Chapitre 4

"L'amitié est une émanation de l'âme. C'est quelque chose qu'on sent. On ne la donne pas en échange d'un autre don." - Graham Greene

Je me lève et fouille dans son placard à la recherche d'un sac de voyage. J'en trouve un marron et l'extirpe rapidement. Je le secoue et un nuage de poussière se lève dans la chambre. Jen toussote et je lève les yeux sur elle. Elle semble se poser une infinité de questions.

— On se fait un petit road-trip, juste toi et moi. J'annonce enjoué.

— Oh que non, il y a cours et tu oublies un peu vite que ni toi ni moi ne possédons de voiture.

— Cesse de faire ta vieille conne. Je fouille dans ses tiroirs. Oh, toi aussi tu mets des tangas? Je suis ton meilleur ami et je ne le savais même pas! Je m'étonne.

— Mais je ne vois pas comment le sujet serait venu sur la table Miles! Elle se défend. Et puis, il y a quoi de si étonnant?

— Bah, tu es toi Jen, ce genre de truc c'est plus pour les filles comme Rima.

— Je ne veux même pas savoir ce que tu sous-entends par "tu es toi Jen" et pour ta gouverne nos sous-vêtements ne déterminent en rien qui nous sommes. Ne me dis pas que mon meilleur ami est un vieux con macho.

— Non, je dis juste que tu aurais pu me prévenir...

— Tu m'as prévenu toi quand tu es passé du slip au caleçon peut-être? A moins que tu portes toujours des slips, elle met sa main devant sa bouche. Enlève ce pantalon Milou! Elle s'écrie en rigolant.

— Tu plaisantes? Le premier jour où j'ai porté un caleçon je t'en ai parlé toute la journée! Je plie des t-shirts et les fourre dans le sac.

— Je m'en rappelle! Elle pouffe. Mais ça c'est parce que t'es bizarre. Lâche-ça. Elle m'ordonne à l'instant même où ma main rentre en contact avec son journal intime.

— Quoi? Tu ne souhaites pas le prendre?

— Je ne souhaite pas partir carrément.

— Ah mais tu n'as pas le choix. Tu m'accompagnes et ce n'est pas négociable.

— J'aurais adoré faire ce road-trip Miles mais... elle soupire tristement. Je veux aussi profiter de mes parents, de mes frères avant d'être coincée dans un lit pendant de longues semaines.

— S'il-te-plaît Jen... juste trois jours, juste à deux sans aucun problème autour, sans école, sans hôpital, sans parents. J'insiste.

— Tu sauras t'occuper de moi? Elle doute.

— Je l'ai toujours su. Je hoche vivement la tête.

— C'est d'accord, mais si je te dis on rentre, alors on prend la route immédiatement... elle sourit fébrilement en se mettant debout.

Je lui demande de rassembler ses dernières affaires tandis que je file chez moi, prendre quelques vivres et habits. Je retourne ensuite chez Jen et regroupe toutes nos munitions dans le même sac marron. Jen descend les escaliers et je la suis chargé du sac. Elle ne se dirige pas vers la sortie mais plutôt vers la cuisine dans laquelle se trouvent ses parents.

— Tu pars quelques part Miles? Me demande le père.

— Oui et Jen m'accompagne.

— Mais Jen tu... se coupe sa mère.

— Je lui ai dit maman, mais nous partons juste trois jours.

— Trois jours c'est trop, conteste Jorge, le père.

— Jorge, s'il-te-plaît... c'est moi Miles. Tu sais très bien que je prendrai soin de Jen, que tout se passera bien.

— Trois nuits, tranche Kristen, vous partez trois nuits et vous rentrez.

— Parfait!

Nous saluons ses parents et je passe mon bras par-dessus son épaule. Nous grimpons sur le vélo mais bien évidemment je ne compte pas faire tout le trajet avec ce véhicule. Ce serait très clairement impossible. Il nous faudra faire un petit arrêt au préalable. Je pédale rapidement jusqu'au café de mon père situé à treize minutes de vélo.

Nous descendons et j'accroche l'antivol. La devanture fait penser à un lieu typiquement anglais et le parquet qui craque sous nos pieds quand on avance vient renforcer cette impression. Comme je m'y attendais malheureusement, le café est presque vide. Il n'y a qu'un adulte lisant le journal et un groupe d'étudiants au look old-school.

— Vous venez m'aider les jeunes? Nous lance mon père derrière le comptoir.

Il a des poches sous les yeux et semble fatigué ou simplement ennuyé que son rêve d'ouvrir un café se soit transformé en désillusion. Ses cheveux autrefois bruns sont gris et ses traits tombent de plus en plus.

— Non, papa, désolé. Je secoue la tête. Je cherche un livre super important pour l'école, j'ai fouillé toute la maison mais il n'y est pas, je pense que je l'ai oublié dans ta voiture.

— Les clés sont dans le bureau, il m'indique.

Je hoche la tête en souriant innocemment et entraîne Jen avec moi. Je ferme la porte derrière nous. J'arrache un post-it jaune et écrit à l'aide d'un stylo "Salut papa, Jen et moi allons faire un petit tour de voiture, je te laisse mon vélo et la clé de l'antivol. A dans trois jours." Je récupère ensuite son trousseau de clés et abandonne comme prévu la clé de l'antivol sur son bureau. J'espère vraiment qu'il prendra soin de ma bécane. Quant à moi, j'ai mon permis mais il aurait refusé que je m'absente durant deux jours à l'école afin de m'octroyer de petites vacances. Je serai déjà loin quand il remarquera mon subterfuge et il sera déjà trop tard pour faire demi-tour. Afin qu'il ne se doute de rien, nous sortons du bureau, nous rendons à la voiture, patientons quelques secondes puis retournons dans le bureau. Nous allions sortir une fois pour toute du café quand mon père nous interpelle:

— Attendez!

— Oui? Je me racle la gorge.

— Dans trois jours Miles...

— Quoi? Comment tu sais?

— J'ai regardé sur le site. Il répond normalement.

— Attends de quoi est-ce que tu parles? Je plisse les yeux.

— Du match retour bien évidemment. J'ai regardé sur le site et les Warriors joueront de nouveau contre les Cavaliers dans trois jours. Et toi, de quoi tu parlais?

— De... j'appelle Jen à l'aide.

— De l'éclipse solaire! Elle s'écrie.

— Désolé, de vous contredire mais il n'y aura pas à Corvallis d'éclipse solaire avant encore plusieurs mois. Affirme un des étudiants.

— Ta gueule Einstein, putain! Je peste.

— Miles! Me reprend mon père.

— De quoi je me mêle? Lance Jen à l'égard de l'étudiant en chemise à carreaux bleus et jaunes. Je ne parlais pas de l'éclipse solaire du ciel mais de l'éclipse solaire, un festival de l'Oregon. Mais vu...

— Sortez d'ici, mon père chuchote.

Je suis obligé de pousser Jen vers la sortie tant elle est occupée à défier l'autre vieux con du regard. Nous entrons dans la voiture et ce n'est que la qu'elle se met à bougonner plein d'insultes à son encontre.

— Putain, mais il s'est vu le vieux con? Elle s'indigne. Désolé de vous contredire, je suis chiant et je m'inclus dans des histoires qui ne me concernent ni d'Adam ni d'Eve. Comme s'il pourrait mettre un pied dans L'éclipse Solaire avec son look.

— Notons tout de même que ce festival n'existe que dans nos têtes, hein! Je rigole.

— Ouais mais il est recalé dans mon imaginaire. Elle s'arrête un moment et je démarre le moteur. Oh Miles je vois encore son visage dans ma tête. Tu veux pas qu'on y retourne et que je lui donne un coup de manuel de sciences? Ça me soulagerait vraiment.

— T'es complètement barrée Jen.

— T'as raison, un coup de dictionnaire serait bien mieux. Bon Milou tu m'emmènes où? Elle demande.

— Tu verras bien. Je souris en me concentrant sur la route.

Il est 20 heures et nous roulons depuis un peu moins de trente minutes. Il nous reste quelque chose comme 8 heures de trajet. C'est long et je ne tiendrai certainement pas tout ce temps sans dormir. Jen ouvre un paquet de chips que j'avais planqué dans le sac et je le récupère immédiatement.

— N'y pense même pas.

— Quoi? Elle s'offusque.

— Tu n'as pas droit au bacon selon ta mère alors je suppose que les chips c'est niet.

— Sauf que t'es pas ma mère Miles. Elle tente de récupérer le sachet.

— Si c'est pour le bien de ta santé crois-moi je serais à la fois ta mère, ton père, ta grand-mère et ton chirurgien.

— Bon, j'ai faim alors. Elle croise les bras sur sa poitrine.

— Il y a des fruits dans le sac.

— Je veux pas de fruits. Elle tique.

— Alors tu n'as pas faim.

— On dirait vraiment ma grand-mère! Elle se moque.

Je pose brièvement les yeux sur elle. Jen a les yeux clos et sa tête repose contre la vitre. Je regarde l'heure indiquée par la berline de mon père, 22h21. Elle s'est recouverte à l'aide d'un de mes sweat et est tombée dans les bras de Morphée il y a de cela un quart d'heure. Malheureusement pour elle, mon portable se met à sonner et elle s'éveille. Elle le récupère dans le sac et décroche en mettant le haut-parleur.

— Miles, je vais t'étriper! Débute mon père visiblement en rognes.

— Relaxe! Je fais légèrement.

— Vous êtes où?

— Là je sais pas trop où nous sommes mais une chose est sûre, nous allons vers le sud.

— Miles à quoi tu joues? Il ne décolère pas.

— A rien papa, je me défends. Je ne peux pas trop te parler là, je conduis, c'est pas prudent. Je te laisse, bye et merci pour la voiture.

— Tu vas te faire défoncer à l'anglaise, coups de règles sur les doigts et toute la panoplie. Dit Jen après avoir raccrocher.

— Mais non, je hausse les épaules, un petit pardon papa, désolé et le tour est joué.

J'exagère à peine. Je n'irai pas jusqu'à dire que mes parents sont laxistes mais ils sont loin d'être les plus stricts. Ils me permettent pas mal de libertés et même si ce que je fais sur le coup les énerve grandement, ils ne sont pas de nature rancunière et passent vite l'éponge. De plus quand ils apprendront pour l'opération de Jen ils ne me feront plus aucune remarque. Ils savent très bien ce qu'elle représente pour moi.

Ma mère a longtemps imaginé que j'en pinçais pour Jen, parce que je parle continuellement d'elle, parce que nous sommes complices et que nous passons beaucoup de temps ensemble. Mais pour elle comme pour moi, ce n'est juste pas envisageable. Ce serait juste trop bizarre et trop gênant. Je préfère ne pas imaginer.

Je commence à être fatigué de conduire, il est 23h11. Il y a selon les panneaux d'autoroutes une petite ville Klamath Falls située à quelque dizaines de minutes. Je prends mon mal en patience et ne suis pas encouragé par Jen qui somnole de nouveau.

Je roule au pas de dépasse la pancarte stipulant "Bienvenue à Klamath Falls". Il y a un pélican au-dessous du nom de la ville, j'en déduis alors qu'il s'agit de leur emblème. Je cherche bien évidemment un endroit semblant modeste afin que nous puissions y passer la nuit sans pour autant nous ruiner. Malheureusement le seul Days Inn de la ville affiche complet. Je cherche alors un endroit calme dans lequel nous pourrons stationner la voiture de mon père. Ce ne sera pas la première fois que nous dormirons dans cette voiture, elle est plutôt confortable.

Je tourne sur la gauche quand j'aperçois le panneau "Lac aux pélicans" et bientôt nous nous enfonçons sur un chemin rocailleux. Jen ouvre les yeux surement dérangée par l'agitation de la voiture, mais je presse ma main sur sa cuisse et elle se rendort.

La ville est calme et c'est une ville de l'Oregon. Je serais prêt à parier que nous ne risquons rien à passer la nuit dans notre voiture. Je me gare dans un petit parking improvisé et Jen ouvre les yeux. Elle baille en s'étirant.

— On est où?

— A Klamath Falls. Je lui souris épuisé. T'as sommeil?

— Plus tellement... elle hausse les épaules.

— Je crois que y a un lac un peu plus loin, tu veux qu'on aille voir?

Elle hoche la tête et je récupère des gâteaux sans cholestérol de ma mère ainsi que la lampe torche qui était rangée dans la boîte à gants. Nous nous baladons quelques instants dans l'ombre de la nuit. Quelques animaux se font entendre, mais Jen comme moi ne sommes pas froussards et continuons simplement notre progression. Il fait chaud pour le soir, c'est certainement dû au fait que nous approchons de la Californie.

Nous débouchons sur le lac. L'eau est limpide et il semble immense. La lune est presque pleine alors j'éteins la lampe torche et nous nous asseyons face au lac. Jen grignote dans les gâteaux et m'insulte quand je tente de lui raconter des histoires qui font peur.

— T'es presque aussi crédible que Derek lorsqu'il tente de dire quelque chose de censé.

— Mhh... Derek! Je la taquine.

— T'es chiant, vraiment, tu peux pas arrêter avec ça? Elle boude.

— Non, parce que je ne comprends toujours pas pourquoi tu lui as mis un râteau. Vous iriez vraiment bien ensemble.

— T'as toujours pas abandonné l'idée qu'on fasse des doubles rendez-vous en fait? Elle pouffe. Ce serait juste bizarre, surtout avec toi et Rima qui n'êtes pas capables de rester loin de la bouche de l'autre durant plus de trois minutes d'affilée.

— Ouais, d'ailleurs ses lèvres me manquent, tu veux pas qu'on s'embrasse?

Je pivote mes yeux vers elle. Elle me regarde en faisant une tête de poisson. J'éclate juste de rire. J'adore juste cette fille. Elle ne tarde pas à rire avec moi et nos rires doivent aller au-delà des rives du lac, réveillant peut-être des habitants... ou alors le terrible Big-Foot. Je crois qu'il y a confusion géographique mais dans tous les cas il n'existe pas, alors je ne vois pas pourquoi ne pourrait-il pas venir faire bronzette en Californie. C'est ce sur quoi Jen et moi débattons depuis quelques instants.

Je décide d'aller prendre un bain dans le lac. J'enlève mon t-shirt et mon jean. Jen va vérifier si l'eau est assez chaude pour qu'elle se baigne. Il est fortement déconseillé qu'elle prenne de bains trop froids, son corps en tentant de se réchauffer va entraîner une hausse de la fréquence cardiaque et ça peut engendrer des complications. Elle me dit que ça va et se déshabille à son tour.

— Joli tanga! Je fais sournoisement.

— Encore une remarque du genre et je te noie dans l'eau.

Elle me menace très sérieusement mais je ne cesse de la reluquer pour autant. Ce n'est pas tous les jours que j'entrevois Jen aussi sexy. Je suis un homme, c'est une femme, je suis désolé mais meilleure amie ou non, mes yeux l'admirent. Elle se retourne vers moi quand l'eau atteint ses cuisses et me surprend à la mater. Elle rigole mais je suis content qu'elle ne puisse pas remarquer que je rougis.

Quand nous étions dans l'eau, elle est restée dans mes bras, afin que je la réchauffe et tout s'est bien passé. Je la porte à présent sur mon dos et nous retournons en vitesse dans la voiture afin de nous sécher. J'ai emmitouflé Jen dans ses vêtements et dans les miens afin de la réchauffer. Je suis vraiment très protecteur avec elle. Elle se plaint mais c'est pour son bien.

Je tente de trouver le sommeil dans la voiture mais Jen a fait la lumière, elle gribouille depuis quelques minutes sur son journal intime.

— J'aimerais bien savoir ce que t'écris là-dedans... je soupire.

— Rêve toujours! Elle rétorque.

— Tu parles de moi? Je souris. Oh cher journal, Miles est le meilleur meilleur ami du monde, il est génialement drôle et en plus il est tellement beau, j'imite sa voix.

— Oh cher journal, Miles est tellement casse-couilles il me tape sur le système et je suis obligée de le supporter.

— Ok. Je me froisse.

— Mais c'est mon meilleur ami et je l'aime plus que tout au monde. Elle finit gentiment.

— Moi aussi je t'aime plus que tout au monde Jen Hardee.

Je me penche, lui dépose un baiser sur la joue et viens poser ma tête contre son épaule. Je trouve rapidement le sommeil en humant son parfum au kiwi mélangée à une odeur plus virile, elle porte un de mes sweat.

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Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce chapitre vous a plu !

Je voulais vous dire un truc qui semble vraiment pas important, mais merci à ceux qui commentent à mon "Hey!" je trouve ça vraiment trop mignon ❤️

Sinon chez moi c'est la tempête... et y a une autre qui arrive bientôt... =(

Cœur cœur

Noémie =)

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