Chapitre 8
Axelle.
L'air frais effleure mon visage. Je reste quelques minutes, accoudée sur le rebord de ma fenêtre, profitant du panorama qui s'offre à moi. Au loin, les montagnes s'élèvent, certaines ont même la chance d'avoir leur sommet enneigé. Je ne me lasserai jamais de les contempler. Et je comprends mieux les personnes qui m'ont sans cesse répété : « tu verras, quand tu partiras, les Pyrénées te manqueront ». Si je préfère la plage, je mentirai en disant que le paysage que j'ai de ma chambre n'a rien d'incroyable. Une image digne des cartes postales ! Et c'était encore plus magnifique avec les anciens palmiers des voisins, sauf qu'ils les ont coupés pour rien.
Je bâille avant de quitter mon beau perchoir. Je rêve parfois de pouvoir voler comme les oiseaux pour ne pas rester enfermée et partir à la découverte du monde. Chose qui n'arrivera malheureusement jamais. Je laisse mes yeux parcourir ma chambre. Rien n'a changé. Tout est pareil.
Mon bureau a toujours quelques cahiers gribouillés en bazar, des schémas et des Post-its avec des formules font face à la chaise et un des tiroirs n'a pas été réparé. Mes bibliothèques accueillent mes livres sans avoir de place pour de nouveau tandis que de nombreux posters — principalement Marvel ou Harry Potter — cachent mon horrible papier peint jaune décoré par une fresque très enfantine où des oursons sont représentés. D'autres fiches de révision médicales s'ajoutent, pour ne pas me faire oublier l'objectif que je visais : réussir la PACES et rentrer dans une école de kiné en France. Comment dire que j'ai lamentablement échoué cette épreuve. Tout me rappelle l'ancienne vie que j'ai quitté. Rien n'a bougé. Comme si mes parents savaient que je reviendrais.
Je sors de la pièce. Aucun bruit. Le silence règne en maître. Je reste seule, comme à mon habitude. Je n'en veux pas à ma mère, en tant qu'infirmière, je sais que c'est assez épuisant pour elle. Mais mon père, je pensais le voir. À moins que le système scolaire français ait connu des modifications, je doute que les profs de sports donnent des cours le samedi matin. Et pourtant, il n'est pas ici. Je ne sais même pas pourquoi je suis si étonnée. Il doit avoir un truc important à gérer à Nousty, tout pour ne pas rester enfermé à la maison. Moi qui avais peur du changement qui aurait pu m'attendre en rentrant, quelle idiote je fais ! C'est identique à mon départ, comme si je n'étais pas allée à Barcelone, au final.
Même jeudi soir, après un voyage désastreux, mon père n'a pas pris la peine de se soucier de moi. C'est à peine s'il m'a salué ! Il a embrassé ma mère et a commencé à raconter sa réunion, impatient de rencontrer le nouveau joueur qui arriverait. Comme si je ne m'étais jamais absentée pendant trois ans. Et je reste encore invisible. Un retour grandiose à graver dans la mémoire, moi je vous le dis ! Je sais qu'il aurait préféré un enfant qui partage sa passion pour le hand, mais est-ce une raison pour m'ignorer et ne jamais m'intégrer sous prétexte que je n'ai jamais été une grande sportive ? Non. Enfin, je ne crois pas. Et pourtant, j'ai essayé. J'ai assisté à des rencontres, j'ai été le soutenir, mais c'était toujours insuffisant. Et j'ai abandonné l'affaire. Je ne serai jamais à la hauteur. Il ne l'a jamais prononcé à voix haute, mais je l'ai deviné. Je ne suis pas assez pour lui. Comme pour Pablo.
Après, l'avantage de ne pas le voir à la maison : aucun malaise possible entre nous parce qu'on se contentera de nous observer sans oser dire le moindre mot et je peux profiter d'un instant de tranquillité. Entre la journée dans les transports jeudi et les dernières mises au point avec mon maître de stage hier, je n'ai pas vraiment eu le temps de me poser. Le seul soutien que j'ai pu recevoir a été mon Bubble Tea. Et j'ai pris le temps de bien vérifier les alentours pour le chérir au maximum. Pas question qu'on assassine une nouvelle fois mon réconfort !
Aujourd'hui, mon objectif est tout simple : rester au lit à me prélasser avec mes chats devant mon ordinateur. Rien ne peut égaler cette sensation de bonheur, si ce n'est un bon bain peut-être.
Je rejoins la cuisine me préparer un bol de céréales pour ensuite retrouver mon antre au premier étage. Je m'installe un des deux canapés le temps d'avaler mon petit-déjeuner. J'allume la télévision pour mettre une chaine de musique en fond et je traine sur mon téléphone, regardant les nouveautés sur les réseaux sociaux. Sofia qui présente ses récents achats en story pour ses abonnés. Le départ en avion des joueurs du Barça pour leur match. Une étudiante qui partage ses astuces pour réussir sa PACES, devenue la PASS après une réforme, comme si j'en avais toujours besoin. Léane avec son chien. Ma cousine qui montre encore une photo de sa bague de fiançailles. Je lève les yeux au ciel, comme si c'était nécessaire de poster tous les quatre matins la même image. C'est bon, on a compris : tu vis ta meilleure vie. Je rage un peu, mais voir la même photo sur les réseaux et la recevoir sur le groupe familial — que j'évite au maximum —, c'est usant à force !
Le nom de Pablo apparait. J'hésite. Est-ce une bonne idée ? Non. Mais je fais tout de même ma curieuse. Qu'ai-je à perdre ? Tout. Mais ce n'est pas comme si je transpirais la joie de vivre, donc autant ruiner encore plus mon moral. Pas la meilleure, cela dit. Je m'attendais à une photo basique de lui jouant au foot, comme il mettait de temps en temps, ou en compagnie de sa petite sœur. Pas une au bras d'une inconnue à profiter du coucher de soleil sur la plage.
Mon cœur se serre en le voyant un sourire collé sur son visage d'ange, plus heureux que jamais. Si mon portable ne risquait pas de terminer sa course dans mon bol, je l'aurais très certainement lâché. On n'est plus ensemble, il peut faire ce qu'il veut. Mais l'apercevoir aussi joyeux et être passé si facilement à autre chose fait mal. À croire que je n'étais qu'une banale aventure pour lui qui se remplace sans difficulté.
Pour me déprimer encore plus, je clique sur le profil de la fille en question. Je n'ai plus rien à perdre de toute manière, maintenant.
Magnifique. Tu m'étonnes qu'il m'ait quitté pour elle. Ses cheveux blonds ondulés, son corps bien entretenu, les shootings qu'elle a faits, tout l'opposé de moi. Elle est parfaite quand je suis... moi ? Si on nous mettait ensemble, côte à côte, je ferais très certainement tache.
Bizarrement, mon petit-déjeuner ne m'apparait plus aussi appétissant. Je le regarde d'un autre œil, comme s'il était responsable de la rupture.
Comme si le destin se jouait de moi, une playlist spéciale chanson triste passe sur la chaîne de musique que j'écoutais ! Allongée sur le canapé, un bras dans le vide, j'observe le plafond en quête de réconfort.
Pablo la connaissait-il déjà ? Je ne me souviens pas de l'avoir croisée lors des sorties avec notre groupe d'amis. L'a-t-il rencontré juste après avoir mis fin à notre relation ? Ou pire, l'a-t-il connu alors qu'on était encore ensemble et a commencé à la voir en même temps que moi ? Ça expliquerait le « tu es trop toi » qui blesse, mais un peu moins qu'un « désolé, je sors une autre fille beaucoup mieux que toi, c'était cool, au revoir ».
— Axelle, t'es là ?
Trop occupée à me morfondre dans l'oreiller à ma disposition, je n'ai même pas fait attention à l'arrivée de mon père. Il vient de hurler les quelques mots comme si j'étais dans ma chambre. Pourquoi a-t-il toujours cette manie ? La porte-fenêtre est grande ouverte, la voiture est devant le portail, à quel moment tu veux que je ne sois pas là ?
Je ne réponds rien. Je reste immobile. Il m'ignorera peut-être encore si je garde ma position. Il abandonnera en pensant que je suis dans mon antre et que j'ai juste oublié d'éteindre la télévision. Je n'aurai plus qu'à faire le moins de bruit possible lorsqu'il rejoindra la cuisine pour que je puisse remonter discrètement pour mieux m'enrouler dans mon plaid. Un excellent plan.
— Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il surpris de ma présence.
Merde. Pour une fois, j'aurais bien aimé être vraiment invisible et l'éviter. Ses yeux me fixent, ne comprenant pas ce que je fais ici. Il se gratte la nuque, hésitant dans ses paroles. Je ferme mes paupières un instant pour ne pas l'écouter ou pour trier les nouvelles informations que je viens d'encaisser dans mon esprit. Je ne sais pas encore.
— Tu... ça va ?
Magnifiquement bien ! Je respire la joie de vivre, non ? Je suis agréablement surprise qu'il me pose cette question, d'ailleurs. D'ordinaire, il me parlerait de hand, qu'importe mon état. Est-ce une potentielle amélioration qui se dessine ? Il ne me quitte pas du regard, inquiet même s'il n'ose pas le manifester à voix haute. Je ne peux pas trop espérer non plus.
— Ouai, ouai, ça va.
J'ai plus murmuré cette phrase qu'autre chose. Ai-je vraiment envie de débuter une discussion existentielle avec lui ? Pas tellement.
— Ce soir, on joue à domicile, tu souhaites venir ?
Mon objectif : rester emmitouflée dans mes draps. Je ne désire pas me déplacer à Nousty, surtout que ça signifierait qu'il m'amène et me raccompagne. Or, pas question de passer tout mon après-midi et une soirée assise dans des gradins ou au milieu de sportifs qui suent. Non, ce n'est pas pour moi.
— Ça fera plaisir à Élie, tente-t-il.
Ouai, non. Niveau argument, j'ai connu mieux. Élie, je l'évite un maximum. Pas comme s'il m'appréciait, d'ailleurs. Les dernières fois où je l'ai croisé, il s'est contenté de se moquer de mes résultats du Bac que j'ai eus aux rattrapages. Il se vantait de ses notes exceptionnelles en parallèle du sport qui lui prenait tout son temps. Je me demande ce qui a bien pu se passer pour qu'il me déteste autant alors qu'enfant nous passions tout notre temps ensemble du fait que son père et le mien étaient amis et coéquipiers.
— Pas spécialement envie de le voir.
— Il s'est passé quelque chose entre vous deux ? Vous étiez tous le temps fourré ensemble avant, impossible de vous séparer.
— Pourquoi tu ne lui demandes pas à lui ?
T'as passé plus de temps avec lui qu'avec moi, tu devrais le savoir. Mais, je me retiens de le rajouter.
Il abandonne la discussion. Il m'observe juste débarrasser mon petit-déjeuner — toujours intact soit dit en passant — et partir sans ajouter un mot de plus. Il ne sait pas quoi rajouter et il a conscience que je ne suis pas réceptive. Au moins, il n'insiste pas.
Je remonte dans ma chambre, m'habille d'un survêtement et un vieux t-shirt de sport, brosse rapidement mes cheveux avant de les attacher en un chignon et me voilà prête à affronter le reste de la journée ! Seule, devant mon ordinateur. Sauf que pour une fois, j'aurais la chance de voir de temps en temps mes deux chats se promener dans ma chambre et se coller contre moi quand l'envie leur prendra. Au moins, eux, ils ne m'ignorent pas !
Il est temps de se perdre dans les méandres de YouTube ! Pourtant, à peine je m'installe que mon portable s'allume. Sofia ne peut-elle pas se passer de moi ? Son rendez-vous galant s'est si mal au point de devoir me le raconter aussitôt ? Je rigole rien qu'en l'imaginant se plaindre de la personne avec qui elle était en soirée. Je n'essaye même plus de réfléchir aux potentielles raisons, il y en a eu trop que je n'ai pas la patience de les passer en revues.
Si je ne prête pas attention au premier appel, le message que je viens de recevoir attrape mon regard. Léane.
C'est pas la peine de m'ignorer Axou
Je sais que t'as vu l'appel
Pourquoi Léane a-t-elle décidé de me contacter, aujourd'hui spécialement ? C'était une de mes amis les plus proches avant d'entamer nos études supérieures. J'étais tout le temps fourrée avec elle de la primaire au lycée. Je ne la quittais pas d'une semelle. C'est la première personne avec qui je me suis liée d'amitié. Mais nous nous étions perdues de vue : quand je faisais une année désastreuse en PACES, elle bossait sa première année de droit. Certes, nous nous croisions de temps en temps, les cours étant dans le même bâtiment, mais nos parcours respectifs nous empêcher de sortir aussi souvent que nous le souhaitions. Et ensuite, j'ai démangé. Impossible de nous revoir. Oui, nous nous envoyons des messages par moment, mais sans plus. Je ne suis pas la plus grande spécialiste pour garder le contact avec les personnes. C'est déjà un miracle que je lui répondais quand elle m'envoyait des messages. Les autres de notre groupe n'ont pas eu cette chance.
Mais pourquoi vouloir discuter avec moi ? Ce n'est pas comme si nous étions aussi proches qu'avant, malgré d'anciennes promesses où nous disions que nous resterions toujours ensemble.
J'hésite un instant à répondre. Je peux très bien l'ignorer, non ? Que pourra-t-elle me reprocher ? Je dirai que j'étais occupée et que je n'ai pas pu répondre. C'est bien comme excuse, et ce n'est pas entièrement un mensonge. Je suis occupée à regarder des vidéos. Mais si elle prend la peine de m'appeler, c'est qu'il y a peut-être une urgence ? Sauf que je ne peux rien faire de Barcelone pour lui venir en aide, si ce n'est l'héberger si elle souhaite passer quelques jours dans la ville. Mais est-il nécessaire d'insister autant ? Non. Après, je me dis que ce n'est pas non plus important, sinon, jamais par message elle n'aurait usé de mon surnom. Enfin, j'essaye de me rassurer du mieux que je peux.
Je finis par me décider et de prendre mon courage à deux mains pour décrocher. J'inspire un grand coup. Rien ne va m'arriver, pas vrai ? Je suis tout de même capable de gérer une simple discussion ! Ou pas.
— Tu reviens sur Pau et tu ne me préviens même pas ?! s'exclame-t-elle offusquée.
Je laisse échapper un soupir de soulagement. Rien ne lui est arrivé ! Par contre, comment peut-elle être au courant ? Je n'avais averti que mes parents et mes grands-parents. Dans mes plans, je n'avais pas prévu de passer du temps avec elle ou une quelconque autre personne. Je devais juste effectuer mon stage, le réussir et rentrer à Barcelone bosser mes derniers examens.
Je tente d'assembler des mots, de réaliser une phrase complète. Mais rien. Ma voix se bloque dans ma gorge. Est-ce que quelqu'un a eu vent de mon retour ? Est-ce que cela signifie que je vais devoir me justifier devant notre petit groupe d'amis ? Ou du moins, ce qu'il en reste. Je suppose que les chemins de certains ont dû bifurquer vers d'autres aventures. Mais je ne me vois tout de même pas argumenter lors d'une soirée comme lorsque nous étions lycéens.
— Eh, respire calmement, Axelle. C'est ton père qui m'a prévenue et non, je ne l'ai dit à personne d'autre... sauf mon chien.
Silence. Je me contente d'esquisser un sourire et soupire de soulagement. Je n'ai aucune envie que mon retour s'ébruite.
— Je sais que t'es dans ton lit actuellement et que tu comptes y rester. Ne fais pas genre, je te connais trop bien depuis le temps !
Elle n'a pas tort. Je devine aisément son regard bleu désespéré parce que je ne bouge pas de ma chambre. Au moins, son appel a le mérite de me faire oublier les évènements de la matinée, même si elle n'en a pas pleinement conscience.
— Eh bien, sache que tu peux dire adieu à ta petite soirée tranquille ! On va au match ce soir et non négociable.
— Au match ? Genre Nousty, au hand ? demandé-je incrédule.
Je n'arrive pas à assimiler cette demande. Pourquoi voudrait-elle que je l'accompagne ? Et surtout, qu'est-ce qui a bien pu la pousser à aller là-bas ? Et aussi, comment cela se fait-il que mon père lui ait annoncé mon arrivée ? Ce n'est pas comme s'ils étaient proches non plus. Enfin, je crois ?
— Obligée ? soufflé-je peu convaincue.
— Mais oui, tu vas voir, ce sera cool !
— Mouai, après une petite pause je rajoute. Qu'est-ce que vous avez toi et mon père à vouloir que je vienne au match, sérieusement ?
— Pour qu'on puisse se voir, évidemment !
— Comme si c'était impossible d'organiser une sortie, genre je sais pas moi, à Quartier Libre par exemple ?
— Comme si t'aurais quitté ton lit !
— Plus facilement que pour voir du Hand, honnêtement.
Léane continue son argumentation sans que je n'écoute réellement. De toute manière, je me suis résignée à la suivre. Une sortie sportive peut-elle vraiment me faire du mal ? Oui. C'est presque sur que rien ne se passera dans les règles de l'art. Mais j'accepte. Peut-être qu'elle a raison, que ça fera plaisir à mon père. Après tout, il m'a quand même proposé lui aussi. Certes sous l'excuse d'Élie, mais c'est un signe qu'il veut de moi, non ?
— Je t'offrirai une boisson !
— Il va m'en falloir plus qu'une s'il est là.
— Tu sais, il est pas si méchant.
On parle du même Élie ? Je ne crois pas non. Je me demande vraiment ce qui a changé depuis mon départ pour qu'elle suive le hand. Elle ne sort pas avec lui tout de même ? Certes, il est bien foutu, merci les longues heures d'entraînements et de musculations, mais niveau caractère, il n'est pas le plus incroyable. Critiquer sans cesse les autres, car ils ne sont pas à sa hauteur. Aucune remise en question. Seulement du jugement. Et il voulait devenir kiné ! Je plains les potentiels clients qu'il aurait pu avoir, vu son tempérament, ça n'aurait pas été agréable. Sauf qu'il n'a jamais été accepté dans les écoles espagnoles et il n'a pas réussi la passerelle entre STAPS et les instituts français. Aucune idée de ce qu'il fait maintenant en parallèle du sport.
— Bon, OK, il peut facilement être énervant, mais en vrai, je te jure qu'il peut se montrer sympa.
— Pour quelle heure ? capitulé-je.
— 17 h, ça te va ?
— Ai-je le choix ?
— Pas vraiment, ma belle ! Sois prête, ton chauffeur personnel t'attendra devant ton palais.
Je raccroche et m'étale de tout mon long sur mon lit en évitant soigneusement mon ordinateur. Pourquoi ai-je accepté ? Pour faireplaisir à Léane ? Pour affronter mon adversaire comme si j'avais encore unechance de rivaliser ? Pour recevoir les critiques d'Élie ? Certainement unmélange de toutes ces raisons.
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