Chapitre 55
Hey tout le monde ! Le média s'apparente à la tour du Hinvys de Taenavia. Désolé pour le petit retard mais Wattpad était contre la publication d'hier. J'espère que ce chapitre vous plaira, il vous faudra beaucoup d'imagination pour bien le visualiser. Passez une bonne lecture !
Piégés entre ces quatre murs d'une blancheur immaculée, les deux jeunes observèrent posément leur environnement, d'un regard vif où scintillait l'éclat subtil de leur sagacité. Séparés des Hinvys, ils ne purent que contempler la pièce dénuée d'imperfection. Intégralement dépossédée de ses biens, elle ne permettait à aucun meuble ni aucune porte de combler l'espace vacant.
L'examinant sans émettre le moindre mouvement, ils restèrent dos à dos, s'évertuant à la recherche du moindre signe distinctif indiquant une quelconque sortie, ou piège. Cependant hormis l'immensité de sa blancheur infaillible et les caractères ésotériques de la fine plateforme du téléporteur, rien d'ostensible ne s'y trouvait.
— Ça paraissait trop simple, sourit Jungkook d'un ton empreint de sarcasme avant de s'avancer.
Taehyung lui répondit par un léger haussement du coin des lèvres tout en se mettant en mouvement de son côté. Posant leur paume contre le mur, ils la glissèrent le long de la surface plane avant d'y infliger de légers coups. L'absence de résonance indiqua la largeur conséquente de ceux-ci, quelle que soit la zone soumise aux pressions de leurs poings. S'accroupissant au sol, Taehyung l'étudia minutieusement, cherchant le moindre indice potentiellement dissimulé tandis que Jungkook analysait le plafond avec tout autant de méticulosité.
Son regard se figea sur une fente si infime qu'elle semblait aussi insignifiante qu'une tâche de quelques millimètres. Néanmoins, il s'y attarda, remarquant son aspect circulaire derrière lequel se cachait une microcaméra. Un long sourire arrogant étira ses lèvres et alors qu'il s'apprêtait à proférer une phrase cinglante, une voix masculine l'interrompit en résonnant à travers la pièce.
— Soyez les bienvenus au sein de mon District, Enfants de la Révolution.
— Est-ce ainsi que vous accueillez des invités ?
Alerté par leur échange, Taehyung se redressa, levant également les yeux au plafond.
— Plus que des invités je dirais plutôt, prisonniers.
— Ne pourrions-nous pas discuter avant d'en venir à de telles extrémités ?
— Ce ne sera pas nécessaire, vos gardiens ont pris la parole pour votre défense. Cependant, je ne me réfère qu'à ce que je voie, vos agissements auront donc une incidence sur ma participation. Tout ne dépend donc que de vous, sur ce, bienvenue à NAVIA 2.0.
Sans leur laisser le temps de répliquer, la pièce se distendit brusquement, s'élargissant en longueur sous leurs yeux écarquillés. Se modifiant entièrement, les murs s'éloignèrent en une extension si vaste qu'ils finirent par devenir indistinguables. S'érigeant à une vitesse hallucinante, Taenavia prit forme autour d'eux, construisant bloc par bloc chaque bâtiment s'élevant vers les hauteurs. Tel un jeu qui s'initialise, les décors se matérialisèrent, transformant le sol sous leurs pieds en béton ainsi que le plafond en un ciel éblouissant. Se façonnant à la perfection dans les moindres détails, la modélisation identique d'Owiron prit place et se stabilisa enfin, les laissant nauséeux par l'effet brutal qui les secoua. S'ils n'y avaient pas assisté, jamais ils n'auraient su différentier cette dimension de la réalité tant elle était conforme à la véritable.
Résonnant dans leur dos, le klaxon les fit sursauter alors qu'ils se détournaient, faisant face à la voiture qui s'était automatiquement stoppée. S'excusant d'un signe de tête, ils s'écartèrent hors de la route afin de rejoindre le trottoir bondé par la foule.
— C'est incroyable... murmura Jungkook estomaqué.
— NAVIA 2.0.
Leurs yeux brillèrent d'émerveillement en réalisant pleinement qu'ils avaient accès à cette dimension virtuelle uniquement destinée aux Taenaviens. En temps normal, les étrangers n'avaient ni les moyens, ni l'autorisation d'y pénétrer, car le système n'existait que pour le District 4. Le savoir qu'ils détenaient de NAVIA 2.0 était dérisoire, néanmoins fouler ces terres virtuelles était une chance incommensurable dont ils avaient amplement conscience. Aussi irréaliste qu'un rêve que l'on savait inaccessible.
— Je n'arrive pas à croire qu'il nous a véritablement permis de nous y rendre, déclara Jungkook.
C'en était impensable. Pourquoi l'avait-il concédé ? Aucun citoyen ne faisait attention à eux, se contentant de les contourner afin de poursuivre leur chemin.
— Que veut-il qu'on fasse ? finit-il par se reprendre en observant les alentours.
— Je ne sais pas.
Il était troublant de faire face à cette dimension parallèle si équivalente à la réalité. D'autant plus qu'ils n'avaient aucune idée des attentes que le Hinvys avait placées en eux. Ne sachant que faire, ils avancèrent aléatoirement, explorant l'immense ville qui les faisait se sentir infime. Jamais au cours de leur existence, ils n'avaient été confrontés à tant de personnes sur l'accotement, quand bien même celui-ci était d'une largeur conséquente. Taenavia était un District démesurément titanesque et démographiquement surpeuplé avec ses douze millions d'habitants. Soit deux de plus qu'à Skyolas. Owiron était d'une beauté époustouflante avec ses architectures majestueuses complémentaires à tous types de technologies qui illuminaient chaque bâtiment, tout comme à Skyolas.
L'agoraphobie n'avait pas sa place dans ce genre de métropole. Car il était aisé de se sentir oppressé et en danger encerclé par ces foules suffocantes. Restant proche, Jungkook attrapa le poignet de Taehyung afin d'être sûr de ne pas le perdre tandis qu'ils avançaient sans réel but dans l'une des avenues les plus fréquentées de la ville.
— Que pouvez-vous nous dire sur les androïdes ?
La voix résonna si fort qu'elle attira leur attention vers les écrans immatériels disposés en hauteur, à la vue de tous. Une interview était en cours entre un journaliste et un homme dont ils n'avaient pas connaissance, mais qui semblait important.
— Eh bien il s'agirait d'une innovation qui pourrait révolutionner notre District. Jusqu'à présent leurs défauts présentaient de nombreuses anomalies capables d'entraîner des complications désobligeantes. Aujourd'hui, après plusieurs années de travail acharné, nous sommes finalement arrivés au bout de notre projet afin de vous offrir la perfection. Regardez celui-ci.
Passant au premier plan, l'androïde fut présenté, entouré de toutes ses caractéristiques techniques. N'étant pas spécialisé dans le domaine, pratiquement aucune information ne leur était compréhensible contrairement à tous les Taenaviens.
— Eylana est le premier androïde au monde avec une morphologie semblable à quatre-vingt-dix pour cent à un être humain. Tous leurs défauts physiques ont été entièrement réétudiés et modifiés afin que nous n'ayons plus à faire face à une boîte métallique, mais à un semblable, le tout, entièrement personnalisable selon votre volonté à l'achat. Que ce soit la texture de la peau, sa douceur, sa couleur, la longueur des cheveux, tout est identique à l'homme. C'en est fini des robots médiocres et inesthétiques qui effraient souvent nos enfants. Eylana est la première de sa génération. Sa physionomie n'est malheureusement pas encore au point et ne permet aucune expression émotive, mais nous travaillons ardemment dessus afin de les développer. Cela n'empêchera cependant en rien d'exécuter chacune de vos exigences afin de vous satisfaire et vous aider au quotidien.
— C'est véritablement surprenant ! Mais que deviendront les autres dans ce cas ?
— Libre à vous de les garder si vous le souhaitez. Seulement si vous préférez vous débarrasser de ces vieilleries défectueuses, la série G1-A/01 qui voit le jour est désormais disponible.
Leurs regards se croisèrent alors qu'ils se détournaient de l'écran.
— Nous sommes dans le passé, déclara Jungkook.
— Le 02.01.3645, confirma Taehyung.
Eylana était connu pour être le premier véritable androïde le plus ressemblant à l'être humain. La première d'une longue série qui n'avait cessé de s'améliorer au fil des années. Aujourd'hui, il était impossible de les différencier des hommes sans technologies appropriées.
Le temps sembla soudainement s'accélérer autour d'eux, faisant défiler à une vitesse ahurissante l'environnement et les personnes se déplaçant dans les rues. Le soleil entama son cycle un nombre incalculable de fois, et pourtant, il ne se passa que quelques secondes avant que tout ne ralentisse et se stabilise de nouveau. Les laissant pantelants et ahuris par ce phénomène stupéfiant.
— Cette idée est complètement stupide et inconsciente !
Levant à nouveau le regard vers les écrans, ils firent face non plus à une interview, mais un débat entre plusieurs personnes. Autour d'eux, de nombreux citoyens en faisaient de même, l'expression partagée entre un mélange d'inquiétude, de curiosité, voire de satisfaction.
— En quoi l'est-elle ? Le nouveau programme A.I.A.S.E* est une amélioration de l'intelligence artificielle. Qu'il soit intégré dans les androïdes ne les rendra que plus humains !
— C'est bien là le problème ! Que ferons-nous lorsqu'ils deviendront plus intelligents que nous tous ? C'est une mauvaise idée !
— Ils ne le seront pas. Et puis même si c'était le cas, ils sont sous notre contrôle. A.D.A – l'agence de développement des androïdes – a pensé à toutes les sécurités nécessaires contre cela. Leur lien est ancré par le biais de notre tatouage d'identification. Cela les empêche de nous trahir et si vraiment ils échappent à notre contrôle, nous n'aurions qu'à les désactiver aussi simplement que cela !
— Si seulement ça l'était ! Je le dis et le répète, intégrer une conscience propre dans des robots est une mauvaise idée qui nous portera à tous préjudice.
— Pour ma part, déclara la troisième personne. Je suis pour l'incorporation de ce programme. Qui dans ce District, ne possède pas d'androïde ? Absolument personne. Nous y sommes tous attachés comme s'ils faisaient partie de notre famille. Leur présence à nos côtés permet d'aider des millions de personnes, que ce soit des enfants, des adultes ou des personnes âgées. Ils sont indispensables pour nos seniors étant donné que peu d'entre nous sont disposés à s'occuper d'eux. Les rendre plus réactifs et vivants n'en serait que bénéfique. Non seulement ils seront plus intelligents et autonomes, mais ils pourront enfin exprimer et ressentir de véritables émotions par eux-mêmes en identifiant celles de leur propriétaire !
Autour deux, de nombreuses discussions prenaient part sur le sujet. Certains en accord avec elle, d'autre contre ce programme qu'ils jugeaient trop dangereux.
— Bon sang est-ce qu'on vient vraiment d'avancer de cinq ans ? s'exclama-t-il avec fascination.
Taehyung acquiesça d'un signe de tête, impressionné par le bon dans le temps qu'ils venaient de parcourir en l'espace de quelques instants. NAVIA 2.0 était une merveille technologique incomparable. L'an 3650 était marqué par l'incorporation d'une intelligence artificielle supérieure au sein des androïdes, permettant ainsi l'identification, l'apprentissage et l'acquisition d'émotions humaines. N'étant plus de simples machines obéissant à la moindre exigence sans aucun sentiment, ils avaient désormais une capacité de raisonnement et d'autonomie leur permettant de s'adapter aux situations, et d'agir par eux-mêmes lorsqu'un accident se déroulait. Cette année avait soulevé des vagues d'inquiétudes et de scandales, mais la plupart, avaient fini par accepter en se rendant compte qu'ils n'en étaient que plus performants et chaleureux ainsi. Car ils pouvaient non seulement personnaliser leur physique, mais également leur caractère.
Le temps s'accéléra à nouveau, reproduisant le même schéma que précédemment. Il fut cependant plus long, les obligeant à fermer les yeux sous le défilement trop intense et rapide pour leur esprit. Perturbant jusqu'à leurs sens, ils manquèrent de chuter lorsqu'enfin, le temps se stoppa à leur plus grand soulagement. Le souffle court, ils ouvrirent leurs paupières, retrouvant la régularité constante d'un monde stable. Cette fois-ci, les écrans diffusaient des pubs à but promotionnel des dernières technologies révolutionnaires disponibles sur le marché. En soit, rien qui ne les intéressait. Demeurer sur place n'ayant plus aucun intérêt, ils reprirent leur marche, ressassant consciencieusement les derniers événements.
Le tout, sans jamais cesser d'être stupéfiés par l'allure grandiose d'Owiron. Par ses gratte-ciel remarquables et éblouissants ou bien ses larges rues constamment mouvementées. Traversant un parc, ils furent subjugués à chaque pas qu'ils effectuaient. De nombreux artistes s'y trouvaient, démontrant leur talent tout en ne faisant qu'un avec les technologies. Matérialisant du bout des doigts des dessins animés qui prenaient vie sous les yeux émerveillés des enfants, dansant avec des hologrammes en une époustouflante chorégraphie synchronisée.
Les rires des jeunes se répercutaient autour d'eux alors qu'ils couraient après des animaux virtuels, similaires aux projections murales des écoles élémentaires de Skyolas. Une certaine nostalgie s'empara d'eux tandis qu'ils se souvenaient du surnom attribué aux Taenaviens : les magiciens virtuels.
Alors qu'ils assistaient à toutes sortes de spectacles, ils ne purent qu'approuver cette appellation qui prenait tout son sens. Même les arbres aux multiples couleurs, toutes aussi somptueuses les unes que les autres, n'étaient que des hologrammes. Ceux-ci offrant un certain charme atypique caractéristique à la ville, bien que désolant par son absence de véritable végétation. L'eau des fontaines était également luminescente bien que réelle, s'élevant dans les airs avec une grâce aussi féerique que sensationnelle.
Ils finirent par quitter le parc, rejoignant un quartier luxuriant où semblaient résider les personnes aisées. Les immeubles prestigieux étaient architecturalement somptueux, tout comme ses habitants, d'une élégance irréprochable.
Cependant, au combien ils étaient enivrés par la prestance d'Owiron, quelque chose les perturbait. Sans avoir conscience du trouble qui les mettait mal à l'aise, ils s'arrêtèrent, observant les lieux avec plus d'attention. Quelque chose n'allait pas avec ce quartier.
— Tu le sens aussi n'est-ce pas ? demanda Jungkook sans parvenir distinguer ce qui les agitait.
— Oui.
Soudain, une sorte de bug apparut devant eux, les faisant sursauter. Ils froncèrent les sourcils alors que l'espace grésilla, se déformant tel un écran qui s'apprête à cesser de fonctionner. Le temps s'arrêta, tout autant que les habitants dont les mouvements s'étaient figés.
— Il est temps de révéler au monde notre véritable situation.
— Il en est hors de question.
— Nous dépérissons !
— Taenavia ne sera jamais mal perçue par qui que ce soit. Elle étincellera à jamais, comme le plus brillant des joyaux.
Sans qu'ils n'aient à le voir, ils surent sans parvenir à l'expliquer, qu'il s'agissait des hauts dirigeants du District ainsi que de l'ancien Hinvys, réunis autour d'une table. Ce fut comme une vision qui s'imposa à eux, alors que les voix résonnaient tel un écho autour d'eux.
— Nous sommes une puissance. Et nous le resterons à jamais.
Le filtre se désintégra, morceau par morceau, laissant apparaître la véritable face cachée du District.
— Nous devons agir contre ça.
— Une partie des nôtres souffre.
Ce fut comme si toute magnificence et luminosité étaient rongées de haut en bas, se substituant à leur véritable forme, déplorable et décrépite.
— Nous sommes trop nombreux. Et la taxe est bien trop élevée pour nous tous.
— Skyolas nous vole. Elle finira par tous nous tuer.
Sous leurs yeux horrifiés, les habitants n'étaient plus que de pauvres mendiants aux guenilles misérables. Le visage crasseux et dévasté par une souffrance perpétuelle qui semblait ancré à travers leurs traits. Autour d'eux, des cadavres d'androïdes avaient été abandonnés à chaque coin de rue. Tels des pièces et matériaux détachés formant des monticules dans lesquels les jeunes récupéraient les restes utilisables afin de les revendre.
— L'étendue de nos dettes est bien trop vaste.
Une odeur infecte flottait dans l'air, les faisant grimacer tandis qu'ils observaient avec consternation, l'immense bidonville qui s'étendait à l'horizon. Lorsqu'ils se retournèrent, une certaine confusion les saisit en constatant qu'ils ne se trouvaient plus au centre d'Owiron, mais bien éloigné dans sa périphérie.
— Voici notre fléau, résonna cette fois-ci, la voix de Jimin.
Ils furent surpris de l'entendre, mais ne s'y attardèrent pas, observant les enfants se battre avec une violence aberrante afin de récupérer les matériaux défectueux et brisés qu'ils pouvaient réparer. En un pas, ils se retrouvèrent instantanément transportés au centre du bidonville, entourés de milliers de déchets technologiques jonchant le sol. Perturbés par leur téléportation, ils mirent quelques secondes à se remettre de l'effet désagréable avant de contempler les alentours, sidérés.
La misère les entourait totalement, de ses petites maisons insalubres fondées à partir de matériaux de récupération à ses locataires indigents. La plupart d'entre eux étaient désespérés, d'autres semblaient en colère, mais aucun ne les calculait, les laissant traverser aussi fluidement qu'un fantôme inexistant. La crasse s'incrustait à travers les pores de leur épiderme, alors que l'effluence nauséabonde du bidonville était écœurante. Une douleur sourde enserra leur cœur face à tant de détresse et de déchéance. Leur hypersensibilité accentuant leurs émotions, ils se sentirent affreusement mal et désemparés face à tant de souffrance.
Les pleurs d'un nourrisson embaumèrent l'atmosphère, les alertant alors que leurs pas les guidèrent droit vers lui. Assise contre l'une des habitations, la mère tentait de bercer le petit avec amour afin de l'apaiser. Se figeant face à cette vue, ils réalisèrent avec effroi que cette partie d'Owiron ne contenait pas seulement la pauvreté du District.
Mais un nombre incalculable d'enfants illégaux.
Non pas par choix, mais par manque de moyens. Quitter son habitat précaire était équivalent à l'abandonner. Revenir ne leur rendrait pas la petite maison qu'ils avaient durement bâtie, car d'autres n'hésiteraient pas à la dérober. Rejoindre la capitale n'était ni envisageable ni réalisable. Ils en perdraient tous leurs biens, n'auraient aucun moyen de s'acquitter des frais d'hospitalisation, de nourriture ou bien d'hébergement. Non. La pauvreté les contraignait à accoucher ici, dans des conditions déplorables et incroyablement insalubres qui mettaient sans cesse la vie de la mère et l'enfant en danger.
Combien d'entre elles avaient subi de fausses couches ? Combien étaient-elles à succomber des suites d'une hémorragie, d'une infection ou d'autres maladies néfastes qui s'étaient développées au sein de ce bidonville ? En réalisant cela, leur mal-être ne fit que s'intensifier sous l'horreur de leurs conditions de vie.
Un cri les fit se retourner brusquement, tous les sens en alerte tandis qu'ils discernaient au loin, la présence des Fears. Passant régulièrement dans le bidonville, ils étaient chargés de s'emparer des nouveau-nés illégaux afin de les emmener avec eux.
Déjà, les enfants capables de courir disparaissaient à vive allure, poursuivis par leurs bourreaux. Entamant ainsi le jeu du chat et de la souris dans un labyrinthe jonché d'obstacles que les jeunes connaissaient mieux que leur poche.
La fuite était leur seul moyen de survie. Tout autant que la ruse et l'ingéniosité dont ils faisaient preuve pour les semer. Mettre la main sur eux était une tâche ardue tant ils étaient rapides et souples. De plus, les habitants entravaient souvent le chemin des Fears, payant le prix de leur affront par des coups infligés sur leur corps chétif.
Les bébés par contre...
Jungkook se tourna vers la femme qui s'était relevée, fuyant aussi vite qu'elle le pouvait en suppliant son petit d'arrêter de pleurer. Cela n'empêchait en rien deux d'entre eux de la suivre.
— Non !
Jungkook courut vers elle, dans l'espoir de lui venir en aide. Levant sa main, il tenta d'attraper son bras, ne s'attendant pas à ce qu'elle traverse son corps. Sans le sentir, la mère continua sa route sur quelques mètres avant de se faire stopper par les Fears, bien plus rapides. Ils ne purent qu'assister à ses tentatives désespérées afin de leur tenir tête.
Taehyung s'approcha du noiraud, le cœur pulsant contre sa poitrine alors qu'une immense tristesse s'emparait de lui. Ses hurlements se répercutaient aux alentours tandis qu'on lui arrachait l'enfant des bras avant de la projeter sans délicatesse au sol. Ses pleurs semblaient avoir un effet de résonance avec ceux du nourrisson qui se faisait emmener.
— Pitié je vous en supplie, il est tout ce que j'ai ! Tout ce qu'il me reste !
Elle tenta de se relever, mais se fit constamment repousser avec une telle violence qu'elle se blessa mains et genoux contre les déchets acérés parsemant le sol. Cela ne fit qu'intensifier leur colère contre les Fears face à l'inhumanité dont ils faisaient preuve.
Comment pouvaient-ils agir ainsi sans aucune pitié ? Sans égard, la traitant aussi pitoyablement qu'un déchet qui ne méritait aucune attention. La rejetant sans la moindre considération tout en ignorant la douleur atroce qu'ils lui procuraient. Pourquoi personne ne se rebellait ? Pourquoi personne ne réagissait !?
Jungkook bouillonnait de colère en remarquant tous ces habitants autour qui ne bougeaient pas. Témoin de sa souffrance, de ses pleurs et ses supplications dévastées. La voir ainsi, presque prosternée au sol et être incapable d'agir pour elle le tuait.
— Pourquoi est-ce qu'ils ne la défendent pas !? Ils sont plus nombreux !
— Et après ?
Son regard enragé entra en collision avec celui de Taehyung, d'un calme trompeur qu'il savait furieux.
— Qu'ils les maîtrisent ou les tuent n'y changera rien. Ça ne fera qu'empirer la situation.
Comprendre cela ne fit qu'accentuer sa colère. Contrairement aux Fears, eux n'avaient ni arme ni droit. S'y confronter entraînerait des représailles bien plus véhémentes. Cela égalait le simple fait de courir droit vers sa propre perte.
Combien de fois avaient-ils souffert des agressions physiques et incendies que les Fears propageaient lorsqu'ils se défendaient ? Qui les protégeait de cela ? Qui dénonçait l'ignominie de leurs actes barbares ? Les Fears étaient plus puissants qu'eux, ils étaient la Loi. Personne ne se souciait des misérables, ils n'étaient que des moins que rien pullulant par milliers. Où était la justice dans tout cela ?
Alors que ces scènes habituelles prenaient place chaque jour avec une banalité affolante. Au fond, cela ne devenait-il pas un jeu de poursuite ? Une chasse à l'homme. Qui attrapera le plus d'enfants ? Qui fuira le plus rapidement ? Qui tiendra le plus longtemps ? Qui ?
Les Fears l'emmenèrent sans plus de cérémonie afin qu'elle soit stérilisée avant d'être rejetée ici. Ils ne purent agir, l'observant avec affliction tandis qu'elle s'éloignait. Leur regard porta un peu plus loin, où une décharge s'y trouvait. Des vieillards peinaient à ramasser des bibelots afin de survivre en les revendant. Le corps tremblant, s'esquintant à chaque abaissement.
— Comment cela peut-il exister ? Pourquoi personne n'est au courant !? s'exclama Jungkook scandalisé.
Riann était le pays le plus riche et développé du monde. Il était impensable d'imaginer l'existence d'une telle pauvreté qui n'avait pas lieu d'être. Jamais au cours de leur vie, ils n'avaient croisé de gens aussi démunis. Les mendiants n'existaient pas et ceux éprouvant quelques difficultés financières étaient loin d'être aussi besogneux. Des aides leur étaient offertes et tous avaient un logement.
Le prestige et la petite taille de Riura empêchaient quiconque d'être défavorisé. Se suffisant à lui-même, Reshea disposait de suffisamment de ressources pour faire vivre son peuple. Tirga quant à lui était loin d'être en manque de travail. Les populations impécunieuses des petits villages survivaient facilement grâce à la chasse dans le désert. Alors pourquoi Taenavia était le seul à en pâtir alors qu'ils construisaient d'immenses gratte-ciel juste à côté !?
— Les androïdes... murmura Taehyung en comprenant.
Et le monde se stoppa. Figeant tout sur place alors que les aiguilles temporelles cessèrent leur avancée. À nouveau, des bugs apparurent et l'espace temps sembla se scinder sous leurs yeux en une profonde déchirure. Avant de redevenir normal.
Cinq déflagrations éclatèrent dans leur dos, leur faisant écarquiller les yeux tandis que les débris de verre chutaient à leurs pieds, les traversant comme s'ils n'existaient pas. Lorsqu'ils se retournèrent, ils étaient de nouveau au centre-ville, entourés de cris déchirants alors que les soldats emmenaient de force des personnes dans leurs fourgons.
— Nous n'avons plus le choix.
— Le prix à payer est bien trop élevé.
Levant les yeux, ils remarquèrent avec horreur l'un des étages se faire dévorer par les flammes, tous comme les quatre autres immeubles alentours. Les cinq plus grandes entreprises de fabrication d'androïdes.
— Non ! Unai non ! Vous avez pas le droit de l'emmener !
— Lâche le Skylah !
— Non ! Je veux pas vous pouvez pas ! cria l'enfant. Je vous déteste !
Elle se débattait avec rage, tentant à tout prix de rejoindre l'androïde qui se faisait emmener par l'armée. Les deux jeunes se doutaient que chaque soldat devait posséder les lentilles qui leur permettait de les identifier, car leurs similitudes avec les humains était si parfaite qu'eux-mêmes étaient incapables de les distinguer.
Leurs expressions differaient entre eux : tristesse, désespoir, abandon. Quelques-uns pleuraient, d'autres restaient digne et se laissaient faire sans protester. Les plus rebelles se faisaient instantanément désactiver et s'écroulaient au sol avant d'être traîné comme de vulgaires objets. Au fond, n'était-ce pas ce qu'ils étaient ? Contrairement à la petite qui n'avait que huit ans, les deux parents avaient entièrement renié le robot, le dévisageant avec une certaine crainte et un soulagement de se le faire retirer.
— Unai !!
Elle mordit leur main, permettant ainsi sa libération avant de s'élancer vers l'androïde pour s'accrocher à sa jambe.
— Pars pas ! Pars pas tu peux pas me laisser !
L'expression profondément accablée qu'eut l'androïde les époustoufla tant elle était humaine. N'ayant aucune patience, le soldat s'apprêta à la repousser, mais se fit retenir par Unai, qui l'écarta brusquement en le foudroyant du regard.
— Juste une minute.
S'accroupissant face à elle, il esquissa un sourire malgré sa tristesse flagrante, caressant délicatement sa joue trempée de larmes.
— Tu es une jeune fille incroyable. Ne l'oublie jamais.
Il eut à peine le temps d'embrasser son front, qu'il se fit violemment tirer en arrière, entraînant involontairement la chute de la petite qui tentait désespérément de s'accrocher à lui. Ses parents se précipitèrent vers elle pour la récupérer tandis que l'androïde repoussait le soldat avec colère. Le sentant prêt à se défendre et n'ayant pas de temps à perdre, le soldat déclara sans pitié :
— W6278HJ Désactivation.
— Non ! hurla la fillette horrifiée en voyant son androïde s'effondrer au sol.
— Ça suffit Skylah ! Ils sont dangereux !
— C'est pas vrai ! C'est pas vrai ils sont pas méchants ! C'est vous qui leur faites du mal ! Ils n'ont rien fait ! C'est pas juste !
Comment avaient-ils pu le renier si vite alors qu'il s'était incroyablement bien occupé d'elle ces cinq dernières années où leur travail les contraignait sans cesse à s'absenter ? Jamais il n'aurait été capable de lui faire de mal, Unai l'aimait bien trop pour cela. Son corps fut tiré vers les fourgons où tous se faisaient mener.
Ne pouvant agir contre des faits passés, ils ne pouvaient qu'assister à ces scènes de séparations déchirantes. 3655, année marquée par la destruction de tout androïde humanoïde suite au dysfonctionnement de l'un d'eux qui entraîna une série de dix meurtres.
— Mensonge.
Ils écarquillèrent les yeux, faisant le lien avec la véritable raison qui avait causé cet évènement.
— Est-ce le prix à payer pour vos dettes ? demanda Taehyung.
— Les androïdes ont créé la pauvreté, parce qu'ils prenaient la place des hommes, poursuivit Jungkook tout en réfléchissant. Sans travail, ils ne gagnaient plus de salaire. Sans salaire, ils ne pouvaient plus vivre.
Taehyung secoua la tête sans cesser de fixer ces arrestations massives.
— Ça n'était pas la seule raison n'est-ce pas ? reprit-il. Les dettes étaient trop élevées. Vous les avez peut-être réglées grâce à cela, mais les androïdes auraient pu y parvenir avec le temps.
— Exact. Il existe plusieurs raisons dont personne n'a conscience.
Le temps s'accéléra d'un coup, faisant défiler les mouvements de chacun jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Autre que des rues dénuées de chaleur et de vie. Les corps robotiques avaient été ramassé et le feu des étages éteint. Seule demeurait la souffrance de quelques habitants qui s'étaient réfugiés chez eux.
Le monde se désintégra alors, petit à petit, commençant par l'ouverture d'une brèche dans le ciel qui s'élargit grandement avant de descendre sur les bâtiments qui s'effacèrent tels des éclats scintillants s'élevant vers le ciel. Lorsque tout disparut enfin, ils étayent de retour au centre de cette pièce immaculée, faisant face à une ouverture menant droit vers un couloir sombre éclairé par des lumières azurées.
***
A.I.A.S.E : Amélioration de l'intelligence artificielle et du sens émotionnel.
***
Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! C'est la première fois que j'écris de la pure SF donc c'est nouveau pour moi et ça me sort de ma zone de confort. J'aime beaucoup en écrire et je pense franchement que Taenavia est mon District préféré. Néanmoins étant donné que c'est la première fois, et que la SF pure est très complexe à décrire je passe beaucoup BEAUCOUP de temps à écrire et réecrire chaque chapitre. Donc il se peut qu'à un moment donné je n'arrive plus à maintenir mon avance et donc à publier tous les jeudis pile. Aucun soucis ! Ce ne sera pas régulier mais ça ne dépassera normalement pas... allez maximum deux semaines. Je mets une semaine pour les écrire quand j'ai rien de prévu à faire. (Vous savez que j'aime pas vous faire attendre) Voilà c'était seulement pour vous prévenir parce que je refuse de les bâcler et ptn je les aime trop même s'ils me saoulent parce que je passe ma vie à les réecrire XD
En tout cas j'espère que vous réussirez à aussi bien les visualiser de la façon dont je les imagine !
Merci d'être toujours présent, merci pour vos commentaires, juste, merci pour tout. Je vous aime~
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