Bonus 2

"C'est donner rendez-vous au bonheur dans le palais du hasard" - Abel Bonnard

Maintenant que j'ai obtenu mon premier rendez-vous avec Jen, je trépigne d'impatience. Tous les invités sont encore présents, mais je n'ai qu'une seule envie, que le soleil se couche, qu'ils s'en aillent et que nous partions Jen et moi ensemble.

Je dois prendre un médicament toutes les trois heures quand je suis éveillé, ce durant trois semaines. Il est 17 heures, 3 heures exactement après ma dernière prise. Ne sachant pas où se trouve ma valise d'hôpital contenant mon traitement, j'abandonne mes amis assis sur le sofa et vais trouver ma mère assise autour de la table, une tasse de café à la main.

— Maman, tu sais où est ma valise? Je lui demande.

— Dans ta chambre, tu veux que j'aille te chercher quelq...

— Non, je secoue la tête, je vais me débrouiller.

En repassant par le salon, je remarque que Jen m'observe depuis le canapé, je lui fais signe de me suivre et elle secoue la tête, avant de finalement se mettre debout. C'est ce moment que choisit Derek pour pouffer de rire.

— Pas de bêtises les tourtereaux.

Jen s'empresse d'écraser le pied de Derek, les sourcils froncés. Il se plie de douleur, ou de rire, voir des deux. Jen, elle, ne trouve pas la situation très marrante puisque aucune cloison ne sépare le salon de la salle à manger dans laquelle se trouvent les adultes. Il faut qu'elle se détende, aucun d'eux n'a rien capté.

— Il faut que j'aille prendre mon médoc, je lui explique une fois dans les escaliers.

— Pourquoi je dois t'accompagner?

— C'est toi qui souhaite que nous restions cachés.

— Oui, d'ailleurs qu'est-ce qu'il t'a pris de le dire à Derek? Il est tout sauf discret!

— Il sait se faire discret... parfois, je dis légèrement en poussant la porte de ma chambre. C'est quoi ce délire? Pourquoi est-ce qu'il y a du jaune pisse sur les murs de ma chambre? Je m'insurge. Jen!

— C'est ton père. Elle hausse les épaules en s'enfonçant dans mon lit.

J'observe la couleur quelques instants, cherchant une part de beauté cachée, mais cette beauté reste invisible à mes yeux. Ma mère m'a demandé d'être indulgent avec lui mais je n'ai aucune envie que cette couleur demeure dans ma chambre, c'est étouffant. Je me baisse, fouille dans ma valise et en sors un cachet.

Je me rends ensuite dans la salle de bains, remplis un gobelet d'eau, place la pilule au fond de ma bouche et l'évacue avec difficulté après deux gorgées râtées. En retournant dans ma chambre, je trouve Jen toujours affalée sur mon lit, alors je ferme la porte, la bloque avec ma valise et vais m'allonger à ses côtés.

Elle ne prend pas beaucoup de temps avant de se glisser au-dessus de moi. Ses cheveux blonds viennent chatouiller mon visage, elle se met à sourire, un doux et innocent sourire qui je sais cache un air malicieux.

— Milou...

— Mais Jen, je la gronde. Qu'est-ce que je t'ai déjà dit? Tu ne peux pas te permettre de m'appeler comme ça, quand nous sommes dans une position comme celle-ci et que j'ai vraiment envie de d'embrasser!

— Ouh! Tu as envie de m'embrasser! Elle soulève ses sourcils.

— Ouais et même que toi aussi tu crèves d'envie de poser tes lèvres sur les miennes.

— Comment tu le sais? T'es devin?

Je hoche la tête en glissant une main sous son sweat-shirt, caressant la peau un peu rêche de son dos. Elle m'a toujours dit avoir du mal avec tous ces soins beauté que certaines personnes font quotidiennement. Elle le fait franchement pas exprès d'être aussi mignonne.

Elle pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Chacun de ses baisers sont de pures merveilles et me font ressentir ces trucs dans le ventre. Oui, je déteste le dire parce que ça ne me semble pas super viril mais elle me fait bien ressentir des papillons dans le ventre. Je serre son bassin, le collant d'avantage au mien, ce qui la déséquilibre.

— Je suis trop nulle, elle pouffe en retombant à côté de moi.

— Non, j'adore.

Je roule au-dessus d'elle, l'embrasse tendrement sur la joue avant qu'elle ne pose ses mains dans mes cheveux. Ses doigts fins parcourent mes racines et ma langue s'aventure entre ses lèvres. J'ai les yeux fermés, mais je la sens qui esquisse un sourire. Entreprenant, je passe ma main sous son sweat, caressant d'abord les courbes de ses hanches. Sa peau se pare d'une chaire de poule et sa prise sur mes cheveux se fait de plus en plus intense. Je remonte délicatement ma main sur son ventre et quand je touche du bout des doigts l'élastique se sa brassière, je m'écarte rapidement d'elle, mettant malheureusement fin à notre baiser.

— Jen! Je m'écrie.

— Quoi? Elle écarquille les yeux.

— Bah tu m'as fait super mal, tu as vu comment tu tirais sur mes cheveux.

— Désolée... elle se pince la joue.

— Pas grave, je vais m'en remettre, je me love à côté d'elle avant d'ajouter. Je suis fort.

— Pas vraiment, non. Elle se moque.

— Ma vieille conne. Je tapote sa cuisse.

— Pourquoi tu ne veux pas respecter ma décision Miles? Quand je te dis que je ne veux pas que l'on s'affiche... elle soupire profondément.

— C'est un reproche? J'hésite.

— Non mais... elle se stoppe. Enfin si, c'en est un.

Sérieusement? L'instant juste avant était totalement parfait et maintenant il est déjà l'heure des reproches? Je m'assois sur mon lit, tentant de faire abstraction à la couleur jaune pisse omniprésente sur les murs. Jen en fait de même mais ses yeux peinent à rencontrer les miens.

— Tu veux bien me dire ce qu'il se passe? Je lui demande sur un ton calme.

— Je te l'ai dit Miles, je ne veux pas que l'on s'affiche pour l'instant mais toi... c'est comme si tu t'en fichais de mon avis. Tu t'amuses à me faire craquer alors que tu sais très bien que j'ai du mal à résister.

— Je sais mais... je ne comprends pas bien pourquoi tu refuses que l'on se montre. On a dix-huit ans, nos parents se doutent bien qu'à notre âge on peut avoir une copine ou un copain. C'est parce que c'est moi ton copain, que je suis ton meilleur-ami que tu veux tout garder secret?

— Non c'est pas toi.

— Alors, c'est quoi le problème? Je la regarde sérieusement.

— C'est tellement évident que je ne comprends pas pourquoi tu ne t'en ais toujours pas vanté.

— Hein?

— Tu es mon premier copain Miles! J'ai dix-huit ans et tu es mon premier copain. Alors peut-être que toi, tu as tellement d'expériences dans le domaine que tu annonces à qui veut bien l'entendre que t'as choppé une nouvelle nana après une heure de relation, mais pas moi. Je ne me sens pas prête à le leur dire, je ne veux pas me sentir brusquée parce que tu les connais déjà... En plus je te tire les cheveux, je perds l'équilibre, je suis totalement nulle à ça.

— T'es pas nulle Jen. Je la contredis. C'est moi le nul... je ne voulais pas te brusquer... c'est juste que c'est tellement naturel pour moi, je voulais que ça le soit pour toi aussi.

— T'es pas nul Miles. Elle secoue la tête. Ce qu'il y a entre nous, c'est vraiment naturel et j'aime vraiment beaucoup mais je veux juste que ça reste entre nous, pour l'instant du moins. Capiche?

— Capiche! Je lui souris. Malheureusement, nous ne sommes pas seuls, il faut qu'on y retourne...

Elle retrousse sa lèvre inférieure, mais se met tout de même debout. Elle me donne ma canne et nous nous dirigeons vers la sortie de ma chambre. Cependant, avant que je ne pousse la valise bloquant toujours la porte, Jen se pelotonne dans mes bras. Je courbe ma tête, l'embrasse doucement sur le front et quand elle lève le visage vers moi, j'ai un champs libre jusqu'à ses lèvres roses. Je dépose une infinité de légers baisers dessus, jusqu'à ce que j'entende un bruit étrange... celui de ma valise glissant sur le sol.

Je me détache à contre cœur de Jen et quand mon père arrive dans ma chambre, nous avons tous les deux les mains dans les poches. Son regard voyage de Jen à moi et il fait une tête emplie de surprise.

— Dis donc, vous êtes fâchés vous deux? Il s'inquiète.

— Bah non, je secoue la tête. Pourquoi tu dis ça?

— Je ne sais pas, il hausse les épaules, normalement, dès que je vous retrouve dans ta chambre vous êtes dans les bras l'un de l'autre. Passons, Miles ta nouvelle chambre te plaît?

— C'est parce que nous allions sortir, se sent obligée de rajouter Jen.

Mon père se contente de hocher la tête. J'essaie de visionner les murs en souriant, histoire de le ménager... mais j'ai vraiment du mal. Les murs de ma chambre ont toujours étés d'un gris bleu très clair, presque blanc, pourquoi a-t-il fallu qu'il se prenne la tête à les repeindre et pourquoi a-t-il fallu qu'il choisisse un jaune pisse?

— C'est... je réfléchis au terme adéquat. Original...

— Il déteste, lance la blonde à mes côtés, il dit que c'est un jaune pisse.

— Mais pourtant... mais pourtant toi tu aimes la couleur, hein Jen? C'est la même couleur que tes chaussures. Essaie mon père.

— Sur des chaussures, elle acquiesce, mais dans une chambre... c'est un peu... elle s'arrête.

— Agressif, étouffant, suffocant, moche, ignoble...? Je complète. Désolé papa...

— C'est pas grave, il hausse les épaules, tu dormiras dans la chambre d'Austin pendant que j'arrangerai ça...

— Merci papa, je lui fais une accolade.

— De rien fiston, je veux que tu te sentes à l'aise à la maison.

***

Il est 20:12, je suis assis à l'arrière de la voiture de mon frère, tandis qu'il conduit aux côtés de Brandy. J'ai mis une chemise et un jean mais je me sens vraiment très mal à l'aise. Mes muscles ont fondu comme neige au soleil et ma chemise qui était autrefois slim, semble trop grande pour moi.

— Pourquoi Jen n'est-elle pas restée pour qu'on la dépose aussi? Me demande Austin.

— Elle ne voulait pas venir au restaurant en sweat.

— C'est ta petite-amie? M'interroge alors Brandy.

— Non, c'est ma meilleure amie.

— Sérieux?

— Ouais, ils sont meilleurs amis depuis que nous sommes arrivés dans ce pays. Ils ont toujours été aussi proches. Moi je croyais qu'il se passerait un truc entre eux, j'attends toujours!

Je me mets à sourire bêtement, parce que maintenant il y a bien un truc entre nous. Je croise son regard dans le rétroviseur interne et il hausse un sourcil.

— Quoi? Pourquoi tu rigoles?

— Non, rien...

Le véhicule finit par s'arrêter aux abords d'un petit restaurant grill aux prix abordables mais à l'ambiance raffinée. Je demande au serveur en uniforme noir et blanc, une table pour deux, après avoir vérifié que Jen ne soit pas encore arrivée. Il m'installe au fond du restaurant, sous un brasseur d'air en bois avant de m'amener deux cartes de menu et des olives pour faire passer l'attente.

Jen doit se foutre de moi, d'une manière ou d'une autre, je crois que c'est le cas. Nous avions rendez-vous à 20:20, j'avais dis 20:20, prenant en compte le fait que Jen soit systématiquement en retard, pensant qu'elle arriverait à la demie. Mais non, il est 20:45, les quelques clients commencent à me regarder en biais, les serveurs viennent à de multiples reprises me demander si je souhaite commander et plus grave encore, mon stock d'olives est épuisé.

Je me décide à l'appeler. J'ai emprunté le portable de mon père puisque le mien est cassé depuis l'accident et que c'est une dépense assez conséquente que je n'ai pas envie d'affliger à mes parents...

— Allô? Elle décroche la voix pressée.

— Jen... c'est Miles. Tu n'as pas oublié que nous avons rendez-vous? Je t'attends...

— Je sais... je sais, je suis légèrement à la bourre, mais je viens ne t'en fais pas!

— Essaye d'arriver avant la fermeture du restaurant...

— Je dois te laisser, à tout de suite.

J'expire et remue nerveusement ma jambe. Mon père n'a aucun jeu sur son portable, si ce n'est celui où à partir de quatre images on doit déduire un mot. Je n'ai pas de numéros en tête, même celui de Jen j'ai du mal à le mémoriser. Je le mets donc en veille et observe autour de moi. Il y a des couples et des familles avec enfants. Je porte mon regard sur un couple de quinquagénaires et je suis triste pour eux, ils ne discutent pas du tout entre eux, il n'y a aucune complicité... leur dîner a l'air vraiment très chiant.

Je tourne alors ma tête et mon regard croise celui d'un homme qui doit lui aussi avoir la quarantaine. Il est avec sa compagne et ses enfants dont l'aînée semble avoir mon âge, mais il me regarde fixement. Je fronce les sourcils, dérangé par son insistance et il me sourit.

— Elle ne viendra pas, hein?

— Si. Je réponds rapidement.

— Tu sais mon petit, ça m'est arrivé. J'étais encore au lycée... ça remonte, mais c'est comme si c'était hier, j'étais déchaîné, Carole, la plus belle fille de mon lycée mais aussi la fille la plus populaire avait enfin accepté un dîner avec moi. Elle avait tous les gars à ses pieds mais elle a décidé de porter son attention sur moi. Je me suis rendu au restaurant... j'ai attendu son arrivée pendant une heure... à l'époque c'était pas comme maintenant, il n'y avait pas tous ces téléphones portables pour que je puisse lui demander ce qu'elle faisait, non. Il pousse un long soupire. Il y avait une famille pas très loin de moi, un couple et leur fille, face à ma détresse ils m'ont invité à manger avec eux... j'ai rencontré Sofia, ma femme. Il hoche la tête.

— Très intéressant. Je me retiens de bailler. Elle viendra.

— Si elle ne vient pas, il reste une place sur notre table, tu pourrais ainsi faire la connaissance de notre fille, Kristine.

Je porte mon regard sur la dîtes Kristine, elle lève les yeux au ciel comme si elle souhaitait intimement très fort que son père se taise. Ça ne doit pas être facile d'avoir un père aussi intrusif de façon quotidienne.

Je me mets à jouer avec les serviettes de tables, traçant des traits à l'aide de mon couteau, comme je le faisais plus petit. Je baille une fois de plus en portant mon attention sur l'entrée du restaurant. C'est là que je vois une silhouette courte et que je dois cligner plusieurs fois des yeux, n'en revenant pas. C'est Jen?

Elle porte une robe rouge au col évasé. Ses cheveux sont rattachés dans une couette haute et ils sont légèrement bouclés. Mais le plus choquant c'est qu'elle porte des talons. D'accord, il ne sont pas très hauts, mais ce sont tout de même des talons et je suis certain que Jen n'en a jamais porté. Un serveur vient l'accoster et je me mets debout afin qu'elle me remarque. Quand elle pose ses yeux sur moi, elle se met à sourire timidement, en marchant pas à pas en ma direction. Plus elle avance et plus elle m'éblouit... elle a fait un réel effort vestimentaire pour moi.

— Tu es magnifique, je lui dis d'emblée une fois qu'elle est arrivée à mon niveau.

— Merci, elle se pince la lèvre en replaçant ses mèches rebelles derrière ses oreilles.

— Pas mal gamin, me lance le type de la table d'à côté, pas mal.

Je l'ignore fortement, espérant que Jen ne me demandera pas d'explications. A la vue de sa mine interrogative, je sais par avance que ce ne sera pas le cas.

— Il parle de quoi? Elle demande en rejoignant son siège.

— De toi. Je m'assois face à elle. Pendant ton très grand retard, je me racle la gorge, il m'a dit que tu ne viendrais pas et il voulait me caser avec sa fille.

— Vraiment? C'est plutôt ton style de fille. Elle observe discrètement la fille en question.

— Non, pas du tout. J'aime les blondes qui ne prennent pas trop soin de leurs cheveux, aux yeux verts, aux oreilles d'elfes, qui sentent le kiwi et qui donnent des prénoms à leurs chaussures.

— Bizarre, bizarre, ton style a changé?

— Oui et il se pourrait qu'il change encore, j'admets, je pourrais de nouveau aimer les brunes mais seulement si c'est toi et que tu t'es faite une teinture... ou alors que tu portes une perruque.

— Je comprends...

— Je peux prendre vos commandes?

Un serveur qui m'a déjà posé la questions à plusieurs reprises vient nous voir, nous nous dépêchons de lire le menu et commandons la première chose que nous y voyons nous semblant à notre goût. Il récolte ensuite les cartes et s'en va.

— Tu comprends quoi? Je la questionne.

— Je comprends pourquoi toutes les filles à qui tu parlais venaient me voir afin de me demander des conseils sur comment te séduire. Tu es vachement doué à ça... parler. Tu dis vraiment tout ce que l'on veut entendre.

— Sérieux? Je dis un peu embêté qu'elle se considère comme toutes les filles.

— Oui et c'est vraiment perturbant, parce que mes conseils ne fonctionnaient jamais. A chaque fois que tu me parlais de ces filles, tu me disais qu'elles sont vraiment étranges avec toi blablabla... alors j'ai un peu peur que si je fais ce que je pense devoir faire avec toi, tu me trouves aussi étrange.

— Qu'on soit clairs, tu es étrange Jen.

— Non, je sui...

— Si tu es étrange, j'insiste. Mais ces filles étaient étranges dans le genre où je sentais que leurs actions étaient prévues à l'avance alors que toi tu es naturellement comme ça.

— Je suis naturellement étrange? C'est quel genre de compliment? Elle fronce les sourcils.

— Mais merde, Hardee, vous faites exprès? Je veux dire que tu ne fais pas exprès d'être pétillante, tu ne prévois même pas d'être aussi attachante, encore moins d'être drôle, belle, intéressante, tu l'es tout simplement et ça c'est super attractif. Voilà, tu es étrange dans le sens où tu es attractive. Super attractive.

— Pourtant les mecs ne faisaient pas la queue à mon balcon.

— A quoi bon? Ils n'avaient pas le niveau. Même moi je n'ai pas le niveau, alors eux c'est peine perdue. Et puis, si mes souvenirs sont bons plusieurs mecs sont venus me voir, pour savoir comment d'aborder.

— Tu leurs disais quoi?

— Tu vas faire la gueule si je te le dis, alors changeons de discussion.

— Quoi? Elle manque de s'étrangler. Non Miles, je veux savoir, tu leurs disais quoi?

— Tu ne vas pas me faire gâcher notre premier rendez-vous en me faisant ressasser le passé, Jen... je m'exténue.

— Cesse de faire le fœtus... je veux juste savoir. Promis, je ne m'énerverai pas.

— Tu as du mal à tenir tes promesses, Jen...

— Alors là, non Miles, j'ai passé plein de temps à me préparer juste pour toi. Ma colocataire m'a fait faire des trucs que je n'avais jamais fait auparavant. Elle m'a épilé les sourcils, le dessus de la lèvre et ça fait un mal de chien. Elle m'a fait faire un gommage de tout le corps, mettre de la crème pailletée. Elle m'a lissé les cheveux, elle a mis une huile dedans et tu sais quoi? Maintenant ils sont supers doux. Elle m'a fait mettre un soutien gorge push-up, et même si je trouve la raison plutôt anti-féministe, je l'ai mis juste pour toi. Et puis je porte des talons Miles, mes pieds sont compressés dans Gladys et Denia. Juste pour toi Miles, alors non je n'ai pas envie que cette préparation qui a duré une éternité, en témoigne mon retard, n'ait servie à rien. Je veux juste que tu me dises ce que tu leur répondais.

— Comme tu veux... je leur disais que tu avais déjà un copain. Quand ils me demandaient de qui s'agissait-il, je leur répondais qu'il n'était pas dans notre lycée, que tu étais super amoureuse alors que ce n'était pas la peine qu'ils tentent quelque chose. Contente?

— Pourquoi tu faisais ça Miles? Elle demande après avoir marqué une hésitation.

— Je sais pas... pour te protéger et peut-être inconsciemment, parce que je ne voulais pas passer au second-plan... comme je t'ai fait passé au second plan...

Je baisse ma tête entre mes main et porte de nouveau mon attention sur mon chef-d'oeuvre, le mouchoir, strié par mes soins au couteau. Jen n'a pas répondu, alors je suppose que ce que je lui ai dit l'énerve, que notre premier rendez-vous est gâché et que sa réponse sera virulente.

Aussi virulente qu'un coup de pied? Je ne m'y attendais pas. Jen m'a réellement donné un coup de pied sous la table. Je lève rapidement les yeux sur elle et elle a mis sa main devant sa bouche.

— Désolée... je ne voulais pas te frapper...

— Ah ouais?! Je fais pas du tout convaincu.

— Promis, promis, je voulais te, elle mime des guillemets, faire du pied, pas te frapper.

— Tu voulais me faire du pied? Je pouffe en me détendant. Comme ça?

J'étends légèrement ma jambe, jusqu'à ce que je sente la chaleur de la sienne. Quand je la trouve, je commence à faire de courts vas-et-viens sur la peau nue de sa jambe. Le visage de Jen se crispe et son teint devient pourpre. Au fil du temps, mes caresses gagnent de l'altitude, ce qui si j'en crois son visage, lui provoque de plus en plus de frissons. Elle se met à regarder autour de nous, histoire de voir si quelqu'un remarque notre manège.

— Miles arrête, nous sommes en public.

— Tu veux dire que si nous étions en privé, il aurait pu se passer quelque chose? Je t'écoute, Jen, qu'aurions nous fait?

— Arrête, Miles s'il-te-plaît... elle murmure.

— Libre à toi de déplacer ta jambe.

— Hum... elle ferme les yeux, Milou.

— Vieille conne, Jen.

Je dépose mon pied au sol et Jen se tord de rire. Elle sait qu'elle a gagné pour l'instant.

***

— Tu veux bien dormir chez moi, Jen? Je lui demande alors que nous sortons tout juste du restaurant.

La soirée était vraiment géniale, nous sommes resté 2h30 à table, simplement parce que nous discutions beaucoup trop, ou alors rigolions. C'est vraiment fantastique de sortir avec sa meilleure amie, parce que je la connais déjà super bien et que c'est Jen... ça se passe de commentaires. Je la tiens par la main et m'appuie sur ma canne de l'autre.

— Chez toi? Elle s'étonne.

— Oui c'est ce que je viens de dire.

— Ma camarade de chambre m'a laissé le champs libre, tu ne veux pas plutôt que nous allions sur le campus?

— Champs libre pour... ah oui direct?

— Ce n'est pas ce que tu avais prévu? Elle toussote. Je ne suis plus vierge, tu sais.

— Je sais, mais pas vraiment non, je me racle la gorge. Mes capacités physiques sont réduites et je n'ai pas envie de gâcher ce moment, de ne pas être à la hauteur...

— Bon sang, alors c'est vrai? Vous les mecs ça vous stresse autant que nous de ne pas être assez bien?

— C'est pas comme si tu étais une simple fille Jen, je secoue la tête. Enfin, toutes les filles sont parfaites telles qu'elles sont, comme tu me le rabâches continuellement, mais toi... je patauge, tu vois ce que je veux dire?

— Oui je crois...

Ses yeux brillent et se détournent rapidement des miens quand ils se croisent. Elle rougit.

— Mais si c'est ce que tu souhaites, c'est ok, j'ai pas envie que tu sois frustrée ou quoi.

— Tu m'as dit non, Miles. J'accepte ta réponse, sinon c'est considéré comme de l'harcèlement sexuel, tu sais? J'attendrai.

— Truc de dingue, je rigole, le féminisme est actuellement profitable aux deux sexes.

— Jen Hardee? Waouw, j'ai bien failli ne pas te reconnaître. Canon!

Un type blond, court vers nous. Je le regarde le visage perplexe et fermé, tandis que Jen semble embarrassée par la présence parasite.

— Salut, Charles, elle dit timidement. Charles je te présente Miles, Miles voici Charles.

— Bah dis donc! Je mets enfin un visage sur ce nom, pendant quelques temps j'ai vraiment cru que tu n'existais pas. S'écrie Charles.

— Enchanté, oui c'est moi, son m...

— Mon petit-ami! Jen me coupe la parole. Désolée Charles, mais nous sommes plutôt pressés, à la prochaine. Tu viens chéri?

— S'il-te-plaît, Jen, tu peux ne plus jamais m'appeler comme ça? Je lui demande une fois éloignés de Charles.

— Chéri?

— Oui je déteste. Enfin, m'a mère m'appelle comme ça, du coup c'est gênant.

— Rosbif c'est mieux? Elle se moque.

— Non. Pourquoi tu lui as dit que je suis ton petit-ami? Je veux dire, c'est le cas mais tu ne veux pas que ça reste entre nous?

— Si mais c'est Charles! J'espère qu'avec ça il arrêtera de me draguer...

— "Pourtant moi les mecs ne font pas la queue à mon balcon", je l'imite.

— Oui bon... Charles, c'est Charles.

— Ouais si tu le dis... je siffle.

En entrant à la maison, j'ai pu constater que mes parents ont réellement attendu mon retour avant de s'endormir. Ils tordent tous les deux leurs cous depuis le salon afin de détailler la sublime beauté de Jen.

— Quelle robe, Jen! Elle est magnifique, vraiment! La congratule ma mère.

— Merci beaucoup...

— Ça s'est bien passé au restaurant? Nous interroge mon père.

— Oui bien-sûr, je suis un peu fatigué, je vais pas tarder à me coucher, Jen dort ici.

— Comme tu veux fiston, nous aussi allons dormir, nous t'attendions juste.

Je m'assois épuisé sur le lit dans la chambre d'Austin. Jen a gentiment été chercher mes comprimés et un verre d'eau. J'attends qu'elle arrive en scrutant mon avant-bras, ma brûlure. Ce que c'est laid et le souvenir qui vient avec l'est encore plus, ce choc atroce, cette propulsion vers l'avant et enfin l'entente du son de ma boîte crânienne fracassant la vitre et tout cela en si peu de temps.

— Miles? Tout va bien?

— Oui, je bredouille. Oui ça va.

— Tu es sûr?

Elle dépose les médocs sur la table de chevet et vient se planter face à moi. Elle passe ses mains dans mes cheveux, avant d'orienter mon visage vers le sien. Elle me scrute de haut, inquiète.

— Je suis juste fatigué...

— Je sais, mais pour un gars qui a passé six mois à dormir, je trouve que tu as petite mine Milou. Tu me dirais si quelque chose n'allait pas hein? On se dit tout, pas vrai?

— Je n'arrive pas à dormir, je dis après un moment. Dès que je ferme les yeux je pense à l'accident et j'ai peur de ne jamais me réveiller... je te vois mourir sous mes yeux, encore et encore, tu me dis que tu me détestes que tout est de ma faute... ça me fait tellement peur...

— Je faisais des cauchemars aussi. Elle me sourit timidement en s'asseyant sur mes genoux.

— C'était quoi?

— Je ne sais pas trop, c'était toujours très sombre, j'avais l'impression d'être dans une forêt où alors dans les abysses de la Terre puisque j'avais l'impression de ne pas pouvoir respirer. Il n'y avait personne, juste une angoisse folle. Il y avait des cris, du sang et puis quand je tournais la tête, je te voyais dans la voiture, les yeux sortis des orbites alors que le feu ravageait ton corps. J'avais mon journal dans les mains et c'était écrit "meurtrière" sur toutes les pages.

— Comment ça s'est arrêté?

— Tu es revenu, elle m'embrasse sur la joue. Nous vivons.

— Nous vivons, je répète.

*******

Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce bonus vous a plu !

Je dois dire que c'était loin d'être le chapitre le plus travaillé de mon livre mais comme c'est un bonus je lâche la pression... sans compter que je voulais vraiment vous le poster aujourd'hui car nous sommes le 7 Avril 2018... C'EST MON ANNIVERSAIRE 😭❤️❤️ j'ai 18 ans et je suis super heureuse dans ma vie! En partie grâce à vous

Cœur cœur ❤️

Noémie =)

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