moi d'une quinzaine de centimètres. Elle hocha la tête contre mon épaule en reniflant. En relevant les yeux, j'ai vu la scène dans laquelle Anjali et moi étions comme dans un miroir, mais avec Cassiopée et Min-ho. Le jeune danseur avait posé sa main sur les cheveux de Cassiopée et les caressaient doucement en se balançant très doucement de gauche à droite comme pour la bercer. Un peu hésitante, j'ai également posé ma main sur la tête d'Anjali en copiant le geste de Min-ho. En même temps, que l'idée que ses cheveux étaient très doux me traversait l'esprit, j'ai croisé le regard de mon modèle en réconfort qui me fit un petit sourire un peu pâle. 


Après quelques minutes, Anjali respirait plus profondément, et elle se détacha de moi en s'excusant.


- Je pense qu'on a tous besoin de beaucoup de repos pour se remettre les idées en place...

Elle acquiesça sans ajouter un mot.

- Viens je vais t'accompagner dans ton chalet...

Elle hocha encore une fois la tête sans protester. Alors qu'on s'approchait de la porte, une vois nous interpella

- Hey  ! Excusez-moi  ?

Je me suis retournée. C'était Min-ho. Il avait laissé Cassiopée quelques mètres derrière sur un siège, nous observant comme si elle craignait qu'on poignarde sauvagement le jeune homme à tout instant.

- Vous avez quel bungalow  ? Si je peux vous demander. Je pense que Cassi serait contente de ne pas être entourée par des psychopathes...

J'ai noté mentalement le Cassi, puis j'ai réfléchis une seconde. Était-ce une bonne idée de lui donner nos numéros  ? J'ai conclue après 2 secondes de réflexion que de toute façon il le découvrait lui-même très vite et qu'il était bonne chose de ne se mettre personne à dos. Je lui aie montré nos clefs.

- Moi le 5 et Anjali le 11.

Son visage s'éclaira un petit peu.

- Oh, bien, je suis le 10 et elle est le 6. On sera voisin. Ça me soulage, vous avez quand même l'air plus sympa que Mizuki ou Nikolaï...

Je ne fis pas de commentaire, mais je me dis que les apparences étaient parfois trompeuses et qu'à sa place je ne prendrais pas le niveau d'agressivité comme un critère de fiabilité. Lui aussi avait l'air très inoffensif, mais les mots d'Anoushka raisonnait encore dans ma tête. Anjali elle, parut soulagée.

- Min-ho, on est voisin  ?

- C'est chouette non  ? Je suis content que ça soit toi ma voisine, et aussi que ton amie soit à côté Cassi...

Puis en se tournant vers moi

- Ce serait bien si tu pouvais accompagner Cassiopée, et puis moi j'accompagne Anjali...

J'ai eu un mouvement de surprise de les voir se parler ainsi. Puis j'ai réalisé qu'ici tout le monde avait eu l'occasion de se parler avant même que je ne me réveille, et le léger rougissement d'Anjali me parlant du danseur très «  amical  » me revint. Une once de mécontentement me traversa. J'ai chuchoté à Anjali sans me soucier du fait que le B-boy était toujours juste devant nous.

- Fait tout de même attention....

Elle me sourit et répondit à voix haute

- Mais oui t'en fais pas.

Puis elle rajouta plus bas, mais juste assez pour que Min-ho nous entende

- Je me souviens de ce qu'à dit Anoushka, mais en restant seul dans notre coin, on est encore plus vulnérable. Céder à la paranoïa ne nous aidera pas Lyslas, il faut se forger un groupe de personne dignes de confiance. Et je crois vraiment que Min-ho l'est, autant que toi.

J'ai soupiré avec peine. C'est vrai que je me renferme trop facilement, mais m'ouvrir comme ça à un inconnu me mettait très mal à l'aise compte tenu des circonstances. Min-ho attendait calmement, patiemment, un air attentionné sur le visage, se rendant bien compte des difficultés que je traversais. Et puis d'un coup je me suis dit «à quoi bon  », pourquoi me préoccuper d'eux. Je n'avais qu'à survivre. Ces gens étaient des inconnus après tout. 
J'ai haussé les épaules.

- D'accord très bien.

Anjali et Min-ho sourire. Anjali me prit sa clef et me rassura encore une fois.

- Min-ho et Cassiopée sont dans notre camp Lyslas. Ça va bien se passer.

Min-ho est retourné près de Cassiopée, lui a expliqué la situation, elle a eu l'air de protester un instant, mais après une petite conversation, elle a finit par accepter. Elle m'a approché craintivement et s'est représenté, même si Anjali l'avait fait pour elle un peu avant.

- Enchantée... je suis Cassiopée Belange...

Et que ce nom lui allait bien, pensais-je encore une fois. De plus près, c'était encore plus marquant. Comment n'était-elle pas ultime top-modèle  ? Elle était à couper le souffle. Mon regard avait du être un peu trop appuyé et elle baissa soudain les yeux, des yeux fascinants de la teinte de vert la plus intense que j'avais jamais vu, je me suis demandée si c'était vraiment ses yeux naturel, ou si elle portait des lentilles, mais aucune cercle en relief ne trahissait de lentilles sur ses iris.

Je lui aie maladroitement souris, perturbée par son apparence. Autour de nous les autres quittaient la pièce, seuls ou en groupes.

- Lyslas Bloom.

- Min-ho me l'a dit...

- Bungalow 6 alors, on est juste à côté...

- En effet...

Je me sentis comme une idiote et j'ai rougis de honte devant le manque total d'intérêt de mes paroles. Je me suis raclée la gorge et j'ai constaté du coin de l'oeil que Anjali et Min-ho était sortis. Quand je l'aie regardé de nouveau elle était en train de se tordre les mains. C'est comme si mon silence la rendait plus angoissée, alors j'ai pris sur moi pour imiter le comportement à la fois doux mais enjoué que Min-ho semblait avoir.

- Tu as eu l'occasion de visiter l'endroit déjà  ?

- Oui, un petit peu...on est allé voir tous les bâtiments...

Le bord de ses yeux était encore rougis des larmes qu'elle avait versé plus tôt.

- Tu veux que je t'accompagne dans ton chalet, ou est-ce qu'il a quelque chose d'autres que tu veux faire avant  ? Min-ho a dit de t'accompagner, mais on peut faire un tour si tu ne veux pas être seule...

À vrai dire c'est plutôt moi qui avait envie de faire un tour, mais qui ne voulait pas être seule. J'ai du dire quelque chose qui lui a fait plaisir, car elle s'est un peu détendue.

- Ce serait bien d'aller choisir plus de vêtements, je n'ai rien pour dormir...

- Moi non plus, tu me peux me montrer l'endroit comme ça...

Et c'est sur ces mots qu'on s'est éloignées, et que nous avons quitté le bâtiment.





(Hey ! J'ai essayé de réduire la taille de mes chapitres (j'ai l'impression que celui-là est tout minuscule !) parce que si je les coupais comme j'en ai envie, ça ferait des chapitres de genre 5/6000 mots, dites-moi si cette taille là est bien, ou si je peux les grossir un peu !) 

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