Bonne lecture !

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Finalement, il parvient à éviter Sasuke toute la journée.

Dans l'ordre, Naruto finit par se cacher sous un autre bureau, derrière un distributeur de boisson, une porte, une personne, un tabouret, une affiche, et un banc. Mais ça fonctionne, car quand il part enfin au boulot il n'a pas croisé Sasuke une seule fois.

(Par contre, il a croisé Sakura qui lui a conseillé de « l'embrasser à nouveau espèce de crétin »).

Alors, évidemment, il ne sait plus trop quoi faire à présent. La seule chose qu'il sait pour sûr, c'est qu'il va devoir passer la porte devant laquelle il attend depuis dix bonnes minutes pour parler. Parce que même s'il pourrait aller chez Shikamaru ou n'importe qui d'autre, il n'a pas envie de rester comme ça, à se demander encore et encore si c'est la fin de son amitié avec Sasuke.

Naruto inspire, insère la clé dans la serrure, et ouvre la porte.

Sans grande surprise, Sasuke est là, dans son coin du canapé. À force, il a fini par installer son plaid préféré, ses livres sur la table de chevet, la lampe à hauteur parfaite : ils savent tous les deux que s'ils doivent s'assoir en même temps sur le sofa, alors le coin droit est à Sasuke.

Et il est là. Il relève la tête en entendant le bruit, et observe l'expression triste de Naruto alors que ce dernier retire ses chaussures, sa veste, laisse son sac dans l'entrée et s'avance tout penaud. Au moment de s'assoir à son tour, il hésite une seconde puis finit par s'installer.

Sasuke referme son livre, enlève ses lunettes, et dépose le tout à côté de lui.

— Alors, t'as fini de courir ?

Naruto serre les lèvres. Il souffle :

— Je suis vraiment désolé.

Sasuke soupire.

— Pour quelle partie ? Parce que tu m'as évité toute la journée ? Ou alors pour le moment où tu m'as jeté de la salle de bain, hier soir ? Ou bien peut-être pour la porte dans la tronche, c'était pas super ça aussi.

Naruto rougit jusqu'aux racines. En se levant, il ne se souvenait même plus du trajet salle de bain-chambre. Mais effectivement, il se rappelle avoir repris le contrôle de son corps au milieu du baiser avec Sasuke.

La porte, c'était lui qui jaugeait très mal la force nécessaire pour la refermer.

— Pour tout ça. Désolé. Et aussi pour... enfin tu sais.

— Non.

Sasuke croise les bras et hausse un sourcil. Apparemment, il attend les mots clairs et distincts, et Naruto articule à voix basse :

— Je suis désolé de t'avoir embrassé.

Il y a un silence, pendant lequel il finit par se dire que voilà, il a tout foutu en l'air. En entrant il a été légèrement rassuré de ne pas voir toutes ses affaires éparpillées devant l'immeuble, signifiant qu'il était à la porte comme un mari infidèle.

Sasuke s'appuie contre le dossier et penche la tête.

— Ah ? C'était pourtant la seule partie où il n'y avait pas de problème.

Encore un silence. Mais cette fois, ce n'est pas de l'attente : Naruto relève la tête et fixe son meilleur ami avec des yeux écarquillés. Il ouvre la bouche, la referme, et finit par dire :

— Quoi ?

— T'as très bien entendu.

— Ca t'a pas dérangé ?

— J'étais pas bourré, moi, il me semble.

— Oui mais...

— T'as fini avec mon poing dans la tronche à un quelconque moment ? J'en ai pas le souvenir.

— Mais, tu...

Il ne sait pas quoi dire. Parce que c'est vrai que Sasuke n'est ni timide, ni une jeune fille en détresse : et Naruto ne l'a jamais impressionné. Alors, maintenant qu'il y repense, la manière dont il a penché la tête sur le côté pour que leurs lèvres se touchent mieux lui revient.

Il rougit encore et bafouille :

— Mais tu... enfin il faut... enfin nous, on...

Il agite les bras, puis soupire franchement :

— Je sais même pas quoi dire.

— Excuses acceptées pour la porte. Maintenant, je veux juste savoir si tu m'as pris pour quelqu'un, ou si tu voulais vraiment m'embrasser.

Sasuke n'a l'air ni énervé, ni heureux. Tout semble dépendre de sa réponse. Il précise :

— T'es mon meilleur ami. J'ai aucune envie que ça change. Si tu m'aimes pas comme ça, on peut continuer comme avant, je préfère t'avoir comme ça que pas du tout. En revanche, si c'est vraiment moi que t'as voulu embrasser alors on —

— C'était vraiment toi. C'était 100% toi, aucun doute.

Naruto sourit de toutes ses dents. Déjà, parce que Sasuke a dit la phrase « t'es mon meilleur ami » sans grimacer de honte, ensuite car il n'est quand même pas si débile. Il a compris.

Il a compris, pour résumer, que Sasuke vient de lui dire : on peut recommencer.

— Je croyais que tout ça, ça t'intéressait pas ?

— Et toi, idiot ?

— Moi, je...

Ils se fixent. Et Naruto éclate de rire.

La seconde d'après il se rapproche franchement, et ses bras entourent ses épaules.

— Je peux le refaire, alors ?

Il n'hallucine pas, cette fois, les quelques couleurs qui apparaissent sur les joues de Sasuke. 

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