Chapitre 65
J'ai.enfin.FINI ! Ce chapitre était laborieux, j'ai dû le couper en deux étant donné qu'il surpassait les 9000 mots. J'espère sincèrement qu'il vous plaira ! N'hésitez pas à commenter comme d'habitude, je vous souhaite une très bonne lecture ! Et je vous aime~
— Échec.
Sa voix résonna au plus profond de son âme, tel un écho assourdissant se répercutant contre la surface de la bulle dans laquelle il s'était réfugié. Hors du temps, de ses sensations et ses émotions. Cela lui sembla s'éterniser plusieurs heures si ce n'est une éternité, cependant il ne s'écoula pas plus d'une minute durant laquelle il se sentit hors de lui, d'un calme anormal qui annonça la véhémence de l'ouragan à venir.
Quand bien même il refusait désespérément d'y croire, se voiler la face n'en altérerait pas les faits. Cette réalité le frappa si brutalement qu'elle le contraignit à quitter son état de transe, l'ancrant plus que jamais sur terre. Il lui fut alors impossible d'endiguer la violente remontée de ses émotions qui manqua de se déchaîner impitoyablement.
Les pulsations de son cœur s'étaient radicalement ralenties, tout autant que sa respiration qu'il entendait plus intensément que jamais. La lenteur avec laquelle Jungkook tourna sa tête vers le Hinvys en aurait pétrifié plus d'un tant la dangerosité parcourait chaque fibre de son être. Si un regard possédait la capacité de tuer, Jimin en aurait succombé instantanément.
À travers ses pupilles sinistres, étincelait la violence qu'elles canalisaient avec peine, ébranlant les Hinvys qui se tinrent instinctivement sur leur garde. La fureur qui les parcourait était si virulente qu'aucun d'eux ne se permit de la négliger. Le faire aurait été une erreur aussi irrémissible qu'insensée. Seul Jimin esquissait un léger sourire en coin, impressionné, mais fidèle à lui-même.
— Dis-moi, que comptes-tu faire désormais Jeon Jungkook ?
Ses mains s'abattirent si violemment contre l'échiquier qu'il n'aurait pas été surprenant qu'il l'ait brisé. Les pions immatériels demeurèrent stables tandis que le choc fracassant s'élevait dans la salle.
— Vous le saviez, gronda-t-il d'une voix si profonde qu'elle vibra à travers leurs poitrines. Vous le saviez et vous ne nous avez rien dit ! hurla-t-il en tapant à nouveau du poing.
— Effectivement.
Le fait qu'il admette ses torts dans le plus grand des calmes l'énerva davantage, faisant ressortir ses veines à travers ses poignets et sa gorge tant sa colère démentielle menaçait de tout saccager.
— Espèce de sombre enfoiré ! Pourquoi est-ce que vous nous avez dissimulé quelque chose d'aussi important !?
— Je n'ai rien dissimulé, je ne l'ai simplement pas mentionné.
Alors que cela faisait des mois qu'ils n'avaient pas ou très peu eu accès aux médias. Que Jimin avait volontairement omis cet élément primordial alors même qu'ils s'informaient rarement de l'actualité, trop accaparés par la réparation essentielle d'Elyana et l'élaboration complexe de leur révolution. Si seulement ils avaient été plus attentifs...
— Mais vous auriez pu, non, vous auriez dû nous le signaler !
Incapable de se retenir plus longtemps, il empoigna brutalement le haut du Hinvys et le força à se lever, s'approchant si près de son visage que son souffle brûlant s'écrasa contre sa peau.
— S'il lui arrive quoi que ce soit, je jure sur ma vie que je vous le ferai amèrement regretter.
De sa main bionique, il serra fermement son poignet, maintenant son sourire en coin qui refusait de s'estomper.
— Lâche-moi.
Sa poigne était si forte qu'elle menaça de le lui broyer, l'obligeant de force à le libérer avant de s'éloigner d'un pas pour s'empêcher de le frapper.
— Vous n'êtes qu'un putain de manipulateur, cracha-t-il hargneusement.
— N'êtes-vous pas ici pour mener à bien votre révolution ? Être informé de cet élément perturbateur n'aurait fait que vous dévier de votre but.
— Cet élément perturbateur ? Namjoon est notre putain de père et vous pensez sérieusement qu'on va rester là les bras croisés alors qu'ils s'apprêtent à le tuer !?
— C'est typiquement ce qu'ils attendent de vous.
— Eh bien c'est ce qu'ils auront ! Nous ne le laisserons pas croupir là-bas !
— Bien, faites donc cela, rendez-vous et anéantissez tout ce pour quoi vous vous êtes battus jusqu'à présent, les incita-t-il en écartant les bras.
Son poing le démangeait tellement qu'il lui était impossible de restreindre les tremblements de rage qui le parcourait. Le simple fait qu'il parvienne à ne pas céder à ses pulsions alors même qu'elles lui hurlaient de le ruer de coups, relevait du miracle.
Taehyung quant à lui, n'avait pas bougé d'un millimètre, l'expression tellement fermée qu'il était impossible de déceler la moindre de ses émotions. Son souffle à peine perceptible l'effaçait presque entièrement face à la colère explosive de Jungkook. Néanmoins, il se tenait là, dans son dos, telle une ombre impressionnante à la dangerosité redoutable. Sa seule présence renforçait la menace que représentait Jungkook. Plus silencieuse et sinistre...mais tout aussi inexorable. L'ignorer aurait été une imprudence malavisée.
Se sentant prêt à exploser, Jungkook préféra se détourner, marchant d'un pas rapide vers la sortie. L'intervention de Yoongi qui s'interposa devant la porte pour l'en empêcher manqua de lui faire péter les plombs.
— Ne faites rien d'insensé.
— Dégagez de mon chemin.
La rudesse de son ton glacial alourdit l'atmosphère oppressante, tout autant que les tensions foudroyantes qui s'étaient installées.
— Vous ne pouvez plus le sauver.
— J'ai dit : barrez-vous de mon putain de chemin ! s'exclama-t-il avec fureur.
Sa respiration s'en était faite haletante tant il mobilisait ses efforts afin de ne blesser personne. L'intensité du regard du Hinvys était telle qu'elle sembla l'analyser en profondeur sans la moindre retenue. Ce qu'il y vit le décida à se déplacer sur le côté, cédant le passage sans plus de résistance.
Il ne lui en fallut pas plus pour qu'il quitte la pièce d'un pas enragé, se dirigeant droit vers une destination précise. Parfaitement conscient de la présence de Taehyung à ses arrières, il poursuivit son chemin sans plus s'en préoccuper, se sachant incapable de se maîtriser une seconde de plus.
Chacun de ses muscles étaient tendus à l'extrême, tremblant dans l'attente désespérée d'extérioriser la rage qui le consumait. Son esprit ignescent lui dictait de tout pulvériser sur son passage, quitte à se blesser lui ou un autre. Rien n'avait plus d'importance que de tout anéantir, en résonance au monde qui semblait se désintégrer sous ses propres pieds.
Réfléchir clairement dans cet état était inconcevable, il se devait d'apaiser la rage qui affluait le long de ses veines. A peine entra-t-il dans la salle d'entraînement que son poing percuta violemment le premier sac de boxe sous ses yeux.
Malgré son poids conséquent, celui-ci subit l'assaut avec brutalité, se ballottant au loin avant de retrouver sa position ; à peine une seconde avant d'être de nouveau martyrisé. Encore et encore, de plus en plus fort. Extériorisant ainsi toute la fureur qui aveuglait le cheminement cohérent de ses pensées.
Son déchaînement fut tel que sa respiration se fit haletante tandis qu'il substituait l'image de ce sac à celle de Jimin, et bien plus encore, à celle du Leader. Cet enfoiré n'avait cessé de leur mener la vie dure depuis leur fuite, les traquant sans relâche jour après jour. Dans leur dos planait constamment le spectre de sa présence, les contraignant à se tenir sur leur garde à chaque instant. Plus le temps s'écoulait, plus l'étau qu'il détenait sur eux se resserrait. À présent, celui-ci les étreignait si bien qu'il les asphyxiait. Piégé au creux de sa main, la possibilité de fuir se raréfiait au prix d'effroyables sacrifices. Une misérable heure...Que pouvaient-ils faire pour le sauver si ce n'est se rendre ?
Cette issue n'était cependant pas une option. S'ils y concédaient, tout ce pour quoi ils s'étaient farouchement défendus n'aurait plus aucun sens. Faire marche arrière ne leur était plus permis, car trop de personnes dépendaient de leurs actes désormais. Les Hinvys eux-mêmes s'étaient engagés malgré le danger et la traîtrise que cela entraînerait envers l'État. Peu importe combien il y pensait, ils étaient complètement piégés, pieds et poings liés.
— Fait chier ! hurla-t-il en frappant encore plus fort.
La pression que toutes ces responsabilités impliquait l'étourdissait autant qu'il sentait son estomac se tordre d'anxiété. Vouloir sauver le monde était une chose, mais quelle valeur cela avait-il s'ils n'étaient même pas capable de protéger leurs proches ? Eywen et Ashiya en avaient déjà fait les frais sous leurs propres yeux. Namjoon les suivrait s'ils n'en faisaient rien. Et après lui ? Combien d'autres tomberaient face à leur impuissance ?
— Espèce d'enfoiré, gronda-t-il à l'attention du Leader.
Ses mains rougies par les coups commencèrent à devenir véritablement douloureuses, néanmoins il ne leur prêta aucune attention, continuant de relâcher l'intensité de sa colère à la recherche d'un soupçon de sérénité. Poursuivre ainsi durant de longues heures aurait su le détendre pleinement, cependant le temps jouait en sa défaveur. Pleinement conscient de ce fait, il se força à s'arrêter, essoufflé mais satisfait d'être parvenu à tempérer sa colère toujours présente dans un coin de son esprit.
La sueur ruisselait sur son visage, collant désagréablement son haut contre sa peau. Posant son front contre le sac, il ferma les yeux et tenta de réguler son souffle tout autant que le flot alarmé de ses pensées.
Reste calme, réfléchis. Nous devons trouver une solution avant qu'il ne soit trop tard.
Ce ne fut que lorsqu'il se sentit maître de lui-même qu'il rouvrit les paupières, cherchant immédiatement Taehyung du regard. Adossé contre le mur, celui-ci l'observait d'un air neutre qui lui dissimulait toute forme d'émotion. Son cœur se comprima à cette vue, sachant combien il serait difficile de le faire revenir à lui maintenant qu'il s'était si profondément renfermé.
Le brun n'eut aucune réaction à son approche, le fixant d'un calme fallacieux qui résonna à travers son âme en un hurlement crucifiant. Il fut si douloureux que son cœur se déchira à chaque pas effectué. Taehyung n'avait jamais eu besoin d'exprimer explicitement sa douleur pour qu'il l'entende si violemment en lui. Ses silences étaient aussi assourdissants que les cris de détresse qu'il refusait d'exprimer.
Jungkook s'accroupit devant lui, la gorge nouée face à tant d'affliction. Toute la délicatesse du monde accompagna son geste lorsqu'il glissa sa main contre sa joue.
— El'hya...
Son front se posa doucement contre le sien avant qu'il ne soupire d'un souffle tremblant.
— On va le sortir de là, amour.
Taehyung secoua lentement la tête avant d'attraper son haut qu'il serra fortement entre ses doigts.
— Nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes. Peu importe combien j'y ai réfléchi...nous sommes impuissants. Se rendre ne garantirait même pas sa survie étant donné qu'il aura eu ce qu'il voulait. Un hologramme ne les trompera pas, un androïde identique à nous – encore faut-il être capable d'en créer un en moins d'une heure – non plus. Nous nous sommes trop longtemps abstenus de l'actualité par manque d'accès ou de temps et maintenant...maintenant, nous en subissons les répercussions.
L'azur clair de ses pupilles plongea dans celui foncé du noiraud, lui envoyant involontairement une vague de souffrance en réaction à l'intensité éprouvante de son chagrin.
— Nous ne savons même pas où il est détenu...
Jungkook caressa sa joue de son pouce alors qu'une fureur maîtrisée animait de nouveau son regard.
— Nous non, mais eux oui.
Taehyung hocha la tête.
— À deux nous sommes impuissants, mais la portée de leur réseau nous permettrait peut-être de l'atteindre.
Le noiraud embrassa ses lèvres avant d'en faire de même sur son front et de se relever, lui tendant sa main pour qu'il en face de même.
— Allons leur rendre une petite visite.
***
À leur retour, les Hinvys se trouvaient toujours dans la salle d'échiquier. Malgré les vingt-six minutes qui s'étaient écoulées, aucun d'eux n'avait bougé, comme s'ils avaient toujours su qu'ils finiraient par revenir. S'approchant vers le centre, les deux jeunes restèrent proches, se soutenant discrètement par de légers touchers presque imperceptibles.
Une certaine surprise les traversa lorsqu'ils identifièrent des blessures sur le visage de Jimin. Détournant le regard, ils en remarquèrent également sur celui d'Hoseok qui s'était adossé contre le mur, les bras croisés. Leurs lèvres étaient fendues tandis que quelques légères ecchymoses se dessinaient doucement à la surface de leur épiderme. Seul Yoongi n'en détenait aucune, bien que son humeur s'était drastiquement dégradée au point d'en devenir massacrante. Cela n'empêcha pourtant pas son foutu sourire de fleurir à leur approche.
— Je suis curieux de savoir ce que vous avez décidé.
— Nous allons le sortir de là et vous allez nous y aider, déclara Jungkook.
— Je crains qu'aucun de nous n'en ait les capacités.
— Où se trouve-t-il ?
— Dans un endroit où le Leader s'est assuré que personne ne puisse l'en sortir.
Jungkook plissa les yeux, prêt à répliquer avant que Taehyung n'effleure sa main pour le calmer, prenant la parole à sa suite.
— Vous savez où il est.
Jimin l'observa longuement en silence, avant de sourire légèrement.
— En effet.
— Si nous nous rendons, tiendra-t-il parole ?
— Tu connais déjà la réponse à cette question.
Peut-être le ferait-il, mais alors Kuluzar serait probablement pire qu'une condamnation à mort immédiate. Dans les deux cas, l'issue se révélait funeste.
— Est-ce que vous pouvez nous aider ?
— Je ne peux pas.
Ce qui signifiait qu'il ne s'agissait pas d'une question de volonté, mais d'une réelle impossibilité. Qu'il le veuille ou non, Jimin n'avait pas la capacité d'agir.
— Où est-il détenu exactement ?
— Au sein de la tour gouvernementale. Dans une pièce cernée par quatre Fears de confiance connus pour être extrêmement redoutables.
— La tour est de toute façon inaccessible à cause du système de sécurité et de la surveillance interne extrêmement pointue. S'y rendre relèverait du suicide, soupira Yoongi.
— Il doit forcément y avoir une solution...murmura Jungkook avant de lever son regard vers lui. Nous sommes pieds et poings liés et si ça ne tenait qu'à moi, je me serais déjà rendu si seulement j'avais la certitude que cela le sauverait. Cependant, non seulement ça n'y changerait strictement rien, mais trop de personne dépendent de nos actes désormais. Nous ne pouvons plus nous permettre la moindre erreur.
Le sourire de Jimin s'élargit à l'entente de ces paroles, appréciant la portée de ses réflexions digne d'un véritable Leader. Quand bien même leur souhait le plus cher était de le protéger, leurs agissements ne dépendaient plus seulement d'eux, mais de millions de personnes. Pleinement conscients de leurs limites, ils ne se laissaient pas aveugler par les sentiments et restaient rationnels malgré la douleur que cela leur causait. Une caractéristique qu'il tenait en estime chez les Riu.
— Ne pouvez-vous vraiment rien faire ? demanda-t-il presque désespérément. Vous devez forcément avoir des relations, quelqu'un qui puisse nous aider...n'y a-t-il aucun Fear de notre côté qui pourrait le sortir de là ?
Yoongi pinça ses lèvres en secouant la tête, les bras croisés.
— Je suis désolé. Le Leader ne s'entoure que d'hommes de confiance. De nombreux tests leurs sont soumis, qu'ils soient psychologiques ou physiques. Ils déterminent leur aptitude à protéger la tour et détectent toute intention malveillante. En forcer l'entrée serait l'équivalent d'assiéger une véritable forteresse.
Jungkook serra ses poings, observant les Hinvys à tour de rôle d'un air de reproche.
— Pourquoi aucun de vous n'a pris la peine de nous informer de sa condamnation ? Le procès contre Namjoon a dû s'étendre sur une certaine période, ce qui signifie que vous étiez tous au courant. Peut-être aurions-nous pu trouver un moyen de le sauver avant qu'il ne soit trop tard, mais vous n'avez rien dit alors que nous vous faisions confiance.
— Il y a une raison à cela. Ce procès a eu lieu quelques mois après votre arrivée à Reshea, l'informa Hoseok. Peu importe combien les technologies me répugnent, tout Hinvys a le devoir de se tenir en alerte de l'actualité pour le bien de son peuple. Ces informations leur sont également accessibles grâce à la plate-forme technologique que vous avez aperçue et qui se trouve dans chaque village. L'audience s'est éternisée plusieurs longues semaines avant que la sanction ne soit annoncée.
Un sentiment de trahison les submergea face à ce silence qui aujourd'hui leur coûtait si cher.
— Pourquoi ne pas nous en avoir informé à ce moment-là ?
— Je n'en voyais pas l'intérêt. Kim Namjoon s'était déjà enfui bien avant l'amorce de son procès, car il savait que la découverte de votre homosexualité attirerait de nombreux soupçons à son égard. Lorsque les Fears se sont mis à sa recherche, il était déjà trop tard. C'était comme s'il avait disparu du jour au lendemain avec les enfants sans laisser la moindre trace de son passage.
— Quelques mois ont été nécessaires avant qu'ils ne comprennent qu'il avait quitté le pays, probablement aidé par quelqu'un qui l'avait fait traverser sans identification malgré l'obligation imposée à la frontière, poursuivit Yoongi.
Cela ne les étonnait pas. Le cercle de relation de Namjoon les avait toujours surpris par sa grandeur et la confiance qu'il plaçait en chacun d'eux. Peut-être se trouvait-il chez son ami qui aurait dû les héberger à Neltey avant qu'ils ne refusent et rejoignent Eywen.
— La sentence a fini par tomber. Seulement, le "criminel", de par son absence, était dans l'incapacité de la purger. Un avis de recherche a donc été transmis à travers le pays, mais malgré cela, Kim Namjoon demeurait introuvable.
— Jusqu'à hier, termina Jimin. Quelques équipes spéciales de Fears avaient été envoyées à l'étranger depuis lors afin de le retrouver lui et les enfants. Ce n'est que récemment qu'ils ont déterminé sa position avant de finalement l'intercepter à Neltey. Seul. Les enfants s'étaient tous volatilisés, ils n'ont trouvé aucun signe d'eux.
Un soupir de soulagement s'échappa d'entre leurs lèvres à l'entente de cette déclaration. Namjoon les avait probablement confiés à des personnes dignes de confiance qui les protégerait au péril de leur vie. Leurs justifications étaient cohérentes vis-à-vis de l'abstention dont ils avaient fait preuve. Mais dans ce cas...
— Avez-vous dévoilé notre présence en ces lieux au Leader ? demanda-t-il bien qu'il en connaissait déjà la réponse.
— Pas à ma connaissance, s'amusa-t-il.
D'un hochement de tête, Jungkook se calma davantage alors que son esprit continuait de réfléchir avec intensité. Malgré ses manipulations, Jimin s'était toujours montré franc et honnête envers eux. Peu importe combien ils s'y acharnaient, chaque chemin qu'ils entrevoyaient afin de le sauver ne menait à rien.
— Alors c'est fini ? murmura-t-il plus pour lui-même, sentant son cœur se lacérer en prenant conscience de leur totale impuissance.
— Vous avez perdu une bataille, mais pas la guerre, affirma Jimin avec sérieux. Le Leader a su mener son jeu avec adresse pour vous toucher profondément. Ce coup aurait pu être fatale et causer votre perte, mais je n'ai aucun doute quant au fait qu'aucun d'eux n'aurait cru en vous si ça avait été le cas, dit-il en faisant un léger signe de tête vers les Hinvys.
Une profonde affliction se refléta à travers leur expression emplie de tristesse et de culpabilité. Namjoon s'était plié en quatre dès leur naissance pour les protéger et voilà comment ils le remerciaient. Savoir que son temps était compté et qu'ils étaient strictement incapables de l'en empêcher les anéantissait. Ils ne pouvaient que s'en vouloir pour leur acte qui allait causer sa perte alors qu'il avait tout fait pour eux jusqu'à présent. C'est pourquoi lorsque Jin se matérialisa, ils demeurèrent dans la salle, refusant de tourner le dos à la faute qu'ils avaient commis. Quand bien même cela les marquerait à jamais, ils assisteraient à sa condamnation.
— Votre temps est écoulé. Qu'avez-vous décidé ?
— Nous refusons, déclarèrent-ils simultanément malgré la douleur sourde qui éclata à la prononciation de ces mots.
— Vous ne me laissez donc pas le choix. Les choses auraient pu se dérouler autrement, sachez-le. Étant donné que vous refusez de vous rendre sans résistance, nous serons contraints de vous appréhender par la force.
— Essayez donc, le provoqua Jungkook. Nous sommes plus résistants que vous ne le pensez.
Jin lui lança un dernier regard sombre avant de disparaître, laissant apparaître un écran immatériel à sa place. Leur attention se reporta dessus alors que les médias décrivaient la situation avec précision avant que le Leader ne prenne la parole à la suite de la journaliste.
— Sachez mes très chers concitoyens, que je ne prends strictement aucun plaisir à cette condamnation à mort. Cela me désole d'être contraint d'en arriver là, mais tout cela n'a pour but que de vous protéger. Kim Namjoon, en tentant de sauver ces enfants malades, a mis l'humanité en réel danger. C'est un crime inacceptable réalisé avec bienveillance et qui pourtant, nous porte atteinte à tous. J'ai conscience de votre souffrance et la comprend parfaitement, dit-il en posant sa main sur le cœur. Cependant, vous devez croire aux Healer qui font tout leur possible pour les guérir depuis plusieurs siècles. Vos enfants se réincarnent, soyez-en certains. Pour que cela ne se reproduise plus et parce que les tensions s'électrisent ces temps-ci, des mesures ont été prises afin d'éviter que ce genre de choses extrêmement graves ne se reproduisent. De ce fait, cette exécution sera exceptionnellement médiatisée à travers le pays.
>>Comprenez chers citoyens que l'homosexualité est un véritable fléau dont nous devons nous préserver. Garder cette maladie intraitable à nos côtés est un réel danger pour vos proches, vos amis, votre famille. Souhaitez-vous réellement qu'ils soient contaminés et que ce virus se répande inévitablement sur nos terres jusqu'à ce que plus aucune femme ne soit capable de procréer ? La seule présence des faux frères divise la nation et ne fait que renforcer le poids de mes paroles. Ceci est donc un avertissement à tous ceux dont l'intention serait d'imiter les crimes de Kim Namjoon en protégeant d'autres enfants malades. Toute personne allant à l'encontre de la Loi qui nous protège tous, subira la peine de mort. Sur cela, je demeurerai inflexible. Nous ne pouvons plus nous permettre de prendre davantage de risques, tout cela n'a déjà que trop duré.
L'image de Namjoon remplaça celle du Leader, allongé sur une longue chaise blanche médicale dans une pièce à la nuance identique. Ses membres étaient fermement entravés afin de contrecarrer toute évasion. Sa blouse immaculée s'accordait à celle de ses deux bourreaux protégés par un masque et des gants. Le premier remplissait sa seringue d'un liquide translucide tandis que le second se tenait aux côtés du criminel.
— Kim Namjoon, la Justice vous condamne à mort pour vos crimes contre l'humanité. Par ce fait, votre droit à la dernière volonté vous est destitué.
Namjoon l'ignora, fixant la caméra en hauteur avec une telle intensité qu'il sembla y voir au-delà alors qu'il n'en était rien. Son regard sans crainte les transperça comme s'il savait pertinemment qu'ils assistaient à sa condamnation. Ce qu'ils y virent à travers, toute cette confiance qu'ils savaient dirigée envers eux et qu'ils ne pensaient plus mériter les percuta au plus profond de leur âme.
— Kaah'alan.
Cette seule phrase les figea tandis que les Hinvys se tournèrent vers eux. Cette langue qu'ils avaient inventé tous les trois était et demeurerait à jamais méconnue des autres jusqu'à leur dernier souffle. Le souvenir de leur partie de cache-cache les submergea alors qu'ils se souvenaient de la première fois où Namjoon les avait vu s'embrasser. Jungkook n'avait su y résister, affolé par les larmes de Taehyung suite à sa chute. "Kaah'alan"... J'ai perdu. Aujourd'hui, ces mots avaient tellement plus de signification qu'à l'époque.
— C'est ce qu'ils croient. Ne culpabilisez pas pour ce qu'il m'arrive, je n'ai pas peur de la mort, car j'ai foi en l'avenir. Foi en vous. Après tout, vous êtes les enfants de la révolution, sourit-il.
— Silence ! s'inquiéta l'un des bourreaux qui ne comprenait aucun traître mot et ne savait donc pas s'il s'agissait d'un message codé ou autre.
Il s'approcha rapidement, tenant sa seringue pleine en main.
— J'ai confiance en vous, quoi qu'il arrive vous parviendrez à rendre ce monde meilleur qu'il ne l'est aujourd'hui. Chaque vie qui s'éteindra en sauvera des milliers d'autres grâce à vous.
Leurs yeux s'emplirent de larmes qu'ils s'empêchèrent de toute leur force de verser alors que l'aiguille s'enfonçait précipitamment dans son bras.
— Vous allez me manquer. Je vous aime tellement mes fils...
Il grimaça légèrement lorsque le liquide circula dans ses veines jusqu'à ce que la seringue soit retirée. L'effet fut immédiat alors que ses yeux se révulsèrent et que son corps fut pris de convulsions. Ils ne détournèrent jamais le regard, peu importe combien le voir ainsi les brisa.
Chaque convulsion les fit souffrir tout autant de l'intérieur. Fragmentant leur cœur en un millier d'éclats épars qui jamais plus ne retrouveraient leur splendeur d'antan. Ce supplice sembla durer une éternité alors qu'ils priaient intérieurement pour que cette torture cesse. Lorsque ce fut enfin le cas, son corps sans vie retomba contre la chaise, définitivement inerte. A cet instant, ils sentirent une partie d'eux-mêmes se fracturer, une partie qui jamais plus ne serait réparée.
Leur vision se flouta à cause des larmes fermement retenues tandis que leur gorge se serrait. Plus aucun bruit autre que les pulsations de leur cœur mutilé ne se faisait entendre. Le poids du regard des Hinvys alourdissait leurs épaules malgré l'ignorance dont ils faisaient preuve.
— Tout traître se verra juger de la même manière, furent les derniers mots du Leader qu'ils entendirent avant de quitter la salle sans un regard en arrière, incapables de prononcer le moindre mot.
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