Chapitre 3
3 ans plus tard...
An 3659...
— Aloïs Trevan a finalement été arrêté suite au meurtre de Eileen Osewski, une jeune adulte d'à peine vingt-deux ans.
Les images changèrent, laissant place au fameux Aloïs menotté et entouré d'une foule de journalistes alors que les Fears le sortaient de leur voiture pour l'emmener au commissariat. Les flashs incessants ne s'arrêtaient plus d'illuminer son visage aux traits furieux.
— Dégagez ! Lâchez-moi ! hurla-t-il en se débattant.
Derrière les journalistes, se tenaient des civiles qui le huaient et le fixaient comme un monstre.
— Assassin ! Sale monstre !
Démon, fou, meurtrier, sale homo, toutes les insultes y passaient. Aloïs continuait de se débattre, donnant des coups comme il le pouvait aux Fears qui finirent par le frapper pour le calmer. Les forces de l'ordre étaient d'un sérieux et d'une efficacité incomparable. On les nommait les Fears, car ils savaient se faire craindre par ceux qui le méritaient. Vêtus d'uniformes entièrement noirs et renforcés, équipés d'armes pour se défendre et attaquer, ils étaient ceux qui faisaient régner l'ordre et dont on ne voulait jamais croiser le fer avec un jour.
Connus pour être impitoyable et toujours performants, jamais aucun criminel ne leur avait échappé à Skyolas. Leurs grands masques noirs squelettiques sur leur bouche, cachaient la moitié de leur visage, de leur nez jusqu'au cou, donnant un air encore plus effrayant et féroce, plus démoniaque. Leurs lunettes noires provenant de Taenavia était un outil technologique très performant qui leur fournissait de nombreuses informations et masquait leurs yeux. On ne pouvait les identifier que s'ils retiraient leurs masques et lunettes. Chose qu'ilsne faisaient jamais, hormis les lunettes, mises plus rarement.
— Je suis innocent !! C'était pas moi !
Ils le mirent à genoux face à la violence des coups des matraques télescopiques dans ses jambes. Grimaçant de douleur, il leva ses yeux noirs de rage vers tous ces gens qui le traitaient comme un animal de foire.
— Je vous ai dit que c'était pas moi BORDEL !
Seul face à tous, assujetti de force, il n'en ressentait qu'une profonde humiliation et rage envers tous ces gens qui lui reprochaient sa nature. Personne ne l'écoutait, il était aux yeux de tous, un monstre qui ne méritait que la mort. L'enfant d'un démon qui devait retourner en Enfer. Peu importe ses raisons, peu importe son innocence, sa voix ne serait pas entendue. Et pour cela, il n'en ressentait qu'une profonde et sombre colère envers eux tous. Mais surtout envers son meilleur ami qui l'avait poignardé dans le dos en le trahissant ainsi. Il ne l'aurait jamais pensé capable de ça. Il n'avait même pas conscience qu'il le haïssait autant pour lui faire ça.
— Il s'agirait d'un homosexuel du District 3, sans tatouage d'identification, reprit la journaliste à l'écran, sur son plateau télévisé. Les forces de l'ordre sont actuellement à la recherche des complices qui l'ont élevé pour que justice soit rendue. Nous vous rappelons que la Loi interdit formellement les naissances extérieures à la capitale pour la sécurité de tous. Le jugement aura lieu demain, tôt dans la matinée, nous vous informerons des prochaines avancées de cette affaire.
Les Fears le relevèrent et l'emmenèrent à l'intérieur du commissariat sous les insultes injustifiées des citoyens. Certes il était gay, mais il ne l'avait pas tuée. Ce n'était pas lui ! Ce n'était pas des défaillances cérébrales qui l'avaient rendu dingue ! Il était normal, aussi sain que n'importe qui ! C'était un piège de son soi-disant meilleur ami qui apparemment n'avait pas accepté son homosexualité, contrairement à ce qu'il avait pensé. Et maintenant il lui en voulait tellement, encore plus à lui-même pour lui avoir révélé son plus grand secret. À cause de ça ils ne se gêneraient pas pour l'exécuter maintenant, après tous les risques que sa famille avait pris pour lui, il venait de tout réduire en poussière et probablement les mettre en danger. Il se détestait tellement pour sa stupidité, pour avoir eu une confiance aveugle en lui.
L'écran revint sur la journaliste qui changea de sujet.
— L'économie de Skyolas a récemment augmenté...
Namjoon détourna l'attention de l'écran, soupirant lassement. C'était toujours la même chose. La plupart des crimes étaient à cause des homosexuels. Il y en avait tellement qu'il se demandait sincèrement si la moitié n'était pas qu'un mensonge, les faisant passer pour des homosexuels défaillants et dangereux alors qu'ils n'en étaient pas.
Et c'était d'ailleurs fort probable. S'il se référençait aux statistiques des naissances d'enfants gays et hétérosexuels, le nombre de criminels avec les calculs qu'il avait fait n'aurait jamais été si élevé. Sachant que les bébés homosexuels sont tués à la naissance, qu'une équipe spéciale des Fears est envoyée dans chaque district pour vérifier les naissances illégales et que la plupart du temps la surprise ne leur laisse pas le temps de cacher les enfants, les chiffres ne concordaient pas avec le nombre élevé de crimes.
Pour un génie comme Namjoon il avait rapidement compris que tous les crimes étaient rejetés sur les homosexuels même si le criminel ne l'était pas. Juste pour faire peur à la population, pour alimenter leur rejet. Et ça marchait.
Les citoyens devenaient de plus en plus méprisants envers eux. Désirant la mort des parents créateurs de ces "enfants démoniaques", comme le proclamait si bien le Leader. Celui-ci avait rapidement compris qu'une partie de la population était très religieuse, en particulier et principalement tous ceux qui appartenaient au District 2, Reshea. Ils vouaient leur existence entière à leur Dieu et ne toléraient pas l'existence d'homosexuels. Le Leader s'était servi de cette foi pour les rallier à sa cause.
Namjoon frotta ses cheveux avant de détourner le regard vers les deux enfants au sol. Jungkook était plongé dans un livre tandis que Taehyung était concentré à dessiner. Ces deux petits surdoués savaient déjà bien s'exprimer alors qu'ils n'avaient que trois ans. Namjoon les avait élevés dans un orphelinat qu'il avait créé après les avoir recueillis. Ça avait pris du temps, mais désormais ils vivaient tous les trois dans cet orphelinat, qui, il l'espérait, recueillerait le plus d'enfants gays possible. Il n'y en aurait pas beaucoup à cause de la difficulté à les faire sortir de l'hôpital ainsi qu'à trafiquer les dossiers, mais cela restait mieux que rien.
Sans ses amis qui pensaient comme lui, Namjoon n'aurait jamais pu sauver ces enfants rejetés. Après les avoir ramenés chez lui, le Healer n'avait pas perdu de temps pour aller voir son supérieur afin qu'il lui réattribue son poste d'origine. La discussion avait été tenace car le supérieur refusait de perdre un de ses rares Healers, mais il avait finalement été contraint d'accepter, Namjoon le menaçant de quitter l'hôpital s'il refusait. Celui-ci n'avait pu se résoudre à laisser partir un génie tel que lui de son hôpital, il avait donc accepté qu'il redevienne médecin mais avait posé une contrainte.
Même s'il exercerait principalement en tant que médecin, de temps en temps, lorsque ce sera nécessaire, il continuera d'être un Healer. L'idée d'orphelinat lui était alors apparût dans l'esprit, le faisant accepter, son supérieur ayant bien précisé que ce serait rare. Ça l'arrangeait, car au final lorsqu'il sera assigné à ces enfants, il les sortira de là comme il l'avait fait avec Jungkook et Taehyung.
Depuis deux ans qu'il les avait recueillis, son amour pour eux n'avait cessé de grandir. Dès l'âge de huit mois ils avaient déjà commencé à prononcer leurs premiers mots. Et ce n'était ni papa, ni maman. Mais Namjoon.
Ces enfants étaient très intelligents. Jungkook s'était rapidement révélé avoir une passion pour les livres, ou plutôt les calculs qu'il ne comprenait pas encore. Il adorait les maths. Tous ces chiffres qu'il apercevait sublimaient son sourire. Taehyung quant à lui avait montré un extraordinaire talent pour les dessins. Ses traits n'étaient pas encore droits et parfaits, loin de là, mais il savait déjà dessiner comme un enfant de huit ans. Leurs dons allaient se développer à l'avenir. Ils avaient déjà l'intelligence d'un enfant de six ans alors qu'ils n'en avaient que trois.
Taehyung allongé sur le ventre termina son dessin et se redressa, debout devant Jungkook assis à ses côtés. Il lui tendit son dessin, faisant quitter son regard du livre enfantin qui n'était pas destiné pour son âge trop jeune. Refermant son livre, il attrapa le dessin et le fixa avant de sourire en se reconnaissant dessus en train de lire. Taehyung dessinait tout ce qu'il voyait sans arrêt. Il était rare qu'il reste trop longtemps sans crayon dans les mains. La plupart du temps il dessinait Jungkook car ils étaient toujours ensemble, inséparables. Élevés ensemble, ils n'avaient encore vu aucun autre enfant et jouaient toujours tous les deux.
— Merci !
Jungkook se leva et lui fit un câlin amical pour le remercier, comme à chaque fois qu'il lui offrait un de ses dessins. Il s'y était mis il y a deux mois et n'arrêtait plus d'en faire et d'en offrir à ceux qu'il aimait. Soit Namjoon et Jungkook. Le Healer avait acheté des porte vues et pochettes spécialement pour lui, afin qu'il puisse y ranger ses œuvres. Jungkook en avait un rempli de dessin de son seul et meilleur ami. Il le gardait comme un trésor dans leur chambre commune. Aucun d'eux ne pouvait dormir si l'un n'était pas avec l'autre. Ils en avaient pris l'habitude et ne pouvaient être séparés. Il leur arrivait souvent quelques nuits de déserter l'un des deux lits afin de dormir ensemble, adorant ça. Namjoon regarda l'heure et finit par se lever, se dirigeant vers les deux enfants.
— C'est l'heure d'aller à l'école.
Leurs yeux s'illuminèrent à la fois de joie et d'anxiété. C'était la première fois qu'ils allaient se rendre là-bas. Ils étaient curieux et effrayés de ce nouveau changement.
— Allez debout on y va ! sourit-il.
Les deux enfants lui rendirent son sourire et se levèrent avant de courir dans leur chambre prendre leur petit sac presque vide. Ils avaient appris très tôt à marcher seul, comme la plupart des enfants de leur district. Jungkook tendit sa main à Taehyung qui l'attrapa avant de rejoindre Namjoon au salon, souriant.
— Allons-y.
Ils sortirent de l'orphelinat dans lequel ils vivaient ensemble et se dirigèrent vers la voiture noire stationnée légèrement devant. La maison était grande, sur deux étages et possédait un jardin de taille moyenne avec des jeux d'enfants, toboggan et balançoire. Namjoon referma le grillage derrière eux et ouvrit la voiture à l'aide de son tatouage d'identification. Mettant son poignet proche de la portière, une lumière scanna son tatouage invisible, le rendant visible sous la lumière. D'une couleur bleu turquoise, il possédait sa date de naissance ainsi que le chiffre 1 en chiffre romain, indiquant son district. Juste en dessous se trouvait sa propre empreinte digitale faite à ses six ans comme chaque jeune, afin d'éviter les erreurs de dossiers, surtout pour ceux étant née le même jour. L'empreinte digitale étant unique à un individu, le risque d'erreur était donc nul.
12.09.3630 I
La voiture s'ouvrit automatiquement en reconnaissant son propriétaire, les laissant entrer dedans.
— Bienvenue Kim Namjoon. Où désirez-vous vous rendre ? demanda la voix féminine de la voiture.
— Amène-nous à l'école maternelle du centre.
— Très bien, veuillez attacher vos ceintures je vous prie.
Ce qu'ils firent tous, Namjoon aidant les deux enfants à l'arrière sur leurs sièges spéciaux. La voiture démarra toute seule et conduisit d'elle même jusqu'à l'école. Taenavia avait créé ces véhicules automatiques pour qu'ils accèdent aux demandes de ses propriétaires sans qu'ils n'aient besoin de conduire. Il n'existait plus de voiture manuelle depuis un peu plus de deux siècles.
Les tatouages d'identification permettaient aux citoyens de vivre. Quelqu'un qui n'en possédait pas ne pouvait strictement rien faire car tout était accessible à partir de ces marques invisibles sur le poignet. Ils étaient tous fait de la même façon, dès la naissance, avec une encre spéciale visible uniquement lorsqu'une lumière UV la scannait. L'identification se faisait jusqu'aux serveurs, donnant l'information et le dossier de la personne et servait pour toute la vie. Acheter à manger, entrer dans certains lieux, prendre les transports en commun, aller à l'école, au restaurant, au cinéma, à l'hôpital... Le système assez complexe agissait en tant que moyen de paiement et autorisation d'accès. Lorsqu'une personne achetait une voiture, seul le tatouage du propriétaire pouvait l'activer ou l'ouvrir. De même pour les maisons où tout ce qui fonctionnait autrefois avec des clés.
Arrivés devant l'école les deux enfants regardèrent curieusement les nombreux écoliers accompagnés de leurs parents. Tous se trouvaient encore devant la maternelle, entamant les premières séparations parents enfants. C'était la première fois pour tous qu'ils n'allaient pas rester avec leurs parents pour une certaine durée. Certains étaient joyeux, s'engouffrant sans caprice dans l'école tandis que d'autres, plus retissant pleuraient en s'accrochant dans les bras de leurs parents, refusant d'être séparés d'eux. Les écoliers étaient nombreux, chacun venant de son propre district allant du premier au quatrième. La diversité était commune à la capitale, mais une fois à l'intérieur tous serraient séparés par District, ne pouvant suivre le même cursus. Les génies pouvaient en suivre plusieurs, plus rapidement, le niveau étant élevé pour leurs capacités cérébrales afin qu'ils ne s'ennuient pas et ne perdent pas de temps inutilement. Au contraire des enfants non-surdoués qui suivaient un programme moins rapide et moins difficile afin d'avancer à leur rythme.
Les programmes étaient tous communs au début, apprenant les bases du langage et de l'éducation à travers des jeux d'enfants pour les stimuler. Plus ils grandissaient plus le programme s'améliorait. Les enfants restaient toujours avec les mêmes élèves jusqu'à leur majorité sauf s'ils changeaient d'école. Le programme quant à lui commençait doucement sur l'éducation puis s'affinait tout d'abord en expliquant tout ce qu'il y avait à savoir sur leur propre district, puis ensuite en apprenant d'autres informations sur la capitale, son fonctionnement, son économie, la société puis les autres districts. Chaque classe étant spécialisée par District, la séparation était donc nécessaire, mais les récréations ne l'étaient pas. Tous se réunissaient et jouaient ensemble.
Restant silencieux, Jungkook et Taehyung observèrent les enfants s'accrocher à leurs parents qui tentaient de les apaiser pour qu'ils rentrent dans l'école où les enseignants les emmèneraient dans des classes spécifiques. Ils ne lâchaient pas leurs mains, refusant de se séparer. Namjoon s'accroupit face à eux et posa ses mains sur leurs cheveux.
— Ça va aller ?
Ils hochèrent la tête silencieusement.
— Vous vous souvenez de ce qu'on s'est dit ?
— Taehyung est mon frère. répondit Jungkook.
— Oui, vous êtes des frères, de faux jumeaux.
— On va rester ensemble ?, demanda anxieusement Taehyung.
— Oui, j'ai fait en sorte qu'ils ne vous éloignent pas.
Hochant la tête, Taehyung serra plus fortement la main de Jungkook alors que Namjoon retirait les siennes.
— Je reviendrai vous chercher ce soir d'accord ? Restez toujours ensemble et prenez soin l'un de l'autre.
— Oui ! s'exclamèrent-ils simultanément.
— Soyez sages je compte sur vous !
Il les prit dans ses bras et embrassa leurs joues avant de se relever.
— Allez-y, travaillez bien ! sourit-il.
Les enfants lui rendirent son sourire et firent de grands signes de main avant de courir dans l'école sans se lâcher la main. Ils scannèrent leur tatouage à l'entrée, sur le dispositif digital incrusté dans le mur avant d'entrer. Ils avaient hâte de découvrir comment leur tout premier jour de rentrée allait se dérouler.
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