Bonne lecture !

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Le jour de l'emménagement, Iruka emprunte la camionnette du voisin et ils partent tous les trois avec Sasuke aux aurores.

L'appartement est déjà loué, ils ont eu les clés trois jours plus tôt, et c'est Itachi qui a surveillé l'état des lieux pour que tout se passe dans les règles. Il a échangé une poignée de main avec le notaire que l'agence a engagé pour venir, et ils ont signé un feuillet assez épais pour ressembler à un contrat entier. Après en avoir discuté avec Choji, qui a réussi à avoir une place au Crous, il sait très bien que l'appartement que Sasuke a trouvé n'est pas du tout dans les mêmes tranches de prix.

Et même s'il ne lui en a pas encore parlé, Iruka et lui savent très bien que ce que Itachi et Sasuke leur demande par mois pour le loyer n'est pas du tout équitable. Mais Iruka a rit quand Naruto lui a dit que peut-être ils devraient insister, car c'est déjà un miracle que Sasuke accepte que Naruto paye quoi que ce soit. En y réfléchissant, c'est surement pour ne pas le mettre mal à l'aise, et dans un sens il trouve ça assez gentil.

Prétentieux, mais gentil.

Et même s'il a réussi à trouver un job à mi-temps à quelques minutes du centre-ville, il doit bien avouer qu'il n'est pas près de cracher sur la moindre économie.

Alors, pour remercier Itachi de son temps et de ce qu'il a fait, Iruka lui a dit qu'il allait s'occuper du déménagement des garçons, et c'est pour ça qu'ils partent tous les trois sur la route alors que le soleil est encore rose. La camionnette est pleine à craquer, et les trois sièges à l'avant sont assez étroit pour que Naruto et Sasuke passent le voyage à s'envoyer des coups de coude.

Bien heureusement, la ville n'est qu'à un peu plus d'une heure de route en passant par l'autoroute, alors ils y sont bien avant l'heure du petit déjeuner. Iruka leur achète des croissants, et ils commencent à monter les deux étages avec des sacs lourds et des meubles en plus car « l'ascenseur n'est pas un monte-charge ». C'est ce que le panneau affiche, en gras et en capital.

Sasuke a dit « on s'en fout ». Naruto a dit « on prend l'escalier ». Iruka a dit « sur ce coup je vous laisse faire, les jeunes ».

A l'heure du déjeuner, ils sont tous les deux en sueur et la camionnette est presque vide. Il ne reste plus que les livres de Sasuke et les petits bibelots de Naruto, puis il faudra tout virer du salon pour aménager l'espace un peu plus correctement. Histoire de faire une pause, Iruka les invite à un resto de nouilles juste à côté de l'appartement appelé « Ichiraku ».

Naruto trouve ça tellement bon qu'il demande s'ils peuvent y retourner le soir. Sasuke lève les yeux au ciel.

L'après-midi est plus tranquille, plus lente. L'été est bien arrivé et il fait lourd dans n'importe quelle pièce. Le ventilateur est la première chose qu'ils installent et finalement Iruka s'installe dans le canapé, face au vent artificiel, et leur dit de continuer sans lui. De tout façon, il ne reste plus que leurs chambres respectives. C'est en voulant se poser à leur tour qu'ils se rendent compte qu'ils n'ont aucune idée de comment brancher la TV, et Iruka finit par leur montrer en rigolant.

Finalement, à peine une heure avant le diner, Sasuke se plaint que son dos lui fait mal et que ses fesses sont pour toujours collées au canapé.

— Cet appart' est génial, sourit Naruto.

Quand on se penche par la fenêtre, il y a une vue imprenable sur la cathédrale au loin, sur les toits des immeubles assez bas, et sur la rue passante en contre bas. Il y a un petit square de sable devant leur porte avec des bancs et des arbres, et ils habitent au-dessus d'un bar africain (Iruka a levé les sourcils en sentant l'odeur de la beuh).

Naruto le trouve parfait. La voisine a trente ans de plus qu'eux et c'est Sasuke qui a été obligé de venir le chercher parce qu'il discutait trop longtemps. Cette ville est grande, il y a des bus gratuits le samedi, la fac est au bout de la rue, et il peut aller au parc d'à côté pour faire son jogging s'il le souhaite.

Sasuke se tourne vers lui et surprend son air béat. Il sourit discrètement à son tour, et Iruka leur passe une main dans les cheveux à tous les deux.

— Bon, je crois qu'on a fini ?

— Je crois aussi.

— Manque plus que la chambre de Naruto mais je crois que le bordel est juste naturel.

Il se prend un coup de coude.

— On retourne au resto de nouilles ?

Naruto en salive rien que d'y penser. Sa poitrine est légère, il se sent heureux et fatigué, alors en s'extirpant des quelques coussins il propose :

— C'est moi qui invite. Merci de nous avoir aidé.

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Quand Naruto rentre du travail, à la fin de la première semaine de septembre, il trouve Sasuke dans le canapé en ouvrant la porte. Ce dernier a mis les lunettes qu'il refusait toujours de porter avant, mais qui lui empêche quand même d'avoir mal à la tête à la fin de la journée, et lit un livre à la lumière de la petite lampe qu'il a ramené quelques jours plus tôt. La TV est éteinte, les fenêtres sont ouvertes, et il fait vraiment très chaud.

— T'es pas couché ?

— Je voulais t'attendre.

Naruto sourit. Parfois, Sasuke dit des choses comme ça. C'est génial, d'habiter seul ou en tout cas d'avoir un chez soi qui n'est pas celui d'Iruka. Ils se partagent la salle de bain, s'engueulent pour le papier toilettes, pour le bordel du salon ou pour les clés oubliées dans la serrure, et se demandent à quelle heure ils rentrent en partant le matin. Leurs emplois du temps sont aimantés sur le frigo, et Sasuke a accepté que Naruto commence la carte du pays avec les magnets. L'ouverture de chaque paquet de nuggets devient un évènement.

— C'est sympa. Alors, ton test d'anglais ?

— Meilleur groupe. Ici, au moins, ils assument que les groupes ont différents niveaux.

Ils sourient en repensant au professeur de Naruto qui tentait à chaque début de cours de les rassurer sur leur non-nullité évidente.

— Le boulot ?

— Quelques personnes après 22h, mais c'était calme.

Naruto a trouvé un boulot dans une sorte de salon de thé qui fait des goûters et des petits repas pour le soir. Ils ouvrent de 15h à 23h et Naruto adore servir les gens autant qu'aller aider en cuisine. Le pâtissier est encore un peu bourru en sa présence, mais la veille il lui a laissé s'occuper des crèmes brulées.

— Tant mieux.

Avec des yeux fatigués, Sasuke referme son livre et le pose sur la table avec ses lunettes par-dessus.

Parfois, Sasuke l'attend. Ces derniers temps, il a l'air de penser que c'est important de discuter : il veut savoir le nom des personnes avec qui Naruto traine à la fac, il veut savoir ce qu'il pense de ses cours, il veut entendre sa journée. Plus les années passent, plus Sasuke s'adoucit et s'investit. Terminé le « je m'en fous si ça me concerne pas », car la dernière fois il a même demandé à Naruto si ça se passait bien pour Shikamaru parce qu'il n'avait pas eu le temps de le voir.

Si ça ne tenait qu'à Naruto, ils inviteraient ses amis tous les soirs, mais Sasuke aime bien sa tranquillité (étrange car il a quand même décidé de faire une coloc de lui-même, mais Naruto n'a jamais demandé) alors il essaye de ne pas le mettre trop sur les nerfs. Le week-end, c'est bien assez (enfin ça n'empêche pas Naruto d'aller jouer aux jeux vidéo chez Kiba avant d'aller bosser, mais ça c'est autre chose).

En vérité, Naruto trouve que la fac, ça craint vraiment. Il est toujours tenté de sécher les cours pour aller faire autre chose, et personne n'en a rien à faire s'il regarde par la fenêtre ou ne note rien. Il déteste rester là, immobile, encore plus qu'au lycée et sent bien qu'il pourrait faire autre chose. Habiter en ville, ça lui donne l'impression que tout est possible, tout à coup. Qu'il pourrait faire n'importe quoi, que la fac n'était finalement qu'une option.

Mais pour l'instant, Sasuke a l'air content qu'il y aille alors il ne lui a rien dit. Iruka lui demande comment ça se passe au téléphone et il dit « bien ». Shikamaru dort dans la plupart des cours, il le sait, mais comme d'habitude il va avoir des supers notes.

Et lui, en attendant, est plus ravie d'aller au travail et de servir les petites dames du quartier ou les lycéennes qui sortent des cours que d'entrer dans une salle de classe. 

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